Le ton monte entre antimondialistes et sionistes

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Le ton monte entre antimondialistes et sionistes de gauche


Le débat sur l'antisémitisme et l'antisionisme, qui avait brouillé le message des manifestations contre la guerre en Irak, va-t-il perturber le Forum des antimondialistes qui se tiendra en novembre à Paris et à Saint-Denis ? Ces questions ont en tout cas provoqué un incident lors de l'assemblée de préparation du Forum social européen (FSE), qui a regroupé 200 mouvements, du 24 au 27 avril, à Berlin.
Après l'agression de deux de leurs militants, le 22 mars dernier, en marge d'une manifestation antiguerre, le mouvement de jeunesse sioniste de gauche Hachomer Hatzaïr était pour la première fois invité à une réunion de préparation du FSE. La plupart des associations, syndicats et partis politiques (du PS à la LCR) qui avaient appelé aux manifestations seront en effet présents au Forum social.

Décidés à «ne pas mettre leurs convictions dans leurs poches», les deux représentants d'Hachomer Hatzaïr, Jonathan Myara et Yannick Rozenberg, ont distribué un texte dans lequel ils rappelaient militer pour un «règlement pacifique» du conflit israélo-palestinien «sur la base de deux Etats pour deux peuples». Une position qui jusque-là recoupe celle des antimondialistes. Les jeunes d'Hachomer ajoutaient cependant une phrase susceptible de provoquer moult débats : «L'antisionisme tire ses racines de l'antisémitisme.» Prudents, ils se sont gardés de lire ce texte à la tribune. Deux faits les ont en revanche émus.

Lorsqu'ils ont entendu le délégué du Mouvement de l'immigration et des banlieues (MIB) déplorer la «confusion entre le terrorisme et la résistance contre l'occupation», ils ont conclu à «l'apologie du terrorisme». Puis ils ont vu «le responsable du mouvement Anti US and Israeli Globalization and Hegemony porter pendant deux jours un tee-shirt» avec l'inscription (en anglais) : «Le monde a stoppé le nazisme. Le monde a stoppé l'apartheid. Le monde doit stopper le sionisme.»

Jonathan Myara et Yannick Rozenberg ont demandé aux représentants d'Attac, de la FSU et de la CGT «d'intervenir» auprès du porteur du tee-shirt. «Ils ont fait la sourde oreille», déplore Jonathan Myara. Les deux militants d'Hachomer Hatzaïr ont quitté la réunion avant que celle-ci ne prenne fin. A la tribune, ils ont averti les organisateurs du FSE. «Attention à ce que la machine ne déraille ! Aujourd'hui, nous tirons la sonnette d'alarme parce que laisser certaines voix justifier le terrorisme conduit le mouvement dans le mur», ont-ils déclaré, critiquant la politique de l'«autruche» et réclamant «une clarification» des positions.

En réponse, les délégués de quatorze associations et syndicats (dont Attac, le Ligue des droits de l'homme, la CGT, la FSU, le Groupe des 10 et le MIB) se sont déclarés «stupéfaits» et ont démenti une quelconque «apologie du terrorisme ou des propos négationnistes». Interpellé par Hachomer à propos du tee-shirt, Pierre Khalfa, l'un des responsables d'Attac, explique au Figaro qu'il y «avait de 350 à 400 personnes présentes et dix mille problèmes à régler : allait-on perdre deux heures pour un tee-shirt» ? Quant aux propos du représentant du MIB, il affirme : «Les jeunes de Hachomer ont une sensibilité exacerbée, ils surinterprètent et mésinterprètent ce qui a été dit à Berlin.» Ce à quoi Jonathan Myara rétorque : «C'est la vieille gauche radicale qui n'est pas du tout contente que les bons juifs de gauche ouvrent la bouche quand ils ne sont pas d'accord.» Mais Pierre Khalfa tient à faire la distinction entre l'antisémitisme, à propos duquel les organisateurs du FSE «sont clairs et nickel», et le sionisme, «sur lequel le Forum social n'a pas à se prononcer».

L'incident ayant été rendu public, la Mairie de Paris a fait savoir mardi, jour de l'adoption en conseil municipal d'une subvention de 1 million d'euros pour le FSE, que le maire socialiste, Bertrand Delanoë, écrirait aux organisateurs pour leur demander de veiller au «respect de l'identité de chacun». De retour à Paris, les dirigeants d'Hachomer Hatzaïr ont affirmé leur «volonté de participer au Forum social européen» et réclamé l'adoption «d'une charte de bonne conduite qui interdise les slogans faisant l'apologie du terrorisme ou des références inutiles au nazisme».

Ils ont pris langue avec un autre mouvement juif de gauche, La Paix maintenant. Son président en France, David Chemla, souhaite organiser une réunion tripartite avec Attac «pour entendre toutes les versions». Pierre Khalfa n'est pas hostile à une charte de bonne conduite, «à condition qu'elle n'empêche pas certaines organisations de s'exprimer». Les contacts peuvent reprendre mais la méfiance demeure.

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http://www.lefigaro.fr/politique/20030503.FIG0001.html

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CITATION (ianovka @ lundi 5 mai 2003, 12:44)http://www.lefigaro.fr/politique/20030503.FIG0001.html[/quote]
Merci.