UFC-"Que Choisir" demande de taxer les "surpr

Message par faupatronim » 14 Déc 2005, 10:17

(Le Monde @ 14 décembre 2005 a écrit :UFC-"Que Choisir" demande de taxer de 5 milliards d'euros les "surprofits" de Total


Et si la France suivait la Grande-Bretagne en instaurant une taxe sur les bénéfices sans précédent réalisés par Total ces deux dernières années ? UFC-Que choisir s'est inspiré de l'exemple britannique pour réclamer, mardi 13 décembre, la création d'une "taxe exceptionnelle" de 5 milliards d'euros sur les bénéfices du groupe : 3,7 milliards iraient aux "transports collectifs de proximité", qui souffrent d'un sous-investissement chronique ; le solde permettrait de financer un mois de gratuité dans ce type de transports.

Au grand dam des compagnies pétrolières opérant en mer du Nord, le ministre britannique des finances avait annoncé, le 5 décembre, que la taxe supplémentaire qu'elles acquittent déjà passerait de 10 % à 20 % des bénéfices réalisés dans cette zone. Gordon Brown jugeait, en effet, que "la balance doit être rééquilibrée entre les consommateurs et les producteurs". C'est aussi l'avis du mouvement de consommateurs, qui "appelle les parlementaires" à suivre cette démarche.

Quatrième major pétrolière mondiale, Total réalisera environ 13 milliards d'euros de résultats nets cette année. Du jamais vu en France, mais aussi aux Etats-Unis avec les bénéfices record d'ExxonMobil et de Chevron, ou en Grande-Bretagne avec les profits sans précédents de BP et de Shell.

Les experts d'UFC-Que choisir jugent que, à ces niveaux, on est très au-delà du retour sur capitaux investis de 15 % réclamé par les actionnaires. Ils ont calculé que dans l'exploration-production, le raffinage et les stations-service, Total a réalisé 4,2 milliards d'euros de profits en 2004 et 7,1 milliards en 2005.

En dépit d'investissements lourds et en progression constante depuis des années, ses besoins en capitaux pour les financer n'ont pas augmenté, analysent-ils. Ce qui invalide, selon eux, le plaidoyer des compagnies selon lequel "les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain".

"RATTRAPAGE"

UFC-Que choisir en conclut que les bénéfices ne doivent plus être indexés sur les cours du brut, mais sur les coûts techniques de production (y compris les investissements) supportés par l'entreprise. Le pouvoir d'intervention de la puissance publique se justifie, à ses yeux, par le pouvoir de marché du groupe de Thierry Desmarest, qui assure une bonne part de la production française de carburants.

Si les cours du baril ont reculé depuis le pic de la fin août (70,85 dollars), ils restent très élevés (60 dollars), et les prix à la pompe amputent le pouvoir d'achat. Ainsi la taxe ne serait-elle que le "rattrapage" d'une hausse réalisée "au détriment des consommateurs" et elle n'aurait "aucune incidence sur la santé de Total".

Lors d'une table ronde réunie à Bercy le 16 septembre, le ministre des finances, Thierry Breton, avait menacé les pétroliers d'une taxe, avant d'y renoncer. Trois jours plus tard, M. Desmarest vitupérait contre le gouvernement. "Total ne méritait pas d'être traité comme cela", s'indignait-il dans Le Figaro, justifiant ses profits par la taille du groupe et présentant sa solidité financière (13e capitalisation boursière mondiale) comme un rempart contre les offres publiques d'achats (OPA).

"Si je n'avais pas réalisé en 1999 la fusion entre Total et Elf, plaidait-il, il n'y aurait pas en France de compagnie pétrolière ayant la stature mondiale qui lui permette de rester indépendante." Total, qui réalise 95 % de ses résultats à l'étranger, dégage un bénéfice mensuel de 2 milliards d'euros mais paie 1 milliard d'impôts dans les 130 pays où il est installé.

"L'essentiel va à l'investissement", souligne M. Desmarest, soit 10 milliards d'euros en 2005. Mais il est freiné, regrette-t-il, par la décision de nombreux pays producteurs de pétrole et de gaz, notamment l'Arabie saoudite, d'interdire ou de limiter l'accès de leur domaine minier aux multinationales. La situation évolue.

En marge du sommet de l'OPEP, lundi, le ministre koweïtien de l'énergie a indiqué que son pays allait s'ouvrir davantage aux investisseurs étrangers pour atteindre son objectif de produire 4 millions de barils par jour en 2020.

Jean-Michel Bezat



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