a écrit :Si ça continue à ce train là, on va même demander à des ingénieurs de se reconvertir...de faire de nvelles études, bref la formation tout au long de la vie comme le réclame la CFDT.
Comme je suis ingénieur et que je sors d'une année de galère post-diplôme (comme solution de sortie je vais continuer mes études en Angleterre), je peux t'assurer que c'est déja le cas, peut être pas de la manière de laquelle tu l'imagines cependant.
Je suis issu d'une école d'ingé assez spécialisée (en chimie en génie chimique pour être précis mais ça serait en électronique ou en physique nucléaire que ça serait pareil). On a parfois l'image des écoles d'ingé comme un lieu où l'on entre difficilement sur concours, où on ne fiche plus rien pendant trois ans et d'où l'on sort avec l'assurance d'un boulot pépère et bien payé. C'est assez faux en fait : on apprends beaucoup et on se spécialise à l'école, et on en sort vraiment compétent. Seulement ces compétences spécialisées sont de moins en moins exploitées, du moins en France : les entreprises françaises embauchent peu d'ingénieurs pour des boulots qui demandent des compétences techniques spécifiques. Elles préfèrent embaucher des bacs +2 ou +3 avec quelques années d'expérience (qu'elles payeront moins que des ingénieurs comme les y autorisent les conventions collectives) ou alors des docteurs (bac +8), alors même qu'elles financent de moins en moins de doctorants !
Pour les jeunes diplômés d'écoles d'ingé, il reste donc comme choix soit d'accepter un boulot pour lequel on n'a pas été formé, à condition bien sûr de pouvoir prouver tout un tas de compétences qui ne s'acquièrent le plus souvent qu'avec l'expérience, soit de continuer ses études soit vers un doctorat (dans ce cas le plus souvent à l'étranger vu le peu de financement pour la recherche en France) ou vers un autre diplôme (école de commerce), soit de partir à l'étranger, ce dernier cas étant de plus en plus fréquent et n'excluant pas les deux autres.
En passant, ça me rend donc assez hargneux lorsque j'entends de braves idéologues bourgeois verser des larmes de crocodile sur la "fuite des cervaux" et dénoncer la "génération Tanguy" qui "continue des études sans but au lieu de travailler". Cette situation a pour cause le refus d'embaucher de la part des entreprises françaises.