Il y a 60 ans - Hiroshima et Nagasaki

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par pelon » 15 Août 2005, 23:39

a écrit :
Il y a 60 ans - Hiroshima et Nagasaki

Il y a soixante ans, le monde a pris conscience de la formidable capacité de destruction des armes nucléaires. Depuis, cette prise de conscience fait partie de notre univers mental. La guerre atomique a plusieurs fois été présentée comme un risque imminent, au cours de la Guerre Froide. On en a parfois évoqué la possibilité lors des guerres de libération de peuples colonisés. C’est encore son spectre que les grandes puissances utilisent pour revendiquer le monopole nucléaire, parlant cyniquement de «non-prolifération de l’arme atomique».

Ces jours-ci, c’est le battage médiatique autour des capacités nucléaires, réelles ou supposées, de l’Iran. Ces quinze dernières années, le péril venait plutôt de la Corée du Nord. Avant, on avait montré du doigt l’Irak de Saddam Hussein, et bien d’autres États du Tiers Monde qui étaient dénoncés comme de potentiels fauteurs de guerre atomique.

Il n’empêche que jusqu’à présent les États-Unis sont les seuls à avoir réellement utilisé la bombe atomique, il y a soixante ans, à Hiroshima et Nagasaki. Et ce seul fait montre toute l’hypocrisie des dirigeants de la première puissance impérialiste mondiale quand ils dénoncent les «armes de destruction massive» de tel ou tel État du Tiers Monde.

Il n’empêche aussi que la France, dont le président Mitterrand fit couler le navire GreenPeace, le Rainbow Warrior parce qu’il aurait pu troubler ses essais nucléaires à Mururoa, et dont le successeur, Chirac, fit reprendre ces essais en 1995, est assez mal placée pour donner des leçons à l’Iran, ou à d’autres, sur ce sujet.

Le 6 août 1945, un bombardier américain larguait une seule bombe, mais une bombe atomique, sur la ville japonaise d’Hiroshima. En quelques secondes, cette ville industrielle était rasée. 150 000 personnes périrent. Le 9 août, une seconde bombe atomique était lancée sur Nagasaki, faisant plus de 70 000 morts.

La plupart des articles et les émissions de télévision qui commémorent le soixantième anniversaire de cette hécatombe expliquent que, si les dirigeants américains ont décidé d’utiliser la nouvelle arme atomique tout juste mise au point contre ces deux villes, c’était pour mettre plus vite fin à la guerre mondiale. C’est une contre-vérité.

Que la décision du président Truman d’utiliser l’arme atomique n’ait pas été prise pour des raisons militaires, c’est ce que confirme dans ses mémoires l’amiral Leahy, [B]chef d’état-major de Roosevelt puis de Truman: «L’utilisation à Hiroshima et Nagasaki de cette arme barbare ne nous a pas aidés à remporter la guerre (...) En étant le premier pays à utiliser la bombe atomique, nous avons adopté (...) la règle éthique de barbares.»

La puissance dévastatrice de la bombe atomique aida les dirigeants japonais à faire accepter à leur peuple une capitulation sans condition qu’ils avaient jusque-là refusée.

Mais, quoi qu’ils aient dit, ils étaient prêts à capituler dès mai-juin 1945, à la seule condition que les Alliés acceptent le maintien de l’empereur. Et de leur côté les États-Unis étaient prêts à faire cette concession. Un rapport du Département d’État avait souligné dès 1943 que le maintien de l’institution impériale serait un «facteur important en vue de l’établissement d’un gouvernement d’après-guerre stable et modéré».

Or il y avait un risque sérieux que l’appareil d’État japonais s’effondre à la suite de la capitulation, avant que les troupes américaines ne débarquent (elles étaient encore à 500 km), contrairement à l’Allemagne qui était totalement occupée, et donc sous contrôle, au moment de sa capitulation.

Mais les États-Unis poursuivaient d’autres objectifs que de hâter la capitulation du Japon. Comme tous leurs alliés, y compris l’URSS de Staline, ils étaient hantés par la crainte qu’une profonde révolte ne soulève les peuples, particulièrement ceux des puissances vaincues, contre la bourgeoisie et les dirigeants responsables de cette guerre qui avait causé tant de souffrances et d’horreurs.

Ils craignaient l’éclatement de troubles révolutionnaires semblables à ceux qui avaient marqué la fin de la Première Guerre mondiale. L’ordre social en avait été dangereusement déstabilisé. La Révolution russe avait ouvert une longue période d’instabilité, de mouvements révolutionnaires, d’insurrections et de guerres civiles, et de soulèvements contre l’impérialisme dans les pays pauvres ou colonisés.

A bien des égards le Japon ressemblait d’ailleurs à la Russie de 1917: des millions de paysans maintenus sous le joug d’une structure sociale arriérée, des classes dominantes pleines de morgue, un régime militariste et bureaucratique sur le point d’être vaincu, une classe ouvrière surexploitée mais moderne et très concentrée.

C’était déjà pour prévenir tout esprit de révolte chez les opprimés que les États-Unis et l’Angleterre avaient pratiqué les bombardements terroristes contre les villes allemandes et japonaises, dès que leurs avions avaient pu les atteindre. En février 1945 Dresde, ville sans intérêt militaire qui abritait des dizaines de milliers de réfugiés, avait été rasé. Il y aurait eu 135 000 morts, presque autant qu’à Hiroshima. Mais il avait fallu déployer plusieurs milliers de bombardiers et de chasseurs, lancer 650 000 bombes incendiaires et des dizaines de milliers de bombes classiques pour obtenir le même résultat qu’un seul avion porteur d’une bombe atomique de 4,5 tonnes.

L’utilisation de la bombe atomique fut une gigantesque et effrayante démonstration de force des États-Unis: à l’égard du peuple japonais d’abord, qu’il contraignit à accepter le maintien de l’empereur et de l’appareil d’État qui l’avait mené à la catastrophe; à l’égard de l’Union soviétique, alliée alors mais héritière lointaine de la Révolution russe; enfin à l’égard des travailleurs et des peuples opprimés du monde entier tentés de se révolter. A tous ceux-là, la menace de la terreur nucléaire devait inspirer le respect de l’ordre impérialiste.

Le feu nucléaire qui s’abattit sur Hiroshima et Nagasaki éclaire le vrai visage de la prétendue «croisade des démocraties contre le fascisme» qu’aurait été - pour les défenseurs des puissances capitalistes alliées - la Seconde Guerre mondiale.

Vincent GELAS

Lutte Ouvrière n°1932 du 12 août 2005
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Message par clavez » 16 Août 2005, 07:28

En lisant l'article, je me disais que les destructions spectaculaires d'Hiroshima et Nagasaki faisaient partie des causes de l'abscence de vague révolutionnaire apres 1945. Alors qu'on aurait pu attendre une telle vague révolutionnaire, analogue à celle de 1919.
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Message par pelon » 16 Août 2005, 08:49

(clavez @ mardi 16 août 2005 à 08:28 a écrit :En lisant l'article, je me disais que les destructions spectaculaires d'Hiroshima et Nagasaki faisaient partie des causes de l'abscence de vague révolutionnaire apres 1945. Alors qu'on aurait pu attendre une telle vague révolutionnaire, analogue à celle de 1919.

En tout cas, ces barbaries montrent de la part des Etats impérialistes vainqueurs la peur d'une vague révolutionnaire analogue à celle qui allait marquer la fin de la 1ère guerre mondiale. L'Etat américain dans ces 2 bombardements extermina 220 000 civils et préserva l'empereur. Et on continue à nous expliquer que c'était pour la démocratie que ces Etats combattaient !
Dresde est un autre exemple de ce combat pour la démocratie.
pelon
 
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Message par Crockette » 16 Août 2005, 21:58

ouais je me rendais pas compte de l'horreur d'une bombe atomique jusqu'au reportage sur France 2 (récent). Les détails font froids dans le dos, on s'imagine tous des milliers de morts mais morts vites.

Non c'est pas cela du tout, après un rayon de 1 km autour de la bombe, toutes les autres personnes sont mortes dans d'attroces souffrances. Je parle pas des gosses qui n'ont rien compris à ce qui leur arrivait et qui dans de nombreuses situations sont morts de soif ou asphixié par les incendies.

Oui les américains avait une solution pour mettre le japon à genou sans toucher aux gosses : lancer des bombes nucléaires mais sur la flotte japonaise puis ensuite faire un embargo avec l'aide de l'URSS.
Mais je pense que comme le laisse sous-entendre le reportage, les américains ont voulu faire un test grandeur nature de leur bombe, c'est tjs mieux que de la faire péter dans un désert car les "observations- interprétations- conclusions" de la sacro-sainte méthode scientifique étaient plus interéssants.

J'ai pas compris l'attitude des soldats japonais qui ont laissé les civils crever de soif alors qu'ils avaient de l'eau potable dans leur gourde.
Crockette
 

Message par logan » 23 Oct 2005, 09:16

a écrit :LE MONDE DIPLOMATIQUE | août 2005 |

Le jour où le monde a changé
Hiroshima, 6 août 1945


Par John Hersey
John Richard Hersey (1914-1993), journaliste à Time Magazine et au New Yorker. Auteur, entre autres, de A Bell for Adano (prix Pulitzer, 1945) et de Hiroshima (New York, 1946), d’où sont tirés les extraits publiés ici. Il a consacré sa vie à la lutte antinucléaire.

A 8 h 15 du matin, le 6 août 1945, le bombardier B-29 américain baptisé « Enola-Gay » et piloté par le commandant Paul Tibbets lâchait sur la ville japonaise de Hiroshima la première bombe atomique de l’histoire. C’était la fin de la seconde guerre mondiale, et le début de l’ère nucléaire. La bombe allait tuer, d’un coup, 100 000 personnes, et provoquer des formes inédites de souffrance humaine. L’Américain John Hersey fut l’un des premiers journalistes étrangers à se rendre sur place. Paru d’abord dans The New Yorker, son témoignage est considéré comme l’un des classiques du reportage de guerre.

Ce matin-là, avant 6 heures, il faisait si clair et si chaud déjà que la journée s’annonçait caniculaire. Quelques instants plus tard, une sirène retentit : la sonnerie d’une minute annonçait la présence d’avions ennemis, mais elle indiquait aussi, par sa brièveté, aux habitants de Hiroshima qu’il s’agissait d’un faible danger. Car chaque jour, à la même heure, quand l’avion météorologique américain s’approchait de la ville, la sirène retentissait.

Hiroshima avait la forme d’un ventilateur : la cité était construite sur six îles séparées par les sept fleuves de l’estuaire qui se ramifiaient vers l’extérieur à partir de la rivière Ota. Ses quartiers d’habitations et de commerces couvraient plus de six kilomètres carrés au centre du périmètre urbain. C’est là que résidaient les trois quarts des habitants. Divers programmes d’évacuation avaient considérablement réduit sa population. Celle-ci était passée de 380 000 âmes avant la guerre à quelque 245 000 personnes. Les usines et les quartiers résidentiels, ainsi que les faubourgs populaires, se situaient au-delà des limites de la ville. Au sud se trouvaient l’aéroport, les quais et le port sur la mer intérieure saupoudrée d’îles (1). Un rideau de montagnes fermait l’horizon sur les trois côtés restants du delta.

Le matin était redevenu calme, tranquille. On n’entendait aucun bruit d’avion. Alors, soudain, le ciel fut déchiré par un flash lumineux, jaune et brillant comme dix mille soleils (voir Comme dix mille soleils). Nul ne se souvient avoir entendu le moindre bruit à Hiroshima quand la bombe a éclaté. Mais un pêcheur qui se trouvait sur sa barque, près de Tsuzu, dans la mer Intérieure, vit l’éclair et entendit une explosion terrifiante. Il se trouvait à trente-deux kilomètres de Hiroshima et, selon lui, le bruit fut beaucoup plus assourdissant que lorsque les B-29 avaient bombardé la ville d’Iwakuni, située à seulement huit kilomètres.

Un nuage de poussière commença à s’élever au-dessus de la ville, noircissant le ciel comme une sorte de crépuscule. Des soldats sortirent d’une tranchée, du sang ruisselant de leurs têtes, de leurs poitrines et de leurs dos. Ils étaient silencieux et étourdis. C’était une vision de cauchemar. Leurs visages étaient complètement brûlés, leurs orbites vides, et le fluide de leurs yeux fondus coulait sur leurs joues. Ils devaient sans doute regarder vers le ciel au moment de l’explosion. Leurs bouches n’étaient plus que blessures enflées et couvertes de pus...

Des maisons étaient en feu. Et des gouttes d’eau de la taille d’une bille commencèrent à pleuvoir. C’étaient des gouttes d’humidité condensée qui tombaient du gigantesque champignon de fumée, de poussière et de fragments de fission qui s’élevait déjà plusieurs kilomètres au-dessus de Hiroshima. Les gouttes étaient trop grosses pour être normales. Quelqu’un se mit à crier : « Les Américains nous bombardent d’essence. Ils veulent nous brûler ! » Mais c’étaient des gouttes d’eau évidemment, et pendant qu’elles tombaient le vent se mit à souffler de plus en plus fort, peut-être en raison du formidable appel d’air provoqué par la ville embrasée. Des arbres immenses furent abattus ; d’autres, moins grands, furent déracinés et projetés dans les airs où tournoyaient, dans une sorte d’entonnoir d’ouragan fou, des restes épars de la cité : tuiles, portes, fenêtres, vêtements, tapis...

Sur les 245 000 habitants, près de 100 000 étaient morts ou avaient reçu des blessures mortelles à l’instant de l’explosion. Cent mille autres étaient blessés. Au moins 10 000 de ces blessés, qui pouvaient encore se déplacer, s’acheminèrent vers l’hôpital principal de la ville. Mais celui-ci n’était pas en état d’accueillir une telle invasion. Sur les 150 médecins de Hiroshima, 65 étaient morts sur le coup, tous les autres étaient blessés. Et sur les 1 780 infirmières, 1 654 avaient trouvé la mort ou étaient trop blessées pour pouvoir travailler. Les patients arrivaient en se traînant et s’installaient un peu partout. Ils étaient accroupis ou couchés à même le sol dans les salles d’attente, les couloirs, les laboratoires, les chambres, les escaliers, le porche d’entrée et sous la porte cochère, et dehors à perte de vue, dans les rues en ruines... Les moins atteints secouraient les mutilés.

Des familles entières aux visages défigurés s’aidaient les unes les autres. Quelques blessés pleuraient. La plupart vomissaient. Certains avaient les sourcils brûlés, et la peau pendait de leur visage et de leurs mains. D’autres, à cause de la douleur, avaient les bras levés comme s’ils soutenaient une charge avec leurs mains. Si on prenait un blessé par la main, la peau se détachait à grands morceaux, comme un gant...

Beaucoup étaient nus ou vêtus de haillons. Jaunes d’abord, les brûlures devenaient rouges, gonflées, et la peau se décollait. Puis elles se mettaient à suppurer et à exhaler une odeur nauséabonde. Sur quelques corps nus, les brûlures avaient dessiné la silhouette de leurs vêtements disparus. Sur la peau de certaines femmes – parce que le blanc reflétait la chaleur de la bombe, et le noir l’absorbait et la conduisait vers la peau –, on voyait le dessin des fleurs de leurs kimonos. Presque tous les blessés avançaient comme des somnambules, la tête dressée, en silence, le regard vide.

Des silhouettes humaines sur les murs
Toutes les victimes ayant subi des brûlures et les effets de l’impact avaient absorbé des radiations mortelles. Les rayons radioactifs détruisaient les cellules, provoquaient la dégénération de leur noyau et brisaient leurs membranes. Ceux qui n’étaient pas morts sur le coup, ni même blessés, tombaient très vite malades. Ils avaient des nausées, de violents maux de tête, des diarrhées, de la fièvre. Symptômes qui duraient plusieurs jours. La seconde phase commença dix ou quinze jours après la bombe. Les cheveux se mirent à tomber. Puis vinrent la diarrhée et une fièvre pouvant atteindre 41 degrés.

Vingt-cinq à trente jours après l’explosion survenaient les premiers désordres sanguins : les gencives saignaient, le nombre de globules blancs s’effondrait dramatiquement tandis qu’éclataient les vaisseaux de la peau et des muqueuses. La diminution des globules blancs réduisait la résistance aux infections ; la moindre blessure mettait des semaines à guérir ; les patients développaient des infections durables de la gorge et de la bouche. A la fin de la deuxième étape – si le patient avait survécu – apparaissait l’anémie, soit la baisse des globules rouges. Au cours de cette phase, beaucoup de malades mouraient d’infections dans la cavité pulmonaire.

Tous ceux qui s’étaient imposé un certain repos après l’explosion avaient moins de risques de tomber malades que ceux qui s’étaient montrés très actifs. Les cheveux gris tombaient rarement. Mais les systèmes de reproduction furent affectés durablement : les hommes devinrent stériles, toutes les femmes enceintes avortèrent, et toutes les femmes en âge de procréer constatèrent que leur cycle menstruel s’était arrêté...

Les premiers scientifiques japonais arrivés quelques semaines après l’explosion notèrent que le flash de la bombe avait décoloré le béton. A certains endroits, la bombe avait laissé des marques correspondant aux ombres des objets que son éclair avait illuminés. Par exemple, les experts avaient trouvé une ombre permanente projetée sur le toit de l’édifice de la chambre de commerce par la tour du même bâtiment. On découvrit aussi des silhouettes humaines sur des murs, comme des négatifs de photos. Au centre de l’explosion, sur le pont qui se situe près du Musée des sciences, un homme et sa charrette avaient été projetés sous la forme d’une ombre précise montrant que l’homme était sur le point de fouetter son cheval au moment où l’explosion les avait littéralement désintégrés...

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Message par com_71 » 23 Oct 2005, 10:38

(Crockette @ mardi 16 août 2005 à 22:58 a écrit : Oui les américains avait une solution pour mettre le japon à genoux sans toucher aux gosses : lancer des bombes nucléaires mais sur la flotte japonaise puis ensuite faire un embargo avec l'aide de l'URSS.
OK, l'état-major US n'a pas choisi la solution la plus économe en vies humaines. Ce n'est pas tellement sa raison d'être. Même limitée à des cibles adultes, l'explosion atomique aurait encore été une expression de la barbarie impérialiste.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Matrok » 23 Oct 2005, 11:28

a écrit :Oui les américains avait une solution pour mettre le japon à genou sans toucher aux gosses : lancer des bombes nucléaires mais sur la flotte japonaise puis ensuite faire un embargo avec l'aide de l'URSS.


Là je n'y crois pas du tout... Pour bombarder la flotte (ce qu'ils ont fait aussi naturellement) les américains n'avaient pas besoin de bombe atomique : une bombe atomique crée une explosion d'une puissance phénoménale dans une région assez limitée, mais demande un investissement technique et donc financier énorme pour être fabriquée. Ce que la bombe atomique a donc de particulier, c'est qu'elle est conçue pour raser une ville de la carte - une ville, c'est à dire naturellement aussi des civils dont des femmes et des enfants. Une bombe atomique ne choisit pas ses vitimes.

C'est d'ailleurs aussi pourquoi j'ai toujours de gros doutes lorsque j'entends des arguments du genre "il faudrait autoriser les petits pays à posséder l'armement nucléaire pour leur défense nationale contre les impérialistes". L'arme atomique n'a rien d'une arme défensive et n'a aucun intérêt en tant que telle. C'est vraiment l'arme des barbares. Tout au plus peut on prétendre qu'elle sert à maintenir un "équilibre de la terreur" entre les régimes qui la possèdent, mais c'est au prix d'un risque de guerre nucléaire... Tous ceux qui ont déja eu un pistolet chargé sur eux disent que lorsqu'on en a un c'est dans la ferme intention de s'en servir un jour.

a écrit :J'ai pas compris l'attitude des soldats japonais qui ont laissé les civils crever de soif alors qu'ils avaient de l'eau potable dans leur gourde.


La fin de la guerre côté japonais est rendue absolument atroce par la propagande qui poussait au sacrifice plutôt qu'a la défaite. Les soldats étaient les seuls à avoir littéralement le droit de survivre, pour mourrir au combat. Le reste de la population n'avait qu'à crever... L'épisode d'Okinawa est resté célèbre : dans cette petite île de l'archipel des Ryûkû, les femmes ont préféré assassiner leur gosses et se suicider plutôt que de laisser âme qui vive sur l'île avant l'arrivée des américains.

Pour se faire une idée de l'état du Japon à la fin de la guerre, lire "Gen d'Hiroshima", le manga de Keiji Nakazawa, chez Vertige Graphique.
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Message par com_71 » 23 Oct 2005, 13:26

Ce qu'à écrit à ce sujet JP Cannon, trotskyste américain.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Gora » 31 Oct 2005, 11:26

(Matrok @ dimanche 23 octobre 2005 à 13:28 a écrit : La fin de la guerre côté japonais est rendue absolument atroce par la propagande qui poussait au sacrifice plutôt qu'a la défaite. Les soldats étaient les seuls à avoir littéralement le droit de survivre, pour mourrir au combat. Le reste de la population n'avait qu'à crever... L'épisode d'Okinawa est resté célèbre : dans cette petite île de l'archipel des Ryûkû, les femmes ont préféré assassiner leur gosses et se suicider plutôt que de laisser âme qui vive sur l'île avant l'arrivée des américains.
Certes.

Mais de tels suicides collectifs ne sont pas propres au Japon (qui n'a d'ailleurs pas un taux de suicide tellement important). Quand des populations sont persuadées qu'un nouvel arrivant leur fera une vie atroce, violera les femmes et mettront les enfants en esclavage (ce qui s'est passé plus d'une fois pour de vrai), il y a eu de tels suicides collectifs.

Et puis il ne faut pas caricaturer. Si un soldat ne donne pas le contenu de sa gourde, c'est probablement parce qu'il pense risquer lui-même de mourir s'il n'a plus cette eau (et beaucoup sont effectiment morts). Quand on est environné de milliers de cadavres nus semi-brulés et semi-vivants, le contenu d'une gourde est complètement dérisoire.
On oublie d'autant plus facilement le mépris des autorités étatsunienne qui ont exterminé ces gens comme de la vermine.
Gora
 
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