
Trotsky n'a jamais exprimé de regrets quand le souffle révolutionnaire, ou simplement une grande qualité de vision de la société, est passé dans une oeuvre artistique.
Il n'a pas non plus hésité à fustiger les faiblesses d'écrivains par rapport aux relents du passé. On peut citer sa critique de Céline :
Mais qui a dit que Trotsky pensait que l'artiste devait s'interdire de vouloir être un combattant ?
Trotsky, contre Staline et les staliniens, a défendu l'idée que le parti et les institutions, même révolutionnaires, devaient bien se garder d'agir par "oukases" en ce domaine, n'avaient pas à fixer de directives contraignantes. Et devait faire respecter une attitude résumée par la formule "toute licence en art".
Cela n'a jamais empêché quiconque d'avoir des goûts, des préférences, éventuellent justifiées par des prises de positions politiques ou sociales, et de le faire savoir.
Il n'a pas non plus hésité à fustiger les faiblesses d'écrivains par rapport aux relents du passé. On peut citer sa critique de Céline :
(Trotsky à propos de "Voyage au bout de la nuit" a écrit :Plus une tradition culturelle nationale est riche et complexe, plus brutale sera la rupture. La force de Céline réside dans le fait qu'avec une tension extrême il rejette tous les canons, transgresse toutes les conventions et, non content de déshabiller la vie, il lui arrache la peau. D'où l'accusation de diffamation. Mais il se fait, précisément, que, tout en niant violemment la tradition nationale, Céline est profondément national. Comme les antimilitaristes d'avant-guerre, qui étaient le plus souvent des patriotes désespérés, Céline, français jusqu'à la moelle des os, recule devant les masques officiels de la IIIème république. Le " célinisme " est un antipoincarisme moral et artistique. En cela résident sa force, mais également ses limites.
[...]
Dans la musique du livre, il y a de significatives dissonances. En rejetant non seulement le réel mais aussi ce qui pourrait s'y substituer, l'artiste soutient l'ordre existant. Dans cette mesure, qu'il le veuille ou non, Céline est l'allié de Poincaré. Mais dévoilant le mensonge, il suggère la nécessité d'un avenir plus harmonieux. Même s'il estime, lui, Céline, qu'il ne sortira rien de bon de l'homme, l'intensité de son pessimisme comporte en soi son antidote.
Céline, tel qu'il est, procède de la réalité française et du roman français. Il n'a pas à en rougir. Le génie français a trouvé dans le roman une expression inégalée. Parlant de Rabelais, lui aussi médecin, une magnifique dynastie de maîtres de la prose épique s'est ramifiée durant quatre siècles, depuis le rire énorme de la joie de vivre jusqu'au désespoir et à la désolation, depuis l'aube éclatante jusqu'au bout de la nuit. Céline n'écrira plus d'autre livre où éclatent une telle aversion du mensonge et une telle méfiance de la vérité. Cette dissonance doit se résoudre. Ou l'artiste s'accommodera des ténèbres, ou il verra l'aurore.
Mais qui a dit que Trotsky pensait que l'artiste devait s'interdire de vouloir être un combattant ?
Trotsky, contre Staline et les staliniens, a défendu l'idée que le parti et les institutions, même révolutionnaires, devaient bien se garder d'agir par "oukases" en ce domaine, n'avaient pas à fixer de directives contraignantes. Et devait faire respecter une attitude résumée par la formule "toute licence en art".
Cela n'a jamais empêché quiconque d'avoir des goûts, des préférences, éventuellent justifiées par des prises de positions politiques ou sociales, et de le faire savoir.