Au cours d'une récente discussion avec des militants de l'organisation autrichienne Linkswende (en France, Socialisme Par En Bas) s'est posée la question des conditions objectives pouvant mener à une révolution prolétarienne. Or, il se trouve que mes interlocuteurs ont défendu un point de vue très différent du mien.
La discussion a commencé losqu'un membre de l'organisation a déclaré que l'actuel mouvement anti-impérialiste pouvait porter en lui les germes d'une révolution et que, pour appuyer ses dires, il a évoqué la permière guerre mondiale et la révolution russe. J'ai répondu que je voyais quand même une grande différence entre maintenant et autrefois : à l'époque, les Européens ont directement souffert de la guerre impérialiste ; chaque famille ou presque avait un frère, un père, un mari ou un fils au front, et ceux qui restaient devaient trimer dans les usines. Aujourd'hui, et même si l'occupation irakienne a des répercussions dans le monde entier, la population européenne ne souffre pas autant qu'en 1917.
En gros, j'ai donc dit qu'une révolution prolétarienne ne pouvait avoir de chances de se produire qu'en cas de crise vraiment grave (je rappelle que je parle des conditions objectives d'une révolution).
La discussion s'est poursuivie avec un autre exemple, avancé par le même membre : celui de l'ex-DDR. Selon lui, la chute du mur de Berlin est la preuve qu'un mouvement de masse peut, même dans les conditions d'alors, mener à une révolution. Je dois dire que je n'ai pas su quoi répondre (la personne en question a grandi en Allemagne de l'Est et a vécu ces évéments directement), l'argument me paraissant plus que contestable. Avec le recul, je peux formuler ma réponse de la manière suivante : si le mur est tombé, c'est avant tout parce que les classes dirigeantes n'en avaient plus besoin. Il y avait certainement des personnes haut placées en DDR pour souhaiter voir le mur perdurer, mais la bourgeoisie européenne et nord-américaine (voire celle d'autres pays) n'avait rien contre sa disparition, au contraire. Donc, les gens qui ont manifesté avaient cette classe sociale derrière eux et, une fois n'est pas coutume, la bourgeoisie avait les mêmes intérêts qu'eux en ce qui concerne le mur. On est bien loin d'une révolution prolétarienne, où les travailleurs devront s'attendre aux attaques déchaînées de la bourgeoise, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières.
J'ai quand même poursuivi en disant que, selon moi, le rôle d'un parti révolutionnaire était, au moment de la crise profonde que j'évoque plus haut, de proposer aux masses la politique adéquate. Je fais cette précision car j'ai l'impression que mes interlocuteurs ont une vision exclusivement linéaire du processus, comme s'il s'agissait de convaincre le plus de gens possible jusqu'à ce qu'on soit assez pour faire la révolution, sans se préoccuper des conditions objectives ...
Je me tourne donc vers les intervenants de ce forum, et en particulier vers les camarades de LO (mais les réactions des autres sont également les bienvenues, évidemment

1) Que pensez-vous des divers arguments avancés, dans cette discussion, par moi et par les autres militants ?
2) Il me semble avoir lu un jour un court passage de :lenine: où il dressait la liste des conditions objectives dans lesquelles le prolétariat pouvait prendre le pouvoir. C'était une liste assez formelle, composée de trois ou quatre points. Malheureusement, je ne me souviens plus où je l'ai vue. Quelqu'un sait-il de quoi je parle et pourrait-il m'en donner les références ?
Merci d'avances pour les réponses des uns et des autres !