Le mouvement anti-Devaquet hiver 86

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Ottokar » 22 Nov 2006, 07:05

(NazimH @ mercredi 22 novembre 2006 à 00:12 a écrit : Sinon c'est un détail mais si une grève des cheminots a bien suivi, celle des infirmières c'est deux ans plus tard...
la tentative de grève des cheminots dont je parlais, c'est pendant Devaquet, vers la fin. Je me souviens d'une manif qui passait devant Austerlitz et où Daniel Vitry était avec ses camarades et une banderole et s'était joint au cortège. Mais cette tentative a fait long feu. Lorsque la grève a redémarré, avec l'expérience acquise, le petit noyau du départ s'est retrouvé et la grève a eu l'ampleur qu'on sait. Mais après Devaquet.

Et la grève des infirmières, c'est avec Rocard premier minisrte, après la réélection de Mitterrand en 88, donc.
Ottokar
 
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Message par Sterd » 22 Nov 2006, 12:06

Part saiveune

On arrive au point d’orgue de tout le mouvement : la manif gigantesque du 4 décembre. On avait passé la semaine à la préparer, à faire des collectes un peu partout, y compris devant les boites pour financer les billets des provinciaux. En réalité ils n’en ont pas eu besoin, la plupart ayant pris les trains d’assaut et on voyagé gratuitement. Ces voyages gratuits avaient plus ou moins été facilités par la bienveillance des syndicats cheminots, enfin, je m’en souviens comme ça. Je ne sais pas si je n’enjolive pas un peu.
Le trajet de la manif c’était prévu de longue date comme Bastille – Assemblée. Le cortège a mis un temps fou à se mettre en place, nous sommes nous-mêmes partis de la Bastille parmi les derniers alors que la tête de la manif était déjà arrivée … aux Invalides, j’y reviendrais plus tard.
C’est au moment de la formation du cortège que toutes les embrouilles des derniers jours à propos des services d’ordre ont commencé à prendre du sens. En plus du service d’ordre de la fac, service d’ordre issu du comité de grève. On a vu débarquer un SO « central » et surtout un SO « SOS Racisme » dans lequel j’ai vu tous nos petits camarades PS-UNEFID-exPCI. Je me souviens encore de leur brassard orange et des petites mains qui ornaient leurs vestes.
En tout il devait y avoir 3 services d’ordre. Dont un seul avait pour but de protéger le cortège comme on le verra plus tard. 20 ans après je reste encore baba de la manœuvre et surtout du coup de génie de se logoter et de se faire passer pour SOS racisme. A l’époque SOS avait une excellente réputation parmi les étudiants et surtout les lycéens et l’ascendant moral qu’avait un type bardé de petites mains donnant des ordres était énorme. Bien évidemment beaucoup des types n’étaient pas du tout de SOS Racisme, la troupe était constituée pour la plupart de bozos (aujourd’hui on dit totos) encadrés par nos amis du PS et de Lycéens SOS. Ces lycéens SOS allaient former quelques semaines plus tard la FIDL.
Sur le coup ça ne nous a pas paru trop grave, les embrouilles de SO on en avait eu toute la semaine et ça ne paraissait n’être qu’une de plus. C’était une erreur.
La manif en elle-même était vraiment énorme, comme celle du 27 mais en plus grand, sur le coup les gens ont parlé d’un million, je ne sais pas si le million y était, c’est toujours difficile d’estimer un nombre de manifestants d’une manif à laquelle on participe. Tout ce que je pourrais dire c’est que la seule fois ou il m’a paru y avoir autant de monde à Paris c’était pour les manifs du premier mai 2002 ( :cry3: ).
Donc immense manif, succès énorme. Et en partie inattendu, y compris par nous qui nous battions pourtant comme des diables pour en faire un succès. On espérait autant que la semaine d’avant, mais on aurait jamais rêvé à un truc pareil.
Ce qui va suivre on me l’a raconté, comme je vous le disais on était en queue de manif. Parmi les derniers à partir de Bastille, donc on a pas vu grand-chose. Quand la tête de manif est arrivée aux Invalides avec pour objectif l’Assemblée, qui je le rappelle était devenu l’objectif banal et habituel de toutes les mini-manifs de la semaine, elle c’est vue bloquer la route par un immense podium, des camions sono et des baraques de frites. Cette manif était prévue et « dirigée » par la coordination étudiante avec des objectifs et des revendications clairs. Et on se trouvait en face d’un concert, comme ceux que SOS Racisme avait pris l’habitude d’organiser tous les ans à l’époque. Personne n’avait jamais parlé de ce concert, et personne ne semblait l’avoir décidé et en plus ils bloquaient l’immense cortège !
Devant ça a commencer à huer parce qu’on était quand même pas venu pour ça. Mais ça restait calme … Jusqu’au moment ou la délégation de la coordination est revenue et a utilisé la sono du pseudo concert pour signaler que Monory refusait le retrait. A ce moment là ça a tourné à l’émeute. Face au double barrage des CRS et du podium et surtout du pseudo-SO « SOS Racisme » ça a commencé à franchement gronder très fort. Le « SO » a chargé plusieurs fois les manifestants pour les faire reculer, c’était en toute lettres dans les journaux du lendemain, j’ai encore un numéro d’ »actuel » mensuel socdem d’alors félicitant le SO pour sa bravoure à protéger les CRS. Comme le SO n’arrivait pas a contenir le mécontentement des étudiants et lycéens qui se mettait a ne plus piger grand-chose a ce qui se passait et ou était les gentils et les méchants. Les CRS se sont mis à charger aussi et à tirer des grenades. Les charges et contre charges ont duré deux heures et on a ramassé trois blessés graves dus aux tirs tendus et à bout presque portant des flics sur les manifestants.
Nous (les copains de la fac et moi, plus quelques autres) on a rien vu de tout ça. Au moment ou tout a commencé on était encore très loin des invalides. A l’époque pas de téléphone portable et on avait pas pris soin de se munir de radio. On ignorait tout de ce qui se passait en tête dans cette manif monstrueuse. Et pour tout dire on était complètement épuisés. Ca faisait 15 jours, qu’on passait des nuits presque blanches, qu’on se réunissait jusqu’à pas d’heure et surtout nous étions les seuls ou quasiment à aller manifester tous les jours, à faire le boulot de débrayage et tout, et tout. Je me souviens que mes pieds étaient pourris d’ampoules et que je n’en pouvais vraiment plus à la fin de la journée. Ce qui fait que au bout d’un moment où on avançait plus on a quitté le cortège pour aller manger et dormir. Vu d’où on était la manif était un immense succès et on était vraiment ravis, crevés, rincés mais ravis. On a appris les évènements de la nuit que le lendemain matin. Cela constitue une de mes grandes hontes, de n’avoir pas été là au moment ou il aurait fallu. :emb:
Sterd
 
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Message par zejarda » 22 Nov 2006, 13:28

a écrit :Ces voyages gratuits avaient plus ou moins été facilités par la bienveillance des syndicats cheminots, enfin, je m’en souviens comme ça. Je ne sais pas si je n’enjolive pas un peu.

Un peu. Il me semble que le voyage fut gratuit pour les voyaguers, mais payé par les comités de grèves et autre (partis, etc ..)
De ce que je me rappelle, les tractation avec la SNCF furent difficile. Il se peut que le nombre de présent dans les trains soit bien supérieur au nombre autorisé.
zejarda
 
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Message par zejarda » 22 Nov 2006, 13:39

Ma mémoire n'est pas aussi vive :(
Venant de province, nous fumes devant l'assemblé (ou plutôt sur l'esplanade des invalide). Petit à petit la tension est monté et l'ambiance devint "étrange". Des étudiants/lycéens qui courent dans tous les sens pour renvoyer les lacrimo/pavés sur les CRS.

Je me rappelle des tir de lacrymos, d'un siting pacifiste devant les CRS qui bloquaient l'accès à l'assemblé nationale et des canons a eau en réponse.

Je n'ai pas de souvenir du "SO" chargeant. J'ai du arriver après.

Il nous fut difficile de rejoindre Austerlitz pour renter, les stations du RER/métro étant fermé.
zejarda
 
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Message par Sterd » 22 Nov 2006, 14:52

Part aïllete

A partir de ce moment là. Le mouvement ne va plus du tout avoir la même allure. On passe sans transition d’une ambiance festive et bon enfant à une froide détermination. Les mines devenaient grave et les slogans plus radicaux. Les rapports avec les flics jusque là plutôt neutres, voire même cordiaux se sont tendus.
La journée du 5 est passée en une espèce de manifestation permanente dans le quartier latin. La rue était noire de monde qui hurlait des slogans. Les blessés de la veille avaient vraiment choqué. Je ne sais pas quels étaient les objectifs des flics pour charger une manif aussi nombreuse, mais le seul effet visible fut une radicalisation instantanée. Dans la tête de tout le monde il devenait évident qu’on ne s’arrêterait plus avant le retrait intégral de la loi. Et dans l’histoire toutes les manips des socdems de la veille, avec leur podium et leur SO sont passés à la trappe, si on avait pas gardé les journaux on aurait pu l’avoir rêvé. Je crois me souvenir que ça a gueulé à la coord, mais je n’en suis même pas sûr. Il faudrait voir avec les copains délégués d’alors.
Cette journée du 5 devient une journée de protestation improvisée. Le centre de Paris reste bloqué toute la journée et une partie de la nuit. Ce n’est pas franchement une manif comme on a l’habitude d’en voir. Mais plutôt des groupes allant d’une trentaine à un millier qui tantot occupent la chaussée, tantôt font un sitting. Dans l’ensemble c’est très calme, les « SO » ont disparu, la foule est livrée à elle-même. Mais il n’y a aucun incident, pas une vitrine cassée, rien.
Jusqu’au moment ou les flics se lâchent. On ne sait toujours pas pourquoi, mais vers minuit les voltigeurs sont lâchés dans les rues. Les voltigeurs c’était une unité spéciale des gardes mobiles ou des CRS qui utilisaient des motos de type trail avec un passager armé d’une longue matraque. Suite à ce qui c’est passé cette nuit là ils ont été dissous. Je crois qu’ils ne furent jamais utilisés que les 4 et 5 décembre. Ce sont eux qui ont tué Malik Oussekine, rue Monsieur le Prince. J’ai encore les boules, parce que la rue Monsieur le Prince j’y suis passé une demi heure avant la charge et que ça aurait pu tout aussi bien être moi. Tout ce que je peux dire c’est qu’une demi heure avant, il ne s’y passait rien. Les charges ont eu lieu sans aucune provocation. En revanche, les gens se sont défendus. Si je me souviens bien il y eu 50 blessés chez les flics. Un pote anar (j’en ai eu :hinhin: ) m’a expliqué comment à une dizaine ils avaient eu deux motos voltigeurs. Il leur avait suffit de lancer un manche a balai dans les roues et ensuite de les tabasser une fois qu’ils étaient tombé. Je ne sais pas si il se vantait ou pas. Mais des blessés, les flics en ont eu pas mal. Si ça se trouve c’est cette vulnérabilité qui les a fait disparaître.
Le 6 (un samedi) la détermination de la veille se mue en rage. Un appel est lancé pour le 10 et une autre manif improvisée est lancée dans l’après midi. Le gouvernement est dans une impasse totale. La sauvagerie des flics achève de mettre l’opinion de notre coté, surtout que le manque total de prétextes aux agressions des CRS est évident. On ne voit plus aucun flic le 6.
Chirac laisse passer le dimanche, et retire le projet le lundi, Devaquet démissionne dans la foulée. Le gouvernement capitule sans conditions.
Sterd
 
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Message par ianovka » 22 Nov 2006, 15:12

Merci Billie d'être à l'origine de ce fil, et merci aux copains de le rendre passionnant !

=D>
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Message par Jacquemart » 22 Nov 2006, 15:32

a écrit :Je crois me souvenir que ça a gueulé à la coord, mais je n’en suis même pas sûr. Il faudrait voir avec les copains délégués d’alors.

Pas vraiment. A la coord (qui si mes souvenirs me trahissent pas, avait lieu le samedi soir, en fait dans la nuit du samedi au dimanche), quelques camarades ont tenté de mettre les problèmes sur la table : pourquoi y avait-il un podium qui n'avait été décidé par personne ? Qui était ce SO qui avait cogné les manifestants en tête de manif ? Et aussi, détail que Sterd n'a pas mentionné mais qui est significatif, pourquoi alors que la coord précédente avait annoncé la manif à l'Assemblée, tous les journaux PS avaient dans la semaine donné comme destination les Invalides ?

Mais tout cela n'avait guère d'échos dans la coord, où la plupart des délgués étaient beaucoup plus préoccupés des bagarres d'appareils (dont ils faisaient partie), en particulier entre PC et PS. Et c'est aussi là que la coordination a voté un appel à la grève générale, qui n'était pas complètement bidon vu l'atmosphère générale dans le pays. En tout cas, Chirac a préféré faire marche arrière plutôt que voir si ça allait répondre...

Une chose importante : quelles qu'aient été les petites trahisons et les grandes manoeuvres des socialistes durant ce mouvement, nous n'avions guère de levier pour essayer de les mettre en porte à faux. Le bureau de la coordination nationale était plus à gauche que l'ensemble de ladite coordination, et celle-ci était elle-même plus politisée et plus à gauche que bien des assemblées de base. Du coup, on pouvait toujours dénoncer publiquement les manoeuvres, on n'avait guère de prise sur elles.

Le seul moment où on a pu un peu faire quelque chose a été dans les jours suivants, lorsque tout ce beau monde a imposé une série de manifs silencieuses alors que pas mal de jeunes avaient plutôt envie de crier leur victoire et leur colère contre les flics. Mais pour ce récit, je repasse le micro au camarade Sterd.
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Message par Billie » 22 Nov 2006, 16:13

(ianovka @ mercredi 22 novembre 2006 à 15:12 a écrit :Merci Billie d'être à l'origine de ce fil, et merci aux copains de le rendre passionnant !

=D>

Si j'ai d'autres bonnes idées comme ça, je vous en fait part :hinhin:


Allez, à vos plumes les copains, on attend tous de savoir comment ça s' termine c'tte histoire :bounce:
Billie
 
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Message par pelon » 22 Nov 2006, 16:16

Oui, un fil tres intéressant du genre que l'on aimerait trouver plus souvent comme dirait Thierry Rolland. Cette chronique a plusieurs mains du mouvement contre la loi Devaquet pourrait presque trouver un éditeur : il suffirait de rajouter les histoires de fesses de Sterd, Nazimh et Jacquemart et cela pourrait devenir un succes commercial. :hinhin:
pelon
 
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Message par Sterd » 22 Nov 2006, 16:22

Epilogue.

Suite au retrait le 8, on maintient malgré tout la manif du 10. Ce doit être la manif de la victoire. C’est pas tout les jours qu’un mouvement obtient une victoire aussi nette. Certes, il y a les blessés du 4 et la mort de Malik le 5. Mais on a gagné quand même.
C’est alors que va intervenir la seconde manip des soc dems. Avec les mêmes méthodes (gugusses logotés « SOS Racisme » et militants syndicaux) ils vont réussir à imposer le silence aux manifs. C’est fort, il faut avouer. Les manifs du 10 deviendront comme des immenses processions, ponctués de types sur les trottoirs faisant des « chut » réprobateurs au moindre slogan. La faculté qu’a eu la mouvance PS à faire ça est vraiment étonnante.
Du point de vue de la mobilisation le peu de cours de fac qui c’étaient réellement arrêtés ont repris dès la fin du discours de Chirac. Le 9 la plupart des lycéens avaient repris les cours. Un coup de chance que le 10 ait été un mercredi, sinon il y aurait eu encore moins de monde. La manif du 10 bien que nombreuse n’avait rien a voir avec ne serait ce que celle du 27. Le mouvement c’est donc bel et bien arrêté net dès le lendemain du retrait.
C’est sûrement con, mais ces histoires de manifs silencieuses ont fait qu’on avait presque l’impression d’avoir perdu, tout ça donnait une espèce de sentiment d’accablement. On a eu beau essayer de lancer des slogans, on nous a fait taire.
En plus, Mitterrand intervient le 9 pour dire qu’il est en phase avec le mouvement, ce qui lui permet de rafler la mise. Ce qui fait que de notre point de vue, celui de l’EG on a en plus l’impression d’avoir bossé pour ce salopard. Malgré la victoire éclatante tout ça laisse un sale goût. Je parle ici du point de vue de l’EG parce que du point de vue de l’étudiant ou du lycéen, le soutien de Mitterrand passe pour une légitimation a posteriori du mouvement, comme le coup des manifs silencieuses est aussi le reflet d’un sincère sentiment de deuil. Mais bon, on c’est fait gâcher notre victoire.

Le bilan est plutôt flatteur, c’est une des victoires les plus flagrantes et les manifs les plus massives depuis longtemps. Et ça change un peu l’ambiance, on a démontré qu’un gouvernement peut reculer et ça donne des idées à plein de gens, pour commencer aux cheminots qui démarrent juste après.
Pour nous autres qui avons autour de 20 ans c’est une immense leçon. Pour ma part ça faisait deux ans que je lisais des ouvrages marxistes que je discutais, que je faisais de la politique (ou plutôt que j’essayais) pendant ces deux semaines, j’ai plus appris et plus compris que j’aurai plus jamais pu le faire dans les livres. Des tas d’éléments jusqu’alors purement théoriques et restant au niveau intellectuel ont pris corps à ce moment là. Par exemple, le fait de faire partie d’une organisation composée de gens sur lesquels on peut faire confiance donne une force énorme et multiplie l’efficacité. Même si on ne se connaissait pas au début, et on a compté immédiatement les uns surs les autres. Ce n’est pas au moment ou ça bagarre qu’on doit penser à ces choses là. Cet aspect là m’est apparu comme une évidence à l’issue du mouvement. De même que la capacité d’un mouvement de masse de changer de configuration et de conscience presque d’heure en heure est franchement étonnante, la manière dont on sent la foule se raidir et se radicaliser aussi, etc. J’ai totalement foiré mon année universitaire (3 semaines de cours ratés ça pardonne pas), mais j’ai rencontré la femme de ma vie, alors l’un dans l’autre le bilan personnel est très positif.

J’en reviens pas que ça ait duré seulement deux semaines, sur le coup on aurait cru que ça avait duré 6 mois.

L’autre point marquant, c’est la capacité des appareils à manœuvrer sous notre nez. On a été franchement naïfs, mais on ne les a pas du tout vu venir et on n’a jamais été en position de pouvoir les contrer. Je prends le pari que si le mouvement avait été un peu plus profond ils n’auraient pas pu manœuvrer comme ça, mais je n’en suis pas sûr. Dans la mesure ou on misait sur une mobilisation qui restait malgré le nombre superficielle, il ne nous était pas possible d’opposer à leurs manœuvres une quelconque réponse. Comme dit Jacouille, les comités de grèves étaient plus radicaux que les assemblées, et la coord plus radicale que les comités. Ils jouaient donc sur du velours. Mais le mouvement a gagné malgré leurs magouilles. Mais si les flics n’avaient pas fait l’erreur de charger le 4 et le 5 on aurait pu tout aussi bien perdre.
Ca peut paraître paradoxal que je dise que la mobilisation était superficielle, mais c’était vraiment le cas. La plupart des cours ont eu lieu pendant ces deux semaines dans les facs, sauf peut être à Villetaneuse. La grande masse c’était les lycéens qui n’étaient pas intégrés à la coord étudiante. En réalité les comités de grève et la coord étaient représentatifs de la (grosse) poignée de gauchos qui faisait le boulot dans les facs. Et même si les trotskystes (LCR et LO) y étaient pas loin d’être majoritaires, cela ne reflétait pas et loin de là le sentiment des étudiants.


Voilà, je crois que j'ai fini. Si y'en a des qui veulent compléter ou corriger. C'est comme ils veulent.
Sterd
 
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