Le mouvement anti-Devaquet hiver 86

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par zeanticpe » 19 Nov 2006, 19:09

J'ai oublié un truc qui m'a marqué pendant ce mouvement.
je pense que ca a ete pareil dans le mouvement anti cpe.
Quand je discutais avant la grève, j'entendis "c est utopique, c est bien tes idees mais les gens bougeront pas". pendant le mouvement et surtout à la fin, les gens avaient changé. ils avaient un espoir pour autre chose. Ils etaient nombreux à devenir utopistes.
Le truc qui m'a fait chier c est Mitterand qui a ferme sa gueule pendant tout le mouvement. et qui a donné raison aux etudiants quand on avait deja gagne.
Le truc qui m'avait bien plu, c'est l'echo très sympa dans les boites quand on est allé les voir, très solidaires.
Un souvenir qui me revient aussi. Dans un IUT, des etudiants peu experimentes, mais qui en voulaient sont venus defendre la greve. Le directeur de l'IUT leur a ferme la porte momentanement et il a fait un speech sur leur avenir et le serieux de l'etablissement. les jeunes devoues sont intervenus seulement apres.
c etait trop tard. ils ont votés non.
zeanticpe
 
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Message par Sterd » 19 Nov 2006, 19:11

(Zelda @ dimanche 19 novembre 2006 à 18:44 a écrit : Continue Sterd ! :w00t: Je parie que t'étais à Villetaneuuuuuuuuuuse.
Non
Sterd
 
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Message par Sterd » 20 Nov 2006, 13:37

part tou.

Bon voila. Le 13 ou le 14 novembre suite a une nième AG convoquée par l'UNEF-ID. Villetaneuse se met en grève, comme ça sans prévenir. La représentante de l'UNEF-ID de Villetaneuse, Isabelle Thomas deviendra une des multiples portes paroles du mouvement.
A partir de Villetaneuse le mouvement embraye de proche en proche. Sur les facs parisiennes d'abord, puis en province. Le tout sous l'impulsion de l'UNEF-ID. Dans chaque fac est elu un groupe de délégués qui prend rendez vous à la Sorbonne pour le 22.
Le 22 novembre sont prévues de longue date les etats généraux de l'UNEF-ID, la réunion doit se tenir à la Sorbonne. En fait les Etats Généraux finissent par se transformer en une réunion des facs en mouvement. Bien que à cette date la seule fac totalement en grève reste Villetaneuse.
Cette réunion du 22 novembre prend le nom de Coordination Nationale, c'est à ma connaissance la première fois qu'on parlera de Coordination. Ces le 22 que David Assouline deviendra le porte parole, mais à égalité avec Isablle Thomas (qu'on verra même poser dans paris Match) et de Philippe Darriullat président de l'UNEFID.
Dans chaque facs les AG élisent un comité de grève, composé généralement de la frange la plus politisée. Mais grace à l'UNEF-ID, le mot "politique" est systématiquement hué, je me souviens de m'être fait élire au comité de grève de ma fac (le 23 je crois) et je n'ai pas pu dire que j'étais de LO, il a fallu qu'on le crie une fois parvenus à la tribune, sous une bronca assez étonnante. Le maitre mot c'était "apolitique" malgré le fait que absolument tous les représentants étaient politisés. Ceux qui insistaient le plus étant evidement ceux de l'UNEFID.
A partir du 22 le mouvement s'amplifie, avec comme objectif une manif nationale le 27
Sterd
 
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Message par zejarda » 20 Nov 2006, 14:24

a écrit :Isablle Thomas (qu'on verra même poser dans paris Match)

Et qui se fera débarquée par le mouvement pour avoir fait cela.

En province (Toulouse) le scénario fut a peu près le même. Je n'ai pas les dates en tête, mais je me rappelle que les militants de l'UNEF-ID ont ramé en octobre et novembre pour que le mouvement démarre.
Il a démarré subitement un lundi soir dans un amphi surchargé de Bio. En quelques jours,la fac de science était en grève.

Ce fut ma rencontre avec les "étranges personnages" qui s'obstinait a vendre un journal tous les lundi aux RU(restau Universitaire), le journal de LO.
zejarda
 
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Message par titi » 20 Nov 2006, 22:25

un truc marrant : au début du mouvement, je suis intervenu dans une ag, pour dire que nous venions de distribuer un tract et essayons de mobiliser

j'ai du dire "je vais en parler avec mes camarades, et on va venir vous rejoindre dans la grève"
dans le mot camarade, je parlais des éleves de ma fac

quand j'ai fini de parler, et rendu le micro, le type qui gérait le micro n'a eu qu'une seule chose à me dire en privé : "tu aurais pu éviter de dire 'camarade' "

étonnant, non ? :hinhin:
titi
 
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Message par com_71 » 20 Nov 2006, 23:14

Devaquet.

je me souviens que les lycéens étaient assez disponibles pour manifester, ce que les socialos ne leur proposaient pas (trop jeunes), ou alors essayaient de les emmener dans des coins pas possibles. Des camarades de LO, pas forcément lycéens, proposaient leur aide pour le déroulement de ces manifestations.

C'est ainsi qu'à Place d'Italie j'ai pu voir H. Désir avec un petit groupe autour de lui, essayer d'entraîner une manif vers les bds extérieurs, tandis que mes camarades proposaient d'aller dans l'autre sens (Hôtel de Ville). Ils ont gagné le mini bras de fer ce qui a fait sortir de ses gonds le gentil H. Désir qui nous a grossièrement menacé de nous "montrer ses couilles"...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par gipsy » 20 Nov 2006, 23:20

L'article de la LDC de l'époque est vraiment très bien d'ailleurs, sur ce mouvement anti-Devaquet. Une perle!
gipsy
 
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Message par Barnabé » 21 Nov 2006, 00:04

(gipsy @ lundi 20 novembre 2006 à 23:20 a écrit : L'article de la LDC de l'époque est vraiment très bien d'ailleurs, sur ce mouvement anti-Devaquet. Une perle!

Le voici

Le_mouvement_de_la_jeunesse_scolaire.doc
Barnabé
 
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Message par amanda » 21 Nov 2006, 00:15

Sterd est impressionant avec sa mémoire des dates et ses précisions. Moi je me souviens des AG à la fac de lettres d'Aix en Provence et de l'ambiance éléctrique qui y régnait (je crois n'être jamais autant allée à la fac qu'a cette période là :D ) des 1er manifs dans la même ville avec des parcours pas possible pour éviter les "fachos" de la fac de droit; on faisait le tour de la ville pour chercher les lycéens. Puis 2 ou 3 manifs sur Marseille, avec système D pour s'y rendre, encadrées par le SO de la CGT. Je n'étais pas politisée à l'époque, enfin pas impliquée hormis quelques manifs contre le rascisme, le FN qui commençait à faire son trou dans le coin, donc les manouvres des différents partis et syndicats étudiants m'ont échappé. Je me souviens par contre des mots d'ordre "apolitique" et je me souviens surtout du contenu de cette sale réforme: selection par le fric et sur dossier en fonction du "marché du travail, libre choix des diplômes, de la pédagogie...N'empêche qu'on lui a fait la peau :w00t:
amanda
 
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Message par Sterd » 21 Nov 2006, 10:59

("Amanda" a écrit : Sterd est impressionant


Je sais, je sais :sleep:





part tri:

A partir du 22 novembre, les facs se mettent presque toutes en grève. Il faut cependant modérer cette notion de grève. A part Villetaneuse, et peut être d'autres facs en province. La grève est assez loin d'être totale. A la fac ou j'étais la plupart des cours ont eu lieu. Une des tâches du matin consistait à aller faire débrayer les TD et les amphis et on a du faire ça du début à la fin, sauf les jours des grandes manifs (27 novembre et 4 décembre). Pour ma part tous mes cours ont eu lieu. Et d'autres personnes que je connais ont elles aussi perdu 3 ou 4 semaines de cours. Le blocage des facs du mouvement contre le CPE ça aurait été la bonne technique, mais je ne suis pas sûr que l'on en avait les moyens. La grève était menée par une minorité bruyante et active et vu de l'extérieur nous passions pour une des facs les plus actives dans le mouvement. J'en connais même un qui a réussi l'exploit d'être dans la seule fac parisienne qui soit restée en dehors du mouvement :hinhin:
Dès le début donc on se retrouve au comité de grève. sur 40 membres ceux qui n'étaient ni LOR( :hinhin: ), ni PS (UNEFID ex PCI), ni LCR/JCR et ni LO devaient être moins d'une dizaine. Sur toute la première partie, grosso modo les conflits n'ont pas été très marqués. La grosse différence était que nous zotes on faisait en sorte de débrayer les amphis et les TD et surtout d'aller chercher les lycéens, tandis que d'autres s'interrogeaient plutôt sur des histoires de mandats et de démocratie formelle. Je ne dirais pas qui est qui, vous les aurez probablement reconnus. Mais en gros ça allait dans le même sens.
Tout ça nous fait arriver au 27, échéance de la première manif. Et là Ô surprise, on se retrouve à 200.000 dans la rue. C'est un choc parce que franchement on ne s'attendait pas à ça. Tout le monde est venu, y compris les lycéens qu'on attendait pas.
La manif est bon enfant assez colorée, bruyante, seulement perturbée par quelques fachos, à l'époque les voyous ne s'invitent pas encore. Cette manif monstre se termine par un enorme sitting devant l'Assemblée. Le trajet jusqu'a l'Assemblée était prévu dès le départ. Toutes les autres manifs (sauf les dernières) auront naturellement l'Assemblée comme but.
A l'assemblée il y a des scènes cocasses où LePen (alors député) vient faire de la provoc de l'autre coté des grilles, alors que les manifestants sont juste derrière les grilles et lui hurlent dessus. J'ai des photos ou on voit l'assemblée complètement encerclée par des manifestants.
Cette manif du 27 fait prendre au mouvement une ampleur qu'il n'avait pas encore.
Evidemment le gouvernbement fait la sourde oreille. Monory et Devaquet (ministres de l'éducation et son sous ministre à l'enseignement supérieur) reçoivent malgré tout une délégation à l'issue de la manif, délégation composée de délégués de "la Coord" et de l'UNEFID. Délégation qui réclame le retrait inconditionnel du projet. Les ministres refusent.
La réunion de la coordination nationale réunie le soir même (à censier ou à jussieu) décide d'une nouvelle manif nationale pour la semaine d'après le jeudi 4 décembre. D'ici là il est décidé de renforver le mouvement et de continuer l'agitation.
Sterd
 
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