Cet appel sera entendu

Message par Front Unique » 23 Oct 2005, 12:50

Informations ouvrières N° 714 - Semaine du 20 au 26 octobre 2005


Cet appel sera entendu


Depuis le 4 octobre, de nombreux secteurs professionnels (transports, La poste, dans le privé…) sont touchés par les grèves. Parmi les revendications les plus fréquentes : le refus de la privatisation des services publics, les salaires, la déréglementation des conditions et des horaires de travail. Ces grèves sont-elles légitimes ? Si l’on se place du point de vue de la démocratie politique, cette légitimité ne fait aucun doute. La majorité qui a voté non le 29 mai dit : ce n’est pas possible de laisser faire. Elle n’accepte pas de voir démantelées toutes les conquêtes de démocratie sociale arrachées dans le cadre même de la démocratie politique.

Mais du point de vue de l’Union européenne, ces grèves sont illégitimes. Privatisation des services publics, écrasement du pouvoir d’achat, afin de respecter les critères de Maastricht, remise en cause des garanties collectives en matière de conditions de travail et d’horaires : tout cela découle directement de Maastricht et de ses directives.

Lors de la convention réunie le 16 octobre à Ivry pour la reconquête de la démocratie (lire pages 2, 3, 4 et 5), les délégués ont été saisis d’horreur et d’indignation à l’écoute des faits établis par les intervenants mandatés. Santé, Sécurité sociale, école, hôpitaux, services publics, démocratie communale, libertés syndicales… rien n’échappe à la fureur dévastatrice des politiques dictées par Bruxelles et mises en œuvre depuis vingt ans par les gouvernements successifs.

Cela continue : ce 18 octobre, le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale préconise « 30 000 départs de fonctionnaires par an » (La Tribune). Tandis que le président de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) se réjouit de ce qu’en trois ans « notre consommation d’antibiotiques a diminué (…), ce qui a permis d’éviter 11,6 millions de traitements inutiles » (AFP).

Moins de médicaments, moins de fonctionnaires (c’est-à-dire moins d’enseignants, de postiers, d’infirmières…) : tout cela serait « inutile », il faudrait s’en débarrasser ! Inutiles aussi, sans doute, les retraités qu’on fera travailler pour trois fois rien (les « emplois seniors » !). Inutiles, les chômeurs, dont les indemnités doivent être remises en cause ! Inutiles, les jeunes, tout juste bons à une précarité sans fin !

C’est à cela que la convention du 16 octobre, dans la diversité de ses participants, a décidé de dire non !

Au lendemain de cette convention, la presse, muette sur cet événement, ne tarit pas d’éloges, en revanche, sur un événement italien : Romano Prodi a été investi chef de file de toute la gauche italienne pour les prochaines élections (1). Tout le monde est heureux, depuis le très capitaliste Les Echos (« Prodi remporte un franc succès aux primaires de la gauche italienne ») jusqu’à L’Humanité (« Prodi mènera une gauche regonflée »), en passant par La Croix (« Romano Prodi s’impose à la tête de la gauche italienne »).

Précisons : Romano Prodi fut Premier ministre en Italie, puis président de la Commission européenne. Il fut l’un des principaux rédacteurs du traité de Maastricht et l’inspirateur de la « Constitution » européenne. Sous son ministère, l’Italie connut les grandes mesures de privatisation, de remise en cause des retraites et de l’unité de la République.
La « grande coalition » allemande aurait-elle pour vocation de se généraliser ? S’agirait-il de ne laisser aucun espace en dehors de l’Union européenne ? Coïncidence ? Un sondage paru ce jour prétend que « 55 % des Français seraient favorables à un gouvernement d’union nationale, mêlant gauche et droite, comme cela vient de se faire en Allemagne » (AFP).

Rappelons qu’il y a un an, les mêmes instituts de sondages donnaient le oui largement majoritaire. On connaît la suite.

Le 16 octobre, à Ivry, un appel a été lancé à tous ceux qui refusent d’accepter l’inacceptable. Cet appel, c’est une certitude, sera entendu.


Daniel Gluckstein

(1) Apportent leur soutien à Prodi tous les partis officiels du centre et de la gauche, y compris Refondation communiste (en principe opposé à la « Constitution » européenne), avec tous ses courants, incluant le courant composé par les amis italiens de Besancenot-Krivine. Soutien également de la centrale syndicale CGIL…
Front Unique
 
Message(s) : 0
Inscription : 03 Fév 2005, 02:21

Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invité(s)