a écrit :Tu oublies que Marx raisonnait en dialecticien, et que c'est dans leur devenir, dans leur évolution que l'on peut considérer et trancher sur la nature d'une classe par exemple. Je maintiens que la révolution accomplie, la bourgeoisie ne disparait pas en tant que classe d'un coup de baguette magique ! Je suis même assez estomaquée que tu puisses penser l'inverse !
Je crois que le problême de compréhension entre nous vient de ce qu'on considère comme une classe sociale, comment on la définit. Pour moi, ce qui définit une classe c'est la position dans le rapport de production : propriété ET contrôle pour la bourgeoisie, vente de la force de travail pour le prolétariat. Si on est d'accords avec cette définition, penses tu qu'une fois la révolution accomplie, ce qui était la bourgeoisie gardera le contrôle du processus de production ? Pas pour moi en tout cas, ou alors nous ne donnons pas le même sens au mot révolution.
a écrit :Bon venons-en à la révolution ouvrière : On part d'une économie bourgeoise dernier cri, et, par la seule volonté politique, la classe ouvrière ambitionne de refondre toute l'économie, tous les rapports sociaux, en les bouleversant de fond en comble... Alors il ne s'agira pas par un décret d'abolir la classe bourgeoise. Il s'agira de l'exproprier dans ce qu'elle a tout d'abord de plus vital : ses moyens de production et de spéculation...
Tout à fait d'accords avec ça... Mais c'est justement là tout le problême : Si la révolution est en marche, c'est que la rupture qui fait passer de la lutte des classe en cadre capitaliste à la propriété collective des moyens de production par l'expropriation des patrons a été accompli, sinon on est encore dans la phase de lutte des classe. Cette expropriation, il faut la défendre... Mais encore une fois, l'Etat n'est pas indispensable à cela, et porte en germe la réaction puisqu'il représente le contrôle de la production par un groupe social, la bureaucratie, et non le prolétariat, devenu société.
a écrit :Et justement parce que je pense que Marx avait tout-à-fait raison de considérer l'économie à la racine, tant que l'économie n'est pas socialiste, le régime ouvrier a forcément encore des assises peu stables, et la bourgeoisie peut caresser le rêve d'un retour en arrière au capitalisme, sans être ridicule...
A l'inverse, il ne peut y avoir d'économie communiste, sans qu'il y ai proipriété commune ET CONTROLE effectif de la production, c'est à dire exercice du pouvoir par l'ensemble du prolétariat, alors devenu société au moyen des conseils ouvriers. Car la propriété n'a pas de sens sans le rapport de force qui permet un contrôle réel et une défense de cette propriété. En ce sens la propriét d'Etat n'est pas la propriété communiste, mais bien la propriété bureaucratique des moyens de production. Donc sans gestion directe de la société par les producteurs et productrices, il n'y a pas de communisme. Le rapport est bel et bien dialectiquement égal : Pour user une image "Qui est du bon côté du revolver, exerce la rélaité du pouvoir et donc possède le contrôle, c'est à dire la propriété réelle des moyens de production" Si tu me dis "ceci est à moi, mais que je possède le revolver, ton propos n'a pas d'existence matérielle car je peux menacer de te tuer ou te tuer, et donc c'est moi qui ai le contrôle de ce que tu pense être ta propriété). Donc le politique (pouvoir) conditionne autant l'économique que l'inverse. C'est la poule et l'oeuf.
a écrit :A Petrograd en 18 un groupe de garde-noirs anarchistes interpellent un provocateur blanc infiltré en leur sein. Qu'en faire? Le fusiller il n'en est pas question opposition à la peine de mort oblige. L'incarcérer, mais rétablir les prisons n'est-ce pas restaurer l'Etat? Le libérer, ce serait lâcher un renard dans un poulailler. Finalement ils le remirent aux bolcheviks "eux sauront bien quoi en faire" se dirent-ils. Ils auraient pu ajouter nous pourrons toujours les critiquer et les condammer ensuite. Toute la question est là.
Mouais, en admettant que cet exemple soit vrai, si tu regardes la politique de la makhnovtshina en Ukraine (fusiller les officiers blancs et laisser les soldats rejoindre les rangs de la milice sous contrôle des militants, fusiller les antisémites et les autres provocateurs blancs), cela nuance la "question" que tu évoque et la valeur d'exemple (rien à voir avec le raisonnement simpliste sur l'Etat évoqué).
a écrit :à construire quelque chose en-dehors de la propriété privée des moyens de production démontrant par là la validité du socialisme.
La propriété d'Etat des moyens de production est certes différente de la propriété capitaliste privé. Cela n'en fait pas une propriété communiste, ni même sociale ou socialiste de la production. Substituer la propriété et le contrôle bureaucratique de la production à la propriété privé (quand bien même ce contrôle bureucratque se ferais "au nom" du prolétariat, comme la démocratie bourgeoise se fait "au nom" du peuple), quelle avancée pour le prolétariat...
a écrit :
Les anars oublient une chose : les Bolchévicks eux -même ont dit que les mesures qu'ils prirent en Russie à leur corps défendant et pas par un gôut maladif du pouvoir étaient avant tout dictées par les conditions locales . c 'est vrai qu 'ils savaient qu'en un sens elles étaient largement anti démocratiques : ils l 'ont reconnu ( relisez -donTrotski et revoyez les débats qu 'ils eurent au sein du parti ) . Lénine à la fin de sa vie se rend compte que le parti est gangréné par la bureaucratie ( voir son fameux testament ) et relisez donc "le dernier combat de Lénine " de Moshe Lewin )
Il est possible de justifier par le contexte (quoi que je pense que ça ne justifie rien, puisqu'une tentative révolutionnaire sera toujours confronté à ces difficultés, alors, aux mêmes causes les mêmes effets ?), mais alors, au même situation les mêmes dérives. Reconnaître que ces mesure étaient anti-démocratiques (je parle de démocratie des producteurs et productrices), c'est une chose. Analyser les mécanismes structurelles qui ont conduit à cette dynamique, c'en est une autre. Certains camarades parlaient de la nécessité-partagée, d'analyser les raisons passée. Or, si les marxistes léninistes "trotskystes" analysent correctement les facteurs externes, ils sous estiment totalement les facteurs internes liés notamment à la dynamique du pouvoir, et à la prétention par les bolchevik de détenir "LA" vérité révolutionnaire.
a écrit :Enfin dernier point , pour bien te montrer que les Bolchéviks n 'étaient pas des tyrans sanguinaires : ce sont eux et eux principalement qui ont subi la répression bureaucratique : pratiquement tout le comité central bolchévik assassiné par le représentant de cette caste bureaucratique qui sur les bases de l 'expropriation de la bourgeoisie s 'est développée" : je veux parler de" Caïn Staline " comme le dénommaient les membres de l 'Opposition de gauche
Pas d'accords avec le "principalement"
Trotsky a lui-même soutenu, il me semble, la répression de l'opposition de gauche, notamment parce qu'il était partisan de la militarisation des syndicats, et considérait l'opposition de gauche comme porteuse de dérives anarchosyndicaliste. Celle-ci, d'ailleurs, n'a rien trouvé à redire à l'arrestation et la déportation, de même que l'assassinat de milliers de militants anarchistes, qui avaient précédé cette phase. Alors, les réveils tardifs et la position qui consiste à tout rejetter sur Staline, sont un peu facile. que celui-ci marque un saut indéniable dans la sauvagerie autoritaire, certes, mais il ne faudrait pas oublier la répression antérieur.
Evidemment, une fois le processus enclenché vis à vis des autres secteurs révolutionnaire, la machine n'allait pas s'arrêter en marche, et c'est là l'erreur fatale des bolcheviks, penser qu'ils et elles allaient être à l'abris de la machine qu'ils avaient eux-mêmes mis en route.
a écrit :je fais aussi une différence entre
- les bolchéviques qui, en 1917 en russie, ont demandé aux ouvriers de prendre les armes pour renverser la bourgeoisie
- les anarchistes qui, en 1936 en espagne, ont demandé aux ouvriers de rendre les armes et de les confier à la bourgeoisie
après ce genre de démonstration historique, les discours de ceux qui ont trahi, je m'en tape pas mal
Et bien, moi je fais une différence entre...
-les bolcheviks qui ont tiré sur le prolétariat à Petersbourg, Kronstadt, en Ukraine, qui ont déporté des milliers de militants révolutionnaire.
- certains anarchistes sui ont effectivement été, comme en Espagne, incapable de répondre aux enjeux du rapport de force mais n'ont jamais torturé, exécuté, déporté, de militant révolutionnaire et fait tirer sur le prolétariat. On peut accuser ces militants d'inconséquence, mais pas d'avoir tiré sur le prolétariat.
a écrit :Là, problème de raisonnement : soit les deux zozos accèdent au pouvoir en étant des traitres et dans ce cas, leur politique future ne prouve rien du tout sur le pouvoir. Soit ils arrivent au pouvoir les mieux intentionnés du monde et ils sont pris dans l’engrenage du « Pouvoir » et ne sont donc pas des traîtres… Dans tous les cas, si ton raisonnement est juste, ça ne fait que prouver l’impossibilité de se servir de l’Etat bourgeois, ça ne prouve rien sur une éventuelle dictature du prolétariat….
Effectivement, le terme traitre est mal choisi... Ils ont été structurellement pris dans l'engrenage du pouvoir. Pour ce qui est d'une éventuelle dictature du prolétariat, la conception qui la soutend c'est l'exercice du pouvoir par un groupe au nom du prolétariat, par l'intermédiaire de l'Etat, et non la gestion de la société par ce qui était le prolétariat et qui est devenu la société des productrices et producteurs.
a écrit :Si c’est effectivement le cas, alors il n’y a pas de dérive due au pouvoir, de détachement de vis-à-vis du prolétariat, mais la préexistence d’un groupe « pourri » et démagogue… Dans le cas contraire, ce n’est pas un coup d’état…
Il y a à mon avis une double dynamique... Une révolution sociale, la révolution des soviets... et la prise de pouvoir par un groupe qui prétend agir au nom de cette révolution... et qui donc est en situation de coup d'Etat. Je ne pense pas que l'intention des bolchevik à ce moment là était pourrie et démagogue, ils pensainet à mon avis sincèrement être les seuls légitimes à représenter le prolétariat révolutionnaire, de leur point de vue. Mais la prétention ne fait pas les faits, et un parti n'est pas le prolétariat. Par contre, je pense comme ils ont pris, croyant bien faire, le pouvoir, en tant que groupe, qu'ils ont pris le pouvoir d'Etat, ils ont fait un coup d'Etat. Je ne pense pas que la pratique des coups d'Etats se réduise à des groupes pourris et démagogue, je pense qu'il ai tout à fait probable que les acteurs de ces dynamiques pensent sincèrement faire le bonheur du prolétariat... Mais on ne libère personne à sa place, cette conviction est donc pour moi forcément fausse, car pour moi, en faisant ce choix, ils se substituent au prolétariat et se place donc dans la situation d'un appareil dirigeant remplaçant un autre appareil dirigeant, ce qui ne change rien à l'existence d'un rapport dirigeant/dirigé, dominant/dominé.
a écrit :
Une fois le prolétariat n’existe plus, une fois il a le contrôle des moyens de production. Ce qui fait que les développements ne sont pas très clairs (pour moi en tout cas)
Pardon, pour être clair, j'aurais du formuler, ce qui était le prolétariat et qui est devenu la société des productrices et producteurs.
a écrit :Des anars de cette période, notamment Pelloutier, étaient opposés à la création de la CGT, notamment parce que les fédérations d’industrie entraînent le corporatisme. D’ailleurs la CGT ne démarrera réellement qu’à la mort de Pelloutier
Il me semble, mais peut être me trompé-je, qu'ils étaient surtout opposé aux syndicats de corporation. La fédération d'industrie est justement une première étape vers l'unification de la classe, car elle regroupe les travailleuses et travailleurs sur la base d'une branche industrielle, un lieu de travail et non un statut. Après, si tel est le cas, je suis en désaccords avec une conception considérant les fédération d'industrie comme base du corporatisme, elle sont des outils d'action éfficace et ce sont la vitalité et la force des structures et dynamiques interpro qui permettent de l'éviter, notamment les bourses du travail. Après, Pouget, lui, il me semble, était convaincu de la nécessité de cette double articulation, porofessionnelle et interprofessionnelle.
a écrit :Ce que tu critiques, c’est le rôle du parti. Il me semble que les marxistes disent que la dictature du prolétariat, c’est la dictature « à l’extérieur » et la démocratie « à l’intérieur ». Et c’est sur l’organisation de la démocratie interne qu’est pour moi la distinction ultime entre anarchisme et bolchevisme.
C'est effectivement là que se fait la différence. Je ne pense pas qu'un parti puisse représenter le prolétariat, je ne pense pas qu'UN parti puisse détenir "la vérité", je pense que, comme le voulaient les marins de Kronstadt, la liberté d'expression, de presse doit être accordé à tous les couranst révolutionnaire, au prolétariat de faire son choix et de gérer la société au travers des conseils. Je ne pense pas qu'un ^parti ait légitimité à se poser comme la voix du prolétariat, seul celui-ci a la légitimité d choisir entre les orientations qui lui sont proposé, et ce à la condition que toutes les forces révolutionnaires puissent s'exprimer. (je ne parle pas des forces contre-révolutionnaires).