Bon, alors si l'on en croit Vérié :
1) Le capitalisme est en pleine santé, il pète la forme.
2) La petite-bourgeoisie est en expansion permanente, et en plus pour elle ça baigne (et la classe ouvrière, le prolétariat, tu considères qu'ils sont en régression numérique ?).
Si cela était vrai :
1) Le marxisme se serait lourdement trompé, puisqu'il soutenait exactement le contraire.
2) La révolution prolétarienne, le socialisme seraient impossibles, ou en tous cas relèveraient d'une prescription idéologique utopique.
3) Le mode de production capitaliste aurait encore un bel avenir.
Autrement dit les bourges et leurs idéologues auraient bien raison, quand ils nous parlent des "classes moyennes en expansion permanente" qui renverraient la révolution au magasin des antiquités...
Qu'en penses-tu Vérié ?
Je crois quant à moi que tu affirmes des choses sur la base d'«impressions» qui ne sont nullement conformes à la réalité des faits et des chiffres.
Par exemple : de très nombreuses "petites entreprises" ne sont en fait que des emplois salariés maquillés en indépendants (dans le transport routier, dans le bâtiment, dans la confection, dans bien des secteurs des "services"). En fait nombre de grandes boîtes, sous prétexte d'«externalisation» contraignent leurs salariés à «s'installer à leur compte». Mais la seule liberté qui est laissée à ceux-là c'est de prendre les risques sur leur dos au bénéfice de la grosse boîte. Ils n'ont souvent qu'un seul "donneur d'ouvrage". Ils ont en fait tous les inconvénients du salariat, mais sans contrat de travail ni les garanties qui y sont attachées. Ils sont dans la même position que les "travailleurs à domicile" et autres "tâcherons" de naguère.
De plus de nombreuses catégories sociales juridiquement salariées que l'on pouvait classer autrefois parmi la petite-bourgeoisie, relèvent aujourd'hui de conditions sociales qui sont celles du prolétariat : obligation de vendre sa capacité de travail pour subsister, et incapacité à accumuler la moindre "réserve" qui permette une existence sociale indépendante : exemple bon nombre d'enseignants, voire de "cadres", sans parler de la grande majorité des "fonctionnaires", etc... C'est le produit d'une dévalorisation sociale (par diminution continue et relative de leurs revenus sur l'échelle sociale, entraînant sur le long terme une perte de statut social). Quant à savoir s'ils "vivent mieux" que les paysans du début du siècle dernier, je ne crois pas que ce soit là un critère bien marxiste («vivre bien» ou «pas bien» ?...).
J'ai par ailleurs du mal à croire que tu puisses nier totalement comme tu semble le faire, le processus de prolétarisation qui touche la petite-bourgeoisie et ses enfants (d'une façon générale, c'est-à-dire pas tous, en tous temps et en tous lieux, mais quand même...), et en même temps te réclamer du marxisme...