Sur le lundi de la pentecote

Message par emman » 19 Avr 2005, 15:40

a écrit :De nombreuses sociétés décident que leurs salariés ne travailleront pas le lundi de Pentecôte

L'affaire est entendue : pour Christian Stoll, directeur des ressources humaines (DRH) de Mondial Assistance France, le lundi de Pentecôte restera un jour férié. Le 29 mars, il a réglé la question avec les syndicats de l'entreprise. "La journée de solidarité ne sera pas travaillée. Il s'agit d'une disposition à durée indéterminée", assure-t-il.

En clair, pas question de remettre le sujet sur le tapis en 2006. En renonçant à cette journée d'activité, Mondial Assistance accepte de verser 0,3 % de sa masse salariale brute annuelle (126 000 euros), sans contrepartie, à l'Urssaf. C'est le prix à payer pour apaiser les salariés. "Nous n'avons pas envie de déclencher un mouvement social pour si peu", conclut le DRH.

Shell, BASF, Neuf Telecom... comme Mondial Assistance, à moins d'un mois du lundi 16 mai, de plus en plus d'entreprises sont prêtes à épargner cette journée de travail supplémentaire à leurs salariés, qui ne financeront donc pas directement le plan de solidarité aux personnes dépendantes, décidé après la canicule de l'été 2003 et voté en mai 2004 par le Parlement.

Autre exemple, celui de TF1 où Patrick Le Lay, le PDG, avait décidé, dès le 27 janvier, de verser 600 000 euros afin que les 3 500 employés de la Une et de ses filiales restent chez eux le 16 mai.

Les entrepreneurs sont nombreux aujourd'hui à constater que cette mesure est très impopulaire auprès de leurs salariés. "Elle rentre en résonance avec les revendications sur le temps de travail et l'augmentation des salaires", estime Jean Dionnot, le président du Collectif des amis du lundi (CAL), qui réunit 110 députés et 40 sénateurs, de droite comme de gauche. Selon lui, "beaucoup de chefs d'entreprise" sont sensibles à ses arguments. "Cette affaire leur pose un double problème : ils ne veulent pas se froisser avec leurs employés et les syndicats", résume M. Dionnot.

La situation chez Total est révélatrice du malaise actuel. Une première tentative de négociation, vendredi 8 avril, s'est soldée par une journée de grève, à l'initiative de la CGT et de la CFDT. Et les syndicats du groupe appellent à une nouvelle "grande journée d'action" le 16 mai. "La direction nous a servi le couplet sur la solidarité, raconte Michel Gogail, coordinateur CGT dans le groupe Total. Nous sommes évidemment favorables à une journée de solidarité mais nous trouvons inadmissible qu'un groupe comme Total, qui réalise 9 milliards d'euros de profit, demande une journée de travail gratuite à ses employés."

Reste que la plupart des entreprises n'ont pas signé d'accord avec leurs syndicats. Ici, c'est la loi qui fixera la règle. Le 16 mai ne sera pas chômé chez Essilor, ainsi que par les salariés de France Télécom ou de L'Oréal. Les guichets de BNP Paribas seront ouverts au public. Même chose à La Poste, où le lundi de Pentecôte devrait être "un jour comme les autres".

CALMER LES ESPRITS

Appliquer la loi n'empêche pas pour autant de prendre des mesures particulières afin de calmer les esprits. Ainsi à la Société générale, en pratique, le 16 mai restera férié. La direction a décidé de poser ce jour-là une RTT "employeur", qui rentre dans le quota de celles qui peuvent être imposées par l'entreprise. In fine, chacun des salariés effectuera bien ses 1 607 heures de travail annuel. Une solution qui a également séduit Renault. Pour sa part, Latécoère tente une approche tout en douceur. La durée de travail des salariés passera à 1 607 heures, là aussi, mais le nombre de jours fériés ne diminuera pas. La surcharge de travail sera répartie sur toute l'année, en fonction de l'activité.

Dans les entreprises de plus petite taille, des exemples montrent que le coût du maintien de ce jour férié n'est pas rédhibitoire. Membre du CAL et PDG de BigMat, une entreprise de négoce en matériel de construction, Arthur Collet, n'a ainsi pas hésité à préserver cet "acquis". En Seine-Saint-Denis, le machiniste Brochot a pris la même décision afin que ses 300 employés profitent de ce week-end de trois jours.

A l'échelle nationale, les pronostics restent hasardeux. Pour la CGT, le rapport de force, dans les PME, joue en défaveur des employés, alors que l'Union professionnelle artisanale (UPA) donne une lecture inversée de la situation. "Les petits entrepreneurs se demandent s'ils vont oser demander à leurs salariés de venir sur les chantiers ce jour-là", confiait, le 11 avril, son président au Figaro.

Le gouvernement Raffarin semble juger la situation suffisamment préoccupante pour devoir intervenir. Début mai, il lancera une campagne d'explication sur la suppression de ce jour férié.

Jean-Baptiste Duval
emman
 
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Message par lenzo » 03 Mai 2005, 09:06

Campagne d'information sur le lundi de Pentecôte dans la presse :

02/05/2005 - 16h56

PARIS (Reuters) - Le gouvernement lance mardi une campagne d'information dans la presse sur la suppression du lundi de Pentecôte, appelant les Français à faire de la fraternité "plus qu'un mot".
Quatre "visuels" ont été préparés, mettant en scène "les bénéficiaires et les acteurs" de cette future journée de solidarité, afin de montrer "que la solidarité intergénérationnelle est l'affaire de tous", a expliqué le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, lundi lors d'une conférence de presse.
Quatre visages - une dame âgée, un homme travaillant dans l'industrie, une femme derrière son ordinateur et une institutrice devant sa classe - illustreront les publications dans les journaux programmées les 3, 4, 7 et 9 mai avant le lundi de Pentecôte, qui tombe cette année le 16 mai.
Le budget de cette campagne - trois millions d'euros - sera intégralement prélevé sur les crédits du service d'information du gouvernement, et non sur les fonds de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) qui vient d'être installée par le Premier ministre, a ajouté Philippe Douste-Blazy.
L'idée était de mettre en avant les sommes que cette journée de solidarité permettra de récolter et ce qui sera concrètement fait avec cet argent, a expliqué le ministre.
"Au total, 30.000 emplois seront créés grâce à cette journée. Elle bénéficie donc aux personnes âgées dépendantes, aux personnes handicapées mais aussi aux personnes en recherche d'emploi. Son utilité est donc double", a-t-il insisté.
A côté de la reproduction d'une page d'agenda, arrêtée sur la date du 16 mai, les "visuels" portent tous le message "La fraternité n'est pas qu'un mot" et détaille "l'achat d'un chariot élévateur" pour faciliter l'accès à un bâtiment ou "le financement des déplacements de personnes handicapées" sur un campus universitaire.
© Reuters Limited. Click for Restrictions.


Les revenus financiers sollicités pour le lundi de Pentecôte

PARIS (Reuters) - Philippe Douste-Blazy a insisté sur le financement partagé de la journée de solidarité par les revenus du travail et du capital, esquissant une réponse face aux recours déposés par plusieurs syndicats contre la mesure gouvernementale.
"Qu'on ne dise plus que ce ne sont que les salariés. Ce ne sont pas que les salariés", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, au lendemain de défilés du 1er-Mai dominés par la polémique sur la suppression du caractère férié du lundi de Pentecôte, le 16 mai.
On a demandé aux salariés du secteur privé et aux fonctionnaires de travailler un jour de plus "mais il s'agit également du fruit des produits financiers (...), Bourse ou patrimoine", a-t-il souligné.
Les syndicats dénoncent une "rupture d'égalité de traitement" entre les citoyens français, estimant que le financement de la journée de solidarité ne repose que sur les travailleurs, salariés du privé et fonctionnaires.
Le Conseil d'Etat doit examiner en audience publique lundi après-midi la requête de la CFTC contre la suppression du jour férié. Samedi, Force ouvrière a annoncé avoir déposé un recours "contre la légalité de la circulaire gouvernementale concernant" le lundi 16 mai.
"C'est dans la loi. Nous avons toujours dit que les revenus financiers (...), qu'ils soient boursiers et de patrimoine, contribuent à 0,3% (...) pour qu'il n'y ait pas uniquement les fruits du travail qui soient touchés", a répété Philippe Douste-Blazy lors de sa conférence de presse, organisée juste après l'installation de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) par Jean-Pierre Raffarin.
Revenus du patrimoine, boursiers, salariés et fonctionnaires, cela fait "au moins 98%" de la société française et pas 40% comme l'avancent les syndicats, a fait valoir le ministre de la Santé.
"Ce qui n'est pas touché, ce sont les revenus du livret A et du livret d'épargne populaire ainsi que les minimas sociaux et les professions indépendantes", a-t-il ajouté.
"Tous les Français sont prêts à accepter le fait qu'il y ait une journée de solidarité et de travailler sept heures de plus", veut-il croire, d'autant que "cela ne signifiera pour personnes des revenus en moins".
Pour Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, bénéficiaires de 800 millions d'euros sur les deux millions que doit rapporter la journée de solidarité, le "nouveau périmètre de la CNSA" est désormais fixé.
"On passe d'une gestion séparée, divisée, à un moyen de pilotage unifié" pour la dépendance, s'est-elle réjouie.
lenzo
 
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Message par zejarda » 03 Mai 2005, 09:46

Salut,

le jour de pentecôte volé ne peux-t-il pas nous permettre d'expliquer un peu plus ce qu'est l'explotation capitaliste?

Dans ma boite, certains salarié ne croient à la force de la grève, car ils pensent que le patron ne perd rien lorsque nous sommes en grève, alors que eux perdent leur salaire.

Ce jour travaillé en plus peux nous permettre d'expliquer que chaque jour travaillé produit sa plus-value.

Par exemple ma boite à un chiffre d'affaire de 100 m €, et sa masse salariale est de 34 m €. Nous sommes 1000 salariés

Chaque jour, nous produisons en moyenne : 460 € de chiffre d'affaire par salariés.
Chaque jour notre patron paye en moyenne : 156 € de salaire + charge.
Pour le jour de pentecôte, notre patron payera 0.3% de 34 m €, soit 102 € de contribution pour ce jour de solidarité.

Peut-on dire que ce jour travaillé en plus ne devrait pas augmenter les frais de gestion et de fonctionnement de l'entreprise?

peut-on dire donc que ce jour en plus rapportera, par salarié a peu près 350 €? (j'ai arrondi pour essayer de prendre en compte les frais de fonctionnements)

Si oui, le jour de pentecôte rapportera à ma société : 350 000 € et comme taxe supplémentaire pour les anciens et les handicapés : 102 000 €.

Que pensez-vous de ce calcul?

Souvent on voit dans la littérature syndicales la différence entre entre les 0,3 % de la taxe et les 0,46 % que represente un jour travaillé (1/217). cela laisse de coté la plus value produite lors de ce jours, et dans le cas de ma boite, la différence est énorme.

Donc, ce jour de pentecôte volé, peux nous permettre d'expliquer que lorsque nous ne travaillons pas, notre boite perd beaucoup d'argent, plus que nous etc .... mais il est vrai que dans le milieu ou je bosse (société de service informatique), il faut tout expliquer, les B A ba de la lutte de classe et du marxisme.

Pour infos, les actionnaires de ma boites ne paieront rien pour la pentecôte ;)
zejarda
 
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Message par lenzo » 03 Mai 2005, 10:36

Je ne vois pas comment sont calculés les 350 euros par salarié que tu indiques comme rapportant à ta boîte. :mellow:
lenzo
 
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Message par zejarda » 03 Mai 2005, 19:33

(lenzo @ mardi 3 mai 2005 à 11:36 a écrit : Je ne vois pas comment sont calculés les 350 euros par salarié que tu indiques comme rapportant à ta boîte. :mellow:
et oui, :emb:

460 -156 ~= 300 €

Est-il correct de dire que l'on produit son salaire au bout de 2 à 3 heures de boulot? (sur une journée de travail de 8h)?
zejarda
 
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Message par lallemande » 03 Mai 2005, 20:06

(zejarda @ mardi 3 mai 2005 à 20:33 a écrit : Est-il correct de dire que l'on produit son salaire au bout de 2 à 3 heures de boulot? (sur une journée de travail de 8h)?
ça dépend si t'es bien payé ou pas! 8) Plus t'es mal payé(e), plus tu produis l'équivalent de ton salaire en peu de temps. La réponse en fait est dans "salaire, prix et profit" de Marx (ou d'Engels? non je crois bien que c Marx). Lis-le c'est très utile.
lallemande
 
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Message par lallemande » 03 Mai 2005, 20:10

(zejarda @ mardi 3 mai 2005 à 10:46 a écrit : Peut-on dire que ce jour travaillé en plus ne devrait pas augmenter les frais de gestion et de fonctionnement de l'entreprise?

J'ai eu du mal à comprendre ta question. Je dirais: "non, ils n'augmentent pas les frais de gestion, pusique ceux et celles qui la font la gestion ne sont pas payés" isn't it?
lallemande
 
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