Kronstadt

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par NewVilenne » 23 Jan 2004, 15:29

a écrit :Une bourgeoisie qui ne possède pas les moyens de production ? Qu'est-ce que c'est ?

Une bourgeoisie qui profite de la production sans être propriétaire des moyens de production. Une aristocratie bureaucratique dans un capitalisme d'état ou dans un état ouvrier dégénéré, par exemple.

a écrit :La dictature du parti ? Quel parti ? quelle dictature ? Le parti dont Victor Serge expliquait qu'il fusionnait totalement avec la classe ouvrière ? Dans ce cas : où est la dictature, contre qui est-elle dirigée ?

a écrit :Un militant révolutionnaire se doit de traiter ses questions avec un peu plus de sérieux.

Ben moi, je veux bien. Je pensais que nous avions quelques références communes : la dictature du parti en remplacement de la dictature du prolétariat. Tu peux évidemment jouer sur la diachronie des évènements, si tu veux.

a écrit :Ton discours se fonde essentiellement sur des préjugés anti communistes

Evidemment ! Toi, y en a être bon communiste.


Hors cela
a écrit :Pourquoi participa t-elle au gouvernement bourgeois ?

Quelle était l'urgence de la révolution sociale ? Etait-ce la révolution politique ou l'explosion des prolétaires ? Les 1ères mesures de la population furent ce qui leur tenait à coeur. Hors les leaders, il y a eu constitution d'une organisation informelle parallèle aux institutions étaient alors sans pouvoir. C'était une fête, une euphorie. C'était une erreur, évidente maintenant. Les décisions arbitraires de laisser la généralitat en l'état, et pire, de participer au gvt, étaient les décisions de quelques uns. Les organes démocratiques de nomination/controle n'existaient pas.

a écrit :visant à nuire à la révolution russe et à son héritage programmatique.

Je ne sais pas ce qu'est un héritage programmatique. Mais, pourquoi donc chercherais-je à nuire à la révolution russe ? Comment d'ailleurs, elle est terminée depuis pas mal de temps.
NewVilenne
 
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Message par Stanislas » 23 Jan 2004, 17:20

Kronstadt, c'est bien comme sujet. :t3xla: Sinon, il y a aussi la Nuit de la Saint-Barthélémy (exemple possible parmi d'autres) :whistling:
Stanislas
 
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Message par mael.monnier » 25 Mars 2004, 11:04

(wolf @ mercredi 24 mars 2004 à 19:00, dans le visage du troskisme a écrit :
 
a écrit :
la volonté du peuple de Kronstadt



Tout est dit. Le "peuple" de Cronstadt. C'est quoi le "peuple" de Cronstadt?


Ce sont les travailleuses et les travailleurs, les matelots et les soldats (donc pas les officiers, etc. qui ne sont que des oppresseurs du peuple), qui ont lutté jusqu'à la mort contre les communistes autoritaires : il a fallu des bataillons entiers pour vider chaque logement des insurgé-e-s, et ceux qui ont facilité l'écrasement de la rébellion de Kronstadt, c'était les communistes qui avaient réussi à s'évader des prisons et non pas le peuple.

(wolf @ mercredi 24 mars 2004 à 19:00, dans le visage du troskisme a écrit :
Sur la lancée, Maël affirme que tout danger était passé au moment de la rebellion de cronstadt. Admettons le le temps de poser une question: si le "danger" n'était pas passé, aurait-il fallu prendre d'assaut ou non (après avoir proposé comme les bolcheviques l'ont fait des solutions négociées) ? Oui ou non?


S'il y avait eu danger, je pense que les matelots et soldats de Kronstadt auraient été les premiers à lutte contre. D'ailleurs, sinon, ils se seraient peut-être rebellés avant, puisqu'il y avait déjà eu auparavant des grèves de la part des ouvriers. Ici le danger pour Kronstadt et pour la Russie tout entière, c'était le joug communiste qui avait pris corps depuis trois ans et qui effacait les trois cent ans de tsarisme (selon les termes employés dans les Izvestia de Kronstadt). Si effectivement il y avait eu danger de la part de la Réaction étrangère et que Kronstadt facilitait la venue de ce danger sur la Russie, alors oui, il aurait fallu prendre l'assaut, et il n'y aurait pas eu un tel tollé au sujet de Kronstadt.

En attendant que je fasse plus détaillé, voici un résumé montrant les mensonges employés par Trotsky (dans son article Beaucoup de tapage autour de Cronstadt du 15 janvier 1938) que j'avais envoyé à un camarade du forum par courriel (écrit en me fondant sur mes lectures et de mémoire):

Premier mensonge : Trotsky nous dit que le Kronstadt de 1921 était différent du Kronstadt de 1917. Pourtant (de mémoire) selon Israel Getzler, les 3/4 des marins étaient déjà là en 1917 et un peu moins de 94% pour les marins du Petropavlosk et du Sebastopol qui ont déclenché la révolte (on ne pouvait pas remplacer aisément les marins de part la complexité des navires).

Deuxième mensonge : le soviet de Kronstadt ne fut jamais acquis aux bolchéviks qui ont toujours obtenus moins de 50 % des suffrages comme l'a dit Trotsky lui-même ("les bolcheviks constituaient, si je me souviens bien, même durant les journées de l'insurrection d'Octobre, moins de la moitié du soviet"), les Kronstadtiens étant politiquement entre les anarchistes et les socialistes-révolutionnaires (SRs) de gauche. Tant que les bolchéviks se montrèrent en phase avec eux, Kronstadt était avec les bolcheviks. Mais dès lors que les bolcheviks abandonnèrent les mots d'ordre de 1917, Kronstadt devint de plus en plus hostile aux bolcheviks. Les mencheviks y étaient présents, contrairement à ce que dit Trotsky, selon Paul Avrich, mais en faible minorité (5 à 10% de mémoire).

Troisième mensonge (corrolaire au premier) : dire que le Kronstadt de 1919 était déjà "nuisible". Or les marins de Kronstadt furent invités (en 1920 il me semble) pour l'anniversaire de la tombée du gouvernement Kerensky pour en faire une reproduction et furent glorifiés par les bolcheviks.

Quatrième mensonge : dire que Kronstadt possédait d'importantes réserves de nourritures et que les marins refusaient d'en envoyer à Petrograd. Cela se réfute aisément par le fait que poussés par la faim, Kronstadt alla jusqu'à accepter des vivres de la Croix-Rouge (cela se serait fait sous un contrôle strict toutefois afin d'éviter que les Blancs puissent prendre pied à Kronstadt, et selon Avrich, Kronstadt n'eu pas le temps de recevoir aucune aide alimentaire ou médicale). Les autorités elles-mêmes le savaient très bien, employant l'argument pour essayer de faire céder les marins. De plus, les réserves étant aux mains des bolcheviks avant la révolte et non pas aux mains des marins, des soldats et des ouvriers, donc les bolcheviks pouvaient en faire ce qu'ils voulaient (notamment, s'octroyer de larges rations).

Cinquième mensonge : dire que le mouvement impulsé par Makhno n'est qu'un mouvement de bandits, de pillards, de saccageurs et d'exterminateurs. C'est justement le contraire. Makhno a toujours collaboré avec les bolchéviks. C'est ainsi grâce à l'appui de Makhno que les bolchéviks ont pu vaincre l'Armée Blanche. Une fois celle-ci vaincue, les bolchéviks se sont retournées contre le mouvement de Makhno, qui n'allait bien entendu pas se laisser fusiller comme des perdreaux. Auparavant, les bolchéviks avaient déjà commencé à exterminer les anarchistes, ceux-ci étant trop révolutionnaires à leur goût. Ils ont également pillés les paysans, en laissant certains sans quoi resemer pour l'année prochaine voire en prenant dans ce qui leur était nécessaire pour passer l'hiver. Les ouvriers qui voulaient ramener de la nourriture de leurs familles dans les campagnes se faisaient pillés au retour. Il fallait certes bien alimenter les villes, mais ce n'est pas en divisant la ville et la campagne qu'il fallait le faire, surtout dans un pays où les 9/10e de la population était de nature paysanne.

Sixième mensonge : inventer le mot d'ordre « Les soviets sans communistes » alors que les rebelles ne l'ont jamais prononcé, leur mot d'ordre principal étant "Tout le pouvoir aux soviets" (comme en 1917) mais "pas aux partis". Cela est d'autant plus mensonger que, dans la pratique, 1/3 des délégué-e-s nommé-e-s pendant la rébellion en mars 1921 étaient des communistes. De plus les rebelles ne revendiquaient d'existence que pour les partis de gauche.

Septième mensonge : Trotsky dit que "Le soulèvement de Cronstadt n'a pas attiré, mais repoussé les ouvriers de Petrograd. La démarcation s'opéra selon la ligne des classes." Il omet volontairement de dire que c'est par solidarité avec les ouvriers de Petrograd, où les marins avaient envoyé une délégation faire le tour des usines, que les marins se sont révoltés. Il omet aussi de dire que son Parti a écrasé les grèves de Petrograd, que les éléments de l'Armée Rouge qui y étaient sur place ont été éloignés car trop proches des ouvriers et remplacés par des cadets (ou koursantys), que Petrograd fut placée sous la loi martiale, que tout rassemblement y était interdit sous peine de fusillade et qu'un couvre-feu y fut instauré à 21 heures. Les ouvriers trop révolutionnaires furent licenciés, privés de leurs rations, voire enfermés dans les caves de la Tchéka. Dans ces conditions, les ouvriers de Petrograd étaient dans l'incapacité d'agir, ceux-ci n'ayant pas d'armes à leur disposition contrairement aux marins de Kronstadt. La démarcation s'effectua donc selon la ligne des forces.

Huitième mensonge : Dire que "les insurgés n'avaient pas consciemment de programme, et, par la nature même de la petite bourgeoisie, ne pouvaient pas en avoir." Les rebelles avaient un programme en 15 points, dont un seul était en direction de la paysannerie et un seul en leur faveur (quoiqu'il concernait l'ensemble de l'armée). Ils ne réclamaient nullement la liberté du commerce ou des mesures allant plus loin que celles de la NEP qui fut un cadeau pour la bourgeoisie, une alliance du capitalisme d'Etat avec le capitalisme privé. Au contraire, ce qu'ils réclamaient n'avaient rien à voir avec la NEP. Leurs revendications étaient plus politiques (égalisation des rations sauf pour les travaux nuisant à la santé, rétablissement des soviets, etc.) qu'économiques. Trotsky le dit lui-même : "Eux-mêmes ne comprenaient pas clairement que leurs pères et leurs frères avaient, avant tout, besoin de la liberté du commerce." Et comme l'a dit Lénine, au Xe Congrès, ils ne voulaient pas des Gardes Blancs (toutefois, contrairement à ce qu'a dit Lénine, ils voulaient bien les bolchéviks mais sans leur dictature de parti unique menée par quelques hauts dirigeants).

Neuvième mensonge : Dire "Tous les préparatifs nécessaires pour cela [pour le ravitaillement] étaient déjà en cours." Il faut préciser que la Grande-Bretagne, qui négociait un accord commercial avec les bolchéviks, a refusée toute aide, tout comme les Etats-Unis. La France se montra très réticente elle aussi. La Finlande de même qui ne voulait pas briser sa neutralité et qui acceptait juste le transit de médicaments mais pas de nourriture. Les émigrés russes ont galéré comme des malades pour obtenir une aide de la Croix-Rouge. Aucun préparatif n'avait été fait et ils ont été surpris par les évènements. On notera d'ailleurs que si la rébellion avait été planifiée, elle se serait déclenchée après la fonte des glaces lorsque la forteresse était inaccessible de manière terrestre et avec des ravitaillements assurés (un plan avait d'ailleurs été élaboré par les émigrés russes).
mael.monnier
 
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Message par Barnabé » 25 Mars 2004, 12:41

Bon j'ai enfin remis la main sur le cahier du CERMTRI consacré à la question.
Donc on va reprendre :
a écrit :
Premier mensonge : Trotsky nous dit que le Kronstadt de 1921 était différent du Kronstadt de 1917. Pourtant (de mémoire) selon Israel Getzler, les 3/4 des marins étaient déjà là en 1917 et un peu moins de 94% pour les marins du Petropavlosk et du Sebastopol qui ont déclenché la révolte (on ne pouvait pas remplacer aisément les marins de part la complexité des navires).

Faux et archi faux:
(Cahiers du Cermtri @ a écrit :
La composition de la garnison de Cronstatd en 1921.

Les nombreux documents d'archives publiés depuis 1991 sont malheureusement peu détaillés là-dessus et ajoutent peu de renseignements permettant de préciser I'affirmation de Petritchenko dans sa lettre du 31 mai 1921 à Grimm: »la garnison de Cronstadt était formée aux trois quarts de natifs d'UKraine, depuis longtemps ennemis des bolcheviks. Le dernier contingent était formé de natifs de Kouban, qui avaient auparavant servi dans l'armée de Denikine ».On a de nombreux rapports sur l'état d'esprit très critique des marins mais peu sur leur origine. Certains faits sont cependant éclairants.
- un document du tchékiste Feldman du 10 décembre 1920 signale avec un vif mécontentement ,l'arrivée à Cronstatd le 11 novembre de 534 soldats reçus du premier régiment de tirailleurs venus du front Sud-Ouest ( contre Wrangel). A leur arrivée à Cronstadt on leur demande qui ils sont et d'où ils viennent sans pouvoir obtenir de réponse claire. Seule certitude: ce sont des prisonniers de guerre envoyés pour travailler, en clair des soldats de l'armée de Wrangel, capturés et transférés à Cronstadt. Feldman inquiet proteste « Il est indispensable de ne pas accepter du tout de tels éléments ou alors de ne le faire qu'avec l'accord de la tcheka locale ». On ne l' écoute pas.
- la flotte comporte un nombre non négligeable( mais non précisé) de marins lettons et estoniens qui exigent leur démobilisation et leur retour dans leur patrie( depuis 1920 la Lettonie et l'Estonie sont des Républiques indépendantes). Le refus opposé à leur demande, alors que la guerre civile tire à sa fin, suscite leur grogne.


Pour se faire une idée de l'état de conscience des marins, quelques extraits de lettres de marins à leur famille:
a écrit :
Extraits de lettres de marins de Cronstadt.
  La tragédie de Cronstadt 1921 publie dix extraits de lettres de soldats et marins de Cronstadt. Nous en reproduisons quatre qui ont le triple intérêt de montrer comment le même événement peut-être vu et raconté de façon très différente par
des participants, en l'occurrence pourtant d'accord sur le fond, de mettre en évidence les rumeurs qui circulent et d' éclairer là encore les sentiments qui animent une partie au moins de ces participants.
I
Le ler mars il y a eu un meeting, tous les marins et toutes les unités des soldats rouges, ouvriers et paysans assistaient au meeting. Les camarades Kalinine et Kouzmine sont venus au meeting mais on les a même pas laissé parler; tout le peuple criait, assez de chanter des chansons depuis trois ans déjà (I) ; il n'en est rien sorti de bon, et vous avez mené le pays à la ruine, et nous les ouvriers, vous . nous avez envoyé travailler pour une demi-livre de pain. lls criaient à bas les commissaires, à bas les communistes, vive l'élection des Soviets, la dictature paysanne et ouvrière du peuple travailleur. Vous avez arrêté des ouvriers parce qu'ils se soulevaient et demandaient du pain, qu'on leur en donne deux livres. lis ont envoyé des délégués à Petrograd pour changer le gouvernement et supprimer les détachements de barrage. Mais je ne sais pas ce qui va se passer après. Et pour nous les sans-parti il est effrayant de rester dans ce maudit Cronstatd sur des mines. On ne peut pas décrire tout ce qui se fait ici.
II
Les nouvelles chez nous à Cronstadt: à Petrograd chaque jour il y a des émeutes, parce qu'aux habitants de la ville on donne une demi-livre de pain par jour et par personne et cela ne leur suffit pas, et on ne peut pas en acheter avec de l'argent,et la milice les disperse, pour empêcher le commerce libre,aussi les habitants de la ville ont tué 4 miliciens (1 )et maintenant, il y a de telles émeutes que ça chauffe sec. Je ne sais ce qui va se passer, les matelots aussi se soulèvent, ils veulent le commerce libre et qu'on commence au printemps et il y a ici le combat contre les communistes, parce qu'ici tous les matelots et les soldats -rouges ne veulent pas de la commune(2), et crient « à bas la commune et donnez-nous une vie libre »
NDLR: (I) rumeur sans fondement.
(2) expression typique des paysans ukrainiens; ce que ce matelot appelle la commune, c'est toute forme d'économie collective ou collectiviste. C'est un synonyme de communisme.

III
Chez nous à Cronstatd tous les matelots se sont soulevés,parce qu'à Petrograd tous les ouvriers se sont soulevés, toutes les usines se sont soulevées, on a fusillé beaucoup d'ouvriers,(I) beaucoup ont été jetés en prison, on a arrêté vingt quatre mille matelots (l). A Cronstadt il y a eu une assemblée générale, à laquelle ont participé des délégués sur cette question.
NDLR: (I) rumeur infondée.

IV
Nous avons dispersé la commune, nous n'avons plus de commune, nous avons seulement le pouvoir soviétique. Nous avons adopté une résolution à Cronstadt demandant que l'on déporte tous les youpins en Palestine, pour que cette saleté, ne soit plus chez nous en Russie (l), tous les matelots crient : à bas les youpins !,ils nous ont tellement embêté pendant ces quelques années et la commune aussi nous a embêté pendant ces quatre ans.
NDLR:(I) Jamais une résolution de ce type n'a été soumise au vote pendant l' insurrection. Si ce matelot croit l'avoir votée c'est qu'il a entendu ce qu'il voulait entendre dans les résolutions présentées et votées d'enthousiasme mais aussi que ce genre de propos était assez largement discuté dans son milieu ..


Enfin (pour l'instant, j'en scannerais plus quand j'aurai du temps), la lettre des dirigeants du Comité Révolutionnaire de Cronstadt exilés en 1921 à Wrangel:
a écrit :



Lettre au général-baron WRANGEL.

Votre excellence,
Nous avons pris connaissance du contenu de votre lettre au professeur Grimm et nous sommes tout à fait prêts à répondre aux questions que vous y posez. Le soulèvement de Cronstadt avait comme seule fin de renverser le parti bolchevik et n'était limité par aucun programme de parti et par aucun lien avec des organisations antibolcheviques et n'envisageait pas d'imposer au reste de la population de la Russie aucune forme d'administration de l'Etat car nous considérions qu'après le renversement des communistes.> peuple russe déciderait lui-même librement de la forme de l'administration de l'Etat qui lui convient.
Le slogan " tout le pouvoir aux soviets et pas aux partis" avait été avancé afin d'unir tous les partis antibolcheviks et les masses populaires. La signification politique de ce slogan est très importante, car il arrache aux communistes l'arme qu'ils utilisent habilement pour réaliser les idées communistes sous la forme de prétendus "soviets du peuple". L'insurrection a montré mieux que tout l'utilité de ce mot d'ordre qui a provoqué le départ d'une certaine quantité de communistes de base des rangs de leur parti et qui a rencontré un large écho dans la population ouvrière et paysanne.
L'agitation développée pendant trois ans par les bolcheviks a tellement banalisé tous les autres slogan s dans la conscience obscurcie du peuple qu'il n'y avait plus de possibilité de les utiliser avec succès dans la lutte contre les communistes. Nous trouvant aujourd'hui sur le territoire de la Finlande(I) nous désirons continuer à mener la lutte pour le renversement du joug communiste et tchékiste Les soldats internés dans les camps représentent essentiellement des artilleurs des forts de Cronstadt des troupes du 560 ème régiment d'infanterie et un détachement du train de l'infanterie de marine. Vu le mélange systématique de la population d'autres territoires dans l'armée rouge, la garnison de Cronstadt était formée aux trois quarts de natifs d'Ukraine, depuis longtemps ennemis des bolcheviks. Le dernier contingent était formé de natifs du Kouban, qui avaient auparavant servi dans l'armée de Denikine.(2) Il y a très peu de vieux sousofficiers et en particulier d'officiers d'infanterie. ll n'y presque pas de soldats qui n'ont pas participé aux combats.
Les instigateurs et les -initiateurs de l'insurrection ont été des matelots, mais vu les circonstances de la chute de Cronstadt il en est arrivé relativement peu ici. Le départ d'une partie des matelots en URSS (3) a enlevé des camps les éléments les plus turbulents et les plus désordonnés; ceux qui sont restés constituent une masse unie sur tous les plans.
Partisans d'une lutte active contre les comntunistes, les Cronstadtiens ne sont pas enclins à repousser toutes les formes possibles de conduite de cette lutte, que ce soit l'intervention , la venue d'armées volontaires russes, ou une insurrection à l'intérieur de la Russie , pour obtenir le renversement le plus rapide possible du joug des communistes..(4)
Après le renversement des communistes nous jugeons indispensable l'instauration d'une dictature militaire pour lutter contre l'anarchie possible et pour garantir au peuple la possibilité d'exprimer librement sa volonté dans le domaine de l'édification de l'Etat.

Nous nous soucions en ce moment de former une troupe sûre, qui, en cas de circonstances favorables, pourrait constituer le noyau pour le développement d'une lutte victorieuse contre les bolcheviks.
Nous vous considérons comme un lutteur désintéressé pour la libération de notre chère patrie, et nous vous adressons notre salut à vous et à la vaillante armée russe et nous croyons avec vous que l'heure de la libération de la Russie souffrante est proche.

Petritchenko ancien président du Comité révolutionnaire de Cronstadt , lvanov,commandant de la brigade du camp du fort Ino, Krasnekov, commandant d'un régiment d'infanterie, Christoforov, ancien commandant du navire de ligne Petropavlovsk, Courvoïsier, commandant d'un bataillon de marine.
Fort Ino 31 mai 1921

NDLR. Tous les passages soulignés en gras. le sont par nous
(I) La veille de la chute de Cronstadt les dirigeants de l'insurection et de nombreux insurgés se sont enfuis sur la glace en Finlande où ils furent internés dans des camps de prisonniers.
(2) Denikine était le général commandant en chef l'Armée des Volontaires, armée blanche du sud de la Russie .
(3) Après la chute de Cronstadt le gouvernement bolchevik promit une amnistie aux insurgés enfuis en Finlande qui reviendraient en Russie soviétique. (4) L' »intervention » c'est bien entendu celle d'armées étrangères.

Voilà pour la prose des amis de Maël, les "communistes anti autoritaires"
Barnabé
 
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Message par mael.monnier » 26 Mars 2004, 22:02

(Cahiers du Cermtri a écrit :

La composition de la garnison de Cronstatd en 1921.

Les nombreux documents d'archives publiés depuis 1991 sont malheureusement peu détaillés là-dessus et ajoutent peu de renseignements permettant de préciser I'affirmation de Petritchenko dans sa lettre du 31 mai 1921 à Grimm: »la garnison de Cronstadt était formée aux trois quarts de natifs d'UKraine, depuis longtemps ennemis des bolcheviks. Le dernier contingent était formé de natifs de Kouban, qui avaient auparavant servi dans l'armée de Denikine ».On a de nombreux rapports sur l'état d'esprit très critique des marins mais peu sur leur origine. Certains faits sont cependant éclairants.
- un document du tchékiste Feldman du 10 décembre 1920 signale avec un vif mécontentement ,l'arrivée à Cronstatd le 11 novembre de 534 soldats reçus du premier régiment de tirailleurs venus du front Sud-Ouest ( contre Wrangel). A leur arrivée à Cronstadt on leur demande qui ils sont et d'où ils viennent sans pouvoir obtenir de réponse claire. Seule certitude: ce sont des prisonniers de guerre envoyés pour travailler, en clair des soldats de l'armée de Wrangel, capturés et transférés à Cronstadt. Feldman inquiet proteste « Il est indispensable de ne pas accepter du tout de tels éléments ou alors de ne le faire qu'avec l'accord de la tcheka locale ». On ne l' écoute pas.
- la flotte comporte un nombre non négligeable( mais non précisé) de marins lettons et estoniens qui exigent leur démobilisation et leur retour dans leur patrie( depuis 1920 la Lettonie et l'Estonie sont des Républiques indépendantes). Le refus opposé à leur demande, alors que la guerre civile tire à sa fin, suscite leur grogne.


Vous niez les faits et vous mentez par omission en ne gardant que ce qui vous arrange !

(Israel Getzler @ Kronstadt 1917-1921, The fate of a Soviet democracy, p.207-208 a écrit :
L'impression de Yasinsky que le marin Rouge vétéran politiquement prédominait toujours à Kronstadt à la fin de 1920 est confirmé par les données brutes disponibles sur les équipages des deux navires principaux, le Petropavlovsk et le Sebastopol, tous deux renommés depuis 1917 pour leur zèle révolutionnaire et leur allégiance bolchevique. Sur les 2.028 marins dont les années de recrutement sont connues, pas moins de 1.904, soit 93,9%, furent recrutés dans la marine avant ou pendant la révolution de 1917, le groupe le plus important, 1.195, ayant rejoint la marine au cours des années 1914-16. Seuls 137 matelots, soit 6,8%,  furent recrutés durant les années 1918-21, incluant 3% qui furent incorporés en 1921, et ils étaient les seuls qui n'avaient pas été là durant la révolution de 1917. En ce qui concerne les marins de la Flotte Baltique en général (et cela inclus le
Petropavlovsk et le Sebastopol), parmi ceux en poste au 1er janvier 1921 au moins 75,5% ont sûrement été appelés dans la flotte avant 1918. Plus de 80% étaient appelés des régions de la Grande Russie (principalement la Russie centrale et la région de la Volga), 10% d'Ukraine, et 9% de Finlande, Estonie, Lettonie et Pologne.

Une raison de cette remarquable persistance à Kronstadt de ces matelots vétérans, bien qu'en nombre grandement diminué, était précisément la difficulté de l'entraînement, en conditions de guerre, d'une nouvelle génération compétente dans les aptitudes techniques sophistiquées nécessaires pour manier les navires de ligne ultra-modernes de la Russie, et, cela, au sein de la flotte de manière générale.

Et jamais les nouvelles recrues, comme il a été si souvent clamé, qui étaient au nombre de 400 et que Yasinsky avaient interviewées, n'étaient arrivées en nombres suffisamment importants pour diluer ou même "démoraliser" les marins Rouges de Kronstadt. Comme l'a établit Evan Mawdsley, "seules 1.313 recrues sur un total planifié de 10.384 étaient arrivées" avant le 1er décembre 1920 et il semble même qu'elles soient restées dans les barraquements du Deuxième Equipage de la Flotte Baltique à Petrograd.


(Paul Avrich @ La tragédie de Cronstadt, pp. 91-94 a écrit :
Il n'est guère douteux que les années de guerre civile avaient amené un renouvellement rapide des effectifs de la flotte de la Baltique et que plus d'un vieux loup de mer avait été remplacé par des conscrits originaires de districts ruraux qui amenaient avec eux le profond mécontentement de la paysannerie russe. En 1921, selon les chiffres officiels, plus des trois quarts des matelots sont d'origine paysanne, nettement plus qu'en 1917 où une bonne part de la flotte se recrutait parmi les ouvriers de la région de Petrograd. Petritchenko lui-même devait reconnaître plus tard que nombre de ses compagnons d'armes étaient des paysans du Sud qu'avait soulevés le sort misérable des villageois de chez eux. Mais cela ne signifie pas forcément que la conduite de la flotte en général en ait été profondément modifiée. Au contraire, à côté des sous-officiers brevetés, d'origine ouvrière pour la plupart, il y avait toujours eu bon nombre de paysans parmi les matelots. Ils constituaient un élément indiscipliné, turbulent et prêt à s'enflammer à la moindre provocation. C'était d'ailleurs ces jeunes campagnards qui, en 1905 et 1917, avaient valu à Cronstadt sa réputation de foyer d'extrémisme révolutionnaire. Et, pendant toute la guerre civile, ceux de Cronstadt étaient demeurés des fortes têtes jalouses de leur indépendance, difficilement contrôlables et dont le soutien au gouvernement était loin d'être inconditionnel. C'est précisément la raison pour laquelle un si grand nombre d'entre eux - les éternels insatisfaits, fauteurs de désordre chronique - s'étaient vu muter dans des postes éloignés des centres du pouvoir bolchevique. De ceux qui restaient, beaucoup éprouvaient la nostalgie des libertés conquises en 1917, avant que le nouveau régime n'entreprenne d'établir la dictature d'un parti unique sur tout le pays.

En réalité, les anciens se distinguaient mal des nouvelles recrues. Les deux groupes étaient d'origine paysanne. Les deux - l'un au cours de permissions, l'autre avant de s'engager - avaient été témoins de la misère qui régnait dans leurs districts d'origine. Tous deux, enfin, souhaitaient secouer le joug de l'autorité coercitive exercée par le gouvernement central. Comme on pouvait s'y attendre, quand la rébellion finit par éclater, ce furent les marins les plus anciens, vétérans avec des années de service derrière eux (remontant, dans certains cas, avant la Première Guerre mondiale) qui en prirent la tête. Petritchenko s'était engagé dès 1912, il était membre de l'équipage du Petropavlovsk depuis 1918. Le vice-président du Comité révolutionnaire provisoire, un vieux loup de mer du nom de Iakovenko, avait combattu sur les barricades en 1917. Étant donné leur maturité et leur expérience, pour ne rien dire de l'amertume de leur déception, eux qui avaient participé aux débuts de la révolution, il était normal que ces cols bleus aguerris se retrouvent jetés aux premiers rangs du mouvement. Cela s'applique particulièrement au cas des sous-officiers et des techniciens les plus qualifiés (Petritchenko, par exemple, était cambusier-chef sur un navire de guerre) choisis avec soin parmi les recrues les plus éveillées et les plus instruites et habituées à prendre des initiatives. De plus, la proximité de Petrograd et de sa vie intellectuelle et politique intense ne pouvait manquer d'aiguiser leur sens politique et nombre d'entre eux s'étaient lancés dans l'action révolutionnaire en 1917 et après.

Longtemps, les marins de Cronstadt avaient été considérés comme les porte-flambeau du militantisme révolutionnaire, réputation que rien ou presque ne vint ternir pendant toute la durée de la guerre civile, malgré leur turbulence et leur manque de discipline. Emma Goldman se rappelle qu'à l'automne 1920 les communistes tenaient encore les matelots pour un brillant exemple de valeur, de courage indomptable; le 7 novembre, pour le troisième anniversaire de la prise du pouvoir, ils étaient aux premiers rangs des célébrations et la foule acclama leur reconstitution de la prise du Palais d'hiver de Petrograd. Personne alors ne parlait de « dégénérescence de classe » à Cronstadt. Il semble bien que ces allégations - des moujiks, politiquement retardés, seraient responsables de la dilution du caractère révolutionnaire de la flotte - constituaient donc une pseudo-explication destinée à éluder le problème des mouvements de dissidence parmi les matelots. Elles avaient déjà servi, en octobre 1918, après la mutinerie avortée de la base navale de Petrograd, alors que la composition sociale de la flotte ne pouvait pas encore avoir subi la moindre transformation d'importance. La deuxième accusation - les matelots n'étaient pas russes dans leur majorité, recrutés en Ukraine, en Lettonie, en Estonie et en Finlande, leur particularisme national les dressait contre le régime des soviets - mérite elle aussi d'être examinée de près. On relève 300 ou 400 noms - signataires d'articles, de proclamations, de lettres, de poèmes etc. - dans le journal du mouvement rebelle. Autant qu'on puisse en juger par cette méthode - sans illusion sur sa rigueur - les Grand-Russiens représentent l'écrasante majorité. La proportion de noms ukrainiens, germaniques ou baltes n'est nullement supérieure à la moyenne. Il est vrai que les données sont assez différentes en ce qui concerne la liste des membres du Comité révolutionnaire provisoire, état-major de l'insurrection :

1. Petritchenko, cambusier, Petropavlovsk
2. Iakovenko, téléphoniste, district de Cronstadt
3. Osossov, mécanicien, Sebastopol
4. Arkhipov, sous-officier mécanicien
5. Perepelkine, électricien, Sebastopol
6. Patrouchev, sous-officier électricien, Petropavlovsk
7. Koupolov, infirmier
8. Verchinine, matelot, Sebastopol
9. Toukine, ouvrier dans une usine d'électro-mécanique
10. Romanenko, gardien des cales sèches
11. Orechine, principal de la troisième école des travailleurs
12. Valk, ouvrier dans une scierie
13. Pavlov, ouvrier dans une mine
14. Baikov, chef des transports dans la section construction de la forteresse
15. Kilgast, navigateur en haute mer

Sur les 15 membres du Comité, 3 (Petritchenko, Iakovenko et Romanenko) portent des noms typiquement ukrainiens et deux autres (Valk et Kilgast) des noms germaniques. De plus, Petritchenko, Iakovenko et Kilgast, occupaient des postes clés dans le Comité puisqu'ils en étaient respectivement président, vice-président et secrétaire. Selon les sources officielles soviétiques, les sentiments nationalistes de Petritchenko étaient si vifs que ses camarades l'avaient surnommé « Petlioura », comme le fameux chef ukrainien.


Alors certes oui, Petritchenko nous dit que les 3/4 de la garnison de Kronstadt étaient des ukrainiens, mais où est le problème ? Dans le fait que les ukrainiens ont horreur de la soumission ? Dans le fait qu'ils aient luttés jusqu'à la mort contre l'Armée Blanche ? Dans le fait qu'ils aient repoussés cette dernière ? Et puis, il ne faut pas non plus avoir une vision bourgeoise des évènements de Kronstadt en se focalisant sur les chefs, chefs qui se sont d'ailleurs ensuite enfuis comme prédit par les bolcheviks, mais une vision centrée sur les plus simples soldats, les plus simples matelots, les plus simples éléments ouvriers.

Mais c'est vrai que l'état de conscience des marins était vraiment faible pour écrire des choses de ce genre là :
(Pourquoi nous combattons @ article paru dans les Izvestia de Cronstadt a écrit :
« Ici s’est accompli un nouveau pas en avant de la révolution. Ici s’est levé le drapeau de la révolte contre les trois années de violence et d’oppression communistes qui laissent loin derrière elles les trois cent ans du joug monarchique. Ici, à Kronstadt, nous avons posé la première pierre de la troisième révolution qui fera sauter les dernières entraves des masses laborieuses et ouvrira toute grande la voie nouvelle de la créativité socialiste. Cette révolution nouvelle fera lever les masses laborieuses d’Orient et d’Occident en servant d’exemple de la construction socialiste nouvelle opposée à la ‘créativité’ de la bureaucratie communiste. Les masses laborieuses de l’étranger verront de leurs yeux que tout ce qui s’est créé ici jusqu’à aujourd’hui, au nom des travailleurs et des paysans n’était pas le socialisme. »

« Le bouleversement actuel offre enfin aux travailleurs l’occasion d’élire des soviets libres qui fonctionneront en dehors de toute pression partisane et de refondre les syndicats bureaucratisés en associations libres d’ouvriers, de paysans et de travailleurs intellectuels. Le club policier de l’autocratie communiste a enfin volé en éclats. »


(‘Messieurs’ ou ‘Camarades’ @ article paru dans les Izvestia a écrit :
« Quant à vous, camarades, vous célébrez une grande victoire sur la dictature communiste, obtenue sans effusion de sang, mais vos ennemis la célèbrent en même temps que vous. Pourtant le motif de votre joie et de la leur est complètement opposé. Tandis que vous êtes inspirés par le désir brûlant de restaurer le vrai pouvoir des soviets et par le noble espoir de permettre à l’ouvrier de travailler librement et au paysan de disposer de ses terres et des produits de son labeur, eux sont inspirés par l’espoir de restaurer l’oppression tsariste et les privilèges des généraux. Vos intérêts sont divergents et par conséquent, ils ne sauraient être vos compagnons de route. »

« Soyez vigilants. Ne laissez pas les loups déguisés en brebis envahir la bergerie… »


(message d'un communiste paru dans les Izvestia a écrit :
« Camarades simples communistes », écrit un membre du P.C.R. (bolcheviks) Rozhali, un matelot du poseur de mineurs Narov, dans son ‘Appel à Tous les Communards Sincères’, « regardez autour de vous, et vous verrez que nous sommes entrés dans un marécage épouvantable, menés par une petite bande de bureaucrates communistes. Sous un masque communiste, ils se sont construits des places privilégiées au sein de notre République. En tant que communiste, je vous appelle à éloigner de nous ces prétendus communistes qui nous incitent au fratricide. Nous, simples communistes, en aucun cas coupables, souffrons des réprimandes de nos camarades ouvriers et paysans non-partisans à cause d’eux. Je regarde avec horreur la situation qui a été créée. »

« Le sang de nos frères va-t-il réellement être répandu pour les intérêts de ces communistes bureaucrates ? Camarades, reprenez vos facultés, et ne vous soumettez pas aux provocations de ces communistes bureaucrates qui nous poussent au massacre. Comme un vrai communiste ne doit pas borner ses idées, mais marcher main dans la main avec l’ensemble des masses laborieuses, éloignez-les de vous. »


a écrit :
« Nous, les soussignés, » débute une déclaration, « membres du P.C.R., considérant que les tactiques du parti sont fondamentalement erronées, et qu’il est complètement bureaucratisé et absolument séparé des masses,  nous déclarons que nous quittons ses rangs. Devant tout le peuple laborieux, nous marquons ceux qui demeurent en ses rangs avec la honte des criminels et des meurtriers. Suivez-nous dans cette honnête bataille contre ces fanatiques fous, et dites-vous en vous-même : « La Victoire ou la Mort pour l’honneur des travailleurs ». » Sous cette lettre typique apparaissent les signatures de treize soldats de la Défense Aérienne de la Forteresse.


(Izvestia du 12 mars a écrit :
« Cela était devenu étouffant. La Russie des soviets s’était transformée en katorga [camp de travail forcé] pan-russe. Les agitations ouvrières et les soulèvement paysans témoignent que la patience était venue à bout. Un soulèvement des travailleurs approchait. L’heure de renverser la commissarocratie est arrivée. Kronstadt, garde vigilante de la Révolution Sociale, ne s’est pas endormie. Elle était aux premiers rangs en Février et en Octobre. Elle leva la première l’étendard de la rébellion pour la Troisième Révolution des Travailleurs. »
[...] « l’autocratie est tombée. L’Uchredilka est passée au rang de légende. La Commissarocratie tombera également. L’heure est venue du véritable pouvoir des travailleurs, pour le pouvoir des soviets… »


Vraiment bourgeois les éléments ouvriers, les matelots et les soldats de Kronstadt !
mael.monnier
 
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Message par Barnabé » 26 Mars 2004, 22:10

J'ai pas le temps de me remettre à scanner tout de suite, mais j'en ai de beaux aussi des extraits des izviestia (izviestia qui était édité par le Comité Révolutionnaire de Cronstadt (donc Petritchenko et sa bande), donc qui ne nous disent rien au demeurant sur la conscience des insurgés de Cronstadt). J'essaierais de les poster demain ou dimanche...
Barnabé
 
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Message par mael.monnier » 23 Juin 2004, 08:22

A propos de Cronstadt, voilà un extrait tiré du journal bolchévik Novy Put du 19 mars 1921, faisant l'aveu suivant :
a écrit :Les matelots de Cronstadt sont en majorité anarchistes. Ils ne se situent pas à droite, mais à gauche des communistes. Dans leurs derniers radio-programmes, ils proclament : "Vive le pouvoir des soviets !", alors qu'ils n'ont pas une seule fois déclaré : "Vive l'Assemblée Constituante !" Pourquoi se sont-ils soulevés contre le gouvernement soviétique ? Parce qu'ils ne le trouvent pas assez soviétique. Ils ont inscrit sur leur drapeau le même mot d'ordre mi-anarchiste, mi-communiste que les bolcheviks eux-mêmes avaient proclamé il y a trois ans et demi, le lendemain de la révolution d'Octobre. Dans leur lutte contre le gouvernement soviétique, les insurgés de Cronstadt ont manifesté en différentes occasions leur haine profonde du "bourgeois" et de tout ce qui est bourgeois. Ils ont déclaré que le gouvernement soviétique s'était embourgeoisé, que Zinoviev avait "pris du ventre". Il s'agit là d'une insurrection de gauche, et non de droite.
mael.monnier
 
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Message par mael.monnier » 23 Juin 2004, 09:08

Oui, j'ai lu ce qu'avais écrit Barnabé. Je lui ai-même répondu à propos de la composition de la garnison de Cronstadt au moment de l'insurrection, et à propos de l'état d'esprit des cronstadiens en citant des communistes et des articles des Izvestia. A propos de Petritchenko, c'est effectivement un fait que celui-ci ait rejoint les forces militaires de Wrangel. Sa lettre que vous citez, et qui a été écrite avant qu'il rejoigne Wrangel, montre seulement qu'il arrange les faits à sa sauce pour plaire à Wrangel. Cronstadt avait toujours refusé l'aide étrangère de la bourgeoisie, ayant seulement accepté l'offre de la Croix Rouge mais sous conditions afin de prévenir toute action politique de la bourgeoisie qui aurait été masquée sous le couvert de la Croix Rouge.

Sinon, d'un point de vue politique, je ne retourne ni dans ma période anar, ni dans ma période droitière. Je reconnais la nécessité d'une phase de transition, et je suis de l'avis qu'il y a besoin d'un minimum de centralisme (pour la répartition des richesses monétaires et naturelles) pour faire contre-pouvoir aux tendances communautaristes inhérentes du fédéralisme (qui serait employé pour toute la gestion du fonctionnement et pour le choix des actions à mener).
mael.monnier
 
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