L'affaire Dreyfus

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Péricles » 14 Mai 2004, 11:17

C'était le débat à l'époque chez les socialistes français. Il me semble que Guesde était contre la prise de position en faveur de Dreyfus ( car débat bourgeois selon lui) et que Jaures était pour défendre Dreyfus. Enfin il me semble, je peux me tromper.
Péricles
 
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Message par Louis » 14 Mai 2004, 11:40

oui tout a fait ! mais l'affaire était un peu plus compliquée que ça parce que le premier cercle des défenseurs de dreyfus était composé de gens de tradition libertaires comme Péguy (avant qu'il ne sombre dans le catholicisme et l'amour de la patrie) et Bernard Lazare...

mais rosa luxemburg est aussi intervenue dans cette discussion Voila ce qu'elle en disait :

a écrit :Pour ce qui est de l'affaire Dreyfus en particulier, l'intervention du prolétariat dans ce cas n'a besoin pour être justifiée ni de ce point de vue général au sujet de conflits bourgeois, ni du point de vue des intérêts de l’humanité pour la société. Car dans le cas Dreyfus se sont manifestés quatre facteurs sociaux qui lui donnent directement le cachet d'une question intéressant la lutte de classes, ce sont : militarisme, chauvinisme-nationalisme, antisémitisme et cléricalisme. Ces ennemis directs du prolétariat socialiste, nous les combattons toujours dans l'agitation générale par la parole et la plume en vertu et de nos principes et de nos tendances générales. Combien incompréhensible serait-il donc de ne pas entrer en lutte contre ces ennemis là où il s'agissait de les démasquer, non pas en tant que clichés abstraits mais en se servant des vivants événements du jour.

La participation même des socialistes au mouvement provoqué par l'affaire Dreyfus ne peut donc faire aucun doute au point de vue de la lutte de classes. Il ne peut donc s'agir que du comment de cette participation. A ce point de vue le rôle de la classe ouvrière socialiste se distingue essentiellement du rôle des éléments « révisionnistes » bourgeois. Tandis qu'il ne s'agissait pour ceux-ci que de la réparation d'un assassinat légal, le cas présentait aux socialistes l'occasion rare de rendre évidente la désagrégation de la société bourgeoise. Tandis que les éléments bourgeois, par leur action sur l'Etat-major, voulaient guérir le militarisme de son abcès afin de le rendre capable de vivre, les socialistes au contraire étaient forcés de combattre le système même du militarisme dans sa décadence et de lui opposer la revendication des milices et de l'armement populaire.

L'attitude du parti socialiste pouvait donc se différencier d'une façon tellement fondamentale de celle des dreyfusards bourgeois qu'on n'avait même pas besoin de parler d'un appui du monde « révisionniste » bourgeois de la part des socialistes, ces derniers ayant trouvé l'occasion de mener une lutte tout à fait indépendante, c'est-à-dire une lutte de classes nettement caractérisée qui les différenciait des autres fractions du mouvement.

Dans quelle mesure ce mouvement a eu en fait ce caractère, cela est une autre question. Il nous semble que par-ci par-là le point de vue de la justice abstraite et de la défense de la personne de Dreyfus a été peut-être mis trop en avant par nos camarades et que l'on a un peu négligé l'agitation en faveur du système des milices. Ce qui a eu pour conséquence que le prolétariat a peut-être acquis moins de conscience de classe qu'il ne pouvait en acquérir. Mais la critique est aisée, l'art est difficile. Et du reste les camarades français auront encore bien des occasions d'utiliser avec toutes leurs conséquences, au profit de la lutte de classes, les enseignements de l'affaire Dreyfus, lorsque l'ensemble des socialistes en France aura saisi la portée de cet événement social pour la cause du prolétariat.
Louis
 
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