Autodestruction et dictature du prolétariat

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par redspirit » 14 Sep 2006, 16:28

a écrit :FONDEMENTS CRITIQUES D'UNE THÉORIE DE LA RÉVOLUTION,
Au-delà de l'affirmation du prolétariat


"Comment le prolétariat agissant strictement en tant que classe peut-il abolir les classes? est la question fondatrice de toute réflexion théorique. La lutte des chômeurs et précaires de l'hiver 1997-1998 en France, a défini le chômage et la précarité au coeur du travail salarié, sa potentielle caducité était devenu le contenu même de la lutte des classes. Cette lutte permet d'aborder la question comme une question pratique de notre horizon historique, comme cours et enjeu de la lutte de classes dans ce cycle de luttes. Une activité de classe peut aller au-delà des classes. Avec la restructuration maintenant achevée du mode de production capitaliste, le prolétariat produit tout son être, toute son existence, dans le capital, plus aucune confirmation d'une identité prolétarienne dans la reproduction du capital n'est possible. La contradiction entre les classes se situe au niveau de leur reproduction, ce qui définit la capacité pour le prolétariat d'abolir le capital, de s'abolir lui-même. Ce cycle de luttes est alors la résolution pratique des limites et des contradictions de toute l'histoire passée de la lutte de classe, c'est-à-dire du programmatisme : la révolution comme montée en puissance et affirmation du prolétariat s'érigeant en classe dominante, même pour se nier ensuite. Le démocratisme radical et l'alternative sont la formalisation de toutes les limites de ce cycle. Contenu de la contradiction entre les classes, la reproduction du capital est devenue la dynamique et la limite intrinsèque de la lutte du prolétariat. La disparition de l'identité ouvrière ne nous laisserait comme avenir que le capitalisme à visage humain, la critique du libéralisme, la prise en mains de notre travail, de notre environnement, l'activité citoyenne. La recherche d'une identité et d'un "programme prolétarien" face au capital ne fait qu'entériner sa reproduction dont les prolétaires pourraient avoir le contrôle par une organisation sociale dont ils seraient les maîtres. C'est alors la question de la relation entre les luttes actuelles et la révolution qui doit à nouveau être posée. Si la révolution et le communisme sont bien l'oeuvre d'une classe du mode de production capitaliste, il ne peut plus y avoir transcroissance entre le cours quotidien de la lutte de classe et la révolution, celle-ci est un dépassement produit dans le cours de la contradiction entre les classes, l'exploitation. La révolution communiste est communisation des rapports entre les individus qui se produisent comme immédiatement sociaux. Au-delà de l'affirmation du prolétariat, c'est toute la théorie du communisme qui est à reformuler contre les limites inhérentes à ce cycle de luttes que sont le démocratisme radical et les pratiques alternatives, mais aussi contre toutes les théories qui font leur deuil du programmatisme au nom d'un humanisme théorique, de la critique du travail pour lui-même, ou de celle de l'économie."

Théorie du Communisme, Roland Simon


La plupart d'entres-vous étant militants de LO ou de la LCR (ou simplement des marxistes "orthodoxes"), vous ne pouvez pas être d'accord avec ce texte en notamment à cause de ça :
a écrit :
Le démocratisme radical (=LO, LCR...) et l'alternative sont la formalisation de toutes les limites de ce cycle.


Mais surtout parce que le texte remet en cause la dictature du prolétariat. On pourrait s'attarder sur de nombreux points de ce texte mais ce qui a attiré mon attention est la question d'intorduction :

a écrit :Comment le prolétariat agissant strictement en tant que classe peut-il abolir les classes?


Face à la vision "communisatrice" du texte, le "démocratisme radical" oppose la dictature du prolétairiat. N'y a-t-il pas pourtant une contradiction à vouloir affirmer le prolétariat pour le détruire? Comment le prolétariat peut-il se nier tout en s'affirmant (dans le but de détruire le capitalisme)? La révolution ne devrait-elle pas plutôt être la destruction immédiate du travail salarié, de l'échange marchand, de toutes les classes (et donc du prolétariat) et aussi de toute médiation politique ???

Questions bonus : selon Marx, quels sont les signes permettant de définir la fin de la dictature du prolétariat (autrement dit le passage du socialisme au communisme) ? En quoi consisterait concrètement ce passage ?
redspirit
 
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Message par canardos » 14 Sep 2006, 16:43

a écrit :Le démocratisme radical (=LO, LCR...) et l'alternative sont la formalisation de toutes les limites de ce cycle.



:blink: :33: :dead:
canardos
 
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Message par Ottokar » 14 Sep 2006, 20:36

j'ai hésité entre aspirine et vieux rhum, mais les toubibs disant que l'aspirine peut provoquer des ulcères...
Ottokar
 
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Message par Sterd » 14 Sep 2006, 21:05

C'est parfaitement incompréhensible. Grammaticalement c'est correct, mais on n'en sort aucune idée. On dirait une parodies de certaines interventions du forum, on prend un maximum de vocabulaire marxoïde et on assemble le tout. Vu d'avion on dirait du vachement calé et du très profond, mais au final ce n'est qu'un sabir prétentieux et obscur. J'ai lu pas mal d'ouvrages théoriques, il m'en reste toujours à lire, mais même si quelque fois il faut relire deux ou trois fois certains passages, on finit toujours par comprendre. Mais des phrases comme "Contenu de la contradiction entre les classes, la reproduction du capital est devenue la dynamique et la limite intrinsèque de la lutte du prolétariat." Même à la cinquantième lecture, on ne voit ni ce que cela peut bien vouloir signifier, ni même à quel type de public l'auteur veut bien s'adresser.
C'était quoi la question ?
Sterd
 
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Message par Louis » 14 Sep 2006, 21:23

cela dit, c'est rempli d'erreur, d'approximation ou d'idées vieillie auquel on donne l'apparence du neuf :

a écrit :Avec la restructuration maintenant achevée du mode de production capitaliste, le prolétariat produit tout son être, toute son existence, dans le capital, plus aucune confirmation d'une identité prolétarienne dans la reproduction du capital n'est possible.

La seule "confirmation d'une identité prolétarienne dans la reproduction du capital" c'est la lutte de classe Dire que c'est impossible; c'est dire que la lutte de classe (qui est la seule chose qui produise une "identité prolétarienne" est impossible (ou vaine) C'est sur qu'aprés tout ça, la "communisation" a une autre gueule....
a écrit :Comment le prolétariat agissant strictement en tant que classe peut-il abolir les classes?

C'est justement le point de départ de la théorie de la "dictature du prolétariat" !
Louis
 
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Message par Crockette » 15 Sep 2006, 16:37

ce texte est de la redondance théorique...oui y en a qui ont un art, une qualité illimitée pour théoriser des pages et des pages pour à la fin ne quasiment rien dire.

Comme dirait Lavilliers certaines personnes ont un véritable "soleil" entre les oreilles.

"Si le prolétariat s'impose comme classe dominante il se niera ensuite" ça c'est de l'extrapolation, le prolétariat ne pourra jamais se nier en tant que classe par le seul fait que chaque individu qui compose cette classe aura un capital culturel et historique très dense, car le système scolaire actuel qui apprend aux enfants à reproduire les valeurs du capitalisme comme la compétition, le mérite, la soumission à la hierarchie scolaire, l'isolement des plus faibles, etc...etc..n'existera plus.

Une fois que tous les individus auront acquis ces connaissances fondamentales sur cette sorte de philosophie de la vie, il est clair que le concept de classe disparaitra de lui-même et non pas par la volonté unilatérale d'une organisation politique.
Crockette
 

Message par redspirit » 15 Sep 2006, 18:28

Ah ?......Je peux très bien concevoir que le texte produise un effet quelque peu caricatural mais ne nous braquons pas ! Car ma question est vraiment simple à comprendre. A la limite si le texte pose problèmes, on peut le mettre entre paranthèses.

Le but est ici d’étudier une critique de la dictature du prolétariat, non sous l’angle anarchiste (trop stéréotypé à mon avis : "dictature sur le prolétariat", "dictature du parti sur le prolétariat"…..) mais sous l’angle "communisateur". En effet, si il n’y a aucune contradiction à vouloir abolir à la fois les classes et le capitalisme, je trouve que la dictature du prolétariat crée justement une contradiction entre ces deux objectifs. En effet, d’un côté la dictature du prolétariat est nécessaire pour vaincre le capitalisme, de l’autre cette affirmation est contradictoire avec la volonté d’abolition des classes. Ma question était donc : Comment le prolétariat peut-il se nier tout en s'affirmant ? N'y a-t-il pas une contradiction entre vouloir affirmer le prolétariat et (pour ?) vouloir le détruire ?

Bon ensuite sur la phrase "Contenu de la contradiction entre les classes, la reproduction du capital est devenue la dynamique et la limite intrinsèque de la lutte du prolétariat.", je peux tenter une (petite) explication. D’abord définir ce qu’est la reproduction du capital : le processus de production capitaliste "reproduit" en permanence, c’est-à-dire assure ses propres conditions d’existences et de permanence : moyens de productions, force de travail……Marx résumait cela par la formule : "les résultats du procès d'ensemble de la production capitaliste sont en même temps ses présupposés". Il se trouve que cette reproduction du capital est aujourd’hui le contenu de la contradiction entre les classes. En effet, la contradiction entre le travail et le capital est l’exploitation. Or cette dernière se traduit par la fluidité de la reproduction du capital (sa capacité à se reproduire vite et bien). Ensuite cette reproduction du capital est devenue à la fois la dynamique de la lutte du prolétariat et sa limite. Sa dynamique car le prolétariat est en contradiction avec lui-même dans le cadre de la reproduction du capital : le capital reproduit le prolétariat (or le prolétariat veut la destruction du capital en tant que classe donc il est "contre" sa propre reproduction dans le cadre capitaliste). Ce dernier ne peut donc s’opposer au premier qu’en remettant en cause la cadre dans lequel il est reproduit : la reproduction du capital. Mais l’existence du prolétariat dans la reproduction du capital va aussi être la limite de la lutte du prolétariat puisque cela rend la situation plus compliquée.

Enfin un petit mot pour LouisCR. Je pense que l’auteur fait allusion à l’identité ouvrière par l’expression identité prolétarienne. Or celle-ci a été abolie par la restructuration du capital due à la crise des années 70. Cette restructuration a en effet dépassé la contradiction qui était le pilier de l’ancien cycle de lutte, à savoir : la situation conflictuelle qui existait avec d’un côté le développement d'une force de travail créée, reproduite et mise en oeuvre par le capital de façon collective et sociale, et, de l’autre les formes de l'appropriation par le capital de cette force de travail, que ce soit dans le processus de production immédiat (fordisme) ou dans le processus de reproduction de la force de travail (welfare). Cette situation se manifestait par l’identité ouvrière mais a été abolie par cette restructuration du capital. Cette destruction de l’identité ouvrière n’est que le reflet d’une croissance industrielle qui s’est essoufflée. L’apport de la lutte des classes est-il l’identité ouvrière ? Je ne crois pas……Pour Simon, la lutte des classes est la praxis. Mais lui ne voit pas la praxis comme le lien permanent entre l’analyse théorique et la vérification de la justesse de la théorie dans la pratique, mais comme une activité de classe (j’ai rien compris à ces explications là-dessus……faut dire que ses textes sont tous aussi limpides les uns que les autres :roll: ). Tout cela pour dire qu’il ne considère pas la lutte des classes vouée à l’echec.
redspirit
 
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Message par piter » 18 Sep 2006, 17:40

a écrit :N'y a-t-il pas pourtant une contradiction à vouloir affirmer le prolétariat pour le détruire? Comment le prolétariat peut-il se nier tout en s'affirmant (dans le but de détruire le capitalisme)?


soit dit en passant on ne peut concevoir la révolution hors d'une conception dialectique et donc contradictoire de l'évolution sociale. il y a bien contradiction mais c'est une contradiction dialectique (qui produit le mouvement, sa destruction et son dépassement) et non une contradiction logique (c'est la lutte des classe le moteur de l'histoire, pas la logique...).
Marx et bien conscient de la nature contradictoire du prolétariat et de la révolution prolétarienne, mais c'est le propre du socialisme petits-bourgeois de vouloir faire violence à la vie réelle pour à tout prix en gommer les contradictions, par exemple affirmer la possibilité de réconciliation entre les classes, d'un Etat au dessus des classes etc...

sur la question de la nature contradictoire du prolétariat et de sa révolution chez Marx il est intéressant de lire La sainte famille et, me semble-il, Misère de la Philosophie.
piter
 
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Message par Puig Antich » 29 Sep 2006, 14:49

S'affirmer pour s'abolir n'est pas contradictoire, c'est dialectique, c'est la vie. Derrière tout celà par contre il y à la question du travail, de son abolition : le caractére socialiste d'un régime se vérifie dans la réduction continue du temps de travail (engels) et dans le gommage progressif de l'aliénation, c'est à dire de la séparation entre activité humaine, effectuée librement, et travail, contraint.... C'est ça l'abolition, l' "autonégation", du prolétariat.

Mais est-il besoin de faire des phrases si compliquées pour dire celà ? Puis est-ce si nouveau ?
Puig Antich
 
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Message par Jacquemart » 29 Sep 2006, 15:58

Et le gars qui fait la vaisselle histoire d'en être débarassé et de pouvoir ensuite bouquiner tranquille, est-ce qu'il se nie en tant que lecteur pour s'affirmer en tant que plongeur, ou l'inverse ?

La question me taraude.
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