a écrit :FONDEMENTS CRITIQUES D'UNE THÉORIE DE LA RÉVOLUTION,
Au-delà de l'affirmation du prolétariat
"Comment le prolétariat agissant strictement en tant que classe peut-il abolir les classes? est la question fondatrice de toute réflexion théorique. La lutte des chômeurs et précaires de l'hiver 1997-1998 en France, a défini le chômage et la précarité au coeur du travail salarié, sa potentielle caducité était devenu le contenu même de la lutte des classes. Cette lutte permet d'aborder la question comme une question pratique de notre horizon historique, comme cours et enjeu de la lutte de classes dans ce cycle de luttes. Une activité de classe peut aller au-delà des classes. Avec la restructuration maintenant achevée du mode de production capitaliste, le prolétariat produit tout son être, toute son existence, dans le capital, plus aucune confirmation d'une identité prolétarienne dans la reproduction du capital n'est possible. La contradiction entre les classes se situe au niveau de leur reproduction, ce qui définit la capacité pour le prolétariat d'abolir le capital, de s'abolir lui-même. Ce cycle de luttes est alors la résolution pratique des limites et des contradictions de toute l'histoire passée de la lutte de classe, c'est-à-dire du programmatisme : la révolution comme montée en puissance et affirmation du prolétariat s'érigeant en classe dominante, même pour se nier ensuite. Le démocratisme radical et l'alternative sont la formalisation de toutes les limites de ce cycle. Contenu de la contradiction entre les classes, la reproduction du capital est devenue la dynamique et la limite intrinsèque de la lutte du prolétariat. La disparition de l'identité ouvrière ne nous laisserait comme avenir que le capitalisme à visage humain, la critique du libéralisme, la prise en mains de notre travail, de notre environnement, l'activité citoyenne. La recherche d'une identité et d'un "programme prolétarien" face au capital ne fait qu'entériner sa reproduction dont les prolétaires pourraient avoir le contrôle par une organisation sociale dont ils seraient les maîtres. C'est alors la question de la relation entre les luttes actuelles et la révolution qui doit à nouveau être posée. Si la révolution et le communisme sont bien l'oeuvre d'une classe du mode de production capitaliste, il ne peut plus y avoir transcroissance entre le cours quotidien de la lutte de classe et la révolution, celle-ci est un dépassement produit dans le cours de la contradiction entre les classes, l'exploitation. La révolution communiste est communisation des rapports entre les individus qui se produisent comme immédiatement sociaux. Au-delà de l'affirmation du prolétariat, c'est toute la théorie du communisme qui est à reformuler contre les limites inhérentes à ce cycle de luttes que sont le démocratisme radical et les pratiques alternatives, mais aussi contre toutes les théories qui font leur deuil du programmatisme au nom d'un humanisme théorique, de la critique du travail pour lui-même, ou de celle de l'économie."
Théorie du Communisme, Roland Simon
La plupart d'entres-vous étant militants de LO ou de la LCR (ou simplement des marxistes "orthodoxes"), vous ne pouvez pas être d'accord avec ce texte en notamment à cause de ça :
a écrit :
Le démocratisme radical (=LO, LCR...) et l'alternative sont la formalisation de toutes les limites de ce cycle.
Mais surtout parce que le texte remet en cause la dictature du prolétariat. On pourrait s'attarder sur de nombreux points de ce texte mais ce qui a attiré mon attention est la question d'intorduction :
a écrit :Comment le prolétariat agissant strictement en tant que classe peut-il abolir les classes?
Face à la vision "communisatrice" du texte, le "démocratisme radical" oppose la dictature du prolétairiat. N'y a-t-il pas pourtant une contradiction à vouloir affirmer le prolétariat pour le détruire? Comment le prolétariat peut-il se nier tout en s'affirmant (dans le but de détruire le capitalisme)? La révolution ne devrait-elle pas plutôt être la destruction immédiate du travail salarié, de l'échange marchand, de toutes les classes (et donc du prolétariat) et aussi de toute médiation politique ???
Questions bonus : selon Marx, quels sont les signes permettant de définir la fin de la dictature du prolétariat (autrement dit le passage du socialisme au communisme) ? En quoi consisterait concrètement ce passage ?