Un écolier en rétention avec sa maman

Message par Valiere » 25 Sep 2004, 20:48

a écrit :Un inspecteur d'académie sur demande de la PAF a envoyé un courrier aux
> > directeurs (trices) d'école pour retouver la présence d'un enfant. Le
> > courrier ne mentionnait pas le motif de la recherche. Un directeur a
> > répondu.
> > Voici comment on cueille les étrangers en situation irrégulière pour les
> > mettre dans un avion.
> > Scandaleux est devenu un mot bien faible pour nommer ces comportements!

Ouest-France

Rennes

samedi 25 septembre 2004

Un écolier en rétention avec sa maman



Réunis hier dans les locaux de la FSU, les parents d'élèves et les militants des droits de l'homme demandent à la préfète « de revenir sur cette décision inhumaine »

Des parents s'indignent, les syndicats et les associations crient au scandale

Un enfant de l'école Clemenceau, Randy, 6 ans, est parti pour le centre de rétention de Rouen avec sa maman, une Congolaise en situation irrégulière. Indirectement, c'est grâce à l'inspection académique que la police aurait repéré cette femme. Des parents d'élèves s'indignent, les syndicats d'enseignants et les militants des droits de l'homme expriment leur révolte.

« M'sieur, m'sieur, il va revenir à l'école, Randy ? » À peine descendu de voiture hier midi, le journaliste est assailli par les gamins de Georges-Clemenceau, une école du quartier des Champs-Manceaux. « Qu'est-ce qu'ils vont lui faire ? », questionne sa camarade de CP Salomé, petite blonde aux yeux embués de larmes. « Il est trop gentil, trop chou », ajoute une autre enfant. « Et en plus, conclut Abdoul-Raouf, un grand de CM 2, il est super fort au foot ». Né à Kinshasa (ex-Zaïre) début 1998, Randy habitait avec sa mère, Luzeyidio Bondo, 28 ans, dans un appartement du quartier. Après une année en maternelle, il venait de faire sa rentrée en CP.

Mais Mme Bondo a été rattrapée par sa situation irrégulière en France. Sa demande d'asile politique a été repoussée, comme 90 % des demandes. Du coup, la préfète a pris un arrêté de reconduite à la frontière. Mme Bondo a contesté cet arrêté, le 7 juin dernier devant le tribunal administratif. Mais celui-ci a donné raison à la préfète. L'appel formulé devant le Conseil d'État n'étant pas suspensif, la jeune Congolaise est expulsable. Pas son enfant, puisque la France n'expulse pas les mineurs.

Une première ?

Chargée de cette reconduite, la PAF (police de l'air et des frontières) a demandé à l'inspection académique de lui dire dans quelle école était scolarisé Randy. « C'était une recherche dans l'intérêt des familles et sur requête du procureur, comme nous en recevons une centaine par an, explique Jean Hanry, adjoint de l'inspecteur d'académie. Mais la police n'a pas précisé pour quel motif elle recherchait l'enfant. En tant que fonctionnaire, j'ai fait ni plus ni moins que mon travail. En tant qu'homme et grand-père, je suis très ému par cette affaire. À ma connaissance, c'est une première en Ille-et-Vilaine. »

Mme Bondo a donc été interpellée par la PAF. À l'aéroport de Saint-Jacques, on allait la mettre dans un avion pour Rouen, où se trouve le centre de rétention administrative avant l'expulsion. Ce sont les services sociaux qui sont venus, à l'école, chercher le petit Randy. La mère a refusé de se séparer de son enfant et de le confier aux services sociaux. Randy est lui aussi monté dans l'avion.

À l'école Clemenceau, c'est l'indignation. « La police a instrumentalisé l'enfant pour attraper la maman », accuse un des 40 parents mobilisés hier midi. Si le directeur Arnaud Lahogue refuse de s'exprimer, Gaëlle Rieuf, animatrice et elle-même mère d'un écolier, n'a pas peur de parler. « Randy est arrivé en France à l'âge de deux ans, c'est un enfant très sociable. Je l'ai eu au téléphone hier soir à Rouen. Il ne demande qu'une chose : retrouver ses copains d'école. »

Du côté du Collectif des sans-papiers, du MRAP, de la Ligue des Droits de l'homme et des syndicats FSU et SGEN-CFDT, c'est la levée de boucliers. « On demande à l'école publique de se transformer en entreprise de délation, c'est scandaleux. L'inspection académique a été piégée par la police. Il est hors de question de transformer les instits en indics. »

Manif aujourd'hui

Randy restera-t-il en France, séparé de sa mère ? « Si Mme Bondo choisit de l'emmener avec elle ? Le Congo est un pays instable où sévissent la peste, le choléra et la guerre », rappellent les militants des droits de l'homme. Avec la FSU, ils ont demandé une entrevue à la préfète. Et appellent à manifester aujourd'hui à 16 h salle de la Criée. Hier soir, la préfecture n'a pas souhaité commenter ce dossier.

Michel TANNEAU.
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

Message par mael.monnier » 27 Sep 2004, 13:50

Et on ose ensuite nous bassiner sur "la France, pays des Droits de l'Homme" ou avec des discours creux sur "l'humanisme"...

Dans Ouest-France d'aujourd'hui :
a écrit : Rennes
lundi 27 septembre 2004

Randy : la protestation gagne la rue

Une Congolaise et son garçon placés dans un centre de rétention à Rouen

Pétition, débats sur la place publique et une grande émotion. Le mouvement de soutien contre l'expulsion de Randy et de sa mère congolaise ne faiblit pas. Aujourd'hui, un rassemblement a lieu devant l'école Clemenceau où la jeune maman a été arrêtée. Le collectif demande à la préfète d'annuler l'arrêté d'expulsion.

Environ 500 Rennais ont signé, place Honoré-Commeurec, la pétition demandant l'annulation de l'arrêté d'expulsion frappant une mère congolaise, Luzeyidio Bondo, 28 ans, et son enfant de 6 ans, Randy. Le petit garçon était scolarisé depuis plus d'un an à l'école maternelle Georges-Clemenceau, dans le quartier des Champs-Manceaux. C'est justement en amenant son enfant à l'école que la maman, en situation irrégulière en France, a été interpellée par la police aux frontières (PAF). Elle a été placée avec Randy dans le centre de rétention de Rouen (Seine-Maritime) en attendant de monter dans le charter en direction de son pays d'origine.

La nouvelle de son interpellation a soulevé l'indignation des enfants, des parents d'élèves et des enseignants. Samedi après-midi, le collectif de soutien aux personnes sans papier, le MRAP, des syndicats d'enseignants et la direction de l'école ont fait signer une pétition. Plusieurs instituteurs sont venus exprimer « leur colère et leur consternation ». Une parente d'élève a reçu sur son téléphone portable des nouvelles du petit garçon. « Il ne comprend plus rien, témoigne une jeune femme. Il se demande pourquoi il ne peut plus aller à l'école. »

« Le seul bonheur... »

Le mouvement de soutien sait qu'il n'y a pas de temps à perdre. Dans quelques jours, Randy et sa maman peuvent être expulsés. C'est pourquoi dès aujourd'hui, à 16 h 30, un rassemblement est organisé devant l'école Clemenceau. Les manifestants se rendront vers 18 h devant la préfecture de région pour solliciter une entrevue avec la préfète, Bernadette Malgorn. La représentante de l'État a en effet le pouvoir d'annuler l'arrêté d'expulsion. « Mais nous nous faisons peu d'illusion, déplore une militante du collectif de soutien aux personnes sans papier. La préfète ne nous reçoit pas souvent. »

Les enseignants, présents samedi place Commeurec, ont dénoncé « l'instrumentalisation de l'école et de l'enfant contre sa mère ». Le directeur de l'école, Arnaud Lahogue ne cache pas son amertume : « Je trouve choquant que la préfète remette en cause le droit à l'éducation. Si les enfants de parents sans papier soupçonnent l'école de les dénoncer, ils ne seront plus scolarisés. C'est le seul bonheur qui leur reste. » À côté, une vieille dame, qui veut prendre part au débat, acquiesce. Un militant s'indigne : « Comment agir pour empêcher de placer une mère devant un tel dilemme : abandonner son enfant ou le renvoyer avec elle en enfer ? »

En fait, la jeune Congolaise avait prévu de laisser son enfant en France. Elle avait signé une décharge pour un placement dans une famille d'accueil. Mais Rancy est venu à Saint-Jacques-de-la-Lande [où se situe l'aéroport de Rennes, note de moi], dans les locaux de la PAF, avec l'assistance sociale. Il voulait dire au revoir à sa maman et il a craqué. Elle aussi. Et ils sont restés comme soudés. Ils n'ont pas pu se séparer. C'est ainsi qu'ils sont retrouvés tous les deux dans le centre de rétention de Rouen.
Serge LE LUYER.
(Source : http://www.rennes.maville.com/actu/Detail....170850&idCLA=31)

Vraiment dégueulasse ! Faire cela alors que fréquemment, il y a des dépêches de presse qui annoncent des déplacements de population par craintes de violence, comme hier, des combats, des massacres, etc. Je pense que là-dessus, c'est tout le monde qui devrait réagir et non pas seulement les personnes liées à cette école, afin d'imposer la régularisation de tous les sans-papiers et le rétablissement d'un véritable droit d'asile.
mael.monnier
 
Message(s) : 0
Inscription : 12 Nov 2003, 16:16

Message par Valiere » 27 Sep 2004, 13:55

Maël oui mais :

Tu sais bien que des personnes non politisées confrontées dans leur proximité à de tels actes peuvent progresser et comprendre donc là il faut s'appuyer sur ce cas pour élargit l'assise de ceux qui veulent la régularisation des sans papiers.
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

Message par pelon » 27 Sep 2004, 14:27

(mael.monnier @ lundi 27 septembre 2004 à 14:50 a écrit :
Vraiment dégueulasse ! Faire cela alors que fréquemment, il y a des dépêches de presse qui annoncent des déplacements de population par craintes de violence, comme hier, des combats, des massacres, etc. Je pense que là-dessus, c'est tout le monde qui devrait réagir et non pas seulement les personnes liées à cette école, afin d'imposer la régularisation de tous les sans-papiers et le rétablissement d'un véritable droit d'asile.
On ne peut que partager l'indignation et la colère de mael.monnier.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par mael.monnier » 27 Sep 2004, 16:37

(Valiere @ lundi 27 septembre 2004 à 14:55 a écrit :Maël oui mais :

Tu sais bien que des personnes non politisées confrontées dans leur proximité à de tels actes peuvent progresser et comprendre donc là il faut s'appuyer sur ce cas pour élargit l'assise de ceux qui veulent la régularisation des sans papiers.

Effectivement, je serais à Rennes j'aurais pris ce cas concret puis généraliser à d'autres situations pour expliquer en quoi il est nécessaire de régulariser tous les sans-papiers (ce qui n'est aucunement une utopie sur le plan économique, bien au contraire puisque lorsqu'un pays voit augmenter sa population cela a une influence positive sur sa croissance économique) mais aussi de rétablir un véritable droit d'asile.

Mais à ce sujet des organisations comme le MRAP ou les syndicats d'enseignants auraient pu lancer une vague de protestation générale, non ?
mael.monnier
 
Message(s) : 0
Inscription : 12 Nov 2003, 16:16

Message par alex » 12 Oct 2004, 11:52

Le juge des libertés délivre Randy, 6 ans, du centre de rétention
Selon la cour d'appel de Rouen, un enfant n'a pas sa place dans ce lieu.

Par Pierre-Henri ALLAIN
mardi 12 octobre 2004

Randy, 6 ans et demi, a retrouvé ses camarades d'école à Rennes, jeudi. Il venait de passer plus de deux semaines au centre de rétention de Rouen, dans l'attente d'un vol pour la République démocratique du Congo. Sans une décision de la cour d'appel de Rouen, annulant un arrêté de renouvellement de la rétention, accordée par le juge des libertés, l'enfant s'y trouverait sans doute encore.
L'enfant séjournait dans le centre pour la raison suivante : le consulat congolais, après avoir accordé un laissez-passer à la mère (certificat obligatoire pour être autorisé à rentrer au Congo), ne s'était pas «prononcé sur celui de Randy, nécessaire au maintien de celui-ci aux côtés de sa mère», et «le départ de madame Bondo du territoire français [était] difficilement exécutable du fait de la séparation envisageable d'avec son fils».
Dans son arrêt, s'appuyant sur la Convention européenne des droits de l'homme, la cour a jugé que le maintien de l'enfant en zone de rétention représentait «une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public et familial». Tout en ne remettant pas en cause la procédure d'expulsion, les autorités françaises ayant assigné à résidence Luzeyidio Bondo, la cour d'appel s'est donc prononcée contre une éventuelle séparation de la mère et de l'enfant.
Simple répit ou préalable à une régularisation ? Le comité de soutien aux sans-papiers de Rennes n'ose croire à cette seconde possibilité, mais reste mobilisé. «Toute cette affaire est l'illustration caricaturale de ce qui se fait en matière d'expulsion, estime une de ses membres, Sophie Burlier. Le point positif, c'est que la décision de la cour d'appel est la première qui va contre la volonté de la préfecture d'Ille-et-Vilaine.»
Cette dernière n'aura en tout cas rien négligé pour retrouver et interpeller Luzeyidio Bondo. C'est en effet à la suite d'un avis de recherche d'enfant «dans l'intérêt des personnes concernées», lancé par le parquet de Rennes dans les écoles via l'inspection académique, que la mère a été localisée. A la mi-septembre, la police aux frontières l'attendait devant le groupe scolaire où elle venait d'accompagner son fils. Une méthode qui avait provoqué l'indignation de parents et des syndicats.

© Libération
alex
 
Message(s) : 0
Inscription : 18 Juil 2003, 18:44

Message par titi » 12 Oct 2004, 15:21

je n'avais pas vu ce fil avant, mais je suis comme mael, scandalisé
j'en connais des gamins à qui ça pourrait arriver, et j'en ai les larmes aux yeux en lisant l'histoire, littéralement

société de merde
titi
 
Message(s) : 111
Inscription : 21 Juin 2003, 17:09

Message par Valiere » 14 Oct 2004, 15:06

Oui et sur ces questions il faut aussi se mobiliser avec aussi les mouvements d'éducation populaire, les syndicats et les associations.
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35


Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 6 invité(s)