a écrit :Laguiller hausse le ton contre la candidate PS
RODOLPHE GEISLER. Publié le 16 avril 2007
Pour la candidate de LO, Royal représente, comme Sarkozy, « le camp patronal ».
POUR sa sixième et dernière campagne présidentielle, Arlette Laguiller s'est offerte, hier, son ultime grand meeting national au Zénith de Paris. Pas de larmes pour autant. Peu avant de monter sur scène, celle que les Français ont pris l'habitude d'entendre débuter inlassablement ses interventions depuis 1974 par le célèbre « travailleuses, travailleurs », a déclaré devant quelques journalistes ne pas être particulièrement émue.
« Vous allez peut-être trouver que je manque de sensibilité, mais la relève est là, elle est nombreuse, nous avons un grand choix », a-t-elle déclaré, entourée, justement, des six postulants à sa succession, parmi lesquels se trouve Nathalie Arthaud, une Lyonnaise, enseignante en économie, âgée de 33 ans. « Tous ces camarades ont mené campagne avec moi, c'était une campagne collective, comme toutes les campagnes que j'ai faites », a-t-elle ajouté. Le nom de son successeur sera désigné lors d'un congrès dont la date reste à arrêter. Mais, confie la candidate de Lutte ouvrière, « mon souhait est que ce soit une femme qui me succède, car le machisme en politique n'est jamais loin ».
Bien qu'elle n'excède guère les 2,5 % d'intentions de vote dans les sondages, Arlette Laguiller, qui sera ce soir à Lyon, mercredi à Toulouse et jeudi à Nantes, a tout de même plutôt réussi son dernier meeting parisien. Malgré la température estivale qu'a connue Paris, et les vacances scolaires, le Zénith était plein. Plus de 5 000 personnes l'ont ovationnée à son arrivée, après avoir entonné L'Internationale le poing levé, tandis que des jeunes militants agitaient des drapeaux rouges.
Le vote des travailleurs
« Nous allons mettre cette semaine à profit pour faire monter le nombre de nos électeurs », dit-elle. Pour elle, « le seul vote utile, c'est de dire ce qu'on pense au premier tour ». « Dites au premier tour, ce que vous voulez », a-t-elle répété sous les applaudissements. Et d'ajouter : « On voit bien dans cette campagne que ni le programme de Sarkozy ni celui de la gauche ne résoudront le chômage, le manque de logements et le coût de la vie. »
Le discours est simple mais efficace pour ce public conquis d'avance. « Ségolène Royal a plus cherché à s'aligner sur Sarkozy qu'à s'en différencier, pendant que Sarkozy a les yeux fixés sur Le Pen ». Le smic à 1 500 euros tout de suite ? Son public n'attend pas autre chose. Aussitôt, il scande : « Et un, et deux, et trois cents euros... »
Interrogée sur les déclarations de la candidate socialiste, qui estime que son élection constituerait « un événement planétaire », Laguiller sourit. « Il ne faut pas exagérer l'aspect planétaire que représenterait son élection, ce ne serait pas la première femme chef d'État », dit-elle. De toute façon, comme elle l'a redit hier, elle « n'a jamais cru que la gauche au pouvoir serait capable de prendre des mesures efficaces pour arrêter la dégradation des conditions des travailleurs ». Bref, a-t-elle conclu, « face au camp patronal représenté aussi bien par les principaux candidats de droite que par la candidate de gauche », le vote des travailleurs « c'est ma candidature ».