C'EST SUR LES PROFITS DU PATRONAT

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C'EST SUR LES PROFITS DU PATRONAT QU'IL FAUT PRENDRE !

    La plupart des commentateurs ont surtout retenu, du discours de Jospin à La Rochelle, le ton pathétique qu'il lui a donné. C'est pourtant le contenu qui était, de loin, le plus intéressant. L'ancien Premier ministre s'est montré satisfait du bilan de son gouvernement, qui constitue, a-t-il dit, "un socle sur lequel s'appuyer". Sur les raisons qui ont amené deux millions et demi d'électeurs du PS à ne pas revoter pour le candidat de ce parti en 2002, il ne s'est même pas interrogé. S'il a fait des erreurs, a-t-il concédé, c'est sur la forme, lorsqu'il a dit à l'époque que son projet n'était pas "socialiste". Mais ce n'est pas d'avoir "dit" cela (qui n'était que la vérité !) que lui a reproché la fraction de l'électorat populaire qui l'a abandonné en 2002, c'est d'avoir mené une politique qui allait à l'encontre des intérêts de la population laborieuse.
    Il est d'ailleurs significatif que le seul regret politique qu'il a exprimé, c'est de ne pas avoir procédé, sur le conseil des autres dirigeants du PS, à la "réforme des retraites", qui était "prête"... cette réforme responsable de la baisse du niveau de vie des travailleurs qui partent à la retraite et que la droite a mis en oeuvre après lui.
    Mais Jospin ne dépare pas la cohorte des différents postulants à l'investiture du Parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2007, qui se réfèrent tous à une plate-forme qui propose de porter le SMIC à 1500 euros d'ici 2012... niveau qu'il atteindra de toute manière automatiquement d'ici là, si l'inflation continue au rythme actuel. Seul Fabius, qui ne décolle pas dans les sondages, en a rajouté un peu, en déclarant qu'il s'engageait à augmenter le SMIC de 100 euros s'il était élu... avec, à la clef, de nouvelles baisses de cotisations sociales pour le patronat. Non seulement Fabius propose une augmentation du SMIC bien insuffisante par rapport au recul que connaît le pouvoir d'achat des travailleurs depuis des années, mais les cadeaux qu'il envisage de faire aux patrons sur leurs cotisations sociales se traduiraient nécessairement par de nouvelles difficultés pour la Sécurité sociale - avec de nouvelles baisses des remboursements -, pour les retraites et pour les hôpitaux. Ce serait reprendre d'une main ce qu'on a donné de l'autre.
    Le gouvernement n'agit pas autrement. La droite qui depuis quatre ans mène cyniquement une politique de régression sociale en faveur du patronat a réalisé que ce faisant elle était le meilleur agent électoral d'un Parti socialiste qui se présente en défenseur du "peuple de gauche". Et le gouvernement envisagerait, non pas de relever les bas salaires (il ne faut pas faire de peine aux patrons), mais d'augmenter la "prime pour l'emploi" versée par l'Etat aux bas salaires depuis 2001 (c'était une invention de Jospin et de Fabius). Mais cela aussi revient à prendre par l'impôt aux travailleurs ce que l'on va reverser à une partie d'entre eux.
    Ce que les dirigeants de la droite et ceux de la gauche ont en commun, c'est de ne pas vouloir s'en prendre, si peu que ce soit, aux profits patronaux. Ce serait pourtant la seule façon de trouver des solutions aux deux problèmes majeurs qui se posent aujourd'hui au monde du travail, celui de la baisse de son niveau de vie, et celui du chômage.
    C'est dire que si nous voulons changer notre sort, ce n'est pas sur le résultat des élections de 2007 qu'il faut compter. Et puisque nous sommes à la veille de ce que l'on appelle la "rentrée sociale", ce serait le moment, pour les directions des confédérations syndicales qui prétendent défendre les travailleurs, de nous dire quel plan elles comptent mettre en oeuvre pour organiser la riposte qui s'impose à l'offensive que mène le grand patronat, avec l'appui du gouvernement, contre le monde du travail .

Arlette Laguiller