Gipsy, tu nous dit que Beaud et Pialoux «reconnaissent l'appartenance des émeutiers à la classe ouvrière!» Et tu ponctues par un "!"… (sous-entendu: y'a des pommes qui n'y voient rien...)
Ecrire ainsi l'affaire me semble tiré par les cheveux.
Le terme "émeutiers" ne te semble-t-il pas abusif?…
J'ai ouvert mon dico, et je lis :
"emeu : Grand oiseau ratite d'Australie aux ailes rudimentaires".
Donc, on voit bien, à l'évidence, que les "ailes rudimentaires"… que? euh? oh, excuses ! attendez, j'me suis trompé de ligne… Je recommence :
"Emeute : Soulèvement populaire spontané."
Et of course :
"émeutier, ère: personne qui participe à une émeute." (bon, déjà, là, on pourra enlever l'option "ère", puisque comme le dit avec amertume une jeune fille citée dans l'article, pour l'option "ère", c'est le couvre-feux permanent.)
Le terme "émeute" me semble alors inadéquat pour qualifier ce qui s'est vu il y a quelques semaines. A la rigueur, on pourrait l'admettre pour Clichy. On a un quotidien usuel : une "guérilla" entre la police et des groupes de jeunes (par "les" jeunes…), un véritable jeu de "gendarmes et voleurs", où il est bien difficile de repérer qui est l'œuf, qui est la poule (qui est le "poulet", j'allais écrire). Et alors, combien de fois, depuis quelques années, avons-nous eu ce genre de réactions suite à un événement dans une banlieue, que ce soit suite à un accident ou à un contrôle policier qu'a mal tourné?
Comment parler d'émeutes sans émeutiers pour qualifier ce qui s'est passé fin octobre et début novembre?
Gipsy, imagine un instant… imagine que tu rencontres un navigateur solitaire qu'avait pas de radio à bord, pas de télé, ni téléfon, rien, et qui arrive à terre, imagine que tu veuilles lui parler des brûlages de poubelles, voitures, édifices, ou d'un fauteuil abandonné sur le trottoir. Si tu lui dis qu'il y a eu des "émeutes" dans plein, plein de communes de France, dans presque toutes les zones sensibles de France, imagine ce que le terme "émeute" fait croire à notre navigateur solitaire? Quand il va s'informer de la réalité, il va déchanter!
Bon sang, Gipsy, ressens-tu que le terme est abusif et que l'utiliser c'est vouloir faire croire qu'ils s'est passé autre chose que ce qui s'est réellement passé ?
Et le jour où y'aura des émeutes, alors, on écrira quoi?
Tu écris que nos sociologues «reconnaissent l'appartenance des émeutiers à la classe ouvrière!»
La belle affaire, pardi!
Tes "émeutiers" sont-ils fils de petits commerçants ou artisans ? fils de paysans ? fils de docteur, ou de petits chef dans une banque ou une entreprise ? Ah bin oui, les incendiaires ne venaient pas des beaux quartiers.
Et si deux bandes s'affrontent ? Tu vas écrire que «deux bandes de jeunes prolos se sont affrontées à coup de battes de base-ball ou autres ustensiles divers». Tu vas défendre qui contre qui ?
Vas-tu écrire qu'une fraction de la classe ouvrière sème le bordel dans les stades ? et que cette fraction fait parfois le salut nazi?
Vas-tu écrire, genre "Voici": « Odieux! Sohane a été brûlée par un jeune prolo!»"? Pourquoi ne pas écrire : «Des bandes de jeunes gens, appartenant à la classe ouvrière, se livrent à des tournantes, viols collectifs nouvelle mouture.» ?
Surfer ainsi avec le sens des mots, c'est vouloir faire croire qu'il s'est passé ce qui ne s'est pas passé, c'est se piéger soi-même.