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Laguiller contre le vote utile
En meeting au Zénith, la candidate de Lutte ouvrière a ciblé ses attaques sur Ségolène Royal.
Au risque de paraître « insensible », Arlette Laguiller a évité de céder à la nostalgie cet après-midi lors de son dernier grand meeting parisien. « Mon souhait, c'est que ce soit une femme qui me succède » a t-elle confié aux journalistes. « Je n'existerais pas sans mes camarades avec qui nous menons une campagne collective » a t-elle souligné. Sans oublier de remercier les jeunes porte-parole qui l'entouraient « toutes candidates à l'élection de 2012 ». Et toutes brunes aux cheveux courts à l'exception d'une jeune châtain aux cheveux mi-longs.
Pour sa sixième et dernière élection présidentielle, la porte-parole de LO s'apprête à céder la place sans aucun regret. Ni le frisson des soirées électorales, ni les lumières des plateaux télés ne lui manqueront. Et puis « les élections ne sont un peu que des péripéties » (…) « nous nous battons pour une grande mobilisation de type de celle de 1936 ou 1968 » concède-t-elle. Un détachement que l'on retrouve dans son discours : « Aujourd'hui il ne s'agit que d'une élection qui n'a pas le pouvoir ou la possibilité de changer les structures de la société. Il ne s'agit pas d'agir, mais d'exprimer une opinion » assène Arlette Laguiller. Aux yeux des 5 000 militants présents : « la force des travailleurs, c'est la grève ! », plus que le nombre de bulletins de vote.
Besancenot ? Copieur...
Aussi la trotskiste « se moque » bien de savoir si Olivier Besancenot fera un score supérieur au sien. Tout juste se réjouit-elle que le candidat de la LCR « reprenne le programme d'urgence que j'avais lancé il y a douze ans ». Malgré cette convergence de vue, il n'y aura pas d'accord aux législatives avec l'autre parti trotskiste.
Pour son dernier tour de piste, la retraité du Crédit lyonnais ne demande même pas « l'expropriation du grand capital et la transformation de la propriété des grandes entreprises en propriété collective ». Et semble préférer au modèle bolchévique des « mesures favorables aux classes populaires » financées « par une augmentation sélective des impôts ». Problème : Marie-George Buffet, José Bové voire Ségolène Royal et une partie du PS ne disent pas autre chose. Avec le temps, la candidate aurait-elle renoncé à sa vocation révolutionnaire ?
Les bons conseils de Hardy
Sur le côté de la salle, Hardy, de son vrai nom Robert Barcia, discret manitou de Lutte ouvrière réfute toute inflexion. « Laguiller est toujours révolutionnaire. Ce n'est qu'un programme électoral. Or ce n'est pas par le bulletin de vote que l'on peut changer les choses ». La révolution aurait-elle ses raisons que les électeurs ignorent ? Le dirigeant de Lutte ouvrière tente de nous convaincre : « Vous avez un patron ? Ce n'est pas en lui envoyant une lettre que vous aurez une augmentation de salaire. Et bien le bulletin de vote c'est pareil, cela ne marche pas, il faut une grève ». Mais alors pourquoi présenter une candidate ? Pour se compter ? « Pas pour nous compter nous. Mais pour que le Parti socialiste et la droite nous comptent et que nous puissions faire pression ».
En pratique, le stratégie nécessite de cibler Ségolène Royal sans trop délaisser Nicolas Sarkozy. Car en votant Arlette, « vous voterez contre la politique que défend Ségolène Royal» et glisserez dans l'urne un « vote utile qui est d'abord un vote de conviction ». Pour dire que que voter ne changera rien ?
Dimanche 15 Avril 2007
Octave Bonnaud