CITATION Giulio Andreotti a été acquitté
LEMONDE.FR | 02.05.03 | 20h16 • MIS A JOUR LE 02.05.03 | 20h40
Le juge Salvatore Scaduti a déclaré à la cour que l'accusation ne pouvait pas prouver la collusion entre l'homme politique et la Mafia.
L'ancien chef de gouvernement italien Giulio Andreotti a été acquitté, vendredi 2 mai, par la cour d'appel de Palerme (Sicile) de l'accusation de complicité avec la Mafia. M. Andreotti avait été acquitté de cette accusation en première instance, en octobre 1999, mais le parquet de Palerme avait fait appel de cette décision. "Les juges de Palerme ont fait preuve d'une grande objectivité", a commenté l'ancien chef de gouvernement et sénateur à vie, en indiquant qu'il avait attendu la sentence "avec sérénité".
M. Andreotti était accusé d'être entré en relation dans les années 1970 avec Cosa Nostra, la Mafia sicilienne, pour que celle-ci favorise en Sicile son courant au sein de la Démocratie chrétienne (DC), dont il fut longtemps secrétaire général. Il avait été accusé par une quarantaine de "repentis" de la Mafia d'avoir été "l'homme de référence" de l'organisation criminelle lorsqu'il était aux affaires à Rome. A la mi-janvier, un repenti célèbre, Nino Giuffre, 58 ans, considéré jusqu'à son arrestation en avril 2002 comme bras droit du chef suprême de la Mafia sicilienne, Bernardo Provenzano, a lui aussi accusé M. Andreotti d'avoir eu des contacts avec Cosa Nostra.
TÉMOIGNAGE-CLÉ D'UN REPENTI
Les procureurs se sont essentiellement basés sur le témoignage de ce repenti et ont soutenu que M. Andreotti et son Parti démocrate-chrétien avaient accordé des faveurs à la Mafia en échange de voix, promettant par exemple de s'arranger pour que des magistrats "compréhensifs" s'occupent des procès de mafieux. Giulio Andreotti s'est défendu en déclarant qu'il était la victime d'un complot de la Mafia en raison des vagues de répression contre le crime organisé menées lorsqu'il était président du conseil. Le juge Salvatore Scaduti a déclaré à la cour que l'accusation ne pouvait pas prouver cette collusion entre l'homme politique et la Mafia.
Dans une tout autre affaire, la cour d'appel de Pérouse (Ombrie, centre de l'Italie) a condamné à la mi-novembre M. Andreotti à vingt-quatre ans de prison pour complicité dans le meurtre d'une journaliste en 1979, alors qu'il avait été acquitté en première instance. Ce verdict doit être confirmé en cassation pour devenir définitif. Dans ce cas, M. Andreotti, compte tenu de son âge, 84 ans, devrait être assigné à résidence pour purger sa peine.
"Je sais très bien que je n'ai aucun rapport avec la Mafia, mais après la sentence singulière de Pérouse, il y avait de quoi être quelque peu inquiet", a estimé M. Andreotti. Il s'est par ailleurs refusé à comparer son cas à celui de Cesare Previti. Ce proche du président du conseil, Silvio Berlusconi, a été condamné à onze ans de prison le 30 avril pour corruption de magistrats.
A la suite de la sentence, M. Berlusconi, qui s'est félicité de l'acquittement de M. Andreotti, s'en était pris violemment au tribunal de Milan, accusé de suivre "une logique de coup d'Etat". Il avait soutenu que le sénateur à vie était "victime d'une persécution politique" de la part de "magistrats politisés".
Poursuivi dans l'affaire SME pour corruption de magistrats, M. Berlusconi, n'a pu assister, vendredi, à une nouvelle audience pour cause de conseil des ministres à Rome. Le chef du gouvernement sera présent à l'audience du lundi 5 mai, ont assuré ses avocats. Dans ce procès, MM. Previti et Berlusconi sont accusés de corruption de magistrats et d'avoir acheté une décision de justice lors de la tentative de rachat en 1985 de la société alimentaire SME par la Fininvest, la holding de M. Berlusconi.
Avec AFP et Reuters
[/quote]