Interview de Arlette Laguiller

Message par gerard_wegan » 16 Déc 2004, 20:29

Ai-je mal vu, ou ceci n'était pas encore sur le site ?
a écrit :« Un “non” à la Constitution donnerait une victoire morale aux travailleurs »

LE MONDE | 10.12.04 | 14h37

Arlette Laguiller est porte-parole de Lutte ouvrière.

Lutte ouvrière se prononce en faveur du “non” au référendum sur la constitution européenne. C’est un tournant pour votre organisation, dont la position habituelle était l’abstention.

L’abstention aux référendums n’est pas pour nous une question de principe. Tout dépend de la question posée, de l’enjeu. Quand la dimension plébiscitaire est évidente – je pense, par exemple, au référendum de De Gaulle – en avril 1969 – sur la régionalisation – on préfère s’abstenir. En 1992, le référendum sur Maastricht était un autre cas encore. Nous avions une appréciation mitigée.

D’un côté, il y avait l’envie de ne pas apparaître anti-européen et d’affirmer que nous étions et sommes toujours pour la monnaie unique, comme nous sommes pour la suppression des frontières y compris, je le dis au passage, avec la Turquie. Nous ne sommes pas des souverainistes.

A côté de ces points positifs, il y avait aussi, dans le traité de Maastricht, un certain nombre de critères de stabilité dont on se doutait qu’ils seraient surtout à géométrie variable et qu’ils pèseraient sur les petits pays et pas sur les grands. Bref, il y avait des raisons d’être pour, d’autres d’être contre. Tout cela a fait qu’au final on a choisi l’abstention.

Le “non” s’est-il imposé comme une évidence ?

Au début, nous étions partagés entre le “non” et l’abstention, même si, à la direction de LO, existait plutôt une tendance en faveur d’un appel au “non”. On a mené des débats internes. A l’issue de tout cela, le “non” l’a emporté. Lors du congrès – qui s’est déroulé à huis clos les 4 et 5 décembre -, moins de 10 % des camarades se sont prononcés en faveur de l’abstention.

Qu’est-ce qui, dans ce traité, motive votre “non” ?

Il y a dans ce texte des formulations qui risquent d’entraîner des dérives réactionnaires. Il y a l’idée d’augmenter les budgets militaires, pour constituer une défense européenne. Ce qui ne nous convient pas. Autre exemple : le texte reconnaît toutes les religions, mais pas le matérialisme ni l’athéisme, qui ont permis de faire avancer la science et les idées. S’agissant des droits des femmes, le droit à la vie est mentionné, mais pas le droit à l’IVG, ce qui nous inquiète.

De la même façon, on reconnaît le mariage, mais il n’y a rien sur le divorce. J’ajoute que la notion de service public s’efface devant un nouveau vocable, celui de service d’intérêt économique général. Ce qui renvoie en réalité à toutes les grandes infrastructures que l’Union européenne a déjà décidé de construire pour l’est de l’Europe, au bénéfice des capitalistes de l’ouest qui veulent y investir et pas du tout au bénéfice des peuples.

Le fait que le PCF se soit engagé dans une campagne sur le “non” a-t-il joué un rôle ?

Pas du tout. On ne s’est pas déterminé en fonction du PCF, mais en fonction de ce que l’on pense.

A gauche, les partisans du “non” estiment que ce texte grave dans le marbre le libéralisme. Est-ce votre opinion ?

Cette Constitution ne nous semble pas changer grand-chose à ce qu’est la politique du capitalisme financier et des grands trusts européens. Le principe de “concurrence libre et non faussée” est déjà généralisé à toute l’Europe. Est-ce que les capitalistes ont eu besoin de la Constitution pour cela ?

Pour nous, cette politique continuera s’il n’y a pas de luttes des travailleurs, et ce même si la Constitution européenne était repoussée.

Donc cela ne change rien de dire “non” ?

Ce n’est pas vrai. Si les travailleurs ont envie de dire “non” parce qu’ils sont mécontents des attaques qu’ils subissent et que le “non” l’emporte, cela leur donnera une victoire morale. Mais cela ne nous exonérera pas des luttes à mener. Nous avons d’ailleurs décidé de ne démarrer notre campagne sur ce sujet que lorsque la date du référendum sera fixée. On ne fera pas campagne à l’avance. On a bien d’autres réponses, aujourd’hui, à apporter aux problèmes des chômeurs, des travailleurs et à tous ceux qui essaient de lutter. Ce n’est pas la préoccupation immédiate de la population ouvrière.

La LCR appelle à des initiatives unitaires ; le PCF à un rassemblement autour du “non” de gauche. LO pourrait-elle y participer ?

Cela reste ouvert. Tout dépend avec qui et sur quels thèmes.

Propos recueillis par Caroline Monnot

• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 11.12.04

... à méditer ! :hypocrite:
gerard_wegan
 
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Message par ianovka » 16 Déc 2004, 20:42

[quote=" (gerard_wegan @ jeudi 16 décembre 2004 à 20:29"]
Ai-je mal vu, ou ceci n'était pas encore sur le site ?

Effectivement, c'est déjà .
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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ianovka
 
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