par Cyrano » 28 Juil 2023, 14:25
Cher Ottokar, tu trouves que l'article se focalise sur un point, l'évolution de la situation des femmes expliquée de façon matérialiste ou pas, mais je trouve qu'alors l'article est varifocale. Ça s'énerve sur l'affirmation que la domination des hommes sur les femmes existerait au moins depuis le paléolithique supérieur. C'est clairement dit dans le chapeau de l'article et dans le sous-titre du dernier chapitre : "Non, l’oppression des femmes n’a pas toujours existé !"
Le reproche immédiat, c'est que l'affirmation rejetant la domination masculine dans les brumes du paléolithique remettrait en cause le raisonnement d'Engels, gravé dans le marbre le plus incorruptible. Je ne vois pas en quoi l'apport de nouvelles données peut être dérangeant pour le raisonnement d'Engels qui refusait le dogmatisme, lui : il raisonnerait autrement, sans faire du marxisme religieux.
L'article dit que le choix des chercheurs critiqués ici «est plus social et politique que scientifique». Et la phrase suivante me laisse perplexe : «Celui que nous faisons l’est aussi». OK, l'article de LDC n'a rien à voir avec une approche scientifique? ça devient étonnant, non? oui? C'était pas la peine alors, dans le chapeau de l'article, de bien insister sur l’idée «scientifiquement» étayée par Engels.
Pourquoi ce petit tour de magicien à défaut d'être magistral? On va priver «ceux qui veulent combattre l’oppression des femmes d’une base politique solide» et il faut armer «armer politiquement ceux qui sont révoltés par l’oppression des femmes et qui cherchent une solution.»
Bref, il ne faut pas désespérer Billancourt - refrain connu.
Heureusement, les premiers mouvements féministes ne se sont pas encombrés de ces justifications. Et prions! pour que quelques vagues anthropologues ne démontrent pas qu'il y avait une certaine domination masculine dans le paléolithique supérieur. Car alors, adieu, veau, vaches, cochons, féminisme suranné? Décidemment, ce raisonnement me semble bien étrange.
Alors, que faire avec ces sociétés où on constate, peu ou prou, une forme de domination masculine? Tss, tss, billevesées, car «il faudrait tenir compte de toutes celles, l’immense majorité, qui ont disparu sans laisser de traces», argument répété plus loin : «malgré les milliers de sociétés disparues sans laisser de trace» Par contre, on peut dire, mais oui, y'avait des sociétés «organisées autour des femmes» sans connaitre ce qu'on connait pas – et même la plupart de ce qu'on connait chez les chasseurs-cueilleurs. Et notre génial Engels, reprenant des notes de Marx qui reprenait des observations de Morgan sur une tribu iroquoise, une, lui, pouh! même pas besoin des sociétés disparues sans laisser de traces.
C'est ainsi que l'article de LDC nous dit qu'avant la domination masculine, on a des hommes «accaparant les sphères du politique», de la diplomatie et de la guerre alors que les femmes avait «des pouvoirs réels dans la production de nourriture». Mais avec l'apparition des classes sociales, de la domination des hommes sur les femmes, les femmes sont «reléguées à la production de nourriture.» En fait, la défaite historique, c'est qu'on les a laissées où elles étaient?!
En somme, on a, avant : Eh les filles la bouffe est-elle prête? On attend...
Et après, on a: Eh les filles, hop, fiça, faut nous préparer la bouffe! Sinon, ça va chier...
C'est nettement plus concis que le livre d'Engels. Vous pouvez me remercier.