Comme une fleur...au vent.

Message par com_71 » 09 Nov 2004, 22:55

a écrit :Forme. Dédié au bio, le salon Marjolaine s'est ouvert ce week-end.
Quand les accros au naturel virent au surnaturel

Un coin de salon, Par Renaud LECADRE

mardi 09 novembre 2004 (Liberation - 06:00)

Salon Marjolaine, au Parc floral
de Paris, jusqu'au 14 novembre,
de 10h30 à 19h. Entrée : 8 euros




Le royaume du bio s'ouvre sur une antichambre politique, bref aperçu de la galaxie écologique et alternative : Greenpeace, WWF, Robin des Bois... Entre deux conférences autour de la citoyenneté verte, on peut acheter les oeuvres complètes de José Bové. Passé ce premier sas, place au vaste supermarché du bien-être : 500 exposants, 75 000 visiteurs par an. Tout pour le corps et l'esprit, les prix étant à la hauteur de l'ambition.

100 % chanvre. Entre les pantoufles «pur mouton» et les vêtements «100 % chanvre» (y compris les dessous), les toujours excellents fauteuils ou coussins massants qui font vroum-vroum, une large part est consacrée à la santé. En huile ou en gélules, un bon produit doit servir à tout. Le karité ou le jojoba étant déjà de grands classiques, la mode, altermondialisme oblige, est au particularisme local, comme cette huile sacrée de Madagascar : «Une véritable petite pharmacie, selon son importateur. Des pieds à la tête en passant par les fesses de bébé, c'est bon pour tout.» Dans la cuvée 2004, une bonne fiole doit impérativement contenir des oméga 3, cette nouvelle tarte à la crème mais en moins bon ­ qualifiée de «nourriture du cerveau».

Vent favorable aussi pour les produits marins. Vedette du salon, l'algue spiruline. Disponible dans un premier stand comme produit dopant ­ «les sportifs amélioreront leurs performances» ­, on la retrouve un peu plus loin sous l'appellation «énergie solaire en comprimé», car la spiruline capte le soleil, le conserve à l'abri dans une boîte hermétique puis le restitue en gélule sous le palais. Une dame : «J'en prends huit tous les matins. Mais pour les enfants ?» Le vendeur : «Sur une tartine de beurre, c'est délicieux.» La spiruline rend aussi les dents vertes, pour le plus grand bonheur des enfants mais d'eux seulement. On préférera donc goûter du pollen de saule. C'est curieusement exquis. Et «pour le transit, c'est le même effet que dix yaourts».

Tolstoï l'a dit : «Le lait de jument régénère mon corps et donne des ailes à mon esprit.» On en trouve donc au salon, en surgelé, en gélules, en poudre et surtout en gros (90 euros la cure de trois mois). «C'est le plus proche du lait de maman, assure le marchand. Autrefois, les hôpitaux avaient un pavillon des ânesses.» Un jeune papa demande si le lait de jument marche aussi pour l'eczéma de son bébé. Affirmatif. La clientèle du salon doit également avoir un sérieux problème de côlon car les méthodes pullulent : plus naturel qu'un lavement, l'hydrothérapie ; plus doux que l'irrigation, l'aromathérapie intestinale.

Succès d'estime également pour le patch antidouleur importé de Chine, mêlant divers baumes naturels. «Il accélère l'évacuation de la douleur en poussant la nature à aller dans le bon sens.» Résultats sous vingt-quatre heures, à condition d'y croire : «C'est typiquement chinois, totalement étranger aux Occidentaux, mais si on se laisse bercer...» A venir, le patch qui fait maigrir, succès commercial garanti.

Shakespeare l'a proclamé : «Mon corps est un jardin, ma volonté est son jardinier.» Le pauvre William est mis en exergue par les sophrologues et autres partisans de l'harmonisation énergétique. Les disciplines sont de plus en plus pointues : yoga du rire, chant holistique («la voix et la voie s'autoguérissent»), shiatsu («anticiper les désagréments saisonniers»). La tendance est à l'autothérapie, après moult conférences et stages payants.

Arts divinatoires. Plusieurs de ces professionnels du mal-être étaient déjà présents au dernier salon Parapsy, arts divinatoires et médecines naturelles. Comme les adeptes du chanelling, qui consiste à dialoguer avec Rama ­ «le guide appelé Rama n'est autre que Ramta, mais il y a eu un copyright sur son nom aux Etats-Unis ; Ramta réprouve d'être devenu un produit marketing». A Marjolaine, on peut aussi participer à une séance de guérison harmonique, en poussant collectivement un long mmmmooouuuaïïï... «On essaie de chanter, bouche fermée, puis on ouvre en laissant sortir la voyelle qui vous vient. Ecoutez-vous pour bien sentir les vibrations harmoniques qui sont là.»

Les plus matérialistes trouveront, au rayon machinerie, un simulateur d'aube pour se réveiller en douceur, une ampoule en tire-bouchon censée imiter la lumière naturelle, une «antenne de Lecher» pour mesurer l'électromagnétisme qui est en nous. Très pratique également, cette Grelinette, sorte de bêche à deux bras. La Grelinette, dit la pub, «est au bêcheur ce que la bicyclette est au vélo». Raymonde, 76 ans, l'a adoptée tout de suite : «Ce n'est pas pénible du tout.»
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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