Libéralisme, un concept qui embrouille ou qui clarifie ?

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par quijote » 21 Juil 2010, 00:21

(luc marchauciel @ mardi 20 juillet 2010 à 18:53 a écrit : Dans le Monde d'aujourd'hui, une tribune de porte paroles du NPA :

a écrit :
Droite et pouvoir économique : une histoire vieille comme le capitalisme
LEMONDE.FR | 20.07.10 |


Olivier Besancenot, porte-parole national du NPA, Myriam Martin, membre du comité exécutif du NPA

L'affaire Woerth-Bettencourt est devenue une véritable affaire d'Etat impliquant et compromettant l'ensemble du pouvoir et le parti à sa tête, l'UMP. Eric Woerth, soutenu par le président, contre-attaque et porte plainte pour diffamation. C'est son droit de justiciable.

Mais il est évident que certains éléments semblent de plus en plus incontestables dans ce dossier : c'est Eric Woerth, ex-ministre du budget et trésorier de l'UMP, qui organise en Suisse des soirées de collecte de fonds auprès de contribuables particulièrement fortunés, adeptes de la fraude fiscale…, contre laquelle le même Woerth fait mine, ensuite, de mener bataille. C'est l'embauche, par Liliane Bettencourt, de Florence Woerth, quand son mari est à la tête d'une administration qui, bouclier fiscal oblige, verse à l'employeur de sa femme un chèque de "remboursement" de 30 millions d'euros. C'est la possibilité pour la "troisième fortune de France" de frauder le fisc sans risques puisque, contrairement aux affirmations d'Eric Woerth et de ses soutiens, elle n'a fait l'objet d'aucun contrôle fiscal depuis 1995 ! C'est un couple généreux, les Bettencourt, distribuant des enveloppes à de nombreux politiciens (de droite). Il se dit même que Balladur et Sarkozy figuraient parmi les bénéficiaires attitrés…

Les rebondissements quasi quotidiens, dans cette affaire, illustrent une fois encore les liens troubles entretenus par les plus hauts responsables de l'Etat avec la haute bourgeoisie.

En effet, au delà de l'indignation que suscite ce scandale, il révèle avant tout ce qui existe depuis fort longtemps : un personnel politique à droite au service du monde des affaires et des grandes fortunes. Ce n'est pas une nouveauté, depuis la constitution du comité des forges rassemblant en 1864 les patrons de la métallurgie, la classe possédante a toujours lié son sort au pouvoir politique qui la soutient sans faillir. La gauche institutionnelle, elle aussi, au contact du pouvoir, s'est laissée enivrer par les sphères de la finance. Il est monnaie courante également que des membres de cabinets ministériels après avoir servi au sein de ces derniers vendent leurs services aux conseils d'administrations des plus grandes entreprises.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit, de cette complicité étroite entre, au fond, des gens du même monde. L'UMP sarkozyste n'a jamais caché ses liens avec Lagardère, Bouygues, Bolloré et bien d'autres. Les membres du gouvernement Fillon, le président de la République partagent les mêmes idées libérales, voire ultra-libérales des milieux d'affaires. Tous sont attachés à défendre le système capitaliste coûte que coûte et à faire payer la crise dudit système à la majorité de la population, en imposant leur plan d'austérité. Le président a confirmé d'ailleurs cette politique le 12 juillet : rien ne changera dans sa politique, c'est la rigueur qui s'impose, sauf pour les plus nantis.

Aussi, la stratégie de défense de l'état major UMP, Sarkozy en tête sur France 2 au journal du soir, concernant le ministre du travail et le dossier des retraites, serait risible si elle n'était pas avant tout déplacée : Eric Woerth serait victime d'un complot "médiatico-politique car porteur de la courageuse réforme des retraites" ! Voilà pourquoi il existerait un véritable acharnement sur sa personne !

UNE LARGE UNITÉ DE LA GAUCHE POUR SAUVER LA RETRAITE PAR RÉPARTITION

L'histoire ne nous dit pas encore si elle retiendra le nom d'Eric Woerth, comme celui d'un ministre mouillé dans un scandale illustrant une fois encore l'osmose entre la haute bourgeoisie et les hommes du pouvoir. Ou encore si elle retiendra le nom du ministre de Sarkozy comme celui qui s'est attaqué à une très grande conquête sociale, la retraite par répartition. Mais finalement il y a un rapport entre les deux car lorsqu'il défend les intérêts des grandes fortunes ou quand il s'attaque aux retraites, ce sont toujours les mêmes qui payent, les salariés, les classes populaires. Cela suffit largement pour exiger la démission d'un ministre qui ne peut se targuer que d'une seule légitimité, celle de démissionner au plus vite.

En réalité si elle s'impose, la contre-réforme Woerth-Sarkozy va créer une situation nouvelle pour une large frange de la population qui sera contrainte d'avoir recours aux assureurs privés pour pouvoir espérer compléter ses maigres pensions de retraite. Un cadeau de plus au fond aux amis, aux requins de la finance qui vont enfin pouvoir faire du profit à grande échelle avec l'argent des retraites.

En somme, le gouvernement prétend sauver la retraite par répartition alors qu'il s'agit pour lui de la tuer. Cela suffit pour exiger le retrait de ce projet de loi. C'est sur ce point nodal que peut se faire l'unité la plus large de la gauche politique, syndicale et associative. Sur ce point peut se nouer le rapport de force et s'organiser le bras de fer avec le pouvoir. C'est possible car la population rejette majoritairement cette loi.

Il faut répondre massivement à l'appel pour le 7 septembre et faire de cette journée, une grande journée de grève et de mobilisation. Le 7 septembre doit servir de tremplin pour la construction d'un mouvement d'ensemble large et durable. Aussi est-il essentiel dans le cadre de sa préparation, partout où cela est possible, de poser la question de la reconduction de la grève et d'imposer celle-ci comme la seule voie efficace pour obtenir le retrait de ce projet scélérat. Quels que soient les points de vue des uns et des autres, le NPA défend toujours la retraite à 60 ans, à taux plein et le retour à 37,5 annuités pour tous et toutes.

Olivier Besancenot, porte-parole national du NPA, Myriam Martin, membre du comité exécutif du NPA

j 'aime pas l 'emploi du terme 'ultra libéralisme ' ou " libéralisme'". C 'est ambigu . parlons simplement de " capitalisme". La "démission" de Woerth , pourquoi pas ?, mais c'est pas un objectif .. surtout si le suivant , ce qui est probable , pratique la même politique réac contre les travailleurs..
quijote
 
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Message par Valiere » 21 Juil 2010, 09:33

Le problème c'est que beaucoup de militants révolutionnaires se sont adaptés à ce nouveau vocabulaire.
Je plaide aussi coupable
Valiere
 
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Message par quijote » 21 Juil 2010, 10:31

(Valiere @ mercredi 21 juillet 2010 à 10:33 a écrit : Le problème c'est que beaucoup de militants révolutionnaires se sont adaptés à ce nouveau vocabulaire.
Je plaide aussi coupable

Mais comme on l ' a déjà dit , derrière ce "vocabulaire" , il y a en réalité un affaiblissement des principes , une concession par rapport à des courants politiques ( les" alter" par exemple ) à qui on veut plaire et pour moi , cet affadissement du langage, volontaire ou inconsciente , qui est dans "l 'air du temps " n 'est que de l 'opportunisme. A ce titre , je m 'y oppose fermement . Ce que ne fait pas Besancenot ou 'autres du même acabit. Je le regrette .
quijote
 
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Message par Valiere » 22 Juil 2010, 07:50

Quijotte a raison mais il y a du boulot sur la planche .
Je m'y suis mis depuis quelques temps ainsi que d'autres mais il faudrait que les orgas comme le NPA arrêtent d'utiliser ce "vocable"
Valiere
 
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Message par com_71 » 22 Juil 2010, 15:31

(Valiere @ jeudi 22 juillet 2010 à 08:50 a écrit : Quijotte a raison mais il y a du boulot sur la planche .
Je m'y suis mis depuis quelques temps ainsi que d'autres mais il faudrait que les orgas comme le NPA arrêtent d'utiliser ce "vocable"

ils font ce qu'ils veulent, comme le POI avec la république
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Crockette » 22 Juil 2010, 17:21

je suis pas d'accord tout à fait avec quijote ça dépend quels concepts tu mets derrière :

certains militants du NPA ou du PCF vont dire le libéralisme c'est ceci ou c'est cela pour deux hypothèse :
1 ne pas se faire ringardiser soit pas une partie de leurs militants écolos décroisanteurs petit bobos..ou fils ou filles de grands bobos...soit pour ne pas se faire ringardiser par les médias...(qui n'hésitent pas à se moquer de LO lorsque les militants parlent de travailleurs et de capitalisme).
2 soit ils utilisent ce mot en étant conscient que c'est une variante utime du capitalisme...mais ça j'en doute fortement du coté PCF, peut être que du coté NPA , il ya déjà plus de prise de conscience que le vocable libéralisme ne veut absolument rien dire si on le décline pas souvent avec le concept de capitalisme.


en fait cette discussion sémiotique...ou plutot sémantique pour être plus précis,me fait penser à une autre chose :
le PS, le pG, le PCf devrait aujourd'hui parler de collaborateurs...ainsi ils se feront passer pour des politiciens modernes auprès des médias, pendant que LO qui parlera de travailleurs et le NPA de salariés, se feront passer pour des ringards...


comment se faire passer pour un imbécile profond à une réunion du PS : vous levez le poing en l'air (c'est de la sémiologie cela) et vous chantez "c'est la lutte finale..." au PG et au PCF ça peut marcher aussi... :-P mais l'effet n'est pas garanti à 100%.
Crockette
 

Message par Gaby » 22 Juil 2010, 22:37

Ce n'est pas tout à fait ça. Le libéralisme est une idéologie, le terme pouvant recouper plusieurs courants de pensée. Il peut être politique, centré sur la question des droits individuels, c'est celui né au XVIIIème siècle. Il peut être économique, c'est en ce cas une politique en faveur de la non-intervention étatique, elle aussi pas bien plus jeune. Toujours est-il qu'il peut être utile d'en parler spécifiquement, il ne recoupe pas exactement les mêmes choses que le terme de capitalisme, qui est un mode de production et plus largement d'organisation sociale.

Dans le contexte politique aujourd'hui, se dire anti-libéral, cela veut dire s'opposer aux mesures visant à réduire le rôle de l'Etat, les prestations sociales, etc. C'est donc forcément insuffisant. Ca n'est pas la même chose que se dire contre le capitalisme, encore moins se dire en faveur de la collectivisation de l'économie, mais en tout cas, même les communistes peuvent trouver une utilité au concept. En tout cas c'est évident si on veut décrire la réalité telle qu'elle est ; on ne comprend rien aux formes prises par la démocratie, les républiques, les monarchies parlementaires, si on ne l'emploie pas.
Gaby
 
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Message par luc marchauciel » 22 Juil 2010, 23:13

a écrit :
Dans le contexte politique aujourd'hui, se dire anti-libéral, cela veut dire s'opposer aux mesures visant à réduire le rôle de l'Etat, les prestations sociales, etc. C'est donc forcément insuffisant. Ca n'est pas la même chose que se dire contre le capitalisme, encore moins se dire en faveur de la collectivisation de l'économie, mais en tout cas, même les communistes peuvent trouver une utilité au concept. 


Sauf que, Gaby, tu rappelles que :

a écrit :
Le libéralisme est une idéologie, le terme pouvant recouper plusieurs courants de pensée. Il peut être politique, centré sur la question des droits individuels, c'est celui né au XVIIIème siècle


ce qui ne me donne pas du tout envie d'être antilibéral.
Parce que communiste, et donc favorable au développement (réel et pas uniquement formel) des droits des individus.
Il y a des sujets de société sur lesquels je suis plus en accord avec des libéraux (notamment les libertariens, qui sont des gens très étranges, sympathiques par certains aspects, et complètement repoussants et tarés par d'autres) qu'avec des "antilibéraux", que je trouve réactionnaires.
Non, je crois que c'est un mauvais vocabulaire, et il est regrettable que les porte-paroles du NPA l'emploient.
luc marchauciel
 
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Message par Wapi » 22 Juil 2010, 23:19

(Gaby @ jeudi 22 juillet 2010 à 22:37 a écrit : Il peut être économique, c'est en ce cas une politique en faveur de la non-intervention étatique, elle aussi pas bien plus jeune.
Donc à ce compte-là, le gouvernement qui intervient pour sauver les banques en injectant 360 milliards d'argent public serait "anti-libéral" si j'ai suivi ton raisonnement.

Ils vont être contents les anti-libéraux de savoir qu'ils ont Sarkozy pour allié ! :D

Non je crois plutôt comme Luc que ce terme obscurcit plus qu'il n'éclaire la réalité de la domination de la bourgeoisie sur l'économie, et ses différentes manières d'utiliser l'Etat à son profit.
Wapi
 
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Message par manitas » 22 Juil 2010, 23:31

Je suis d'accord avec Wapi.

Le libéralisme, ça ne veut pas rien dire, mais ça n'existe plus.
Par contre je ne comprends pas l'intervention de Luc. Tu dis être plus d'accord avec des "libéraux" qu'avec des "antilibéraux"... tout en disant qu'il est nuisible d'employer ces catégories?
manitas
 
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