Urgence sociale et démocratique !

[Louis]

“La famille n’a ni colère, ni haine, ni rancoeur”, a déclaré
Ousmane Diagana, au nom de la famille de Mama
Galledou, victime de l’incendie criminel d’un bus, à
Marseille, la semaine dernière et qui, aujourd’hui encore, se
bat entre la vie et la mort.
Cette déclaration, dans sa retenue et sa dignité, tranche
avec les surenchères démagogiques, non seulement de
Sarkozy, mais de l’ensemble des politiciens y compris de
gauche. A partir d’un acte aveugle, absurde et criminel que
chacun condamne à juste titre, le ministre de l’Intérieur
tente de masquer son échec, sa propre responsabilité par les
surenchères verbales. Les candidats du PS à la présidentielle
ne sont pas en reste pour tenter de dévoyer la légitime indignation
de la population, comme Laurent Fabius déclarant
qu’il fallait “vraiment tout mettre en oeuvre pour retrouver
ces salopards” et les “châtier”.
Ces surenchères répressives sont impuissantes à résoudre
les réels problèmes des banlieues et des quartiers pauvres,
mais elles participent de la stigmatisation des classes populaires,
des jeunes, des immigrés et sont le terreau de Le Pen.
L’ESCALADE SECURITAIRE
Un an après la révolte des jeunes des cités, suite à la
mort de deux d’entre eux à Clichy-sous-bois, et en réponse
aux insultes de Sarkozy, aucune promesse n’a été tenue. Si
les tensions s’aggravent dans les quartiers et les banlieues,
et cela indépendamment des actes criminels de quelques
marginaux, c’est que la situation n’a fait qu’empirer. Que ce
soit au niveau du chômage, des conditions de logement, de
la vie des quartiers, des moyens à donner aux associations,
rien n’a changé, sans même parler de l’école.
Seule la présence policière a augmenté, avec tout ce
qu’elle a de provocant, d’agressif, de stigmatisant, voire
souvent d’humiliant. La violence policière ne peut qu’accroître
les tensions engendrées par la violence sociale de
l’exclusion.
LES FAUSSES EVIDENCES SECURITAIRES
Pour justifier cette escalade, Sarkozy stigmatise les
délinquants, catégorie aux limites bien incertaines. Il
emploie des arguments qui se veulent de bon sens : face à la
délinquance, il n’y a qu’une arme, la répression. Il vient de
recevoir, dans son argumentation simpliste, le soutien de
Ségolène Royal déclarant : “Je ne fais pas d’idéologie avec
la sécurité, je fais de l’efficacité”.
Ce discours exprime le mépris, l’ignorance des échecs et
des souffrances qui conduisent des jeunes à la délinquance.
Il est celui des riches, des privilégiés qui ferment les yeux
sur la misère morale que peuvent engendrer la misère matérielle,
le racisme, les discriminations, la violence sociale. Il
est celui de politiciens qui cherchent à se protéger de leurs
propres responsabilités en stigmatisant les jeunes.
LUTTER CONTRE LA VIOLENCE SOCIALE
Sarkozy a affirmé sa volonté de renforcer la présence
policière dans les transports en commun. Il oublie que si la
présence d’un deuxième agent dans chaque bus a été
supprimé, c’est bien au nom de la logique de la politique de
rentabilité financière que lui et son gouvernement défendent.
Et c’est la même logique qui a prévalu dans tous les domaines :
la suppression des postes qui n’étaient pas « rentables ». Et,
maintenant, on voudrait remédier à tous les problèmes en
mettant des flics partout !
Le véritable problème est bien là. C’est ce système injuste,
aberrant, inhumain qui suscite la violence, la nourrit,
l’entretient.
Le libéralisme creuse les inégalités, fabrique la pauvreté
et n’a d’autre réponse aux drames qu’il engendre que la
répression. La fuite en avant sécuritaire est un véritable danger
pour toute la société, une menace pour la démocratie.
Oui, il y a urgence sociale et démocratique.
Le 06/11/06

[canardos]

mettre des "Quote " , tu sais faire, Louis?

:altharion: