Les staliniens français ont trahi la lutte d'indépendanc

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Txekista17 » 26 Juin 2010, 22:43

Les staliniens français ont trahi la lutte d'indépendance de l'Algérie

Papon, Vichy et l'Algérie

En couvrant le procès en cours de l'ancien fonctionnaire français, Maurice Papon, accusé d'avoir organisé la déportation de Juifs vers Auschwitz sous le régime pro-nazi de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale, la presse bourgeoise a soulevé ouvertement l'un des épisodes les plus sales de la sale guerre coloniale de la France contre le peuple algérien. Bien que Papon n'en soit pas maintenant accusé, en octobre 1961, alors Préfet de police, il a organisé le massacre de plus de 300 Algériens qui manifestaient dans les rues de Paris. Pendant plus de trois décennies, ce massacre a été couvert par un voile de secret officiel; ce n'est que dans les quelques dernières années que les médias bourgeois ont commencé à y faire référence. "La bourgeoisie française voudrait bien effacer le souvenir de ce crime abject", a écrit la Ligue trotskyste de France dans un article en 1983. "Mais la classe ouvrière n'oubliera pas ses martyrs" ( le Bolchevik n°42, octobre 1983).

Le 17 octobre 1961, les autorités françaises ont systématiquement organisé un pogrom anti-Algériens au coeur de Paris, massacré des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui participaient à une manifestation pacifique. Plusieurs ont été tués sur place, d'autres battus jusqu'à perdre conscience et jetés dans la Seine, ou exécutés de sang froid dans les commissariats de police ou encore lynchés sur des arbres, dans le Bois de Vincennes. Plusieurs jours après le massacre, on repêchait encore des cadavres dans le fleuve. La version "officielle" disait que seules trois personnes (dont deux Algériens) avaient été tuées, mais des. documents divulgués de la police nationale mentionnaient le nombre de 140 morts. Le Front de libération nationale (FLN), après des enquêtes poussées pour identifier les victimes, a établi nombre total à 327 morts et disparus.

Au milieu d'une série d'articles vantant la soi-disant lutte des staliniens contre la guerre colonialiste en Algérie, un article sur le massacre d'octobre 1961 est récemment paru dans l'Humanité, le journal du Parti communiste français (PCF), sous-entendant que le PCF a protesté activement contre le bain de sang. C'est un mensonge, et le PCF le sait. En fait, quand les manifestants algériens qui fuyaient l'attaque de la police ont cherché refuge au siège de l'Humanité, le portail leur a été fermé au nez.

Après le pogrom, aucune manifestation n'a été appelée par le PCF ou la CGT qu'il dirigeait. Les dirigeants staliniens n'ont pas rendu visite aux victimes algériennes blessées dans les hôpitaux ni aux familles endeuillées; ils n'ont pas mobilisé les ouvriers pour honorer les funérailles des victimes. Les seules grèves de protestation furent réduites à quelques arrêts de travail d'une demi-heure dispersés dans quelques usines. Le lendemain du massacre, les socialistes se sont précipités pour défendre Papon, en déclarant que "personne ne peut le blâmer" (cité dans Territoires contemporains: Cahiers de l'IHC n°2, 1995). De leur côté, les représentants .du PCF se sont assis à côté de Papon à la réunion du Conseil municipal de Paris, une semaine après le massacre, appelant simplement et sans conviction à "des sanctions contre les responsables" (Michel Levine, les Ratonnades d'octobre [1985]). Des années plus tard en dépit du grand nombre de militants syndicaux qui avaient disparu cette nuit-là, la CGT resservait toujours le mensonge des flics que seulement deux Algériens avaient été tués (Jean Bruhat et Marc Piolot Esquisse d'une histoire de la CGT (1895-1965) [publication de la CGT 1966])!

Le massacre a été précédé par des mois d'atrocités contre les ouvriers algériens par la police de Paris. Papon avait été transféré d'Algérie avec instruction de reproduire à Paris la torture de masse et les exécutions sommaires en usage dans la colonie Selon des chiffres officiels plus de 50 Algériens étaient tués par les flics en France chaque mois et bien davantage étaient brutalisés dans les chambres de torture de la police. Il y avait un besoin criant d'une manifestation d'action unie par les ouvriers français et algériens contre la terreur raciste. Mais les dirigeants staliniens n'ont rien fait. Encouragé, Papon a ordonné un couvre feu qui visait sélectivement les Algériens et qui dans ses termes était pratiquement identique à un décret contre les Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et pourtant il n'y eut aucune protestation de la part des dirigeants de la classe ouvrière française. Assuré de la docilité des dirigeants réformistes traîtres le régime du président Charles de Gaulle organisa un bain de sang précautionneusement préparé quand le FLN appela à une manifestation contre le couvre feu raciste et pour l'indépendance de l'Algérie.

Pendant des années les staliniens ont aidé la bourgeoisie à effacer de la mémoire le massacre d'octobre 1961 en érigeant un mythe autour d'une manifestation ultérieure dirigée par le PCF dans laquelle neuf Français furent tués lors d'une charge de la police à la station de métro Charonne en février 1962. Alors qu'aucun manuel d'histoire dans les lycées français ne traite du pogrom de 1961, la manifestation de Charonne est connue partout - fièrement présentée par les dirigeants staliniens comme étant la quintessence de leur soi-disant combat contre le colonialisme français pendant la Guerre d'Algérie. Mais la manifestation de Charonne n'appelait même pas à l'indépendance de l'Algérie! Elle a été appelée pour protester contre les attaques terroristes de l'OAS (Organisation de l'armée secrète), un groupe fasciste dirigé par d'ex-officiers de l'armée qui cherchaient à couper court aux négociations de De Gaulle avec le FLN. Devant le million de personnes venues assister aux funérailles des manifestants de Charonne, les orateurs du PCF n'ont même pas mentionné le massacre des Algériens qui avait eu lieu juste quatre mois auparavant.

Déjà dans les années 1930, quand il s'est lancé dans sa politique de collaboration de classes de "front populaire", le PCF s'était opposé à l'indépendance de l'Algérie, appelant au contraire à un empire colonial français plus "démocratique" sous la forme d'une "union libre" entre "les peuples coloniaux et notre peuple" (Jakob Moneta, le PCF et la question coloniale [1971]). En mai 1945, les ministres PCF dans le premier gouvernement d'après-guerre sont restés à leur poste quand la bourgeoisie française noya dans le sang un début de révolte nationaliste algérienne à Sétif, tuant des dizaines de milliers de personnes. Pendant la Guerre d'Algérie, les dirigeants du. PCF ont occasionnellement prononcé le mot "indépendance", mais leur vraie politique était de faire pression sur les gouvernements bourgeois successifs pour qu'ils "négocient" un accord qui préserverait, les "intérêts vitaux" de la bourgeoisie française. C'était tout simplement un appel à un régime néo-colonial en Algérie sous la botte de l'impérialisme français.

De l'automne 1955, à la fin du printemps 1956 la France fut secouée par une vague de mutineries de soldats qui refusaient d'être envoyés en Algérie. Ces révoltes étaient souvent soutenues par des grèves dans lesquelles des milliers d'ouvriers français - rejoints par leurs frères de classe algériens - affrontaient la police anti-émeutes en défense des soldats qui protestaient. Au milieu de se soulèvement sans précédent, le dirigeant socialiste Guy Mollet fut élu premier ministre à la tête d'une coalition de front populaire incluant le PCF, les Radicaux et d'autres partis bourgeois. Mollet continua à envoyer des centaines de milliers de soldats en Algérie. Bien que ne faisant pas formellement partie du gouvernement, le PCF lui a fourni son soutien le plus ferme, allant jusqu'à voter les "pouvoirs spéciaux" pour le régime en Algérie.

La révolte des ouvriers et des soldats en France a éclaté en même temps que se déroulaient une série de grèves en Algérie - dont plusieurs ont paralysé le pays - centrées sur les. dockers très combatifs. Loin de chercher, à mobiliser les ouvriers en France pour la solidarité dans la lutte, le PCF fomentait le chauvinisme anti-immigrés en poussant sa ligne de fermeture des frontières. En mai 1956, au plus fort du soulèvement prolétarien, le PCF dénonça une proposition du gouvernement d'admettre un millier d'ouvriers algériens supplémentaires en France. Face à une telle trahison, la vague de mutineries, et de grèves contre la guerre se dissipa.

La France continua à connaître des grèves combatives autour de revendications économiques - et les ouvriers algériens y participèrent pratiquement tous. En 1958, l'économie en ruines et le pays traversé par les mouvements de grèves les plus puissants depuis des décennies, la bourgeoisie se tourna vers le général de Gaulle, idole de la "Résistance" pendant la Deuxième Guerre mondiale, pour résoudre la crise. La réponse du PCF fut de soutenir lamentablement les partis gouvernementaux discrédités qui menaient la Guerre d'Algérie; les staliniens firent campagne en "défense de la République" et votèrent même la reconduite des fameux pouvoirs spéciaux. Dès que le parlement l'eut élu président, de Gaulle s'en prit immédiatement à la classe ouvrière et intensifia la terreur militaire en Algérie. Peu après, il proclama la Cinquième République semi-bonapartiste.

Trois ans plus tard, en avril 1961, les tensions qui déchiraient le tissu social de la société capitaliste française explosèrent à nouveau quand les troupes françaises en Algérie se révoltèrent contre une tentative de putsch par des officiers opposés aux négociations entre de Gaulle et le FLN. Les soldats du rang occupèrent des bases militaires, arrêtèrent leurs officiers et sabotèrent véhicules et communications. Au lieu de saisir l'opportunité pour mobiliser les ouvriers dans une lutte contre la guerre impérialiste, le PCF chercha a s'unir avec de Gaulle contre les officiers réactionnaires. Lorsque Michel Debré, premier ministre de De Gaulle lança un appel ridicule à la population à se précipiter vers les aéroports afin d'empêcher une attaque (impossible) des putschistes, les staliniens se joignirent à la fraude de l'"unité nationale"; ils ont envoyé des centaines d'ouvriers pour patrouiller dans les aéroports autour de Paris et ont cyniquement appelé le gouvernement à armer immédiatement la classe ouvrière (l'Humanité, 25 avril 1961). Près de 12 millions d'ouvriers descendirent dans les rues à l'appel du PCF, mais les staliniens dirigèrent les manifestations seulement contre les officiers putschistes, si bien que même les gaullistes soutenaient les manifestations.

La Guerre d Algérie provoqua des vagues successives de luttes ouvrières explosives par les ouvriers français et algériens, qui auraient pu mettre à l'ordre du jour la perspective de la révolution socialiste. Mais le PCF détourna a plusieurs reprises cette offensive puissante de la classe ouvrière par sa collaboration de classes traître avec la bourgeoisie. Pendant toute la guerre, les dirigeants du PCF ont cherché avant tout à éviter une défaite humiliante à l'impérialisme français. Aujourd'hui, le PCF continue de jouer au serviteur loyal de la bourgeoisie impérialiste en faisant partie du gouvernement de front populaire antiouvrier et raciste.
-Traduit de Workers Vanguard n°680
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Message par com_71 » 26 Juin 2010, 22:58

Malgré une certaine grandiloquence lui faisant parfois plus que frôler l'inexactitude :

"à la fin du printemps 1956 la France fut secouée par une vague de mutineries de soldats qui refusaient d'être envoyés en Algérie. Ces révoltes étaient souvent soutenues par des grèves dans lesquelles des milliers d'ouvriers français - rejoints par leurs frères de classe algériens - affrontaient la police anti-émeutes en défense des soldats qui protestaient.",

"En 1958, l'économie en ruines et le pays traversé par les mouvements de grèves les plus puissants depuis des décennies""
,

cet article comporte des rappels utiles
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par artza » 27 Juin 2010, 08:19

Je partage l'avis de Com.

Mais la façon dont ces événements étaient compris même par des plus ou moins militants c'est autre chose.

J'étais bien trop jeune en 56 pour être directement concerné, mais j'étais au courant, pour moi et autour de moi le PC avait fait ce qu'il pouvait.

En 58 J'adhère aux JC le 20 mai pour m'opposer au fascisme, dans mon esprit c'était pas plus compliqué que ça.
C'était un avis courant, partagé par les "plus grands esprits" (Sartre).

Ensuite vinrent naturellement les questions sur entre autre l'hostilité du PC à toutes actions contre l'OAS. Hostilité qui pouvait être très violente lorsque que cette politique était simplement évoquée.

A bien y réfléchir ce fut sans doute une ou la période ou l'absence même pas d'un parti "achevé" mais même d'une petite organisation révolutionnaire un peu conséquente fut perceptible de façon criante.

Il faut quand même salué le courage de ceux très peu nombreux, sans audience ni moyens qui s'exprimèrent et tentèrent quelque chose dans l'ignorance du public en 56.

La FCL (communistes libertaires, Georges Fontenis, Pierre Morain), leur organisation interdite tenta vainement de survivre clandestinement (La Volonté du Peuple) et le PCI qu'on ne disait pas encore "lambertiste" (Daniel Renard), condamné en justice, leur hebdo (La Vérité) et leur parti ne survivra pas à Mai 58.
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Message par yannalan » 27 Juin 2010, 09:56

Je pense que dans les années 54/58 le mouvement anti-guerre d'Algérie n'était pas très fort. J'avais discuté avec des militants PC de l'époque qui disaient que même parler de paix était difficile, quand il partaient vendre 'HD le dimanche matin, ils prenaient régulièrement des baffes et se retrouvaient ensuite au poste.
Les révoltes ont été le fait de rappelés, c'est à dire de gens ayant déjà fait leur service, insérés dans leur vie familiale et professionnelle,qu'on a fait revenir,ce qui les a souvent mis en furie.
Chez les appelés "normaux", il n'y a pas eu tellement de réactions.
Le PCF a eu une politique pour la Paix. Il a essayé d'avoir une presse clandestine dans l'armée en Algérie, des militants ont été arrêtés à l'époque. Certains ont refusé d'aller en Algérie,m mais ils n'ont pas été encouragés. (Alban LKiechti et autres)
Ceux qui voulaient aider le FLN concrètement ont été souvent virés.
Le traitment différent de 61 et de Charonne est effectivement symptomatique
yannalan
 
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Message par Valiere » 27 Juin 2010, 10:07

Tu as beaucoup de mansuétude...Paix en Algérie ! c'était un renvoi dos à dos qui couvrait la politique précédente des massacres du 8 MAI 45 !
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Message par yannalan » 27 Juin 2010, 19:29

C'est pas de la mansuétude, c'est simplement une description de leur attitude à l'époque. Alors qu'au moment de l'Indochine, il y avait des grèves pour refuser de charger les cargos, il n'y a rien eu de tout ça.sur l'Algérie. D'une part parce que le PCF ne voulait pas de "provocation" (air connu), d'autre part parce qu'il sentait bien que dans la classe ouvrière la cause algérienne n'était pas forcément bien vue. Voir le souvenirs des manifestants de 61 livrés aux flics par les conducteurs de bus ou d'autre travailleurs
yannalan
 
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Message par Valiere » 28 Juin 2010, 08:01

La position de l'appareil stalinien est dictée par la stratégie de l'URSS de Khrouchtchev :
respect des accords de Yalta et coéxistence pacifique et surtout peur qu'un abandon des colonies françaises conduise par l'exemple à des difficultés avec des minorités nationales en URSS....
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Message par yannalan » 28 Juin 2010, 09:25

L'URSS et les états satellites se préparaient à l'indépendance des colonies. Ils ont Apporté un soutien au FLN, (formation d'ingénieurs, de militaires, etc..). Les agents du MALG (services secrets) ont été de bons élèves de l'école du KGB par exemple, dès 57 ou 58....
Pour ce qui est du PCF, ils avaient un beau jouet ne France,ils ne voulaient pas le casser.
yannalan
 
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Message par Valiere » 28 Juin 2010, 11:15

Ils ont compris que le vent tournait et assez vote ils ont été dans la place tout en gardant deux fers au feu...
Quant au PCF il n'était pas indépendant mais lié à l'appareil stalinien
( Maurice Thorez qui n'est mort qu'en 64 veillait au grain et ce n'est que contraint et forcé que leur ligne a bougé à la fin)
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Message par artza » 29 Juin 2010, 09:26

(yannalan @ dimanche 27 juin 2010 à 10:56 a écrit :Je pense que dans les années 54/58 le mouvement anti-guerre d'Algérie n'était pas très fort. J'avais discuté avec  des militants PC de l'époque qui disaient que même parler de paix était difficile, quand il partaient vendre 'HD le dimanche matin, ils prenaient régulièrement des baffes et se retrouvaient ensuite au poste.

L'époque était un peu plus mouvementée qu'aujourd'hui.

Les militants du PC prenaient parfois des baffes dans les quartiers très bourgeois où l'HD était aussi proposée chaque Dimanche, mais ils savaient les rendre.

A St-Denis ou Ivry c'était bien plus rare.

Les royalistes qui vendaient Aspects de la France sur le parvis des églises s'en prenaient pas mal aussi. Un prêté pour un rendu ;) .

Difficile de discuter de la paix? Avec qui? Les fiancées, les mères, les soeurs, les potes et les petits frêres des appelés?

C'est ben vrai ça, mieux valait discuter du réarmement allemand...ou des vins Nicolas qui refusaient leur pub à L'Huma :ohmy:
artza
 
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