Passé de la LTF ?

[Axel Justo]

Ayant milité un certain temps sur Paris, j'ai pris l'habitude de voir toujours les 3 mêmes militants de la LTF (que ça soit en manifs, à la fête de LO ou à la sortie de divers meetings et réunions publiques d'autres groupes d'extrême-gauche) et j'imagine qu'il ne sont plus à l'heure actuelle beaucoup plus que ces 3 militants

Cependant, j'ai lu dans Les révolutionnaires dans la France Social-Démocrate 1981 de Pierre Turquin qu'en 1981 la LTF comptait rien de moins que 150 militants. Je crois comprendre que cette organisation a pour origine une poignée d'ex-militants de la LCR de Paris et Rouen sympathisants de la Spartacist League/US, mais je trouve quand même impressionnant qu'ils aient atteint 150 militants à un moment de leur histoire. Est-ce que des personnes ici connaissent mieux leur histoire ? Comment et où étaient-ils parvenus à se construire après leur sortie de la Ligue ? Où et quand sont partis tous leurs anciens militants pour qu'ils ne soient plus aujourd'hui qu'une très petite poignée, dont une partie semble en plus venir d'autres sections de leur internationale ? Je serai curieux si des camarades avaient plus d'éléments

[Plestin]

Où et quand sont partis tous leurs anciens militants pour qu'ils ne soient plus aujourd'hui qu'une très petite poignée, dont une partie semble en plus venir d'autres sections de leur internationale ?

Lorsque j'étais en région parisienne dans les années 1980 (j'avais une vingtaine d'années ou guère plus), je me souviens de ces fameux CLT où la LTF intervenait systématiquement lorsque la parole était donnée à la salle, pour reprocher à LO ses positions sur le vote Mitterrand de 1981 ou pour déclamer son soutien inconditionnel à l'intervention militaire de l'URSS en Afghanistan. Ils avaient pour politique de tenter d'arracher quelques militants aux autres organisations comme LO (et rarement, ils arrivaient à en recruter un, souvent un jeune). Un jour, j'ai été abordé par l'une de leurs militantes qui s'est avérée être une Allemande de Francfort, membre de la Trotzkistische Liga Deutschlands (TLD).

Intéressé par l'idée d'échanger avec une militante d'un autre pays, j'ai accepté son rendez-vous dans un café. Mais ce n'est pas elle qui est venue, ce sont deux militants français avec lesquels il a été pratiquement impossible de discuter; qui m'ont abreuvé d'une rafale de critiques sur LO et l'expérience a tourné court.

Je ne sais pas dans quelle mesure cet exemple est représentatif, mais pour moi, à cette époque, ce courant semblait déjà être "une très petite poignée, dont une partie semble en plus venir d'autres sections de leur internationale".

J'ai aussi le souvenir d'une présence de la LTF dans la région de Rouen, peut-être à la CIPEN (une petite usine de construction électrique aujourd'hui disparue) à Caudebec-lès-Elbeuf. Je me souviens d'une critique qu'ils portaient dans leur presse à un militant LO de l'époque (parti ultérieurement avec VdT) qui travaillait au CKD Renault de Grand-Couronne et auquel ils reprochaient d'avoir repris le travail comme la majorité des travailleurs à la fin d'une grève alors qu'eux voulaient la poursuivre ; c'était peut-être un peu plus tard, au début des années 1990, je ne sais plus très bien.

[Gayraud de Mazars]

Salut Axel,

De ce que j'ai pu retrouver, le 11 juillet 1975 : Création de la Ligue trotskyste de France (LTF) par des dissidents de la LCR et des militants de la Tendance spartakiste internationale. D'ailleurs je me souviens dans le milieu des années 1980 des militants de la LTF à la Fête de LO ou les manifestations parisiennes avec leur journal Le Bolchévik, souvenirs de leur intransigeance, leur sectarisme et difficultés de discuter avec eux !

Fraternellement,
GdM

[Ottokar]

ce sont deux militants français avec lesquels il a été pratiquement impossible de discuter; qui m'ont abreuvé d'une rafale de critiques sur LO et l'expérience a tourné court.

C'était effectivement l'attitude ordinaire de ces camarades avec lesquels il était impossible de discuter. Aux CLT, ils poussaient leur cri, et quelque soit le sujet, "interpelaient" LO pour dénoncer soit un supposé ralliement à Mitterrand, une absence de soutien à l'ex-Union soviétique dans ses aventures guerrières en Afghanistan, des alliances municipales locales. Ils ne convainquaient personne mais ce n'était pas leur propos.

Je me souviens d'une critique qu'ils portaient dans leur presse à un militant LO de l'époque qui travaillait au CKD Renault de Grand-Couronne et auquel ils reprochaient

C'était une autre de leur spécialité, "dénoncer" des attitudes de prétendue trahison en accusant nommément des camarades. Odieux. Le dirigeant de ce groupuscule qu'on voyait dans les manifs à Paris était de Rouen et il est mort accidentellement. Ils ont supposé un attentat, tant qu'à faire...

Aucun intérêt, même s'ils viennent du courant et ont eu un passé honorable (dans les années 60....). Il me semble qu'ils se sont calmés depuis.

[com_71]

"Passé de la LTF", le sujet sonne bizarrement, s'agissant d'un groupe qui s'est fait une spécialité de répudier périodiquement son passé.
Cf. leur site, même si les vieilles archives ne se débusquent pas facilement.
https://iclfi.org/en
Dans leur dernier tournant ils se sont vraisemblablement débarrassés de leur ancienne direction, se sont mis à la remorque des nationalistes bourgeois du tiers-monde (+ le Québec), sont passés du but de scissionner tout le monde à la perspective du "pôle des révolutionnaires", le tout en parlant de "l'hydre impérialiste" qui avait infecté leur organisation...

De la futilité de vouloir étudier le "passé" des organisations par le petit bout de la lorgnette, et confondre "l'histoire du mouvement trotskyste" avec de "petites histoires", des historiettes...

[pouchtaxi]

A propos d’historiettes….il me revient en mémoire une anecdote assez drolatique.

Cela devait se passer en 86/87 ou 88, je ne sais plus exactement.

Une manifestation était organisée à Rouen contre l’extrême-droite, je n’ai de souvenir ni des initiateurs ni des raisons précises de cet appel à manifester.

La LTF était présente avec une banderole dénonçant Le Pen car le bonhomme ayant exprimé un soutien à Solidarnosc il était donc un ennemi de l’Etat ouvrier dégénéré que les ouvriers conscients devaient soutenir inconditionnellement y compris les armes à la main selon la formule consacrée.

La formulation de leur ligne politique m’avait semblé terriblement contournée !