
a écrit :12 mai 1916 : Exécution de James Connolly
James Connolly est né le 5 mai 1868 à Edimbourg (Ecosse).
Issu d'une famille très pauvre dans un ghetto d'Edimbourg. Il va à l'école catholique, Saint-Patrick School, de son quartier. Il travaille dès l'âge de 12 ans dans une boulangerie. En 1882, à l'âge de 14 ans, il s'engage dans un régiment de l'armée britannique, le Kings Liverpool Régiment. Il y reste sept ans tenant garnison en Irlande. De retour en Ecosse, il travaille en tant que charretier pour la municipalité de sa ville natale, et rejoint le Mouvement Socialiste. Il milite à la Ligue Socialiste (Socialist League) avant de devenir un membre actif au sein de la section de la Fédération Socialiste d'Ecosse (Scottish Socialist Fédération). Il adhère à la S.D.F. (Social Démocratic Fédération) et y noue des contacts avec les principaux responsables du Mouvement Socialiste. En 1896, John Leslie lance un appel pour l'aider à trouver un emploi dans le journal « Justice » bulletin de la Fédération. Le Club Socialiste de Dublin lui offre un emploi de permanent et il part avec sa famille en Irlande. Il y reste de 1896 à 1903.
Il fonde dès son arrivée dans le pays, le Parti Républicain Socialiste Irlandais (Irish Socialist Républicain Party). Le but de cette Organisation est la création d'une République Irlandaise et Révolutionnaire Socialiste. Le programme du Parti Républicain socialiste Irlandais s'inspire du Manifeste de 1883 de la Fédération Démocratique (Démocratic Fédération) « Le socialisme en Terme » (Socialism Made Plain). Indépendance et Socialisme de l'Irlande sont toute sa vie. Souvent sans emploi, il doit faire face à des difficultés financières. Il occupe son temps libre à la Bibliothèque Nationale de Dublin pour se documenter et se cultiver. Il en profite également pour apprendre le Français et l'allemand. Il entame la rédaction des premiers chapitres d'un livre sur l'Histoire du Mouvement Ouvrier Irlandais qui paraît sous le titre de « Labour In Irish History ». En 1898, il crée le journal « Workers'Républic ». Il est invité en 1902 par le Parti Socialiste des U.S.A. (Socialist Labor Party). Son voyage est financé par le syndicat « The United Labourers of Irland ». Malgré les campagnes de propagande qu'il fait, le nombre d'adhérents stagne.
Il est contraint d'émigrer aux U.S.A. en 1903, pour des raisons matérielles. Il va à New-York et reste huit ans aux U.S.A . Il exerce différentes professions et milite activement pour ses compatriotes résidant aux U.S.A. Afin de faire connaître le Socialisme aux travailleurs Irlandais, il fonde le journal « La Harpe » (The Harp). Il devient permanent syndical à la section « Bâtiments » lors de la création du Syndicat Révolutionnaire « Industrial Workers of the World ». Dans la même période, il adhère au « Socialist Labor Party », dirigé par Daniel de Léon. Ce dernier fait prévaloir la lutte syndicale pour prendre le pouvoir économique. Connolly préfère la lutte politique et prône que Socialisme et Indépendance Nationale sont indissociables. Les Socialistes de Dublin lui demandent de l'aide pour leur propagande.
Il rentre en Irlande de manière définitive en 1910. On lui confie à Belfast (Irlande) l'organisation de Igtwu. De 1910 à 1913, il collabore étroitement avec Larkin. Les actions de Connoly et Larkin conjuguées portent la lutte à un haut niveau en 1913 avec le principe des grèves de solidarité. Le patronat riposte, décide un lock-out général dans le but de détruire Igtwu. Les Trade~Unions britanniques ne soutiennent pas le syndicalisme irlandais ; ce qui entraîne les émeutes de Dublin que la police réprime sévèrement, et a pour conséquence une importante baisse d'influence de l'Igtwu. Mais Connolly continue toujours son combat et tente encore d'unir les travailleurs catholiques et protestants.
Il devient rédacteur en chef dans le journal « Irish Worker ». En Août 1914, il condamne la guerre impérialiste et combat la propagande anti-allemande et militariste du Capital britannique. Il pense néanmoins que la possibilité d'une révolution socialiste existe grâce justement au conflit de la 1ère guerre mondiale.
La cause nationaliste prime malgré tout dans sa pensée. Il encourage l'Irish Citizen Army, qu'il organise depuis 1913 à se diriger vers le soulèvement armé contre l'occupant britannique.
En 1916, sous son impulsion une insurrection a lieu pour la Pâque. L'Armée Républicaine Irlandaise grâce à l'occupation de la Poste Centrale et à la proclamation d'un gouvernement provisoire paraît remporter la victoire dans un premier temps, mais la révolution échoue, le reste du pays n'a pas bougé et les renforts promis ne sont pas arrivés. Gravement blessé pendant les combats, il est arrêté et condamné à mort par la cour martiale avec les autres chefs de la révolution irlandaise. Il est fusillé le 12 Mai 1916, attaché à une chaise car ne pouvant tenir debout de fait de ses blessures. Il devient par son exécution le symbole de la lutte contre l'occupant anglais.
Le texte suivant est tiré des archives en langue anglaise du site de l'Union Communiste Internationaliste
Rapidement, des travailleurs irlandais rejoignirent aussi les syndicats. Au sein des dockers, ils jouèrent un rôle de premier plan dans la syndicalisation des ouvriers non-qualifiés vers la fin du dix-neuvième siècle. En particulier, l'un d'eux, Ben Tillet, fut un des dirigeants de la grève des dockers de 1887. De cette immigration irlandaise furent également issus James Larkin, né à Edimbourg, ainsi que James Connolly, né à Liverpool, ville où il fit son apprentissage révolutionnaire sur les docks. Larkin fonda le syndicat des transport irlandais et dirigea la grève des dockers de Dublin. Connolly, qui devint marxiste, s'associa à Larkin dans ces tâches, mais alla en fait beaucoup plus loin en organisant l'armée des citoyens irlandais et en dirigeant l'insurrection de Pâques 1916 à Dublin, ce qui lui valu d'être exécuté par les anglais.
Nous reproduisons ci-dessous un texte de Léon Trotsky qui commente les évènements irlandais
Sur les évènements de Dublin (Irlande, 1916)
Sir Roger Casement, l'ex-grand bureaucrate colonial de la Grande-Bretagne, révolutionnaire nationaliste irlandais par conviction, l'intermédiaire entre l'Allemagne et le soulèvement irlandais, a déclaré à la lecture de sa condamnation à mort: « Je préfère être assis sur le banc des accusés que sur le siège de l'accusateur ». La sentence disait, selon la formule consacrée, qu'il serait « pendu par le cou jusqu'à ce que mort s'ensuive », et implorait pour son âme la pitié divine.
La sentence doit-elle être exécutée? Cette question a dû faire passer des heures pénibles à Asquith et Lloyd George. Exécuter Casement rendrait encore plus difficile au parti irlandais, opportuniste, nationaliste et purement parlementaire, la tâche de ratifier un nouveau compromis avec le gouvernement anglais sur le sang des insurgés. Mais gracier Casement, après avoir effectivement procédé à autant d'exécutions, passerait pour une démonstration ouverte d'indulgence envers un traître de haut rang, comme le chantent démagogiquement les socio-impérialistes du type Hyndman, ces hooligans assoiffés de sang. Mais quel que soit le destin personnel de Casement, il conclura l'épisode dramatique de l'insurrection irlandaise.
Tant que l'affaire se limitait aux simples opérations militaires des insurgés, le gouvernement n'a, comme on le sait, pas eu grand-mal à se rendre maître de la situation. Quelle que soit la manière dont les rêveurs nationalistes se le représentaient, le mouvement national général n'a pas eu lieu du tout. La campagne irlandaise ne s'est pas soulevée. La bourgeoisie, ainsi que la couche supérieure la plus influente de l'intelligentsia irlandaise, sont restées en retrait. Les travailleurs des villes se sont battus et sont morts au côtés des enthousiastes révolutionnaires de l'intelligentsia petite-bourgeoise. Même dans l'Irlande arrièrée, la base historique de la révolution nationale a disparu. Les mouvements irlandais du siècle dernier ont eu un caractère populaire dans la mesure où ils se sont nourris de l'hostilité du fermier pauvre et privé de tout envers le tout-puissant propriétaire terrien anglais.
Mais si pour ce dernier l'Irlande était seulement un objet de pillage et d'exploitation, pour l'impérialisme britannique c'était un élément nécessaire de leur domination sur mer. Dans une brochure écrite à la veille de la guerre, Casement, spéculant de l'Allemagne, prouve que l'indépendance de l'Irlande signifie « la liberté des mers et un coup mortel porté à la domination navale de la Grande-Bretagne ». C'est vrai dans la mesure où une Irlande « indépendante » ne pourrait exister que comme l’avant-poste d'un impérialiste hostile à la Grande-Bretagne et comme sa base navale tournée contre la suprématie britannique sur les routes maritimes. C'était Gladstone qui avait le premier expliqué clairement la les implications militaires et impérialistes du soutien de la Grande-Bretagne des intérêts des propriétaires anglo-irlandais et a donné les bases de la législation agraire par lequel l'état a transféré la terre aux agriculteurs irlandais, bien sûr en indemnisant généreusement l’ancien propriétaire. De toute façon, après les réformes agraires de 1881-1903, les agriculteurs se sont métamorphosés en petits propriétaires fonciers conservateurs, dont le regard fixe la bannière verte de l'indépendance nationale, mais qui ne sont plus capables de rien arracher à leurs lopins de terre.
L'élite intellectuelle irlandaise, superflue, a gagné par milliers les villes de Grande-Bretagne, comme avocats, journalistes, employés de commerce, etc. Pour la majorité d'entre eux, « la question nationale » s'est ainsi bien estompée. D'autre part, la bourgeoisie commerciale et industrielle irlandaise, dans la mesure où elle s'est formée au cours des décennies passées, a immédiatement adopté un une position d’antagonisme vis-à-vis du jeune prolétariat irlandais, renonçant à la lutte révolutionnaire nationale et rejoignant le camp de l’impérialisme. La jeune classe ouvrière irlandaise, se formant dans l’atmosphère saturée par les souvenirs héroïques des rébellions nationales et se confrontant à l'arrogance égoïste, bornée, impérialiste, du syndicalisme britannique, hésite naturellement entre le nationalisme et le syndicalisme, toujours prête à unir ces deux conception dans sa conscience révolutionnaire. Elle attire la jeune élite intellectuelle et d’enthousiastes personnalités nationalistes, qui, à leur tour, impose au mouvement la prépondérance du drapeau vert sur le rouge. Ainsi, « la révolution nationale », en Irlande même, est en pratique devenue un soulèvement ouvrier et le la position évidemment isolée de Casement dans le mouvement ne fait que souligner ce fait.
Seule la mollesse patriotique sourdant par tous ses pores peut pousser quelqu'un à interpréter la situation comme si les paysans irlandais avaient refusé de participer à la révolution en considérant gravement la situation internationale, sauvant ainsi « l'honneur » de l'Irlande. En fait ils n’ont été poussés que par l'égoïsme obtus de l'agriculteur et l'indifférence complète envers tout ce qui se situe au-delà des limites de son lopin de terre. C'était précisément et uniquement à cause de cela qu'ils ont fourni au gouvernement de Londres l’occasion d’une victoire si rapide sur les défenseurs héroïques des barricades de Dublin. Leur courage personnel est incontestable, mais représente les espoirs et les méthodes du passé. Mais l’arrivée du prolétariat irlandais sur la scène de l’histoire ne fait que commencer. Il a déjà injecté dans ce soulèvement - sous un drapeau archaïque - son sentiment de classe contre le militarisme et l'impérialisme. Ce sentiment ne disparaitra pas. Au contraire, il trouvera un écho partout en Grande-Bretagne. Des soldats écossais ont emporté les barricades de Dublin. Mais en Ecosse même les mineurs se regroupent autour du drapeau rouge levé par Maclean et ses amis. Ces mêmes ouvriers, qu’à l'heure actuelle Henderson essaye d'enchaîner au char sanglant de l’impérialisme, dirigeront eux-mêmes le vengeance contre le bourreau Lloyd George.
Il y a aussi des photos. Peut-être qu'un modo plus versé sur la technique pourra donner un lien direct.