Une Nouvelle crise en Asie du sud est?

Message par logan » 09 Sep 2005, 21:58

a écrit :Les marchés financiers du Sud-Est asiatique connaissent des turbulences
LE MONDE | 09.09.05


La situation tendue que connaissent actuellement les marchés de capitaux du Sud-Est asiatique fait-elle craindre une nouvelle crise financière, comme celle de 1997 ? Les banques centrales d'Indonésie et de Thaïlande ont brutalement relevé leur taux d'intérêt pour faire face à l'urgence d'une situation économique rendue délicate par la hausse des prix du pétrole. Mais pour les observateurs, la comparaison entre les deux pays s'arrête là et ils n'envisagent pas que l'ensemble de la région plonge dans une crise généralisée.

Dans le cas de la Thaïlande, le problème est purement économique. Le pays est importateur net de pétrole, une matière première qui représente 13 % de ses importations et 8 % de son produit intérieur brut (PIB). La flambée des cours du brut a fait bondir l'inflation qui a atteint un niveau record. Les prix à la consommation ont progressé au rythme de 5,6 % l'an en août. Car confrontées à une hausse des coûts de fabrication ­ les prix à la production montent de 9,5 % l'an ­, les entreprises thaïlandaises les répercutent sur le prix des biens qu'elles vendent.
Pour combattre l'inflation, la banque centrale a décidé mardi 6 septembre de relever ­ pour la septième fois cette année ­ son taux directeur d'un demi-point, à 3,25 %. Le premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, a déclaré, jeudi, qu'il révisait en baisse sa prévision de croissance pour cette année, espérant désormais qu'elle puisse atteindre 4 %, alors qu'en début d'année le gouvernement avait prévu 5,5 % de croissance. En 2004, elle avait atteint 6,1 %.

En Indonésie, en revanche, la situation est différente. La banque centrale a décidé, mercredi, de remonter ses taux d'intérêt pour la deuxième fois en quinze jours, afin d'enrayer la fuite des capitaux, en portant l'objectif pour ses taux directeurs à un mois à 10 %. La devise indonésienne, la roupie, a été attaquée par les spéculateurs. Elle a plongé à son plus bas niveau depuis quatre ans face au dollar, à 10 775 roupies pour un dollar le 29 août, après une chute de 10 % en deux semaines. Vendredi, elle valait 10 350 pour un dollar.

"L'Indonésie fait face à une crise de confiance qui, mêlée à une efficacité limitée du gouvernement et de la banque centrale pour contrôler l'inflation et répartir le budget, a entraîné une fuite des capitaux, une chute de la devise et un renchérissement des coûts de refinancement local du pays", constate Didier Lambert, gérant de fonds d'investissement chez Fortis Investments.

Si les problèmes de l'Indonésie ont été accentués par la hausse des cours du pétrole, ils résultent avant tout d'un mécanisme budgétaire qui pèse sur les comptes de l'Etat. Le gouvernement accorde en effet des subventions qui permettent de diminuer le prix de l'essence à la pompe et le prix du fioul. Ce système, qui était viable tant que le pays était exportateur net de pétrole, ne l'est plus depuis plus d'un an, car il en est importateur net.

Aujourd'hui, l'Indonésie est contrainte d'acheter des dollars avec une devise dépréciée pour payer ses importations de pétrole et d'en amortir la hausse des cours sur son budget. "Ce poste est devenu l'un des plus importants du budget de l'Etat, note M. Lambert. Le gouvernement avait budgété pour cette année 20 000 milliards de roupies -soit 1,56 milliard d'euros- et la facture dépasse déjà les 100 000 milliards. C'est plusieurs dizaines de fois le budget consacré à la santé." "Aujourd'hui, les subventions finissent par représenter un tiers du budget de l'Etat, ajoute Vincent Strauss, responsable de la gestion de fonds asiatiques chez Comgest. C'est aberrant pour un pays en voie de développ ement, car c'est autant de dépenses en moins pour la construction des infrastructures."

Le gouvernement a annoncé en août sa décision de réviser ce système à partir du mois d'octobre, et il a précisé jeudi qu'il envisageait de réduire ses subventions sur les carburants de 60 % cette année. Or la disparition de ces aides suscite des craintes sur l'inflation, qui galope déjà à plus de 8 % par an, et laisse planer une menace sur la consommation, qui représente, rappelle Johanna Melka, économiste spécialisée sur l'Asie chez Ixis CIB, 60 % du PIB de l'Indonésie.

Cécile Prudhomme

logan
 
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