arlette sur lindependant.com le 8.3.2007

Message par com_71 » 11 Mars 2007, 19:11

a écrit :Arlette Laguiller (L.O.): 30 ans après, "ma révolte est intacte"




Candidate à chaque présidentielle depuis 1974, "Arlette", comme on l’appellerait presque, se lance une dernière fois dans la bataille au nom, comme elle l’a toujours dit, des "travailleuses et travailleurs".

Elle est aujourd’hui à Montpellier. Interview.

Elle n’a pas changé… Quoi que l’on pense de ses idées, on peut être d’accord sur une chose: Arlette Laguiller leur a toujours été fidèle. Souvent raillée pour son immuable attaque de discours – "Travailleuses, travailleurs" – l’incontournable candidate de Lutte Ouvrière vit aujourd’hui dans sa sixième et dernière campagne présidentielle. Autant dire qu’elle connaît l’exercice.
Les parrainages? Elle n’est pas trop inquiète, même si les 512 promesses qu’elle avait récoltées ne se sont pas encore toutes transformées en formulaires officiels. "Certaines promesses ont été reprises par d’autres candidates, il m’a donc fallu trouver d’autres parrainages. Tout cela suit son cours", dit-elle calmement, ne dénonçant aucune pression, contrairement à son camarade de la LCR: "Je n’ai jamais compté sur le PS, l’UMP, ou d’autres grands partis, mais sur les liens que nous tissons sur le terrain avec les élus, et surtout sur leurs sentiments démocratiques".
Les sondages? Elle ne s’en alarme pas non plus, même s’ils la créditent de 3%, la moitié de son score de 2002. "Ils se trompent toujours: voyez 2002!", lance-t-elle. Imperturbable, Arlette Laguiller continue donc son chemin: elle sera en meeting ce soir à Montpellier, non sans avoir au préalable rencontré des salariés de France Telecom en colère.

Vous êtes dans votre sixième campagne électorale. En quoi est-elle différente des autres selon vous?

La grosse différence, c'est que l'on est vraiment dans une période d'urgence sociale, avec un chômage très important, un pouvoir d'achat en baisse, un manque de logements évident… Les plans de licenciements, les fermetures d'usines ou de sites ne cessent pas, quelles que soient les régions. Récemment encore, on a eu l’annonce par Airbus de la suppression de 4300 emplois en France, par Alcatel-Lucent de 1500 emplois supprimés…

Et vous, en quoi avez-vous changé depuis 1974?

Oh, comme tout le monde… En trente ans, on vieillit! Mais mes idées sont intactes, ma révolte aussi, et ma candidature est utile pour que le monde du travail dise que même s'il a envie de rejeter la droite, il ne se contentera pas d'un changement de personnel politique à l'Elysée. Il faut qu’il exprime au premier tour, parce qu'il n'y a que là que l'on peut exprimer ce que l'on pense, qu'il ne se contentera pas de miettes et de mesures à dose homéopathique. Il faut vraiment changer beaucoup de choses pour que le monde du travail vive mieux.

Quel bilan tirez-vous de vos candidatures précédentes?

Je remarque que ceux dont on nous dit que ce sont des "grands", qui ont été élus à tour de rôle, n’ont fait qu’aggraver le sort de la classe ouvrière. Moi, j'espère que j'ai contribué au contraire grâce à mes idées, grâce à la résistance que j'ai voulu exprimer à toute cette exploitation. Heureusement, au cours de ces 30 ans, il y a eu des luttes qui, quel que soit le gouvernement, l'ont fait reculer. La dernière en date étant celle contre le CPE. Ces 30 dernières années sont jalonnées à la fois de reculs pour le monde du travail, mais aussi d'un certain nombre de petits succès, que mes idées contribuent à mettre en avant.

A l'émission de TF1 "J'ai une question à vous poser", vous avez été très applaudie par les "pannelistes" téléspectateurs. Comment l'expliquez-vous?

Quand vous dites par exemple que les entreprises du CAC 40 annoncent 100milliards d'euros de profit, dont plus de 40% vont aller aux dividendes des actionnaires, et que ces mêmes entreprises suppriment des emplois, bloquent des salaires, je crois que beaucoup de gens le savent aussi, et sont contents que quelqu'un le dise à la télévision.

Mardi, vous étiez aux côtés d'Olivier Besancenot à l'usine Peugeot d'Aulnay. Les 300 euros par mois, le SMIC à 1500 euros: on retrouve ces propositions dans vos deux programmes. Quelle est votre différence?

Nous exprimons bien souvent des revendications semblables, c'est d'ailleurs pourquoi nous avons pu nous rendre ensemble sur le site de Peugeot pour soutenir les travailleurs en grève. Ce qui nous sépare en ce moment c'est le fait que, bien qu'en 2004 nous nous sommes présentés ensemble aux Européennes et aux Régionales, la LCR a choisi une autre voie à partir de 2005 et a recherché des alliances avec Marie-George Buffet, José Bové, Jean-Luc Mélenchon et d'autres. Alliance qui n’a d’ailleurs absolument pas réussi, qui a éclaté. Du coup, la LCR s'est résignée à présenter son propre candidat. Dans cette élection, nous serons candidats tous les deux, du moins je l'espère. Et j'espère aussi que comme d'habitude, les commentateurs additionneront les voix de l'extrême gauche au soir du premier tour de cette élection.

Quand on lit votre slogan: "Qui d'autre peut sincèrement se dire dans le camp des travailleurs?", cela veut-il dire que les autres candidats de la gauche antilibérale ne sont pas sincères?

Je ne sais pas, mais je ne les ai jamais entendus se réclamer du camp des travailleurs, ou commencer leurs discours par "Travailleuses, travailleurs". Ils m'ont même un peu moqué de le faire depuis 30 ans. C'est vrai, je n'ai pas déposé un brevet pour dire que ce slogan m'appartient… S'ils veulent le reprendre, qu'ils le fassent. Mais dans ce rassemblement anti-libéral, tout le monde ne se plaçait pas dans le camp des travailleurs. Ne serait-ce que ceux qui avaient participé au gouvernement de gauche plurielle pendant cinq ans, comme Mélenchon ou Marie-George Buffet, et dont on ne peut certainement pas dire qu’ils gouvernaient dans l’intérêt des travailleurs.

Lorsque l'on voit que les principaux sujets de préoccupation des Français sont le chômage, la précarité, des thèmes plutôt "de gauche", comment se fait-il que celle-ci ne soit pas plus forte dans les sondages?

Les sondages sont les sondages, ils se sont toujours trompés et on ne va pas faire l’élection avec. Maintenant, si vous voulez me faire dire que dans ce pays, les idées progressistes n'ont peut-être pas le vent en poupe, c'est possible. Nous sommes peut-être dans une période où ce sont les idées réactionnaires qui montent. Lorsque l'on voit que Nicolas Sarkozy reprend beaucoup de choses de Le Pen, sur l'immigration ou contre les fonctionnaires par exemple, on se dit que oui, il y a une poussée de ces idées-là. Est-ce que la gauche prise au sens large réussira à retourner la tendance, je ne sais pas.

Sur votre site internet, il y a une rubrique intitulée Sarko, Royal, and Co, où vous critiquez le programme de Sarkozy, la rubrique Royal étant en cours de création. Pour vous, Sarko et Ségo, c'est la même chose?


Ce sont pour l'instant les deux candidats que l'on nous dit en tête, encore que, vu la montée de Bayrou, je n'en sais rien… Si je prends la peine de répondre aux arguments des uns et des autres et de ne pas répondre en bloc, c'est parce qu’il y a des différences. Si vous voulez me faire parler de Ségolène Royal, je dirai que même s'il y a certaines de ses mesures avec lesquelles je peux être d'accord, je n'ai rien trouvé dans son programme qui soit de nature à changer les choses en matière d'emploi d'interdiction des licenciements dans les entreprises, en particulier celles qui font du profit. Rien trouvé non plus de convaincant en ce qui concerne le niveau de vie, puisqu’elle nous propose 1500 euros sur le temps de sa mandature, ce qui ne correspond pas du tout à l'urgence qu'il y a aujourd'hui de rattraper les salaires.

Nous sommes aujourd'hui (hier, NDLR) le 8mars, journée internationale des femmes. Que vous inspire le fait qu'une femme soit aujourd'hui en position de devenir chef de l’Etat?

Ça m'étonne que ça étonne… Ce devrait être naturel qu'une femme puisse se présenter et ait des chances d'être élue présidente de la République. Si cela étonne, c'est que l'on n'est pas encore tout à fait sorti du problème de l'inégalité homme-femme…

Recueilli par Myriam Galy
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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