(Patlotch a écrit :Sans entrer dans le vaste débat que la gauche italienne avec Bordiga a eu le mérite de pousser à ses limites avant que Camatte ne "quitte ce monde" invariablement, cette distinction entre parti historique et parti comme organisation est capitale, si j'ose dire, comme fut d'actualité, dans la période "programmatique" close depuis trente ans, celle entre "dictature du prolétariat" et "dictature du parti", comme représentant la classe.
Toute analyse, tout discours, toute stratégie, toute polémique... qui prennent pour les intérêts du prolétariat ceux d'une organisation, pour débat essentiel celui entre organisations, pour critère d'analyse historique ce qu'ont fait les organisations... en lieu et place d'une analyse de la contradiction capital-prolétariat du point de vue des prolétaires et de ce qu'ils ont fait, avec ou sans ladite organisation, jusqu'à justifier que le parti tire sur les ouvriers qui ne sont pas dans sa ligne quand ils se battent en fonction de leurs intérêts immédiats avec une certaine pertinence de fond... de telles analyses (le mot est excessif) ne peuvent pas se réclamer de l'héritage de Marx comme théoricien de la révolution communiste, mais seulement des organisations du mouvement ouvrier (ou prétendues telles) dans ce qu'elles ont cru bon de faire, au nom du prolétariat et du "marxisme", ou respectivement du "marxisme-léninisme" ou du "marxisme-révolutionnaire" ou de "l'ultra"... (on trouve toujours plus ultra que soi, c'est un sport militant, et comme chez Darty, si c'est moins cher, on rembourse) et de toutes étiquettes ayant existé ou qui seront créées (et dûment inventoriées pour le plus grand plaisir ego-révolutionnaire des militants dartystes).
Un critère décisif de l'intérêt d'un débat, c'est la place qu'y tiennent les considérations sur la contradiction capital-prolétariat dans les conditions actuelles, du point de vue prolétarien (et non partisan), et partant, l'analyse théorique des "conditions déterminées" dans lesquelles les révolutionnaires peuvent intervenir. Le reste, pour aussi concret et immédiat qu'il puisse apparaître, ne pourrait bien être, hors la situation d'une lutte particulière, que mauvaise littérature, c'est-à-dire littérature de parti au sens d'organisation, avec les interminables polémiques entre prétendants à la meilleure représentation de la classe, qui, pour l'essentiel, s'en fout, et qui, en ceci, a bien raison, car ce n'est pas ce qui détermine le cours quotidien de la lutte, ni son aboutissement.
N'est-ce pas un peu simpliste?