par Barnabé » 18 Juil 2004, 23:04
Bon, là dessus je crois qu'il ne faut pas tout confondre. Bien sûr l'humanité n'est pas divisée "naturellement" en communautés, peuples ou nationalité. Pourtant, indéniablement il existe aujourd'hui de telles communautés, à base nationale, religieuse, "ethnique" etc. . Ces communautés sont évidemment des constructions historiques, mais qui existent malgré tout. Etre internationaliste ce n'est pas nier l'existence de ces divisions, en particulier aussi de l'existence d'oppressions nationales, mais lutter pour une société qui en soit débarassée. Et la politique des communistes c'est bel et bien de lutter contre toutes ces divisions au sein des travailleurs (les prolétaires n'ont pas de patrie, ni d'ethnie etc.), cela ne les exonère pas de prendre en compte l'existence d'une question nationale dans les pays dominés par l'impérialisme, par exemple.
Maintenant sur la question juive en particulier. Y'a-t-il un "peuple juif"?
Ce qui est certain, c'est qu'historiquement il a existé une oppression spécifique contre les juifs. On peut pensé évidemment à la deuxième guerre mondiale, mais aussi à la "zone de résidence" de l'est de la Russie et les pogroms avant 14, sans remonter au moyen-âge. Et il faut reconnaître aussi que cette oppression ne s'appliquait pas qu'aux juifs pratiquants mais à une communauté assez indistincte de cultures, d'origines, linguistique etc, y compris à des "juif athés". Et évidemment cette communauté ne reposait pas sur des bases objectives, et a été sinon fabriquée du moins très largement favorisé à la fois par l'antisémitisme lui-même et par le nationalisme juif (et cette oppression n'existe pas partout, en particulier d'après ce que dit caupo, pas en amérique latine). Il n'empêche, il aurait été impossible d'être un militant marxiste révolutionnaire par exemple au début du siècle en pologne en faisant abstraction ou en niant l'oppression des juifs. Et cela ne veut pas dire des organisations séparées pour les travailleurs juifs, mais c'est un peu une autre question. On peut très bien être à la fois contre l'organisation des travailleurs en fonction de leur nationalité, refuser toute concession au nationalisme (ou à l'ethisme, ou au "peuplisme" (?)) sans nier l'existence d'une question nationale (c'était d'ailleurs en général cela la politique des bolchéviks dans une russie ou la question nationale, et celle aussi de l'antisémitisme, se posait de manière aigüe). Penser le contraire reviendrait pour prendre un autre exemple à penser qu'on n'a le choix qu'entre le communautarisme noire et arabe, et nier l'existence du racisme (qui ne repose pas non plus d'ailleurs sur une existence objective de "races").
Enfin, sur la question de l'attachement historique d'individus athés déscendant de juifs à une certaine judéité, y compris parmi les militants communistes. Je fais moi-même parti de ces militants qu'on pourrait dire d'origine juive. Pourtant je ne me dis jamais "juif", et je ne trouve pas très sain de mettre en avant ses "racines". Et cela n'oblige pas a contrario à renier une histoire familiale etc, simplement je ne réagit jamais "en tant que juif", et par exemple, si je suis solidaire des victimes de l'antisémitisme, c'est de la même manière que je suis solidaire de tous les opprimés. Cela ne signifie pas évidemment que tout ceux qui se disent juifs sont d'une manière ou d'une autre des nationalistes ou des communautaristes juifs, encore moins des religieux pratiquants.