Convergences des luttes sociales :

Message par Louis » 09 Avr 2003, 18:33

Compte rendu personnel de Françoise Pinson (SUD éducation Paris), fait le dimanche 6 avril 2003.

J'sais pas vous, mais moi, hier soir j'étais complètement crevée, mais contente. Fatiguée (et je pensais aux camarades de Longwy qui étaient partis tôt le matin et qui, sûrement, rentreraient tard le soir, surtout après un séjour à la Passerelle !), parce que la journée avait été intense : on était nombreux, écouter et comprendre la position de chacun demandait effort et concentration, y voir clair sur la suite encore plus, et surtout parce qu'on en attendait beaucoup de cette réunion, c'était palpable. Contente, parce qu'elle avait bien eu lieu cette première journée de prise de contacts et de discussions en commun, et qu'on en repartait avec une volonté renforcée de travailler ensemble, sur le long terme, pour lutter victorieusement contre les suppressions d'emplois et la précarité.

Je vais essayer de résumer ça comme je l'ai compris et de formuler les décisions auxquelles nous sommes arrivés ensemble.

Après un bref historique de notre histoire commune (rappelée en annexe), la matinée a été consacrée à une présentation de tous les participants qui ont chacun, à des degrés divers, décrit la situation de leur secteur ou de leur entreprise, ou dit de quel point de vue ils parlaient. Les luttes individuelles ont été évoquées, ainsi que les attentes vis à vis de cette réunion.

Sans reprendre les interventions de chacun (cela pourra être fait plus exactement si les intéressés mettent une synthèse de leur présentation par écrit sur la liste de diffusion), voici la liste des présents et ce qui a permis de dégager les sujets de discussion pour l'après-midi.

Les présent(e)s :
LU-Danone, CGT Brandt Lyon, Comité de lutte de Caen (créé à partir des emplois-jeunes et pions), CFDT Alstom Saint-Ouen, Solidaires 93, une boîte de sous-sous-traitance (métallurgie) de Renault, Peugeot de Nanterre, UL CGT Longwy, Collectif de Précaires de Clermont-Ferrand, Aventis, SUD Education, Collectif emplois-jeunes/surveillants d'Ile de France, SUD CERITEX (centres d'appel), fédération SUD PTT, SUD Etudiant, CNT et de nombreux membres d'AC !, du PAP (Précaires Associés Parisiens), de Stop précarité ! et de No Vox, de réseaux de soutien aux travailleurs en lutte (Arcade, Mac Do, Pizza Hut), de nombreux intermittents du spectacle et l'après-midi, des salariés CGT des PTT, de ManPower,…

J'en oublie certainement car la soixantaine de personnes qui sont passées sur la journée ont parfois tenu à s'exprimer à titre individuel ou ne se sont pas du tout exprimées.

Notons qu'une journaliste de l'Humanité et un journaliste de Rouge ont assisté à nos débats.

Du tableau dressé ressortait la multitude des formes que prennent aujourd'hui les attaques contre les salariés, de plus en plus souvent licenciés sans difficultés à travers les contrats précaires, les restructurations, les délocalisations, l'externalisation, la sous-traitance, la décentralisation et la privatisation dans la fonction publique, entre autres. Les intermittents du spectacle ont dénoncé les récentes remises en cause par le MEDEF de leur régime Assedic, qui menacent de mort leurs professions.
De nombreuses interventions ont souligné le comportement des confédérations et fédérations ou des directions syndicales des domaines touchés : à savoir aucune opposition à cette déréglementation du droit du travail et pas d'organisation collective de lutte contre les suppressions d'emplois et la précarité, ni de réelle défense des précaires, licenciés, chômeurs. Nous avons fait le constat que, depuis plusieurs décennies le mouvement ouvrier est sur la défensive et chacun acculé à se défendre dans son coin ou son secteur quand il est touché, pour être finalement battu avec, au mieux, des « plans sociaux » (antisociaux ?), et parfois à la clef la répression syndicale, comme aujourd'hui à Daewoo Orion dont un ouvrier est toujours incarcéré.

La précédente tentative de lutte à la base contre une vague de plans de licenciements, en 2001, autour des LU Danone et Air Liberté, qui avait abouti au réel succès de la grosse mobilisation le 9 juin était dans beaucoup d'esprits. Se demander pourquoi elle n'a pas eu de suite est important aujourd'hui que nous essayons à nouveau de nous organiser, pour réussir cette fois !

Notre détermination de structurer et de coordonner nos luttes pour construire concrètement des convergences, de réaliser l'unité à la base sans sectarisme a été réaffirmée. Face aux confédérations et fédérations qui pratiquent aujourd'hui la collaboration de classes notre ancrage dans un syndicalisme de lutte de classes contre le capitalisme a également été confirmé.

Cependant, on a tous constaté que peu de boîtes en lutte étaient présentes, moins que le 26 février. Certes, cela s'expliquait par le fait qu'une majorité d'entre elles n'avaient pas été prévenues : les coordonnées du 26 février ont bien peu circulé et a manqué une véritable organisation entre ceux qui avaient relevé le défi de tenir ces « Assises » à la date fixée après l'annulation de la proposition des LU. Ce qui a manqué, c'est une structuration et nous avons décidé de mettre en place un collectif d'animation chargé de reprendre ces contacts.

La composition de l'assemblée et les discussions ont montré que si les collectifs de précaires et l'éducation nationale (où des luttes reconductibles se développent aujourd'hui dans de nombreux départements, essentiellement à partir de la décentralisation) étaient bien représentés, le déficit d'entreprises frappées par des plans de licenciement posait un problème de légitimité pour parler en leur nom. La décision a donc été prise de centrer notre travail de contact sur les entreprises locales, menacées ou non par des suppressions d'emplois, à partir des collectifs de lutte déjà actifs, afin d'ancrer notre construction solidement et pour le long terme sur le terrain.

Nous avons constaté aussi que l'urgence est grande pour les licenciés mais que chaque lutte a son rythme et qu'elle connaît des phases de mobilisation, mais aussi de repli. Pour être une structure pérenne de contacts pour tous les futurs licenciés, il faut du temps, impossible de faire l'économie d'une construction à partir de la base. Cette construction se fera par étapes, nous en sommes à la première : la constitution d'un collectif de coordination.

Après de vifs débats, ont donc été arrêtées les décisions suivantes :
1.Abandon de la date du 26 avril, préalablement proposée pour une manif nationale. Etant donné l'état de nos forces, cette échéance trop rapprochée ne pourrait pas permettre d'en faire un succès.

2.Par contre, partout où c'est possible, constituer des pôles de rassemblement, CONTRE LES SUPPRESSIONS D'EMPLOI, LES LICENCIEMENTS ET LA PRECARITE dans les manifs du premier mai et dans toutes les mobilisations prévisibles sur les retraites, la décentralisation, etc.

3.Aller dans toutes les réunions de lutte de nos régions et, le plus tôt possible, organiser des assemblées générales interprofessionnelles, réunissant le public et le privé, aussi larges que possible, pour faire de l'information sur ce que nous sommes en train de construire et voir dans quelle mesure nous rencontrons un écho.

4.Nous présenter avec le projet d'appel pour le 21 mars, remanié en y introduisant des revendications contre la décentralisation et sur les retraites, en particulier les 37,5 annuités pour tous, public et privé.

5.Tout ce travail a pour but d'aboutir à une nouvelle rencontre, représentative cette fois non seulement des précaires mais aussi des licenciés déterminés à se battre, avant la fin mai si possible.

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Annexe

Nous nous situons dans la continuité de l'appel lancé par les Daewoo, ACT et LU Danone, réunis à Longwy, à une réunion le 26 février dernier. Le but de cet appel était de rompre l'isolement des luttes chacun dans son coin pour nous unir et agir ensemble dans la durée contre les licenciements, les suppressions d'emplois et les précarités.

Etaient bienvenus tous ceux qui, laissant leurs étiquettes syndicales de côté, désiraient se retrouver sur une base lutte de classes pour contrecarrer la politique actuellement mise en œuvre par le patronat et ses sbires au gouvernement et travailler à une alternative au capitalisme.

La réunion du 26 février a réuni environ 120 personnes. Elle a décidé de prendre, avec une banderole UNITE D'ACTION CONTRE LES SUPPRESSIONS D'EMPLOI ET LA PRECARITE, la tête de la manif de la CES du 21 février et de tenir des Assises ouvrières à Charleville les 4 et 5 avril au moment du procès des LU Danone, puis d'organiser une manif nationale spécifique sur l'emploi un samedi à Paris (la date fut fixée ultérieurement au 26 avril).

Malgré des difficultés multiples, un cortège d'un millier de personnes représentant les salariés en lutte a bien pu prendre la tête du cortège le 21 mars et cette initiative fut une vraie réussite.

Les « Assises », maintenues mais déplacées à Paris après le report du procès de LU Danone, se tenaient bien aujourd'hui. Les questions posées étaient : qui représentons-nous ? que devons-nous rediscuter et décider ensemble pour grandir ? quelle structuration pouvons-nous nous donner pour cela ?
Louis
 
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