La dépression de Zahira

Message par pelon » 15 Déc 2006, 15:41

a écrit :
La dépression de Zahira, ballottée de poste en poste dans une cafétéria Casino pour 600 euros par mois
La cour d'appel de Caen a condamné l'entreprise, qualifiant de " délétères " les conditions de travail à temps partiel de la jeune mère et les jugeant responsables de sa maladie


Zahira Gérard fait partie des millions de femmes qui ont travaillé contre leur gré à temps partiel dans les grandes surfaces ou dans la restauration. Mais elle est l'une des rares à avoir fait condamner son employeur par la justice : dans un arrêt du 29 septembre, la cour d'appel de Caen dénonce les conditions de travail " délétères " qui lui ont été imposées pendant plusieurs années. Cette femme de 37 ans était employée par la cafétéria Casino de la ville de Cherbourg, où elle était tour à tour caissière, " plongeuse " et femme de ménage.

Embauchée en mai 2000, Zahira Gérard fait d'emblée l'expérience de la précarité : elle enchaîne huit contrats à durée déterminée avant d'obtenir, en 2001, un CDI à temps partiel de 25 heures par semaine. " Je gagnais à peine plus de 600 euros, je venais souvent le samedi et le dimanche et mes horaires changeaient toutes les semaines, mais j'avais la chance d'avoir trouvé un emploi, raconte-t-elle. Quelquefois, je faisais l'ouverture, à 8 heures du matin, quelquefois la fermeture, à 21 h 30, mais ce n'était pas grave. Je n'avais pas d'enfant, je pouvais même rester plus tard, si c'était nécessaire. "

En 2002, Zahira Gérard accouche d'un petit garçon. A la fin de son congé maternité, elle reprend le chemin de la cafétéria. Mais la situation se dégrade. " Elle s'est trouvée confrontée à des conditions de travail délétères, note la cour d'appel de Caen, à partir du moment où, après son congé maternité et le congé de maladie qui a suivi, devant assumer la charge d'un très jeune enfant qu'il lui fallait faire garder, elle ne pouvait, sans dommage, subir des changements d'horaire inopinés. "

LA PRÉCARITÉ COMME MANAGEMENT

La nourrice de son fils accepte de le garder le matin tôt, le soir tard et certains week-ends, mais Zahira Gérard doit la prévenir à l'avance. " Cela devenait de plus en plus difficile car ma chef me changeait constamment d'horaires sans m'avertir ou me demandait de rester alors que j'avais terminé, raconte-t-elle. Je ne savais plus comment m'en sortir. "

Atteinte de dépression, elle est déclarée inapte, en décembre 2003, par le médecin du travail. Casino Cafétéria lui propose un poste à 120 kilomètres de son domicile avant de la licencier le 20 janvier 2004.

L'entreprise conteste les changements incessants d'emploi du temps - " conformément au code du travail, les horaires étaient fixés une semaine à l'avance ", affirme le cabinet Chassagny, Watrelot et associés - mais la cour d'appel se montre sévère envers la cafétéria. " Les changements de poste et d'horaires, imposés en dernière minute et qui apparaissent avoir été utilisés comme une stratégie habituelle de gestion du personnel ainsi que comme un moyen de pression caractérisent des conditions de travail génératrices de stress dont la cour estime qu'elles sont directement à l'origine de l'inaptitude de Mme Gérard à reprendre l'emploi qu'elle occupait. "

Les magistrats, qui ont validé le licenciement, estiment qu'en modifiant constamment les plannings au dernier moment, Casino Cafétéria a commis " une faute qui a fait perdre son emploi " à Zahira Gérard, à laquelle ils ont accordé 4 000 euros de dommages et intérêts.

Pour la CFDT, qui a accompagné la jeune femme tout au long de la procédure, cette affaire est exemplaire. " Les employeurs se servent parfois de la précarité comme d'une forme de management, note Serge Nardelli, délégué syndical national CFDT de Casino Cafétéria. Il est très difficile de faire respecter ses droits quand on est en temps partiel imposé. "

Anne Chemin
© Le Monde
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Message par Barikad » 15 Déc 2006, 16:50

4000 euros, c'est pas grand chose pour les magnats de la grande distribution, meme si on peut se feliciter que la justice reconnaisse la responsabilité des employeurs.
Barikad
 
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Message par pelon » 15 Déc 2006, 16:59

(Barikad @ vendredi 15 décembre 2006 à 16:50 a écrit : 4000 euros, c'est pas grand chose pour les magnats de la grande distribution, meme si on peut se feliciter que la justice reconnaisse la responsabilité des employeurs.
Non, ces salauds s'en tirent à bon compte.
pelon
 
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