Dictature du prolétariat

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Gaby » 23 Mars 2004, 11:38

C'est gentil de s'inquiéter de moi Manu, mais tes cours seront infiniment plus profitables à ton entourage qui découvrira ta nouvelle obédiance. Moi j'ai déjà donné, et j'apportais des nuances quant à l'interprétation de l'expression.

Mais si tu veux rester sur le débat au niveau superficiel, me sortant le petit Larousse, il n'y a pas de problème. Ce sera sans moi.
Je soulevais la question du multipartisme (exemple entre autres), si on doit y faillir un moment ou pas. Là il me semble que l'ambiguité est importante...
Gaby
 
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Message par Gaby » 23 Mars 2004, 11:46

J'illustre quoi ? T'as même pas répondu... et je suis en désaccord avec Manu.

Quant à ta dernière pique sur le communisme officiel, tu la mets juste à côté de la poubelle de l'histoire, s'il te plait. Oui, elle déborde.
Gaby
 
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Message par logan » 23 Mars 2004, 11:52

Les mots ne sont pas anodins. Ils désignent des choses.
Particulièrement en politique ou chaque mot du programme est pesé et débattu quotidiennement.
Les mots reflètent en définitive l'esprit global d'une organisation.
Ces mots définissent le contenu du programme.


La notion de dictature du prolétariat est le coeur programmatique d'une organisation révolutionnaire.
Croire qu'un organisation politique peut changer un terme programmatique, en l'occurence le mot dictature du prolétariat, sans que son contenu ne soit changé c'est ne pas comprendre l'importance des mots en politique

C'est parce qu'une partie de la LCR refuse le contenu de ce terme que la LCR l'a abandonné. (pas tous quand même)

Si les mots ont si peu d'importance et que la LCR a peur que le coté communiste rebute les gens , alors autant se rebaptiser parti socialiste pacifique et prendre le programme des sociaux démocrates.
Et des miltants de la LCR diront "oui on s'appelle socialiste pacifique et on a le programme des sociaux démocrates mais en réalité on est pour la dictature du prolétariat" :wacko:

Enfin c'est mon petit avis
logan
 
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Message par Gaby » 23 Mars 2004, 12:07

Mais rojo, ces "délicatesses" sont essentielles !
Tu dis que le prolétariat choisira les formes légales de sa domination. Certes ! Mais nous sommes maitres de l'orientation que prendra cette représentation de la politique. Si nous lisons "dictature du prolétariat" sans prendre le recul sur l'idéologie que nous défendons, nous pourrions bien oublier notre but premier, et pire, perdre la conviction du peuple.

Simple et traditionnel exemple : la Commune, grand espoir révolutionnaire. Emanation de la lutte de classes, ils ont cependant mené leur politique vers l'ineptie noire aux accents anarchisants à Lyon. J'ai envie de citer le faux Karl Marx sur le génialissime site Dialogus :
a écrit :À Lyon au début tout marcha bien. Sous la pression de la section de l'Internationale, la République y avait été proclamée avant que Paris ait eu fait cette démarche. Un gouvernement révolutionnaire avait aussitôt été institué: La Commune de Lyon, composée en partie d'ouvriers appartenant à l'Internationale, en partie de républicains bourgeois radicaux. Les choses se sont développées comme suit à Lyon. Les octrois ont été abolis: la chose s'imposait. Les intriguants bonapartistes et cléricaux étaient intimidés. Des mesures énergiques ont été prises pour placer le peuple tout entier sous les armes. Là aussi, la bourgeoisie, sans sympathiser pour de bon avec le nouvel ordre des choses, s'y est soumise, du moins, placidement. L'action de Lyon s'est fait sentir aussitôt à Marseille et à Toulouse, où les sections de l'Internationale étaient fortes. C'est alors que cet âne de Bakounine et un autre politicard dans son genre du nom de Cluseret sont venus tout gâcher à Lyon. Étant tous deux membres de l'Internationale, ils ont eu malheureusement assez d'influence pour dévoyer les quelques leaders conséquents. L'Hôtel de Ville a été pris - pour peu de temps - et l'on a proclamé les décrets les plus absurdes sur l'ABOLITION DE L'ÉTAT et d'autres insanités. Le seul fait qu'un Russe (dont les journaux bourgeois font un agent de Bismarck) prétende au titre de chef d'un COMITÉ DU SALUT DE LA FRANCE suffit alors à faire tourner la balance de l'opinion publique, et Lyon retomba sous la coupe des troupes de Thiers. Bakounine fut inepte sur toute la ligne. Quant à Cluseret, il s'est conduit comme un imbécile et un lâche. Les deux hommes ont quitté Lyon après leur échec.

http://www.dialogus2.org/MAR/reorganisationdenosforces.html

(si vous connaissiez pas ce site, je vous souhaite une joyeuse et longue découverte)

Bien entendu, je rejoins entièrement ici l'avis de ce faux Karl Marx qui à mon avis ne se sent pas particulièrement bolchévique (ce serait un peu long de procéder sur ce forum à une étude de texte fastidieuse, venant d'un anonyme en plus).

Ce que je voulais dire, c'est souligner l'importance de ces "formes légales souhaitées". Elles ne sont pas le plus court chemin vers la réussite et il faudra être précautionneux, et surtout ne pas croire que leur émanation sera juste et naturelle.

En abolissant le multipartisme et en tuant la liberté de la presse (suivez mon regard), on correspond sans doute à la nécessité du contexte historique pour mener une révolution à cet instant, mais on va dans une impasse à long terme.
Gaby
 
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Message par logan » 23 Mars 2004, 12:14

Voici des extraits de la justification de l'abandon du terme de dictature du prolétariat par la LCR :


a écrit :La Commune est présentée comme la première expérience de "gouvernement de la classe ouvrière" ou de "dictature du prolétariat". Marx, puis Lénine, dans L'Etat et la Révolution, en souligneront les principales caractéristiques : le peuple en armes, la Commune (forme politique de la démocratie directe), la destruction de la vieille machine d'Etat, la propriété publique et sociale et la coopération des producteurs. Ils oublieront, en revanche, de signaler que la Commune constituait aussi une tentative de combiner démocratie directe et suffrage universel.
(...)

Le bilan que nous tirons aujourd'hui, d'abord de la contre-révolution stalinienne mais aussi des erreurs des bolcheviks, nous a conduits à écarter cette notion de nos références programmatiques. (...) Par la suite, les staliniens ont utilisé la notion de dictature du prolétariat pour justifier la destruction de toute trace de vie démocratique dans la classe ouvrière et la société russe.

(...)
On a assisté à la substitution du pouvoir du parti à la démocratie des soviets, à la perte de substance des conseils et comités, au refus de convoquer une nouvelle assemblée constituante, puis à l'interdiction des tendances au sein même du parti bolchevik. L'exercice de la dictature du prolétariat en Russie, y compris entre 1918 et 1924, s'est traduit par la fusion de l'Etat et du parti, ainsi que par la suppression progressive de toutes les libertés démocratiques. Cette expérience historique dramatique a rendu caduque l'utilisation d'une telle notion.


Ce qui est asez clair c'est que le coeur de la LCR balance .

1/ D'un coté elle dit "staline a salit la notion de dictature du prolétariat et il faut un autre nom en conséquence. Ceci se discute mais ne remettrait pas en cause la notion même de dictature du prolétariat.

2/ Elle affirme que sur le contenu même de la notion de dictature du prolétariat , Lenine et MARX se sont trompés!!
Ils ont SOUS ESTIME l'importance du suffrage universel et de l'assemblée constituante!!! Dans ce texte la lcr par 2 fois insiste sur l'importance d'une assemblée constituante .
C'est donc bien une analyse remettant absolument en cause la notion de dictature du prolétariat.
Pour eux Marx et lenine auraient du défendre la constituante, montrant qu'ils n'ont rien compris (comme Kautsky en son temps d'ailleurs) à la nature même des conseils ouvriers qui sont l'ennemi mortel de la constituante.

L'abandon de ces termes n'est donc pas seulement une formalité pour eviter de repousser les gens.
C'est aussi une remise en cause de cette notion
logan
 
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Message par logan » 23 Mars 2004, 12:17

a écrit :En abolissant le multipartisme et en tuant la liberté de la presse (suivez mon regard), on correspond sans doute à la nécessité du contexte historique pour mener une révolution à cet instant, mais on va dans une impasse à long terme.


Mais la dictature du prolétariat n'est pas le règne du parti unique!!
C'est l'interdiction des partis et organisations visant à la restauration de la dictature bourgeoise!
logan
 
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Message par Gaby » 23 Mars 2004, 12:21

Ton 2°/ dépend de l'interprétation que tu fais de Marx... Là aussi, affaire d'exégèse. Tu pars du présupposé que Lénine a été entièrement intègre à Marx (mais auquel d'abord ?) et que sa vision de la dictature du prolétariat est celle que souhaitait l'idéologue déifié Marx...

Et de plus, non ce n'est pas un crime que d'apporter des précisions à un génie du XIXème siècle qui n'a jamais eu conscience de la situation géopolitique du XXIème. La carabine était utile en 1871. Aujourd'hui, les canons balancent des suppositoires dans l'espace... et c'est autrement plus dévastateur.

Sommes-nous dans une impasse apocalyptique si nous voulons mener une guerre de front ?
Ne devrions-nous pas plutôt étrangler le mode de production et gagner une guerre de propagande, par les moyens de la lutte de classe que nous connaissons aujourd'hui ?
Gaby
 
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