lundi 27 mars 2006, 17h33
Les anti-CPE comptent sur la mobilisation des salariés du privé
PARIS (Reuters) - Le front syndical et étudiant attend une forte mobilisation mardi pour sa quatrième journée nationale contre le contrat première embauche, tandis que Dominique de Villepin, soutenu par Jacques Chirac, semble décidé à tenir.
Les syndicats tablent sur une mobilisation sensible des salariés du privé, déjà fortement représentés aux côtés des jeunes lors des manifestations du samedi 18 mars.
Plus qu'au nombre des manifestants, c'est à l'aune des perturbations qu'ils veulent montrer l'ancrage du rejet du CPE dans l'opinion.
Pour la première fois en huit semaines de mobilisation, toutes les organisations syndicales de salariés (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, FSU et Solidaires) appellent à cesser le travail.
L'ensemble du secteur public est également concerné et des perturbations importantes sont attendues dans les transports et les écoles.
Selon un recensement effectué par la CGT, plusieurs centaines de préavis de grève ont été déposés dans des entreprises privées de secteurs très variés, de la banque à la métallurgie, de la chimie au tabac, du commerce aux médias.
La centrale syndicale cite notamment le département du Loiret, où plus de 100 entreprises sont concernées.
Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a estimé que le nombre des appels à la grève était "supérieur à ce que nous avions pu connaître au pic de la mobilisation contre la réforme des retraites en 2003, notamment dans le secteur privé".
Quatre des principales organisations étudiantes (Unef et Cé) et lycéennes (UNL et Fidl) sont partie prenante de cette journée d'action. Leurs troupes défileront dans pas moins de 137 manifestations prévues dans toute la France.
Le 18 mars, les syndicats avaient revendiqué 1,5 million manifestants et la police avait comptabilisé 500.000 personnes dans toute la France.
MATIGNON "OUVERT AU DIALOGUE"
Selon un sondage Ipsos pour Le Monde et France 2, le rejet du contrat première embauche est plus fort que celui du plan Juppé qui se proposait de réformer la Sécurité sociale en 1995.
La CGT rappelle qu'alors, pas moins de 20 jours de paralysie des transports avaient été nécessaires pour faire plier Alain Juppé.
Si nécessaire, Force ouvrière a déjà laissé entendre qu'elle proposerait une poursuite du mouvement de grève interprofessionnelle.
L'intersyndicale a jusqu'ici montré sa solidité et sa cohésion face à Dominique de Villepin, pour qui le retrait du CPE reste exclu.
Le Conseil constitutionnel, saisi par l'opposition socialiste, devrait se prononcer jeudi sur la validité du CPE.
Du côté du gouvernement, où l'on ne veut pas retenir l'hypothèse d'une invalidation, on souhaite mettre à profit la quinzaine de jours qui restera avant la promulgation de la loi pour apporter des aménagements au dispositif.
"Nous restons ouverts au dialogue et soucieux de trouver les voies d'une discussion constructive avec les étudiants et les partenaires sociaux", soulignait-on lundi dans l'entourage du Premier ministre.
Le chef du gouvernement a assuré samedi qu'il entendait "répondre aux deux préoccupations majeures des jeunes sur le CPE : la période de deux ans et les conditions de la rupture du contrat", sans préciser les pistes envisagées.
Apres l'échec de sa rencontre avec les leaders des cinq confédérations syndicales vendredi, Dominique de Villepin est en contact avec deux syndicats étudiants, l'UNI, proche de l'UMP, et la Fage, qui se présente comme "apolitique" et milite pour le retrait du CPE tout en refusant le blocage des universités.
Les autres organisations étudiantes et lycéennes hostiles au CPE accusent Dominique de Villepin de "verrouiller" le débat et posent toujours en préalable le retrait du CPE.