a écrit :Pour faire court, car peut-être me répondras-tu que tu ne confondais pas, ce qu'on appelle le front populaire, c'est une alliance des directions des partis ouvriers (ici, Trotsky pense au PS et au PC, qui se sont ligués pour participer au gouvernement bourgeois, enfin plus exactement le PC n'y a pas participé mais y a soutenu le parti radical). Le gouvernement dit de front populaire de 1936, c'est à l'époque la première fois en France que des partis ouvriers, ici sociaux-démocrates et staliniens, participaient ou soutenaient activement un gouvernement bourgeois. C'est une collaboration de classe, dans laquelle les intérêts politiques généraux des ouvriers sont complètement bradés par les prétendus partis ouvriers, qui de fait se mettent à la remorque des intérêts bourgeois. Voilà, il s'agissait d'une trahison largement renouvelée depuis.
C'est un peu plus compliqué que cela:
Léon Trotsky explique dans : Fronts Populaires et Comités d'Action", en novembre 1935 :
Le Front populaire" est une alliance du prolétariat avec la bourgeoisie impérialiste représentée par le parti radical et d'autres débris, plus petits de la même espèce. Cette alliance s'étend au domaine parlementaire. Dans tous les domaines, le parti radical qui conserve, lui, sa liberté d'action, limite brutalement celle du prolétariat.
Il s'agit pour les partis ouvriers-bourgeois, traîtres depuis 1914 pour la Social-Démocratie, 1933 pour les partis qui se réclament de l'Interntionale Communiste, de freiner, de briser, de casser la vague révolutionnaire qui est en train de monter et dont la politique de Front Populaire est un symptôme.
Comment ?
En soumettant à un parti bourgeois ( ou petit-bourgeois) ou à un parti qui n'est que " l'ombre de la bourgeoisie" ( dans le cas de l'Espagne), les organisations ouvrières.
Le PC, le PS expliqueront que "Nous ne pouvons aller plus loin parce que notre allié, le Parti Radical ( qui a été de toutes les combines parlementaires depuis 1918) ne le supporterait pas". L'escroquerie est à double, voire triple détente : d'abord utiliser le prétexte de Parti Radical pour limiter, brimer les revendications ouvrières..., puis utiliser les travailleurs pour faire élire au Parlement ces Messieurs du Parti Radical, puis une fois au pouvoir expliquer que la nécessité de survie du gouvernement implique d'arrêter les débordements, les grèves, les manifestations. "Tout n'est pas possible ", expliquait Thorez aux grévistes de 1936 par exemple.
Que le PC ou le PS participe ou pas à ce gouvernement, n'est pas un critère déterminant, mais il a des conséquences importantes sur la tactique.
( sur ces questions, il y a la brochure de Léon Trotsky qui s'appelle "Où va la France" et le livre de Stéphane JUST "Fronts Populaires d'hier et d'aujourd'hui". Ces deux textes sont disponibles sur les archives MIA à
http://www.marxists.org/francais/trotsky/l...france/ovlf.htm et
http://www.marxists.org/francais/just/front_pop/index.htmLe Front Unique, l'expression vient des 3ème et 4ème Congrès de l'Internationale Communiste ( 1921 et 1922) . Les textes sont là :
http://www.marxists.org/francais/inter_com/1921/ic3.htm pour le 3ème Congrès et là
http://www.marxists.org/francais/inter_com/1922/ic4.htm pour le 4ème Congrès.
Le Front Unique est la politique qui vise à unifier la classe ouvrière, malgré ses divisions politiques principalement en une force de combat contre la bourgeoisie. Une des expressions du combat pour le Front Unique est la proposition de lutte commune entre tous les partis ouvriers, toutes les organisations ouvrières sur un point précis, chaque organisations conservant son entière liberté. On peut trouver de bons exemples de politique de front Unique dans la politique du Parti Communiste Allemand en 1922 et début 23.