
Je sais pas si vous avez vu, si ça dépasse le petit monde des altermondialistes/antilibéraux, mais il y a depuis quelques semaines un débat autour de la notion de "démondialisation". Cette idée est par exemple portée dans le PS par Montebourg, qui en a fait son label afin de se donner des airs de "plus à gauche que les autres". L'idée centrale du truc est qu'il faudrait défendre clairement un recours au protectionnisme, pour protéger le droit social d'un pays comme la France contre la concurrence de, disons par exemple la Chine. Il s'agit pour les tenants de ce discours de présenter la mondialisation comme un certain nombre de régles visant à... déréguler, et il faudrait donc en quelques sortes faire tourner la roue de la mondialisation à l'envers, pour "démondialiser". Et eventuellement sortir de l'euro [un des seuls trucs un peu pratiques et progressistes qu'ont réussi à faire les bourgeoisies européennes avec leur "Union" pas très unie]
Il me semble qu'il s'agit là d'une sacré régression, qui même pue un peu de la gueule. Quoique l'on pense de ce courant, la mouvance altermondialiste avait au moins eu le mérite de se revendiquer clairement de l'internationalisme en réussissant à évacuer l'étiquette d'"antimondialiste" qu'on lui avait collée.
Mais là, tout ce discours un peu rance m'apparaît comme une résurgence du "produisons français" cher aux staliniens des années 70, et qui, tout comme le bla bla décroissant sur le "relocalisation", sert largement de marchepied à Marine Le Pen dans ce que sa stratégie politique a de spécifique (donner un vernis social à son nationalisme xénophobe). Le Pen l'a d'ailleurs déclaré elle-même en disant : "«Notre projet prévoit de nous réarmer face à la mondialisation, nous inspirant sur ce point des travaux de l'économiste Jacques Sapir sur la démondialisation et la sortie de l'euro.» [Sapir est un économiste du Front de Gauche qui vient de sortir un livre intituté "La démondialisation"]
Heureusement, et c'est à mon avis tout à leur honneur, un certain nombre d'économistes liés à Attac ont réagi et dénoncé cette dérive "démondialiste" dans un texte intitulé "La démondialisation, un concept superficiel et simpliste" :
http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invi...uperficiel-et-s
On peut prolonger cette lecture par des tribunes publiées à titre individuel âr certains de ces signataires venus d'Attac, comme Jean-Michel Harribey, "La démondialisation heureuse ?" :
http://alternatives-economiques.fr/blogs/h...egues/#_ftnref9
ou (plus percutant) Pierre Khalfa :
Les impasses de la démondialisation :
http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khal...emondialisation
Au-delà du côté "enculage de mouches entre théoriciens" qu'on peut éventuellement trouver à ce débat, il y a là quelque chose de symptomatique je crois dans la manière dont certaines fractions de la "gauche de la gauche" sont (re ?)gagnées par des idées assez réacs.
D'ailleurs, j'avais failli mettre ce billet dans la rubrique "Des réponses aux arguments réactionnaires".
Il me semble qu'il s'agit là d'une sacré régression, qui même pue un peu de la gueule. Quoique l'on pense de ce courant, la mouvance altermondialiste avait au moins eu le mérite de se revendiquer clairement de l'internationalisme en réussissant à évacuer l'étiquette d'"antimondialiste" qu'on lui avait collée.
Mais là, tout ce discours un peu rance m'apparaît comme une résurgence du "produisons français" cher aux staliniens des années 70, et qui, tout comme le bla bla décroissant sur le "relocalisation", sert largement de marchepied à Marine Le Pen dans ce que sa stratégie politique a de spécifique (donner un vernis social à son nationalisme xénophobe). Le Pen l'a d'ailleurs déclaré elle-même en disant : "«Notre projet prévoit de nous réarmer face à la mondialisation, nous inspirant sur ce point des travaux de l'économiste Jacques Sapir sur la démondialisation et la sortie de l'euro.» [Sapir est un économiste du Front de Gauche qui vient de sortir un livre intituté "La démondialisation"]
Heureusement, et c'est à mon avis tout à leur honneur, un certain nombre d'économistes liés à Attac ont réagi et dénoncé cette dérive "démondialiste" dans un texte intitulé "La démondialisation, un concept superficiel et simpliste" :
http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invi...uperficiel-et-s
On peut prolonger cette lecture par des tribunes publiées à titre individuel âr certains de ces signataires venus d'Attac, comme Jean-Michel Harribey, "La démondialisation heureuse ?" :
http://alternatives-economiques.fr/blogs/h...egues/#_ftnref9
ou (plus percutant) Pierre Khalfa :
Les impasses de la démondialisation :
http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khal...emondialisation
Au-delà du côté "enculage de mouches entre théoriciens" qu'on peut éventuellement trouver à ce débat, il y a là quelque chose de symptomatique je crois dans la manière dont certaines fractions de la "gauche de la gauche" sont (re ?)gagnées par des idées assez réacs.
D'ailleurs, j'avais failli mettre ce billet dans la rubrique "Des réponses aux arguments réactionnaires".