par Friedrich » 10 Juil 2003, 18:31
CITATION (vilenne @ jeudi 10 juillet 2003, 16:20)On ne lit manifestement pas la même chose :
"Le bureaucratisme versus démocratisme, c'est bien le centralisme versus autonomisme". + "Ce dernier* tend à s'élever de la base au sommet, et c'est pourquoi il défend partout où il est possible, et autant qu'il est possible, l'autonomisme, le « démocratisme » qui va (chez ceux qui font du zèle à l'excès) jusqu'à l'anarchisme."
Moi, je lis exactement le contraire de ce que tu dis. centralisme = bureaucratisme, je pensais que cela répondais à la question de Rojo. Maintenant, si nous n'arrivons pas à lire la même chose, me faudrait ptêt des lunettes.[/quote]
* ce dernier = l'opportunisme.
Je vais tenter d'être clair.
1/ bien sur que Lénine et Trotsky ne sont pas infaillibles.
2/ le fait que ca dépende principalement de 2 hommes témoigne effectivement de la faiblesse du Parti à cette période.
3/ Sur la citation en question, elle concentre ce que visiblement tu ne comprends pas chez Lénine (ou la position avec laquelle tu n'es pas d'accord), je résume :
Tu crois que le prolétariat est révolutionnaire ? Or c'est faux, il n'est pas révolutionnaire. Ca t'en bouche un coin pas vrai ? Mais réfléchis-y bien. Par sa place dans la société, le prolétariat (la base) a tout intérêt à la révolution (toi tu en es conscient mais pas lui) mais le prolétariat (réel dirais-je) lui est perclus de préjugés bourgeois. Sort dehors fait un micro-trottoir et demande : êtes-vous pour ou contre la révolution prolétarienne ? Et tu sais très bien ce qui va t'être répondu en grande majorité.
Les opportunistes de tout poil se sont toujours appuyé sur ces tendances bourgeoises majoritaires dans le prolétariat. Que fait hollande si ce n'est caresser dans le sens du poil tous les prolos (et les PB) qui pensent que la révolution est impossible ? Pour les abrutir, les laisser dans leurs préjugés bourgeois dont il est lui-même perclus ?
Par contre, le prolétariat produit toujours une fraction d'éléments conscients qui affirment la révolution et oeuvrent pour la révolution. Ces révolutionnaires ont tout intérêt à se regrouper, à s'organiser, à se centraliser entre révolutionnaires pour être efficace. (Ne me fait pas dire ce que j'ai pas dit, ils doivent être en contact permanent avec toutes les couches du prolétariat pour faire le contraire de ce que fait Hollande, et le parti révolutionnaire vise à être un parti de masse)
Ceux qui défendent les thèses autonomistes pour le parti révolutionnaire sont toujours les opportunistes (les réformateurs du PC sont de cette veine par exemple). La tactique des opportunistes (des conciliateurs avec la bourgeoisie) s'est de diluer les révolutionnaires pour liquider le parti révolutionnaire en tant que parti révolutionnaire, pour le transformer en parti opportuniste. Ceux qui opposent la démocratie formelle (c'est à dire la démocratie -sans principe révolutionnaire prolétarien- la démocratie pour elle-même parce que c'est beau et idéal) à la centralisation (accusée de bureaucratisme) sont ceux qui ne veulent pas de parti révolutionnaire.
En période révolutionnaire, la vapeur s'inverse. Très très rapidement, la conscience prolétarienne fait des bonds et avec l'aide du parti se sépare des partis opportunistes. Mais d'abord et avant tout parce que le parti révolutionnaire c'est lui-même séparé de ses tendances opportunistes.
Revenons à notre parti bolchévique de 1924. fin de la montée révolutionnaire en Russie et en Europe et même c'est la contre-revolution en marche. Les masses ayant refluées , toute la pression s'exerce sur le parti bolchévique. Si il avait été bati sur des bases autonomistes, il aurait volé en éclat, scissionné, des franges entières localement corrompues (c'était déjà le cas note le bien) et jamais les authentiques révolutionnaires n'auraient eu l'occasion de se regrouper centralement pour combattre la dérive du parti.
Contrairement à ce que tu crois, le parti bolchévique ne s'est pas corrompu du haut vers le bas mais de bas en haut. C'est à la base que le parti s'est corrompu dans la cohorte des petits chefs, des ex-militaires.
Les dirigeants du parti n'ont failli (Staline, Zinoviev, boukharine, etc.) que dans le sens où ils ne se sont pas opposé à la dérive bureaucratique du parti dans son ensemble. Staline ne prend le pouvoir que parce qu'il a senti qu'il pouvait s'appuyer sur une base vérolée déjà solidement implantées à la base du parti. Staline s'est couché devant la bureaucratie a accompli ses désirs, mais c'est pas Staline qui crée la bureaucratie depuis le haut. C'est pas le centralisme du parti non plus, sinon Staline n'aurait jamais ouvert en grand les portes du parti ce qui conduit ipso facto à moins de centralisme.
J'exagère à peine. Mais je crois qu'il faut que tu inverses ton système de représentation.
J'ajoute en relisant ta question parce que je n'y réponds pas avec précision : le centralisme, loin de personnaliser, sert à élever l'acuité politique de chacun des membres du parti vers le plus haut niveau au contraire de l'autonomisme qui vise à affadir la conscience politique de chacun des membres du parti.
Ce qui se passe "centralement" intéresse tous les membres du parti. Les chefs ne sont que le reflet des positions à la base du parti.