(L'Express @ 6 février 2007 a écrit :LO: dans l'ombre d'Arlette
François Koch
Au côté de la candidate du parti d'extrême gauche, Henriette Mauthey s'occupe des relations avec les médias. Portrait d'une militante aussi inaltérable que Laguiller
Etre l'attachée de presse d'une star trotskiste des médias n'est déjà pas banal. Henriette Mauthey, professeure d'espagnol à la retraite âgée de 63 ans, est triplement atypique. Car, de surcroît, elle se situe au même niveau qu'Arlette Laguiller au sein de la direction de Lutte ouvrière, et surtout elle pense le plus grand mal des principaux médias!
Un mal nécessaire
Pour cette femme discrète et affable, les relations avec les journalistes se résument à "un mal nécessaire": "Le prisme de la presse est déformant et il favorise ou détruit des candidats." Henriette ne veut pas avoir l'air de voler au secours de la candidate socialiste, si loin de ses options politiques, mais tout de même: "L'importance démesurée que les journaux donnent aux bourdes de Ségolène Royal nous laisse pantois."
Sus à l'ennemi! "Les médias sont au service des principales forces politiques et économiques", accuse la collaboratrice de l'inoxydable Arlette, laquelle en est, à 66 ans, à sa sixième campagne présidentielle. Henriette nuance, car elle apprécie la presse régionale, qui "nous donne beaucoup la parole"."Comme Claire Chazal dans son JT de TF 1", ajoute-t-elle. Cette année, sa pasionaria de la classe ouvrière est, lui semble-t-il, un peu moins sollicitée par les médias. Mais ce serait leur accorder trop d'importance que d'y voir un lien avec les intentions de vote dans les sondages, où Arlette oscille entre 2 et 4% au lieu de 6 à 7% il y a cinq ans, bien que sa popularité reste au zénith. De toute manière, pour Henriette, les sondages ne sont pas plus fiables que la presse.
Ne pas changer
A Lutte ouvrière, on n'a pas pour habitude de s'émouvoir des changements. La concurrence effrénée à gauche de la gauche, opposant Arlette au jeune facteur révolutionnaire Olivier Besancenot, au paysan du Larzac José Bové et à la communiste Marie-George Buffet, laisse Henriette totalement froide: "Comme nous l'avions prévu, le rassemblement antilibéral a fait plouf. C'était un phénomène politicien qui, parce qu'il était nouveau, a été amplifié par les médias." Décidément, à ses yeux, la presse n'est pas clairvoyante. Et de citer ces journaux écrivant à la fin de 2006 que Lutte ouvrière se lançait pour la première fois dans une campagne d'affichage de grande envergure, avec 14 000 panneaux de 4 mètres sur 3. "Faux, insiste Henriette: c'est la quatrième présidentielle où ce média est utilisé." L'affiche de 2007 est d'ailleurs presque semblable à celle de 2002, avec la même photo d'Arlette, prise en... 1995! Pour bien montrer qu'elle est, pour sa dernière campagne présidentielle, bien décidée à ne pas changer.