toujours la nature de l'urss

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par artza » 10 Juin 2008, 15:20

(Vérié @ mardi 10 juin 2008 à 09:22 a écrit :
-Il oublie donc, ou ne voit pas, que la bureaucratie exploite les travailleurs, joue le role de la bourgeoisie en l'absence de la bourgeoisie privée.

Mais bien sur, mais là n'est pas la question. :sygus:

Qu'est-ce que Trotsky explique d'autre, sauf qu'au passage il n'oublie pas que les possédants ont été exproprié par une révolution sociale.

Tu me rappelles une collègue une collègue de ma mère qui confondait le délégué qui était une serpillière du patron, avec le patron.

Enfin, chacun son dada, j'aimerais qu'on me désigne le capitaliste d'Etat qui a envisagé la possibilité d'un retour à la propriété privée en URSS, et question subsidiaire pourquoi aucun ne l'a envisagé?

Trotsky l'a envisagé et c'est ce qui se passe. Trotsky se serait-il moins trompé que tout ces petits génies?
artza
 
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Message par piter » 10 Juin 2008, 15:34

(artza @ mardi 10 juin 2008 à 15:20 a écrit :
(Vérié @ mardi 10 juin 2008 à 09:22 a écrit :
-Il oublie donc, ou ne voit pas, que la bureaucratie exploite les travailleurs, joue le role de la bourgeoisie en l'absence de la bourgeoisie privée.

Mais bien sur, mais là n'est pas la question. :sygus:

Qu'est-ce que Trotsky explique d'autre, sauf qu'au passage il n'oublie pas que les possédants ont été exproprié par une révolution sociale.

Tu me rappelles une collègue une collègue de ma mère qui confondait le délégué qui était une serpillière du patron, avec le patron.

sauf qu'en l'occurence en URSS c'est justement un bureaucrate qui est le patron.
si la bureaucratie joue le role de la bourgeoisie privée ça veut dire concrétement que les patrons c'est eux. il n'a a pas confusion entre le bureaucrate et le patron, c'est justement les bureaucrates qui sont les patrons.
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Message par artza » 10 Juin 2008, 15:37

(piter @ mardi 10 juin 2008 à 16:34 a écrit :

si la bureaucratie joue le role de la bourgeoisie privée ça veut dire concrétement que les patrons c'est eux.

Pourquoi les bureaucrates ont-ils voulu devenir patrons si c'est la même chose?

Encore une fois Trotsky a bien expliqué ce développement possible, inéluctable si...

Aucun capitalistes d'Etat ne l'a envisagé. Pourquoi?
artza
 
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Message par piter » 10 Juin 2008, 16:08

(artza @ mardi 10 juin 2008 à 15:37 a écrit :
(piter @ mardi 10 juin 2008 à 16:34 a écrit :

si la bureaucratie joue le role de la bourgeoisie privée ça veut dire concrétement que les patrons c'est eux.

Pourquoi les bureaucrates ont-ils voulu devenir patrons si c'est la même chose?

Encore une fois Trotsky a bien expliqué ce développement possible, inéluctable si...

Aucun capitalistes d'Etat ne l'a envisagé. Pourquoi?

a écrit :
(piter @ mardi 10 juin 2008 à 16:34 a écrit :

si la bureaucratie joue le role de la bourgeoisie privée ça veut dire concrétement que les patrons c'est eux.

Pourquoi les bureaucrates ont-ils voulu devenir patrons si c'est la même chose?

Encore une fois Trotsky a bien expliqué ce développement possible, inéluctable si...

Aucun capitalistes d'Etat ne l'a envisagé. Pourquoi?


bureaucrate "soviétique" et patron "capitaliste" jouent le meme role dans la production du capital, l'un et l'autre personnifie le capital dans sa fonction de direction du travail, réalisent le pouvoir de commandement du capital sur le travail.
mais au niveau de la repartition c'est différent.

et puis s'il a permis le développement d'un capital russe dans des conditions particulières, le capitalisme d 'Etat russe était devenu à la traine par rapport aux formes classique de capitalisme, il n'était plus adapté au besoins de ceux qui personnifiait le capital, plus adapté au développement du capital.
le marché, la forme classique du salariat, s'est révélé un moyen plus puissant pour extorquer la plus-value.

il me semble que ce que tu reproche au "capitaliste d'Etat" n'est valable que pour les "capitalistes d'Etat trotskystes" et quelques autres genre Castoriadis ou Burnham.
je ne crois pas par exemple que Pannekoek ou Mattick ou d'autres niaient la possibilité d'un rétablissement de la propriété privé en Russie.
et puis encore une fois l'essentiel pour le domination du capital ce n'est pas tant la propriété privé que le fait que les travailleurs soit privé du controle des moyens de production. et c'est le cas aussi bien avec la propriété privé classique qu'avec la propriété étatique qui est tout aussi privative pour le producteur (sauf si l'Etat réalise une dictature du prolétariat donc le contenu est la destruction du capital par les travailleurs mettant en oeuvre un nouveau mode de production par lequel ils disposent et dirigent collectivement la production).

ps : pour ma part en 91 j'était gamin, je plaide donc non coupable...

pps : je maitrise pas encore très bien le quote, désolé...mais je fais des progrès, j'y arriverais...
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Message par Vérié » 10 Juin 2008, 16:53

a écrit : Com 71
QUOTE (Vérié @ mardi 10 juin 2008 à 08:42)
Non, tu penses, comme Lénine qu'il faudra disperser les bandes armées du capital, envoyer les CRS, les gendarmes, les légionnaires et les Saint-Cyriens au travail etc. Crois-tu sérieusement que la tache du prolétariat russe soit différente vis à vis des Omon, des militaires et des bureaucrates ? 
______________________________________________________

En tout cas Trotsky ne le croyait pas, déjà avant 40.





REVOLUTION POLITIQUE ET PROGRAMME DE TRANSITION

Trotsky a dit beaucoup de choses... D'accord, il a dit qu'il fallait une révolution politique, mais il reste tout de meme beaucoup d'aspects équivoques dans sa conception de cette révolution.

Si l'on prend, non des extraits de textes choisis à droite et à gauche, mais le Programme de transition, qui est censée être le programme préconisé par Trotsky pour les révolutionnaires communistes d'URSS. (Chapitre l'URSS et les tâches de transition.)

1) On trouve d'abord des analyses qui ne correspondent de toute évidence plus du tout à la situation et qui ne correspondaient déjà pas à la situation après la guerre.
Ainsi Trotsky pense toujours que "la clique bonapartiste de Staline" joue un jeu d'équilibre entre la droite et la gauche. Qu'il y a meme une (petite) aile révolutionnaire au sein de la bureaucratie, et qu'il serait envisageable de faire un front unique avec la bureaucratie thermidorienne (les centristes staliniens donc) contre l'aile restaurationniste de droite. Cette vision était déjà à mon avis fausse dans les années 30. Elle ne correspond qu'à la situation de la période comprise entre la NEP et la collectivisation.

2) Nulle part il n'est question de détruire les organes répressifs de l'Etat. Il est question en revanche de lutter pour démocratiser les soviets et les syndicats, de restaurer la démocratie soviétique, de réorganiser l'économie etc. C'est un programme de démocratisation et de réformes.

En ce qui concerne la Russie d'aujourd'hui, et meme l'URSS de Brejnev, le PDT est donc complètement à coté de la plaque.

Bon, mais toi, Com, tu retiens qu'il faudra détruire les organes de répression et l'appareil bureaucratique. Ce que Quijote hésite à dire - il préfère s'en tirer avec des formules flous, nous expliquer que "ce n'est pas si simple" etc.

Si on retient ta position comme la bonne, Com (ce qui me semble tomber sous le sens), cela signifie que le prolétariat doit aujourd'hui détruire l'Etat russe de Poutine et cie. Alors que la bourgeoisie n'a nul besoin de le détruire, de meme qu'elle n'a pas eu besoin de détruire l'Etat en 1991 pour restaurer la propriété privée. Nous avons donc un Etat ouvrier, que la classe ouvrière doit détruire, mais que la bourgeoisie n'a pas besoin de détruire. Drôle de paradoxe, non ?

C'est évidemment pourquoi LO se garde bien de répondre à ces questions. Faisons le à sa place : l'Etat russe n'est-il pas le garant des privilèges des Oligarques (meme s'il en a mis un en taule) ? Le garant des privilèges de ces promoteurs immobiliers spéculateurs qui fleurissent (voir l'article du Monde cité plus haut) ? Et meme le garant de la propriété privée de comptes en banque, de maisons et meme de chateaux somptueux, de véhicules, avions yatch de luxe ? On se demande bien quelle idée saugrenue pourrait bien avoir la bourgeoisie russe de détruire un pareil Etat ! Alors qu'il n'y a de toute évidence aucune chance que les cadres de l'armée, le GRU, le MGB etc (ex-KGB) et les omon prennent soudain le parti des travailleurs...

a écrit : Artza
Pourquoi les bureaucrates ont-ils voulu devenir patrons si c'est la même chose?

Encore une fois Trotsky a bien expliqué ce développement possible, inéluctable si...

Aucun capitalistes d'Etat ne l'a envisagé. Pourquoi?


Artza a trouvé un clou qui lui semble bon, alors il tape dessus sans arret. Il est comme ça. Il somme les autres de répondre à ses questions, mais ne répond à aucune de celles qui lui sont posées.

Alors, je te répond quand meme, car, comme je l'ai dit, je souhaite discuter et non polémiquer avec des vannes vaseuses sur les serpillères, ou autres.

Oui (deuxième édition), Cliff a sousestimé les possibilités de restauration de la propriété privée. Peut-etre les a-t-il niées complètement, ce qui resterait à vérifier car tes citations ne sont pas probantes. Mais, ça ne change rien sur le fond, il s'est trompé. Comme je te l'ai déjà dit aussi, on n'a pas nécessairement raison sur tout et tort sur tout. Trotsky, lui, s'est complètement trompé sur tous ses pronostics, sauf si l'on considère que 50 ans de domination de la bureaucratie ne comptent pas.

Les raisons pour lesquelles Cliff s'est trompé, c'est qu'il a surestimé le caractère "progressiste" et "efficace" de l'économie étatisée planifiée de l'URSS, comme la plupart des trotskystes de cette époque (au lendemain de la guerre).
Si l'économie de l'URSS avait fonctionné de façon efficace, le régime ne se serait pas cassé la gueule. Idem pour la Chine, où le régime est resté en place mais a procédé lui-meme à des réformes équivalentes. Cliff n'a, me semble-t-il, bien compris cela que plus tard. (Je dis semble-t-il car je n'ai pas lu tous ses textes.)

Mais je te signale qu'aucun trotskyste, pazs davantage que les soviétologues bourgeois, n'a prévu l'effondrement de l'URSS, Artza. Sinon, montre mooi le texte de LO prévoyant cet effondrement. Donc avant d'ironiser sur Cliff, il faut balayer devant ta porte. Le groupe Combat Communiste auquel j'ai appartenu ne l'avait pas prévu non plus, je le reconnais bien volontiers. Je ne crois pas que nous ayons jamais dit que la restauration de la propriété privée était impossible. Ce qui semble impossible, c'est que l'Etat russe accepte de tomber sous la coupe des compradores, idem pour l'Etat chinois. Donc il lui faut conserver une certaine autorité, un certain dirigisme économique qui, je le répète, n'a rien à voir avec un résidu du socialisme.

a écrit :
Quijote
Cela passe par un contrôle ouvrier sur les entreprises qu 'il sera très facile de remettre dans le giron car quoiqu'on dise , les travailleurs là bas considèrent que les nouveaux " Russes" sont des usurpateurs , des maffieux . Sans aucune légitimité , . C 'est visible même pour un aveugle et c'est ce programme que doivent défendre les communistes là bas .

Comme je l'ai dit, Quijote fait l'impasse sur la detsruction de l'Etat de Poutine, qui est tout de meme le point de le plus important pour des révolutionnaires. Après, peut-etre que ça commencera par le controle ouvrier, nous n'en savons rien. Mais dire que ce sera "facile de les remettre dans le giron", c'est beaucoup s'avancer.
C'est oublier que beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de la Moskowa depuis les années vingt ! Il n'y a pas qu'un oligarque et des ouvriers dans une entreprise russe, mais des cadres sups, des cadres moyens, des chefs etc... comme chez nous, qui, à tort ou à raison, considèrent que leurs intérets sont liés à ceux du patron.

Il me semble que tu raisonnes un peu comme Trotsky... en 1940. Mais il y a trois générations et demi de travailleurs depuis. Que beaucoup de gens considèrent les oligarques comme des voleurs, je veux bien, mais il y en a aussi beaucoup qui sont plein d'admiration pour les novorichi, qui revent de le devenir eux-memes etc. As-tu entendu parler de ce sondage où, quand on demandait aux jeunes filles le métier qui avait leur préréfence, la majorité répondait "prostituée". (A Moscou, j'ai d'ailleurs entendu une chanson très à la mode à la gloire de la prostitution...)
Bon, c'est anecdotique, mais il ne faut pas trop se faire d'illusions sur la mémoire de la révolution etc. Je crois au contraire - et ça n'a rien de méprisant - que la pente va être rude à remonter après 60 ans de stalinisme.

Et, de toute manière, la subjectivité des travailleurs ne fonde pas la nature de l'Etat, comme on l'a déjà dit.
Vérié
 
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Message par artza » 10 Juin 2008, 21:07

Bref, si je comprends bien les rares fois ou Cliff se trompe un tout petit peu, sans que ça ait d'ailleurs la moindre importance, c'est de la faute à Trotsky qui lui s'est trompé sur tout.

Il n'empêche que les faits ont la tête dure et que c'est toujours le marteau qui enfonce le clou et non le contraire.

Cliff n'a jamais envisagé un retour de la propriété privée et au contraire au moins une fois il en a nié la possibilité en s'appuyant sur les déclarations de Vlassov.

Mais mieux dans un texte de Chris Harman de mars 1989, intitulé De Staline à Gorbatchov cette possibilité n'est jamais envisagée.

Dans le même temps qu'en est-il pour les trotskystes de LO?
Le cercle Léon Trotsky d'octobre 89, aborde et commente cette éventualité.

Continuons dans article publié en 2000, Tony Cliff n'accorde aucun intérêt à cette question du retour de la propriété privée des moyens de production en ex-URSS.

Il se contente de critiquer la position de Proudhon qui assimilait le Capitalisme à la propriété privée ce qui est autre chose.

Dans le même temps les trotskystes de LO dans un cercle Léon Trotsky du 12 mai 2000 étudiait tout celà de très près, pas à pas et tentait même de mettre sur une politique de riposte ouvrière.
artza
 
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Message par quijote » 10 Juin 2008, 22:14

A vérié : pourquoi les " cadres " moyens et même supérieurs qui ont un rôle réel dans la production , pourquoi seraient -ils hostiles aux autres travailleurs ?
Pourquoi les confondre avec tous les prédateurs , maffieux , affairistes , parasites sangsues , qui n ' ont a aucune utilité , si ce n 'est de sucer le sang des travailleurs ..

Tu cites des russes qui rêvent d 'être des novoriches . Cela existe l ' .. mais les autres , les travielleurs honnêtes et consciencieux qui font tourner encore la machine laquelle , d' ailleurs , survit malgré le chaos et grace à eux . Ils existent aussi , que diable !
C 'est même sur eux que je mise quand je fais part de mon espoir que la classe ouvrière russe renouera avec son riche passé de luttes .
, Enfin , faire un rapprochement et généraliser à partir des pauvres filles inconscientes qui rêvent de devenir putes , c 'est gonflé , permet moi de te le dire ..
Je suis allé en Russie , récemment et c'est pas ce que j 'ai constaté : plutôt des filles qui veulent étudier , s' élever socialement , fonder une famille ..
quijote
 
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Message par com_71 » 11 Juin 2008, 00:53

(Vérié @ mardi 10 juin 2008 à 17:53 a écrit :

2) Nulle part il n'est question de détruire les organes répressifs de l'Etat. Il est question en revanche de lutter pour démocratiser les soviets et les syndicats, de restaurer la démocratie soviétique, de réorganiser l'économie etc. C'est un programme de démocratisation et de réformes.

C'est radicalement faux. Vérié, au fil des ans, a cristallisé sa propre version du trotskysme, avec prémisses et conclusions modifiées, et adaptées à ses propres critiques.

Le chapitre du programme de transition consacré à l'URSS se termine par ces trois phrases :

a écrit :Il est impossible de réaliser ce programme sans le renversement de la bureaucratie, qui se maintient par la violence et la falsification. Seul, le soulèvement révolutionnaire victorieux des masses opprimées peut régénérer le régime soviétique et assurer sa marche en avant vers le socialisme. Seul, le parti de la IV° Internationale est capable de mener les masses soviétiques à l'insurrection.


Comme on le voit les mots sont soigneusement choisis : "renversement", "soulèvement", "insurrection", pour éviter d'évoquer la violence révolutionnaire, et pour rester sagement dans le cadre d'"un programme de démocratisation et de réformes". :roll:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 11 Juin 2008, 07:22

(com_71 @ mercredi 11 juin 2008 à 01:53 a écrit : Comme on le voit les mots sont soigneusement choisis : "renversement", "soulèvement", "insurrection", pour éviter d'évoquer la violence révolutionnaire, et pour rester sagement dans le cadre d'"un programme de démocratisation et de réformes".  :roll:

D'accord, je l'ai tout de meme lu, et relu. Mais tout ce qui précède parle de démocratiser les soviets, l'Etat etc. Une insurrection n'implique pas nécessairement une destruction de l'appareil d'Etat, elle peut très bien aboutir au changement de direction de l'Etat, son épuration etc. Il y a eu dans l'histoire d'innombrales insurrections, coups d'Etat violents etc qui n'ont pas abouti à la detsruction de l'appareil d'Etat bourgeois. Toute la partie précédant cette affirmation permet donc de penser que Trotsky voyait les choses ainsi.

Mais, de toute manière, le problème fondamental reste posé : un Etat ouvrier qui peut servir la bourgeoisie sans qu'elle le détruise, mais que le prolétariat doit détruire pour reprendre le pouvoir, c'est tout de meme paradoxal, non ? Si l'on en croit Marx et Lénine, un Etat est un appareil au service de la classe sociale dominante.

a écrit : Quijote
A vérié : pourquoi les " cadres " moyens et même supérieurs qui ont un rôle réel dans la production , pourquoi seraient -ils hostiles aux autres travailleurs ?
Pourquoi les confondre avec tous les prédateurs , maffieux , affairistes , parasites sangsues , qui n ' ont a aucune utilité , si ce n 'est de sucer le sang des travailleurs ..

Tu n'as pas remarqué que, dans les entreprises françaises, les travailleurs ne se heurtent pas seulement au patron (qui est rarement sur place dans les grandes boites) mais à une armée de cadres sups, de cadres moyens, de petits chefs etc ?
(Que nous dénonçons régulièrement dans nos tracts d'ailleurs). Pourquoi voudrais-tu qu'il en soit autrement en Russie ? Le capitalisme ne produit pas seulement des prolétaires et des propriétaires de capitaux, mais de nombreuses couches sociales intermédiaires, petits bourgeois traditionnels propriétaires privés et petits bourgeois salariés.

a écrit : Artza

Continuons dans article publié en 2000, Tony Cliff n'accorde aucun intérêt à cette question du retour de la propriété privée des moyens de production en ex-URSS.

Il se contente de critiquer la position de Proudhon qui assimilait le Capitalisme à la propriété privée ce qui est autre chose.

Dans le même temps les trotskystes de LO dans un cercle Léon Trotsky du 12 mai 2000 étudiait tout celà de très près, pas à pas et tentait même de mettre sur une politique de riposte ouvrière.

Sur Cliff, je ne vais pas te répéter ce que j'ai dit deux fois plus haut : on n'a pas forcèment tort sur tout ou raison sur tout. Idem pour LO d'ailleurs.
Sur la question de la démolition de la propriété étatique, oui, je suis contre, de la meme façon que nous sommes contre le dépeçage et la privatisation de France Télécom, de la SNCF et d'EDF. Mais ça ne fonde pas la nature de l'Etat.
Et je ne dirais pas qu'EDF et la SNCF sont des acquis des travailleurs (comme les stals : les fameux acquis de 45). Je dirais seulement que ça correspond à une nouvelle attaque contre les travaillleurs, ça s'accompagne de perte de statuts etc.

Mais, un autre problème de fond, c'est que pas la moindre fraction de la classe ouvrière de Russie ne s'est levée pour défendre la propriété d'Etat et encore moins le régime.

D'une manière générale, le règne de la bureaucratie stalinienne a tout de meme duré 60 ans, alors que Trotsky croyait la sutuation hyper instable. C'est un record de longévité, qui vient en deuxième place au hit parade de la stabilité, derrière le PRI mexicain, lui aussi issu d'une révolution (paysanne).

Mais, pour essayer de bien nous comprendre, si je dis que l'analyse de Trotsky de l'Etat ouvrier dégénéré était fondamentalement fausse, je ne dis pas que l'analyse de Cliff - la meilleure à mon avis - répondait à toutes les questions, permettait de tout prévoir etc. D'une façon générale, aussi bien les trotskystes que des capitalistes d'Etat comme Cliff n'ont pas clairement vu que des Etats comme l'URSS et la Chine, loin de préfigurer des formes nouvelles d'organisation sociale et du capitalisme, représentaient des formes transitoires et arrièrées. A savoir, comme je l'ai dit, des tentatives de bruler les étapes à marche forcée. Des révolutions bourgeoises retardataires. (1) Mais, parvenu à un certain stade de développement, il leur a fallu s'ouvrir au marché mondial pour bénéficier de la division mondial du travail. Ce qui implique un retour au moins partiel à la propriété privée.
__
1) Prière de ne pas déformer. J'entend par là que la révolution russe fut une révolution "double" : bourgeoise par les taches immédiates à accomplir, prolétarienne par la classe sociale et le programme du partri qui l'ont dirigée. Ce n'est pas original de dire cela, mais mieux vaut le répéter pour éviter de se faire accuser une fois de plus d'être sur les positions de Pannekoek...
Vérié
 
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