Roger Salengro

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par artza » 14 Avr 2009, 16:05

Député-maire socialiste de Lille, ministre de l'Intérieur du gouvernement Blum en 1936.
Il prononça par décret la dissolution des ligues d'extrême-droite (Croix-de-feu etc.).

Une dissolution qui ne les gêna guère, les Croix-de-feu devenant le Parti social français.

Néanmoins l'extrême-droite ne lui pardonna pas et mena une violente campagne de presse le dénonçant comme déserteur en 1915 et par insinuation glauque d'être homosexuel.

Salengro se suicida et devint un martyre de la gauche.

L'ignoble campagne de l'extrême-droite ne saurait faire de Salengro ce qu'il n'était pas un militant de l'émancipation de la classe ouvrière.

Dans une séquence de présentation du téléfilm, on voit Salengro harranguant des mineurs en grève en 1936 pour les inciter à reprendre le travail.

A voir non pas pour comprendre ce que fut l'escroquerie du Front populaire, mais pour voir ce qu'est la réaction, bien peu reconnaissante aux politiciens de gauche qui s'appliquent à sevir la même classe exploiteuse qu'elle.
artza
 
Message(s) : 2416
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Vérié » 14 Avr 2009, 17:33

La fusillade de Clichy, c'était sous Salengro ou après ? :33:

Sinon, vu les éloges qu'on peut lire dans la presse bien pensante, je crains le pire. Boisset a pourtant fait de très bons films engagés, mais depuis quelques temps il tourne beaucoup de téléfilms de commande très "bonne gauche démocratique", genre L'affaire Dreyfuss ou Jean Moulins.

J'espère qu'il n'a pas complètement viré de bord et que c'est pas seulement pour bouffer... (Il ne tourne plus de films de cinéma depuis longtemps, notamment parce qu'il est honni par toute une partie de son "milieu" professionnel qui ne lui pardonne pas son succès des années 70 avec des films engagés.)
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par jeug » 14 Avr 2009, 18:29

A ma connaissance, Y Boisset a toujours eu ces limites-là (tout en faisant de bons films). La femme-flic ne date pas d'hier.
jeug
 
Message(s) : 35
Inscription : 18 Jan 2007, 16:13

Message par jeug » 14 Avr 2009, 18:31

(artza @ mardi 14 avril 2009 à 16:05 a écrit : (...)
A voir non pas pour comprendre ce que fut l'escroquerie du Front populaire, mais pour voir ce qu'est la réaction, bien peu reconnaissante aux politiciens de gauche qui s'appliquent à sevir la même classe exploiteuse qu'elle.
Les politiciens de gauche n'aiment pas les situations insurectionnelles, parce qu'elles sonnent leur glas. Que ce soit par le triomphe d'un camp ou de l'autre.
On comprend donc pourquoi ils emploient tous les moyens pour les éviter.
jeug
 
Message(s) : 35
Inscription : 18 Jan 2007, 16:13

Message par Vérié » 14 Avr 2009, 18:51

(jeug @ mardi 14 avril 2009 à 18:29 a écrit : A ma connaissance, Y Boisset a toujours eu ces limites-là (tout en faisant de bons films). La femme-flic ne date pas d'hier.
La femme flic, OK.

Mais Boisset a tout de même fait mieux : RAS, Allons enfants, L'attentat, Dupont Lajoie, c'était nettement au dessus. (Dans RAS, on voit des militants de la IV peindre des inscriptions sur les trains au moment du mouvement des rappelés.) Dans ces années-là, Boisset était critique de gauche du PC et sincèrement engagé.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par Endymion » 15 Avr 2009, 00:26

La fusillade de Clichy c'est en mars 1937, après sa mort.

Un extrait de discours de Salengro dans un film de Guy Debord :
http://www.dailymotion.com/video/xiug6_deb...1975_shortfilms
(ça commence à 13 minutes)
Le commentaire de Debord est en sous-titre vers 14mn 30.
Endymion
 
Message(s) : 0
Inscription : 20 Mars 2004, 17:14

Message par artza » 15 Avr 2009, 07:28

(Vérié @ mardi 14 avril 2009 à 18:51 a écrit :

Mais Boisset a tout de même fait mieux : RAS, Allons enfants, L'attentat, Dupont Lajoie, c'était nettement au dessus. (Dans RAS, on voit des militants de la IV peindre des inscriptions sur les trains au moment du mouvement des rappelés.) Dans ces années-là, Boisset était critique de gauche du PC et sincèrement engagé.

Oui, Boisset a fait des films honnêtes.

Pour RAS il avait engagé les étudiants du service d'ordre de la LCR qui jouèrent les gendarmes ce qui leur permit de gagner un peu d'argent. Pour s'amuser ils signèrent "IVème Inter." les slogans écrits sur les wagons, ce qui n'a rien d'historique.

Au début des années 70, un ouvrier tunisien, Bechir Rassaa qui lança le stand du Brick à l'oeuf à la fête de LO fut assassiné dans la banlieue sud de Paris. Les flics le laissèrent agoniser sur son palier.

LO fit toute une campagne sur la ville de Vanves.

Boisset fut très sympa, prêta ses films, parraina un comité etc, je n'en dirais pas autant du reste de l'extrême-gauche et du journal Libération :hinhin:

Boisset critiquait à l'époque le PC sur sa gauche, ce qui n'était pas très difficile et pas si rare à l'époque et qui chez certains pouvait faire bon ménage avec un anticommunisme profond et un peu de mépris pour la classe ouvrière organisée.

Dans ce téléfilm on voit bien l'acharnement du gouvernement de Front populaire à démobiliser les travailleurs, faire cesser les grèves, que surtout les masses n'interviennent pas, ne déploient pas leur force.

Blum et Salengro accusent plusieurs fois le PC de pousser à la grève, c'est historiquement complètement faux, "il faut savoir arrêter une grève" (Maurice Thorez).

On voit aussi la personalité d'un politicien de gauche, origine modeste, débonnaire, en proximité avec les ouviers, les petites gens qu'il connait, dont il souhaite sincèrement améliorer le sort mais dont il craint par dessus tout l'intervention directe.
Sous l'allure bonhomme, l'ambition et le goût de l'autorité, la roublardise du parlementeur.

Une peur maladive de "l'anarchie", le culte de l'ordre, une profonde servilité envers les puissants.

Et surtout le téléfilm nous montre la droite, celle de l'époque qui est un peu celle de toujours.

Et la saloperie de la calomnie l'arme des escrocs et des faussaires de la politique.
Une arme que les révolutionnaires ignorent. La vérité leur suffit.
artza
 
Message(s) : 2416
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Vérié » 15 Avr 2009, 08:24

a écrit :
LO fit toute une campagne sur la ville de Vanves.

Boisset fut très sympa, prêta ses films, parraina un comité etc, je n'en dirais pas autant du reste de l'extrême-gauche et du journal Libération 



Je ne souviens plus de ce que Libération a écrit sur l'affaire Béchir, mais, en ce qui concerne l'EG, Combat Communiste participait au Comité pour Béchir.
Ton attaque contre l'EG me semble un peu injuste : même si d'autres groupes n'ont pas participé à ce comité, l'EG menait l'époque de très nombreuses campagnes sur des faits de ce genre.

Sinon, ta critique de Salengro me rassure et me donne envie d evoir le film, que j'ai enregistré... ;)
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par artza » 15 Avr 2009, 17:56

Libération tout simplement émis le point de vue que le crime raciste était loin d'être évident. Une querelle de voisinage qui aurait mal tourné.

Pour Combat communiste, OK.

Pour ce qui concerne la LCR tu les a vu beucoup sur ce coup là?

La campagne menée par LO fut très originale comparé à ce que font habituellement les plus sensibles et intervenants sur ces événements.

On peut dire que pas un habitant de Vanves n'échappa à la visite de militant de LO et ne fut sollicité pour prendre parti.

Là-dessus LO a d'ailleurs à l'époque fait un article dans la LDC.

Je crois que notre archiviste est en vadrouille mais patience :D

Sur le film je dis ce qu'un spectateur attentif et un peu averti peut y voir.

Pour les gens de gauche, après le film ils seront confortés dans l'idée que Salengro était un ministre de gauche qui gênait la droite et pour ça fut victime de cette campagne ce calomnies.
Mis il est bien évident à travers le film que Blum et Salengro sont des hommes d'ordre, modérés, responables, moins y a de grève mieux le gouvernement peut travailler et tout et tout.
artza
 
Message(s) : 2416
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Vérié » 16 Avr 2009, 07:25

[quote=" (artza @ mercredi 15 avril 2009 à 17:56"]
Sur le film je dis ce qu'un spectateur attentif et un peu averti peut y voir.

Pour les gens de gauche, après le film ils seront confortés dans l'idée que Salengro était un ministre de gauche qui gênait la droite et pour ça fut victime de cette campagne ce calomnies.
Mis il est bien évident à travers le film que Blum et Salengro sont des hommes d'ordre, modérés, responables, moins y a de grève mieux le gouvernement peut travailler et tout et tout.
Je viens de le voir.
D'accord, mais il y a tout de même quelques erreurs historiques en particulier sur le rôle des communistes qui sont présentés comme des pousse à la grève, alors que Thorez a fait reprendre le travail.

De plus, les deux scènes avec des grèvistes m'ont semblé assez mauvaises. Les ouvriers ont vraiment l'air d'abrutis qui ne comprennent rien et se laissent manipuler en deux coups de cuiller à pot. Parmi les grèvistes, il y avait tout de même des militants syndicalistes.

Les ouvriers (sans doute communistes) qui traitent Salengro de "social-traître", ça semble bizarre, vu qu'on était en 36 et que cette ligne "classe contre classe" avait été abandonnée, le PC soutenant le PS et le gouvernement.

Enfin et surtout, l'équipe de ministres de Blum apparait vraiment comme un groupe de très braves gens qui ne pensent qu'au bobnheur des petites de gens, ont facilement la larme à l'oeil, pas manoeuvriers, pas faux jetons, pas combinards pour deux sous. Une petite bluette publciitaire pour la SFIO.

Boisset y croit peut-être puisqu'il a délcaré dans une interview que "les politiciens de cette époque étaient beaucoup plus honnêtes et sincères que ceux d'aujourd'hui". Je ne sais rien de la personnalité de Salengro, mais pour un ministre de l'intérieur, il a l'air vraiment très, très gentil, même s'il dit qu'il assurera tot d emême l'ordre s'il le faut.

Sinon, l'extrême-droite est bien vue, le comédien qui joue Béraud de Gringoire est en particulier extraordinaire. Mais, sur ce thème, j'ai trouvé A droite toute, avec le même Donadieu qui joue le rôle d'un grand patron, bien meilleur, plus fin, tout sonne plus juste...

Boisset s'est offert des bons mots faciles, tel le journaliste facho qui dit "Je dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas", allusion à Le Pen. Or, à l'époque, toute l'extrême-droite sortait sans complexe des insanités antisémites, il n'y avait aucune retenue.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Suivant

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité