Un million d'enfants sous le seuil de pauvreté en France
Un million d'enfants vivaient au-dessous du seuil de pauvreté en France entre 1998 et 1999, selon une étude de l'Insee publiée mardi 29 avril. L'Insee note que "la pauvreté est nettement plus fréquente parmi les enfants dont les parents n'ont pas fait d'études" et chez les enfants dont les parents ne sont pas ressortissants de l'Union européenne.
En moyenne entre 1998 et 1999, l'Institut a recensé un million d'enfants qui vivaient dans des familles dont les ressources étaient inférieures au seuil conventionnel de la pauvreté, soit 50 % du niveau de vie médian en France. Ce seuil correspond à 552 euros pour une personne seule et 828 euros pour un couple, à quoi s'ajoutent 166 euros par enfant de moins de 14 ans et 276 euros par enfant de 14 ans ou plus.
"La moitié des enfants pauvres vivent avec des parents sans emploi", indique l'Insee, alors que c'est le cas d'à peine 10 % des autres enfants.
"Inversement, un peu plus de 10 % des enfants pauvres cohabitent avec deux parents qui travaillent, contre la moitié des enfants non pauvres." Deuxième facteur déterminant, la composition de la famille. "Un enfant pauvre sur quatre vit avec un seul parent, alors que ce n'est le cas que d'un enfant non pauvre sur huit", relève l'Insee.
En complément, l'Insee a par ailleurs analysé la pauvreté sous l'angle des conditions de vie, c'est-à-dire "comme un manque global d'éléments de bien-être matériel" (sanitaires, eau chaude courante, téléviseur, lave-linge, automobile, vêtements neufs ou d'occasion, qualité nutritionnelle de la nourriture, vacances, cadeaux, etc.). Le recouvrement entre les deux formes de pauvreté (monétaire et en conditions de vie) permet, selon l'expression de l'Insee, de définir un "noyau dur" de 6 % d'enfants pauvres selon les deux approches.
Le niveau d'études des parents se révèle aussi un facteur "très discriminant" : 16 % d'enfants pauvres ont des parents qui n'ont pas fait d'études.
LE TAUX DE PAUVRETÉ AUGMENTE AVEC L'ÂGE
L'Insee souligne que la proportion d'enfants pauvres augmente avec l'âge et que "les prestations sociales bénéficient davantage aux enfants les plus jeunes".
Le taux de pauvreté des enfants augmente avec l'âge, passant avant 4 ans de 5 à 6 % du nombre d'enfants en France, à plus de 10 % après 13 ans, car les prestations sociales sont davantage ciblées sur la petite enfance, indique l'Insee dans une étude parue mardi.
L'Institut de la statistique confirme qu'un million d'enfants pauvres vivent en France, dans des ménages ayant au maximum 50 % du niveau de vie médian (séparation numérique des ménages en deux parties égales), c'est-à-dire 8 % du total des enfants, contre 6,5 % pour l'ensemble de la population. Il souligne que "les prestations (sociales) contribuent surtout à réduire la pauvreté des enfants les plus jeunes".
"La proportion d'enfants dont le revenu déclaré (hors prestations sociales) est inférieur au seuil de pauvreté est sensiblement le même quel que soit l'âge : environ 25 %. Par conséquent, l'augmentation du taux de pauvreté avec l'âge est liée à la structure des prestations sociales", poursuit l'étude.
Hormis le revenu minimum d'insertion (RMI) et l'allocation aux adultes handicapés (AAH), toutes les prestations étudiées semblent bénéficier avant tout aux enfants les plus jeunes, limitant davantage leur degré de pauvreté.
C'est le cas des prestations familiales, "du fait de l'existence de prestations ciblées sur les jeunes enfants", et des aides au logement, qui "semblent aussi contribuer davantage à la réduction de la pauvreté des plus jeunes". Cet effet produit par les aides au logement "est probablement dû au fait que les enfants plus âgés ont des parents plus souvent propriétaires de leur logement, donc ne pouvant pas bénéficier de ces allocations".
Après avoir confirmé que la moitié des enfants pauvres vivent dans un ménage où aucun des parents n'occupe un emploi, l'Insee note que "la pauvreté est nettement plus fréquente parmi les enfants dont les parents n'ont pas fait d'études" et chez les enfants dont les parents ne sont pas ressortissants de l'Union européenne.
Avec AFP et Reuters