Trotsky maniaque du "front unique" ?

Confronté à la menace nazie envers l'ensemble du mouvement ouvrier allemand, Trotsky a appelé au Front Unique des organisations socialistes et communistes. Ce fut une trahison décisive du stalinisme, à l'heure du danger montant, que de s'être opposé à toute unité du front ouvrier.
Rétrospectivement on peut juger l'importance vitale que Trotsky accordait à cette question en remarquant qu'en dehors de cette époque et situation particulière les appels explicites, en ces termes, de Trotsky au front unique sont rares voire inexistants [à vérifier].
Bien entendu, Trotsky sait parfaitement qu'il existe des situations ou les opprimés, encore incapables de faire valoir leur droit à la direction de la société, peuvent se retrouver à combattre aux côtés de contingents mobilisés par des adversaires ou des ennemis.
En particulier, dans de nombreux affrontements militaires, en dehors des guerres inter-impérialistes, Trotsky a prôné une position défensiste du côté d'un des camps en présence.
Il est remarquable que ce fût sans le recours à la rhétorique du front unique.
Cette rhétorique aurait, il est vrai, passablement obscurci le problème, en posant hors de propos, en dehors de toute possibilité de vérifications militantes pratiques, celui des "accords" envisageables, ou pas, des limites et des dangers de ceux-ci, etc.
Prenons un exemple, l'Espagne. Militairement deux camps opposés, bourgeois, l'armée de Franco et l'armée républicaine. Trotsky est évidemment défensiste du côté de la République. Sans oublier que la meilleure défense est la préparation de la révolution, au risque - mais il souligne que c'en est pas vraiment un - de l'affaiblissement militaire momentané du côté républicain.
Trotsky juge-t-il utile de lancer ses appels au nom d'un "front unique" ou "uni" ? Nullement.
Un texte parmi d'autre : "Leçons d'Espagne, dernier avertissement.
http://www.marxists.org/francais/trotsk ... 371217.htm
Rétrospectivement on peut juger l'importance vitale que Trotsky accordait à cette question en remarquant qu'en dehors de cette époque et situation particulière les appels explicites, en ces termes, de Trotsky au front unique sont rares voire inexistants [à vérifier].
Bien entendu, Trotsky sait parfaitement qu'il existe des situations ou les opprimés, encore incapables de faire valoir leur droit à la direction de la société, peuvent se retrouver à combattre aux côtés de contingents mobilisés par des adversaires ou des ennemis.
En particulier, dans de nombreux affrontements militaires, en dehors des guerres inter-impérialistes, Trotsky a prôné une position défensiste du côté d'un des camps en présence.
Il est remarquable que ce fût sans le recours à la rhétorique du front unique.
Cette rhétorique aurait, il est vrai, passablement obscurci le problème, en posant hors de propos, en dehors de toute possibilité de vérifications militantes pratiques, celui des "accords" envisageables, ou pas, des limites et des dangers de ceux-ci, etc.
Prenons un exemple, l'Espagne. Militairement deux camps opposés, bourgeois, l'armée de Franco et l'armée républicaine. Trotsky est évidemment défensiste du côté de la République. Sans oublier que la meilleure défense est la préparation de la révolution, au risque - mais il souligne que c'en est pas vraiment un - de l'affaiblissement militaire momentané du côté républicain.
Trotsky juge-t-il utile de lancer ses appels au nom d'un "front unique" ou "uni" ? Nullement.
Un texte parmi d'autre : "Leçons d'Espagne, dernier avertissement.
http://www.marxists.org/francais/trotsk ... 371217.htm
Trotsky 17 décembre 1937 a écrit :
...Selon la conception des socialistes et des staliniens, c'est-à-dire les menchéviks de la première et de la seconde levée, la révolution espagnole ne devait résoudre que des tâches démocratiques ; c'est pourquoi il était nécessaire de constituer un front unique avec la bourgeoisie « démocratique ». Toute tentative du prolétariat de sortir des cadres de la démocratie bourgeoise était, de ce point de vue, non seulement prématurée, mais encore funeste. D'ailleurs, ce qui était à l'ordre du jour n'était pas la révolution, mais la lutte contre Franco. Le fascisme, c'est la réaction, non féodale, mais bourgeoise : que, contre cette réaction bourgeoise, on ne puisse lutter avec succès que par les forces et les méthodes de la révolution prolétarienne, c'est là une notion que le menchévisme, lui-même rameau de la pensée bourgeoise, ne veut ni ne peut faire sienne...
...La guerre civile, où la force de la seule violence a peu d'action exige de ses participants un dévouement suprême. Les ouvriers et les paysans ne sont capables d'assurer la victoire que quand ils mènent la lutte pour leur propre émancipation. Les soumettre dans ces conditions à la direction de la bourgeoisie, c'est assurer d'avance leur défaite dans la guerre civile...
...Dans la mesure où les anarchistes étaient en minorité, ils ne pouvaient évidemment pas empêcher le bloc dirigeant de prendre les engagements qui lui semblaient bons devant Moscou et les maîtres de Moscou, Londres et Paris, mais ils pouvaient et devaient, sans cesser d'être les meilleurs combattants du front, se distinguer nettement des trahisons et des traîtres, expliquer la véritable situation aux masses, les mobiliser contre le gouvernement bourgeois, accroître de jour en jour leurs forces pour, en fin de compte, s'emparer du pouvoir et, avec lui, des armes de Moscou...
... La clique qui commandait, en accord avec la contre-révolution, était composée d'agents payés, de carriéristes, d'éléments déclassés et de rebuts sociaux de toutes sortes. Les représentants des autres organisations ouvrières, réformistes invétérés, phraseurs anarchistes, centristes incurables du P.O.U.M., grognaient, hésitaient, soupiraient, manœuvraient, mais en fin de compte s’adaptaient aux staliniens. Le résultat de tout leur travail fut que le camp de la révolution sociale (ouvriers et paysans), se trouva soumis à la bourgeoisie, plus exactement à son ombre, perdit son caractère, perdit son sang. Ni l'héroïsme des masses, ni le courage des révolutionnaires isolés ne manquèrent. Mais les masses furent abandonnées à elles-mêmes et les révolutionnaires laissés à l'écart, sans programme, sans plan d'action. Les chefs militaires se soucièrent plus de l'écrasement de la révolution sociale que des victoires militaires. Les soldats perdirent confiance en leurs commandants, les masses dans le gouvernement; les paysans se tinrent à l'écart, les ouvriers se lassèrent, les défaites se succédaient, la démoralisation croissait...
...« Mais, pour obtenir la victoire sur les gouvernements Caballero-Negrin, il aurait fallu la guerre civile à l'arrière des armées républicaines ! » s'écrie avec effroi le philosophe démocrate. Comme si, sans cela, il n'y aurait pas eu au sein de l'Espagne républicaine une guerre civile, la plus fourbe et la plus malhonnête, la guerre des propriétaires et des exploiteurs contre les ouvriers et les paysans ! Cette guerre incessante se traduisit par des arrestations et des assassinats de révolutionnaires, le désarmement des ouvriers, l'armement de la police bourgeoise, l'abandon au front, sans armes ni secours, des détachements ouvriers enfin, dans l'intérêt prétendu du développement de l'industrie de guerre. Chacun de ces actes constitue un coup cruel pour le front, une trahison militaire avérée, dictée par les intérêts de classe de la bourgeoisie. Cependant, le philistin « démocrate », et il peut être stalinien, socialiste ou anarchiste, juge la guerre civile de la bourgeoisie contre le prolétariat, même à l'arrière immédiat du front, comme une guerre naturelle et inévitable qui a pour but « d'assurer l'unité du Front populaire ». Par contre, la guerre civile du prolétariat contre la contre-révolution républicaine est, aux yeux du même philistin, une guerre criminelle, « fasciste », « trotskiste », qui détruit l'unité des forces antifascistes...
Si, comme l'attestent les faits, la révolution socialiste est seule capable d'écraser le fascisme, d'un autre côté l'insurrection du prolétariat n'est concevable que si la classe dominante tombe dans l'étau de grandes difficultés. Pourtant, les philistins démocrates invoquent précisément ces difficultés pour démontrer que l'insurrection prolétarienne est inadmissible. Si le prolétariat attend que les philistins démocrates lui annoncent l'heure de son émancipation, il restera éternellement esclave. Apprendre aux ouvriers à reconnaître les philistins réactionnaires sous tous leurs masques et à les mépriser, quels que soient ces masques, telle est la tâche première et la principale obligation révolutionnaire...
Pourtant, la victoire complète de l'armée républicaine sur Franco ne signifierait pas le triomphe de la démocratie. Les ouvriers et les paysans ont porté deux fois les républicains au pouvoir, ainsi que leurs agents : en avril 1931, et en février 1936. Les deux fois, les héros du Front populaire ont cédé la victoire du peuple aux représentants les plus réactionnaires de la bourgeoisie. La troisième victoire remportée par les généraux du Front populaire signifierait leur accord inévitable avec la bourgeoisie fasciste sur le dos des ouvriers et des paysans. Un tel régime ne serait qu'une autre forme de la dictature militaire, peut-être sans monarchie ni domination ouverte de l'Eglise catholique...