censure sikhe en Angleterre

Message par com_71 » 21 Déc 2004, 01:57

a écrit :Un théâtre annule un spectacle face aux protestations violentes de la communauté sikhe

LONDRES (AFP) - Un théâtre de Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, a décidé lundi d'annuler ses représentations d'une pièce controversée, estimant ne pas pouvoir assurer la sécurité du public après les protestations violentes samedi de quelques centaines de Sikhs qui jugeaient le spectacle injurieux pour leur religion.
"Il est maintenant clair que nous ne pouvons garantir la sécurité du public. C'est pourquoi, à contre-coeur, nous avons décidé d'interrompre les représentations de la pièce, exclusivement pour des raisons de sécurité", a annoncé Stuart Rogers, directeur exécutif du Birmingham Repertory Theatre (Rep).
La pièce, intitulée "Behzti" (Déshonneur), écrite par la comédienne et dramaturge sikhe Guurpreet Kaur Bhatti, décrit des agressions sexuelles et un meurtre commis dans un temple Gurdwara, lieu de culte sikh.

Le spectacle avait suscité une série de protestations pacifiques la semaine dernière. Mais, samedi, un rassemblement de 400 Sikhs a dégénéré quand plusieurs centaines de fidèles ont envahi l'auditorium, provoquant l'annulation de la représentation et l'évacuation de 800 personnes et détruisant des équipements de scène.

"Malheureusement, les dirigeants de la communauté (sikhe) ont été incapables de nous garantir qu'il n'y aurait pas de répétition des activités illégales et violentes dont nous avons été témoins samedi", a déclaré M. Rodgers, à l'issue d'une réunion de médiation avec la communauté sikhe organisée par la police locale.

Il s'est dit "préoccupé" que "des actes illégaux de violence puissent causer l'annulation d'une oeuvre artistique légale".

Le théâtre assure que "Behzti", qui n'est pas inspiré de faits réels, n'est pas une pièce antireligieuse, mais vise plutôt à montrer les faiblesses humaines.

L'écrivain Hanif Kureishi, né d'un père pakistanais et d'une mère anglaise, a comparé l'événement à la fatwa subie en son temps par l'écrivain Salman Rushdie.

"Détruire un théâtre est comme détruire un temple, a-t-il affirmé lundi à la BBC (radio). Notre culture est aussi cruciale à la communauté libérale que les temples le sont pour la communauté religieuse".

"Dans un temple sikh, a justifié pour sa part Singh Mandha, chef du conseil sikh local, il n'y a pas d'agression sexuelle, on ne s'embrasse pas, on ne danse pas, il n'y a pas de viol, il n'y a pas d'activité homosexuelle, il n'y a pas de meurtres".

L'un des représentants de la communauté sikhe de Birmingham, Mohan Singh, du temple Guru Nanak Gurdwara, a estimé que les dirigeants du théâtre auraient dû prendre en compte plus tôt les sentiments des fidèles de cette confession, exprimés lors de manifestations paisibles.

"Nous étions en négociations evec le Rep depuis une semaine, mais ils sont restés inébranlables. C'est alors qu'ils auraient dû bouger", a-t-il expliqué.

Le maintien de la pièce au programme aurait pu provoquer des manifestations plus importantes, voire plus violentes, de Sikhs de tout le pays, selon lui. Quelque 336.000 fidèles de la religion sikhe, fondée au XVème siècle au Penjab (Inde), résident au Royaume-Uni, selon le recensement de 2001.

"La liberté de parole a des limites. Peut-être que 5.000 personnes en tout et pour tout auraient vu cette pièce. Faut-il mécontenter des centaines de milliers de Sikhs en Grande-Bretagne et peut-être 20 millions hors du Royaume-Uni pour cela? La religion est un sujet sensible et il faut être prudent", a ajouté M. Singh.

Les chefs des trois partis (conservateur, travailliste et libéral-démocrate) du conseil municipal de Birmingham, qui avait critiqué la pièce dès la semaine dernière, ont salué l'annulation des représentations, dans un communiqué commun.

L'archevêque catholique de Birmingham, deuxième ville du Royaume-Uni, a jugé le spectacle injurieux "pour toutes les religions".
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Nadia » 21 Déc 2004, 10:49

(com_71 @ mardi 21 décembre 2004 à 01:57 a écrit :
a écrit :Un théâtre annule un spectacle face aux protestations violentes de la communauté sikhe

...

Les chefs des trois partis (conservateur, travailliste et libéral-démocrate) du conseil municipal de Birmingham, qui avait critiqué la pièce dès la semaine dernière, ont salué l'annulation des représentations, dans un communiqué commun.

L'archevêque catholique de Birmingham, deuxième ville du Royaume-Uni, a jugé le spectacle injurieux "pour toutes les religions".

Le sabre et le goupillon...
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Message par Barikad » 24 Déc 2004, 13:32

Sur le meme sujet, dans Liberation d'aujourd'hui:
("Liberation.fr" a écrit :Kaur Bhatti menacée de mort par les sikhs

La jeune dramaturge reçoit le soutien du monde du spectacle britannique.


Par Agnès Catherine POIRIER
vendredi 24 décembre 2004 (Liberation - 06:00)
Londres intérim


gurpreet Kaur Bhatti, jeune dramaturge britannique d'origine sikh, est en passe de subir un sort qui rappelle celui de Salman Rushdie en 1988 avec ses Verset sataniques. Elle est reconnue «coupable», selon la communauté sikh de Birmingham, d'avoir mis en scène dans sa dernière pièce, Behzti («Déshonneur»), un viol et un meurtre dans un Gurdwara, un temple sikh. Plusieurs menaces de mort émanant de divers groupes extrémistes sikhs l'ont obligée à se cacher.

Tout commence le week-end dernier lorsque 400 sikhs en colère prennent violemment à partie les employés du Repertory Theatre de Birmingham et saccagent l'entrée de la salle. Devant la violence des manifestants, 85 policiers dépêchés sur place doivent évacuer les 800 spectateurs de la représentation. Lundi, représentants du théâtre et de la communauté sikhe se rencontrent. En vain. A 17 heures, le directeur du théâtre, Stuart Rodgers, annonce le retrait pur et simple de la pièce : «Les représentants des sikhs de Birmingham refusent de nous garantir que de telles manifestations de violence ne se reproduiront pas. Dans ces conditions, et afin de garantir la sécurité physique de nos employés, des artistes et du public, nous sommes contraints, et avec grand regret, de retirer Behzti de l'affiche.»

Lettre ouverte. Les protestataires sikhs crient victoire. «Dans un temple sikh, on ne viole pas, on ne tue pas, on ne s'embrasse pas, on ne danse pas, on ne s'adonne pas à des actes homosexuels. L'arrêt de ce spectacle est une très bonne chose pour tous», clame Sewa Singh Mandha, président du conseil sikh des Gurdwaras de Birmingham. Les pouvoirs publics et la police restent alors étrangement silencieux tandis que les critiques de théâtre s'interrogent : «Ne serait-ce pas le rôle des forces de l'ordre de protéger chaque soir les employés, artistes et spectateurs de cette pièce afin que celle-ci puisse continuer à être vue ? La police ne devrait-elle pas empêcher que des extrémistes religieux censurent ainsi la liberté d'expression et de création ?»

Lundi, dans la soirée, la police recommande à Bhatti de quitter son domicile pour trouver refuge dans un lieu plus sûr. Le lendemain, et alors que d'autres scènes se proposent de reprendre Behzti, la dramaturge lance un appel aux directeurs de théâtre pour qu'ils n'en fassent rien. Neal Foster, directeur du Stage Company Theatre de Birmingham, témoigne : «Un de ses amis m'a appelé pour me demander de ne plus songer à monter Behzti en raison de la situation très difficile dans laquelle son auteur se trouve et du réel danger qu'elle encourt.» Selon The Guardian, Foster aurait aussi reçu des menaces de mort.

«Inacceptable». Hier, 700 personnalités des arts et du théâtre anglais ont signé une lettre ouverte : «Menacer physiquement ou verbalement un auteur, le public, les artistes et les employés d'un théâtre est inacceptable. Tenter de censurer une pièce parce que des événements qui y figurent seraient jugés moins offensifs s'ils étaient situés ailleurs, est inacceptable. Faire arrêter la production d'une oeuvre d'art par la force est inacceptable.»

Certains montrent du doigt la proposition de loi des travaillistes sur l'interdiction d'inciter à la haine religieuse que le Parlement doit bientôt examiner. «Chaque religion qui s'estime l'objet de railleries, de moquerie et de critiques, se croit aujourd'hui intouchable, s'indigne Rowan Atkinson, alias Mr. Bean. Comme si l'on ne pouvait plus critiquer, discuter ni rire de la religion ! Cette proposition de loi est un poison pour la démocratie et les artistes.» Behzti, première victime du religiously correct ? Un vrai déshonneur pour la démocratie anglaise.
Barikad
 
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