Les rapports entre la LCR et LO

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Barnabé » 18 Fév 2008, 12:30

Certes les tendances opportunistes de la ligue vis-à-vis de ce qu'on appelle aujourd'hui la "gauche de la gauche" existent. Mais elles ne sont pas nouvelles. Sont-elle plus prononcées aujourd'hui qu'à l'époque où la ligue étaient à la remorque des courants tiers-mondistes (tito, castro, le fln etc.), ou qu'à l'époque où elle avait décidé de se dissoudre "sui generis" dans le PC?
Pour en revenir au post initial de ce fil, notre courant avait affiché de manière volontariste la perspective que non seulement vis-à-vis de la ligue (ou de ses ancêtres), mais de l'ensemble du mouvement trotskyste, il s'agissait de se considérer et de se comporter comme des fraction d'un même et futur parti. La brochure de 83 rappelée par com n'en est qu'une des nombreuses expressions. Et le moins que l'on puisse dire c'est que depuis en gros 86 et les dernières tentatives sérieuses en ce sens (cellules communes avec la ligue et discussion de la participation au SU comme section sympathisante d'un côté, échange militants avec les morénistes en Amérique Latine de l'autre), cette perspective n'est plus vraiment mise en avant (quoique l'expression "fractions d'un futur parti" soit revenue le temps de la campagne commune aux européennes en 99).
Et je n'ai jamais lu ou entendu d'explication convaincante à ce sujet. A-t-on fait le constat que cette perspective était fausse? Considère-t-on que l'on a plus rien, ou en tous cas plus la même chose à attendre du mouvement trotskyste? Est-ce ce mouvement trotskyste qui a faillit?
En tous cas le changement d'attitude semble claire entre par exemple:
(reconstruire la Quatrième Internationale @ LdC novembre 1975 a écrit :
  Mis à part les groupes qui ont résolu une fois pour toutes leurs problèmes en refusant aux autres jusqu’au droit de se réclamer du trotskysme et qui proclament avec quiétude que le mouvement trotskyste n’est pas éparpillé puisqu’ils sont les seuls trotskystes, la plupart des organisations ne peuvent pas ne pas reconnaître que le seul émiettement du courant trotskyste pose un problème en lui-même, et qu’il pose en même temps le problème d’une direction internationale.
(...)
  Pour notre part, nous considérons que les divergences entre les différents composants du courant trotskyste ne sont pas graves au point qu’il leur soit impossible de coopérer dans un cadre international. Ce cadre devrait leur permettre de confronter loyalement leur point de vue sur toutes les questions importantes qui divisent le mouvement trotskyste, comme par exemple l’appréciation des mouvements d’émancipationnationale dans les pays sous-développés, l’analyse de la nature de classe des Démocraties Populaires, de Cuba, de la Chine, comme l’analyse des causes de l’échec de la IVe Internationale après la mort de Trotsky, etc., sans parler évidemment des événements politiques en cours.

et ce que l'on pouvait lire lors du dernier congrès:
(le parti que veut la LCR @ LdC décembre 2007-janvier 2008 a écrit :
Voilà pourquoi nous tenons à nous dire et à ce que tous nos militants se sachent trotskystes autant que léninistes et marxistes.
Bien sûr, on peut se dire ou se croire tels et ne pas l’être ! C’est d’ailleurs le cas des groupes de la IVe Internationale depuis un peu plus de soixante cinq ans,, une période qui semble cependant se terminer avec l’abandon affiché de ces conceptions. Mais nous, nous souhaitons faire survivre ces idées et le parti que nous voulons créer a, entre autres, pour but de les entretenir et de les faire revivre et non de les recouvrir du suaire de l’oubli.
Barnabé
 
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Message par redsamourai » 18 Fév 2008, 13:18

"changement d'attitude" qui n'a que peu de sens si on ne compare pas non plus les idées défendues par les groupes liés au SU entre les années 60 et les années 90...

je pense qu'on verrait que même si on peut penser que les camarades du SU à l'époque ne défendait pas une ligne proprement marxiste-léniniste, ils se situaient largement plus sur le terrain de la défense des idées communistes qu'aujourd'hui!! :sleep:
redsamourai
 
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Message par Gaby » 18 Fév 2008, 13:21

(Zelda @ lundi 18 février 2008 à 12:29 a écrit : Je crois que les camarades de la LCR n'appliquent pas en politique (avec leur propre direction) ce qu'ils appliquent tout le reste du temps. Pourquoi accorder moins de crédit à la direction du parti que tu as choisi(e) qu'à un inconnu comme un chauffeur de bus, un chauffeur de train, un pilote d'avion ? Même si ce sont par ailleurs de respectables membres du prolétariat, on leur confie notre vie, le coeur léger, avec une inconscience folle quand on y songe. :roll:
L'image est parlante, mais en gros, le camarade de la Ligue voulait discuter du fond de la politique de LO, s'étonnait qu'il n'y ait pas une opposition aux nouvelles tactiques tant elle le surprend, et toi tu réponds par les raisons générales de la discipline organisationnelle. Une vérité générale, incontestable, qui comme tu dis, fait le quotidien de chaque personne en société. C'est assez peu circonstancié. Au fond, cet argument sur la confiance est valable de tout temps dans toutes les situations. Pourtant l'histoire est pleine d'exemples (disons pas seulement chez les communistes) de dirigeants au bilan remarquable qui ont pu mener ensuite des visées erronées. Il ne faut pas s'empêcher de discuter avec des géants sous prétexte que nous sommes des nains, parce que c'est précisément ainsi que l'on cesse de progresser. Même les personnages les plus influents ont été parfois mis en minorité, alors ce n'est pas possible de répondre par des principes peu précis.
Gaby
 
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Message par Gaby » 18 Fév 2008, 13:33

(Zelda @ lundi 18 février 2008 à 13:27 a écrit : Donc même en étant une vieille bête un peu parano comme moi, :ph34r: , je reste dans le bus LO, (qui a dit la navette LO ?) et j'ai hâte d'arriver à destination d'ailleurs. :hinhin:
Tu peux discuter du chemin, après tout la direction collective n'est pas pour un communiste le fait des spécialistes de la technique :w00t2:
Enfin bref, je ne parlais pas de trahison... mais ton image de la confiance en la direction du chauffeur me semble fausse, parceque dans l'histoire du parti bolchevik par exemple (pour le meilleur et pour le pire, même avant la révolution russe), le chauffeur a changé plusieurs fois. Pas la peine de descendre forcément du véhicule.

C'est marrant de causer comme ça, on dirait une fable.
Gaby
 
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Message par Vérié » 18 Fév 2008, 14:17

(Zelda @ lundi 18 février 2008 à 13:35 a écrit : Oui, c'est marrant. Les métaphores. Mais souvent, je les file, je les file, et pis ça tombe complètement à plat. :hinhin:

Faut pas abuser, pas même des bonnes choses. C'est la morale de la fable du jour. Rompez. :hinhin:
Au delà des métaphores, Zelda, ça fait plusieurs fois que tu nous sors le coup de la confiance. Tu as confiance, et je ne doute pas de ta sincérité, même si ta façon de le répeter, parfois hors de propos, , permet de se poser des questions... Tu as donc confiance, je ne dirais pas tant mieux pour toi, mais c'est sans doute très confortable. Inutile de se creuser les méninges, et on ne risque pas les conflits.

Quoi qu'il en soit, dans la vie, il y a effectivement des situations où l'on doit faire confiance, car on n'a pas le choix, même quand on monte dans un vieil avion pourri, en Afrique ou en Amérique du sud, piloté par type qui a du se faire virer par une demi-douzaine de compagnies avant d'atterrir là. (Je sais, ça m'est arrivé et on n'est pas rassuré, mais on a pas le choix.) Mais, en règle générale, on sait que les pilotes (ou les chauffeurs de taxi) sont plutot compétents et que les accidents sont très rares/

Dans la vie politique, c'est tout de meme un peu et meme très différent. Il y a évidemment des situations où on doit faire confiance, par exemple dans la clandestinité, la lutte armée etc Ou meme dans un groupe de SO parce qu'on ne peut pas changer de respnsable au milieu de l'action. Mais, par temps calme, dans une situation démocratique, on ne voit pas l'intéret de fonctionner ainsi à la confiance. Et la confiance, ça se gagne, ça ne s'impose pas. Le culte de la confiance, c'est plutot dangereux.

Alors, en ce qui concerne la direction de LO, elle a gagné ma confiance sur plusieurs points. Je sais qu'elle a acquis une grande expérience dans l'intervention dans les entreprises, les syndicats, la mise en place de comités de grèves. Un vrai savoir faire acquis sur le terrain pendant des dizaines d'années. Alors, si j'avais un doute au cours d'une lutte, je serais tenté de fazire confiance en effet. J'ai confiance aussi dans certaines techniques d'organisation. Par exemple, la fête, c'est absolument impeccable. Ce sont des domaines dans lesquelles la direction de LO a fait ses preuves.

Jusqu'à ces derniers mois, j'avais aussi une certaine confiance dans la capacité de LO de défendre des positions de classe, une indépendance de classe, contre vents, marées et modes. Et puis, patatras, les municipales ! Et là, la confiance s'effondre.

Sur d'autres points enfin, théoriques par exemple, comme la question de l'URSS et de la Russie, alors-là je n'ai jamais eu aucune confiance, et je ne vois pas pourquoi j'aurais confiance, car la direction de LO n'a strictement rien prouvé. Alors que le chauffeur de taxi, lui, a prouvé qu'il pouvait parcourir des millions de kilomètres sans tuer ses clients.

Enfin, d'une manière générale, si c'est la confiance - un sentiment très subjectif - qui doit guider l'attitude des militants dans les débats politiques, pourquoi se donner tant de mal pour les former ? Il me semble au contraire que la formation doit être un rampart contre le suivisme et la confiance excessive, sinon aveugle.
Vérié
 
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Message par com_71 » 18 Fév 2008, 14:43

(Gaby @ lundi 18 février 2008 à 13:21 a écrit : Il ne faut pas s'empêcher de discuter avec des géants sous prétexte que nous sommes des nains

C'est une recette pour perdre son temps ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 18 Fév 2008, 15:04

(Zelda @ lundi 18 février 2008 à 14:49 a écrit : Certains perdent confiance aux premières secousses, d'autres à la simple annonce d'éventuelles secousses avec nos camarades d'extrême-gauche ? Permets-moi d'en sourire et d'estimer que tes priorités ne sont pas les miennes. Ce qui, me semble-t-il te fait légèrement paniquer, c'est de voir des copains d'extrême-gauche tordre le nez ?

Voilà ce que je pense. Je sais, tu vas encore me dire que c'est louche. Normal, on n'est pas d'accord.



(Vérié a écrit :
Enfin, d'une manière générale, si c'est la confiance - un sentiment très subjectif - qui doit guider l'attitude des militants dans les débats politiques, pourquoi se donner tant de mal pour les former ? Il me semble au contraire que la formation doit être un rampart contre le suivisme et la confiance excessive, sinon aveugle.


Il ne te vient pas à l'idée que la confiance naît naturellement du sérieux avec lequel on t'a formé ? Pourquoi et comment peux-tu opposer les deux, sauf à discuter scholastique ? C'est toi qui accole automatiquement "aveugle" derrière confiance.

Tu sembles capable de partitionner ta confiance comme on partitionne un disque dur, comme on distribue des images pour telle BA, et comme on les garde dans sa poche pour d'autres sujets. J'avoue, je ne suis pas comme toi, et j'ai tendance, sans être totalement manichéenne, à penser qu'une organisation qui mérite ma confiance se doit de me convaincre d'une certaine cohérence.

Bon enfin, j'arrête là, parce que je vais bientôt me faire traiter de curetonne, et ça m'agacera.
a écrit :Certains perdent confiance aux premières secousses

Ca, ça me rappelle les cathos qui s'inquiètent de perdre la foi...


a écrit :Tu sembles capable de partitionner ta confiance comme on partitionne un disque dur,


Ben oui, ce n'est pas tout ou rien. C'est l'expérience qui incite à la confiance. Sur ce plan, les exemples du pilote et du chauffeur de taxi sont excellents. J'ai confiance dans le chauffeur de taxi pour conduire sa voiture, mais, s'il devait prebdre les commandes d'un Airbus, je m'inquiéterais, meme s'il m'affirmait qu'il en est capable. Idem pour un toubib : il y a des spécialités. Je fais confiance à un orthopédiste pour certains soins et à un cancérologue pour d'autres soins.

Donc, sur certains points, j'ai une confiance (prudente) dans la direction de LO, parce que j'ai pu vérifier sa compétence. Sur d'autres, pas du tout. Soit parce que je n'ai jamais eu l'occasion de vérifier sa compétence, soit parce que je pense carrément que cette direction s'est plantée ou se plante. Et sur certains autres points, je suis mitigé. C'est comme ça.

En dépit de toutes mes divergences avec LO, je pensais pas que LO pourrait prendre un virage pareil, aussi brutalement. Si on m'avait posé la question avant, j'aurais répondu : "Non, sur ce plan-là, je leur fais confiance. Ils ont une solide tradition d'indépendance de classe par rapport à la gauche bourgeoise." Et je me serais planté.

Néanmoins, je ne dis pas pour autant que tout est foutu à LO. Tu vois, ce n'est pas confiance totale ou rejet absolu. C'est plus compliqué.
Vérié
 
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