Othar, j'ai parlé de définition du sous-prolétariat par le géographe américain. En réalité il ne prend même pas tellement la peine de définir, comme si le terme était entendu par tous... ( Le seul défaut que j'ai trouvé pour l'instant au livre, c'est cet aspect universitaire, donc assez jargoneux ) Il dit juste, comment résumer brièvement la vie de ces centaines de millions de gens à travers le monde : "est-ce que j'aurais quelque chose à manger demain?". C'est loin d'être très scientifique comme caractérisation, surtout qu'elle peut englober des travailleurs qui ont un boulot fixe...
Sinon d'accord avec toi sur le reste de ton message. L'idée, défendue à l'époque par Marx face à Bakounine et d'autres, que la classe ouvrière aurait le rôle directeur dans la révolution, et non pas les plus pauvres de chez pauvres du système capitaliste, est fondamentale. Et pas toujours facile à faire capter...
Piter ta remarque me semble tout à fait juste pour ce qui est des pays impérialistes ou des pays qui connaissent actuellement une phase d'expansion économique. Quand dans certains pays africains, l'armée de réserve c'est près de 80% de la population, que ces gens "rêvent" de vendre leurs forces de travail aux capitalistes mais qu'il n'y a juste rien, ça se pose différemment. Ce qui est caractéristique de la vague d'exode rurale dans les pays du Tiers monde depuis grosso modo une trentaine d'années, c'est que dans une partie de ces pays cela correspond à de nouveaux besoins de main d'oeuvre dans l'industrie, dans les villes, que les paysans pauvres peuvent se dire qu'ils ont quelques chances de trouver du travail, d'avoir une vie un tout petit peu meilleure. Mais dans la plupart des pays, ça ne correspond absolument pas à un quelconque développement capitaliste : les paysans partent dans les bidonvilles pour tout un tas de raisons ( famines, guerres civiles entre autres et le sentiment quand même qu'on crève moins de faim à la ville qu'à la campagne, isolés de tous ) avec dans l'immense majorité des cas aucune chance de trouver un boulot un peu régulier. Quand dans les grandes multinationales, t'as des listes d'attente de milliers et de milliers personnes pour se faire embaucher... Je suis d'accord pour dire que ce dernier cas est aussi dans le fond un produit du capitalisme. Mais ce qui me frappe, c'est que dans pas mal de coins en Afrique et ailleurs, on passe de familles qui depuis des générations sont vouées à être des paysans plus pauvres que pauvres à des familles qui pour des générations semblent vouer à faire partie du sous prolétariat des villes. De sorte que ce sous prolétariat sera peut-être bientôt, si ce n'est déjà le cas, la plus grande catégorie sociale de certains pays du Tiers monde... Et d'hors et déjà une composante importante de la population mondiale.
Après d'accord avec toi Vérié, sur le fait que le sous-prolétariat n'est pas condamné par avance à rejoindre la réaction, et sur le fait que la base sociale du fascisme c'est la petite bourgeoisie déclassée.
Ce qui me titille un peu, c'est que dans les textes des Marx, Engels, Rosa Luxembourg, Trotsky que j'ai pu lire ( bien sûr je suis très loin de les avoir lu tous...)
j'ai l'impression qu'on parle de Lumpen prolétariat qu'une fois devant le fait accompli que la réaction a recruté des miliciens dans cette couche de la population. Quand une partie du sous-prolétariat marche main dans la main avec la classe ouvrière, les grands auteurs n'ont pas l'air de le souligner. C'est ça que je trouve un peu étrange et qui fait que je ressens le terme Lumpen prolétariat comme exclusivement péjoratif, puisque utilisé que dans certaines situations peu reluisantes. Il n'y a guère que le Black Panther Elridge Cleaver, qui définissait le BPP comme une organisation de Lumpen prolétaires noirs qui seraient l'avant garde de la révolution aux USA, qui m'ait un peu réconcilié avec le terme

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