Les agences de notation sociale ont du mal à s'imposer

Message par faupatronim » 16 Juin 2005, 14:53

(Le Monde @ 17 juin 2005 a écrit :Les agences de notation sociale ont du mal à s'imposer


Dans le milieu de la notation sociale et environnementale, le mariage est d'importance. Vigeo, l'agence dirigée par Nicole Notat depuis 2002, a annoncé jeudi 16 juin le rachat de la société belge Ethibel, qui note, depuis 1992, les entreprises sur des critères éthiques. "Avec ce rapprochement, je compte pouvoir afficher un exercice bénéficiaire dès 2007" , précise Mme Notat qui devrait prendre la tête de la nouvelle entité.

A l'issue de cette opération, Vigeo (toujours en perte en 2004, pour un chiffre d'affaires de 2,7 millions d'euros) comptera une petite trentaine d'analystes et sera l'une des toutes premières agences de ce type en Europe.

Vigeo cherche ainsi à être plus visible sur un marché qui tarde à décoller. Cette agence, comme sa trentaine de concurrents en Europe, vend un savoir-faire atypique dans le monde de la finance : la capacité de juger une entreprise au regard de critères autres que strictement financiers (gestion des ressources humaines, relations avec clients et fournisseurs, souci de l'environnement, qualité de la gouvernance d'entreprise, etc.). Ces agences vendent donc des listes de sociétés notées selon ces nouveaux critères.

S'il suscite toujours enthousiasme et littérature, ce métier n'est pas encore vraiment rentable. Et ces sociétés de notations "extra-financières" restent des naines comparées aux agences de notation financières Standard & Poor's, Moody's ou Fitch, qui évaluent la solvabilité des entreprises et affichent des marges d'exploitation spectaculaires (de 20 % à 50 %).

Qui est demandeur, et donc client potentiel, de telles notations "éthiques" ? A priori, tous les investisseurs, dont les institutionnels (fonds de pension, assureurs), les sociétés de gestion, les banques... qui désirent sélectionner leurs placements de façon "responsable" ou proposer à leurs clients de tels produits. Cependant, dans la réalité, très peu d'entre eux s'y sont effectivement mis.

La plupart considèrent encore que le lien entre investissement socialement responsable (ISR) et performance financière n'est pas évident. De fait, les indices boursiers constitués à partir d'entreprises jugées bonnes élèves selon des critères environnementaux et sociaux font la plupart du temps moins bien que les indices boursiers classiques.

Seule l'évaluation de la qualité de gouvernance d'entreprise, proposée par certaines agences extra-financières, trouve grâce aux yeux des investisseurs. Ceux-ci cherchent ainsi à parer d'éventuels scandales après avoir été échaudés par les récentes affaires Enron, WorldCom ou Parmalat. Mais sur ce dernier créneau (la note de"gouvernance d'entreprise" ), les agences de notation financière sont aussi présentes et font une sérieuse concurrence aux acteurs de l'"extra-financier" .

UN NOUVEAU CRÉNEAU

Du coup, Vigeo comme ses concurrents ne vendent leurs notes qu'aux sociétés de gestion qui proposent des produits d'épargne estampillés ISR, souvent souscrits par des particuliers. Mais, s'il progresse vite, l'encours total de ces fonds ISR proposés en France n'était que de 5,6 milliards d'euros au premier trimestre, selon Novethic, une filiale de la Caisse des dépôts et consignations. Soit moins de 1 % du total des encours de la gestion collective en France.

Par ailleurs, les attentes des sociétés de gestion sont toujours plus grandes : elles veulent toujours plus d'entreprises évaluées. Pour rester dans la course, des agences embauchent davantage d'analystes, d'autres sacrifieraient la qualité de leurs évaluations. "Evaluer de 20 à 30 sociétés par an, c'est un bon ratio pour un analyste dans le secteur. Mais dans certaines agences, ce ratio passe à 50, voire 70 entreprises" , assure un analyste du secteur.

"C'est une course en avant entre le nombre d'analystes à mobiliser et la quantité d'entreprises à noter. Les marges sont très faibles" , selon Geneviève Ferone, pionnière du secteur, actuellement directrice générale déléguée de BMJ Ratings.

Cette agence a décidé de se placer sur un nouveau créneau : elle audite pour le compte d'une entreprise sa politique éthique, environnementale... Une activité lucrative, chaque mission de notation pouvant rapporter entre 50 000 et 80 000 euros. Vigeo est également tenté par cette activité.

C'est d'ailleurs le modèle économique qu'ont adopté les agences de notation financière, qui sont payées par les entreprises qu'elles notent. Pour autant, ce nouveau marché n'offre pas encore de perspectives de développement spectaculaires : rien n'oblige aujourd'hui les entreprises à se faire noter au regard de critères sociaux et environnementaux, alors que la note de crédit délivrée par Standard & Poor's, Moody's et Fitch est devenue indispensable pour toute entreprise désirant faire appel au marché pour se financer.

Cécile Ducourtieux





De nouvelles règles pour évaluer les sociétés

L'investissement socialement responsable (ISR) désigne des placements financiers réalisés dans des entreprises en fonction de critères non seulement financiers mais aussi sociétaux (politique environnementale ou la qualité de la gestion des ressources humaines...). C'est au sein de la puissante communauté quaker américaine que ces premiers comportements d'investissement sont apparus, à la fin du XIXe siècle. Aux Etats-Unis, pour évaluer les entreprises, les agences de notation utilisent encore fortement des critères éthiques ou religieux (exclusion des groupes d'armement ou de boissons alcoolisées). En Europe, et notamment dans les pays nordiques, pionniers, ce sont les critères de respect de l'environnement qui prédominent.





Une trentaine d'agences dans le monde

En France. Une demi-douzaine d'agences vendent des listes d'entreprises notées selon des critères environnementaux et sociaux à des sociétés de gestion. C'est le cas de l'américaine Innovest, de la suisse Sam (qui produit l'indice Dow Jones Sustainable Index), de la française Vigeo (qui gère l'indice Aspi Eurozone), d'Eiris, un organisme britannique à but non lucratif (qui produit l'indice FTSE4Good) et de Deminor Ratings (qui note la gouvernance d'entreprise). BMJ Ratings (dont Fimalac, propriétaire de l'agence de notation financière Fitch, est actionnaire de référence) vend, elle, des notations aux entreprises.

En Europe. Près de 25 sociétés sont actives : Imug ou Oekom en Allemagne, Ges Investment Services dans les pays scandinaves...

Aux Etats-Unis et au Canada. Les grands acteurs sont Innovest, Calvert, JRA et KLD. Cette dernière a créé le premier indice d'investissement socialement, le Domini 400, en 1990, qui sélectionne 400 entreprises de l'indice Standard & Poor's 50o.


Article paru dans l'édition du 17.06.05
faupatronim
 
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Message par Ibn Cioran » 18 Juin 2005, 09:26

boh, pour Tatie Notat, l'essentiel est de tenir la barque jusqu'en 2007, et de prier chaque soir pour que Sarkozy la préfère à Thibaut, comme ministre des Affaires Sociales...
Ibn Cioran
 
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