Nationalisme, patriotisme, question nationale, tout ça

Marxisme et mouvement ouvrier.

Re: Nationalisme, patriotisme, question nationale, tout ça

Message par com_71 » 18 Juin 2014, 04:31

Les "armes de la critique", ce n'est pas la "retraite studieuse" ; je crois que tu réponds un peu trop vite. Je pensais surtout à la situation de l'occupation en France, où certains militants que je connais étaient loin de "donner des avis de loin, en sécurité". Par ailleurs la "Résistance" était loin d'être un mouvement de masse. La comparaison avec la Commune de Paris est absurde.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Nationalisme, patriotisme, question nationale, tout ça

Message par Doctor No » 18 Juin 2014, 08:48

De la question nationale et internationale on est déjà à la Résistance...
Sur la Résistance je dois dire que tout de même au moins 1% de la population de l'époque a participé (témoignage d'un participant direct) et cela fait des centaines de milliers des personnes. Et un autre 10% aidait ou sympathisait plus ou moins activement. Bon, cela plus près de la fin qu'au début, mais les masses y étaient.
Au début cela ressemblait plutôt à une lutte des secteurs politiques mais peu à peu la population s'est impliquée.
Autrement l'augmentation exponentielle de l'influence du PCF est inexplicable. Et par ricochet l'isolement et les difficultés des trotskystes...
Je n'ai pas comparé la résistance contre l'armée allemande nazi en 40-45 et la Commune de Paris. J'ai pris cela pour montrer l'attitude que les communistes doivent avoir quand il y a un soulèvement populaire.
Les "armes de la critique" en temps de guerre civile ou de guerre nationale, surtout si cela ne va pas accompagnée de la "critique des armes" ressemble beaucoup à une "retraite studieuse".
Je peux comprendre que les trotskystes de l'époque ait été très peu nombreux, mais comment expliquer donc l'injonction impérative de Trotski à ses camarades en Chine (aussi peu nombreux) de participer à la lutte armée contre l'envahisseur japonnais?
A t-il lui calculé les risques quand il a pris la décision de s'affronter à Staline?
Bref, on est sur autre chose et je crains que la discussion soit partie sur une voie de garage.
Le premier article montre ce que j'ai toujours affirmé: les positions réelles sur le Front Uni des maoïstes et des trotskystes ne se trouvent pas du tout éloignés sauf sur des considérations tactiques, sur la manière de le mettre en place. Cela pas tant dans la formulation purement théorique mais dans son application.
Parmi les maoïstes, ils se trouve toute une palette des positions et groupes (au point qu'il est difficile de parler des "maoïstes" car tellement éloignées sont leurs positions malgré le fond commun) Ainsi certains se trouvent à la droite et peuvent trahir et collaborer avec la bourgeoisie (Népal) et d'autres passer à des positions gauchistes (un bon nombre qui déclenchent des "guerres populaires prolongées" qui ne sont que des aventures foquistes améliorées) mais il restent d'autres (accusés par leurs pairs des "mao-troskystes"...) qui se trouvent en fait sur des positions marxistes-léninistes et qui ne trouvent pas dans l'approche assez "idéaliste", a-historique et dogmatique des trotskystes, la tactique juste pour construire un mouvement communiste. C'est surtout des questions comme l'analyse de classes de la société (jamais entrepris par aucun trotskyste à ma connaissance) et les alliances qui en découlent qui est l'obstacle majeur.
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Message par jeug » 18 Juin 2014, 09:10

Sur la Résistance je dois dire que tout de même au moins 1% de la population de l'époque a participé (témoignage d'un participant direct) et cela fait des centaines de milliers des personnes. Et un autre 10% aidait ou sympathisait plus ou moins activement. Bon, cela plus près de la fin qu'au début, mais les masses y étaient.

Euh, non, là je crois que tu te plantes. C'est tout le contraire : elles n'y étaient vraiment pas. Et c'était plutôt de l'hostilité.
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Message par artza » 18 Juin 2014, 09:17

La France de 1940 n'est pas la Chine.

La France est une puissance impérialiste et la deuxième puissance coloniale du monde.

En 1940 la France n'est pas devenue une colonie allemande loin s'en faut.

La bourgeoisie conserve son Etat, sa police qui même croit en volume, création des GMR, sa gendarmerie, ses prisons, ses camps de concentration, ses préfets, ses magistrats, ses ambassadeurs, toutes ses colonies même les anciennes colonies allemandes (Togo, Cameroun).
La flotte française n'est pas saisie par l'occupant, l'armée réduite à 100 000 hommes en zone libre demeure intacte en Afrique et resservira plus tard.
Les patrons français gardent leur entreprise, sauf les juifs. L'école et l'université ne sont pas "germanisées". Les enseignants juifs et communistes en sont exclus en vertu de lois bien françaises.

Bientôt la bourgeoisie française jouira de deux gouvernements l'un à Vichy l'autre à Londres puis à Alger!

La résistance armée aux nazis en France en 1940 personne n'en parle et personne n'en fait et surtout pas le PC soucieux de rouvrir ses permanences et de faire reparaitre légalement l'Humanité.

La Résistance en 40 c'est des petits groupes initiés par des gens de rencontre, des officiers nationalistes pétainistes oui, anti-communistes, bienheureux quand ils n'étaient pas antisémites.

L'action c'est l'espionnage et la diffusion de bulletins clandestins. Viendront ensuite des attentats individuels contre l'occupant, fort discutables et loin d'être populaires dans la population.

La nation, le peuple français n'ont jamais été opprimé dans toute l'histoire. Vaincu, humilié, briévement et rarement occupé oui, mais c'est autre chose.
Par contre pour opprimer les autres il en connaissait un rayon.
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Message par Doctor No » 18 Juin 2014, 10:06

Faut-il initier un débat sur la Résistance, sur ce sujet?
En tout cas, (je ne peux pas citer, un blem dans le programme) Jeug devrait dire plus parce que "tout le con traire" se réfère à quoi? Les masses? La datation?
Si c'est pour les masses, comment explique t-on l'insurrection de Paris, le combats à Lyon, l'activité de la Milice contre la Résistance, les maquis, (tous parlent d'une guerre civile larvée), le CNR, les FTTP, etc?
J'ai lu le livre de Tillon, (cela fait longtemps et je ne l'ai plus), regardé des reportages TV, entendu des résistants qui étaient à l'EG et on ne peut pas dire que la Résistance était un mouvement peu important. Il y avaient des milliers des combattants et des dizaines de milliers des sympathisants et aides à leur lutte.
Et si en 1940 il y avait "40 millions des pétainistes" la situation a évoluée rapidement pour devenir la France du CNR, de l'influence prépondérante du PCF qui aurait pu prendre le pouvoir en 45 s'il avait impulsé la lutte des masses comme l'ont fait les Yougoslaves et les Chinois.
Présenter la situation comme un pays qui serait contraire à la lutte anti fasciste parce que les allemands n'ont pas appliquée la politique qu'ils ont appliqué ailleurs, sent plus la justification que la présentation objective des faits.
D'où alors sont sortis les militants communistes fusillés, ceux qui ont participé à des actes de sabotage (la bataille du rail par exemple) ou les attentats et attaques contre l'armée allemande, combats qui s'inscrivent non seulement dans la lutte contre l'occupation allemande en France mais surtout dans la guerre contre le fascisme et pour la défense de l'URSS.
Cette lutte a commencée peut-être peu à peu mais elle a pris de l'ampleur à mesure des triomphes de l'Armée Rouge arrivèrent et est devenu un mouvement très large à la fin de la guerre.Autrement, comment expliquer que le PCF qui était presque défait avant la guerre suite au pacte Molotov-Ribentropp se trouve à 25% dans les élections qui ont suivi mais surtout armé, et avec des dizaines des milliers (ou plus) des militants?
Comment peut-on dire que les masses n'ont pas participé?
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Message par com_71 » 18 Juin 2014, 12:33

Un exemple de l'"arme de la critique", un extrait de "lutte de classe" du 23 février 1944, organe du Groupe Communiste (IVème Internationale).

DEFENSE DES TERRORISTES
Vingt-quatre "terroristes" sélectionnés viennent d'être livrés à la publicité par la Gestapo, pour dégoûter de l'armée clandestine qui lutte contre l'impérialisme allemand, la "bonne société" et les petits-bourgeois conformistes. Regardez-les, disent les scribes de la Gestapo, ces faces "rusées et cruelles" de Juifs, de Polonais, d'Italiens, d'Espagnols communistes : ces gens prétendent juger du destin de la France !

Certes, d'après les prostitués de la presse bourgeoise ce sont les Doriot et les Goering aux faces bouffies, et tous les engraissés du régime de terreur bourgeois qui doivent décider du sort de la France...

Regardons-les bien, travailleurs : ces visages que le photographe et les commentaires des affiches veulent nous empêcher de voir sont des visages d'opprimés, des visages de travailleurs : ils sont notre propre visage. Comment ces têtes d'opprimés et d'exploités de plusieurs pays qui luttent à mort contre le régime capitaliste d'exploitation et de misère, ne feraient-elles pas écumer de rage les bourgeois gavés au marché noir et vautrés dans les bras de prostituées qu'ils entretiennent avec le sang et la sueur des ouvriers ?

Regardons-les bien, camarades, ces têtes énergiques de jeunes qui bravent à leur "procès" les canailles galonnées chargées de les faire fusiller : leur courage doit servir d'exemple à tous les jeunes, à notre époque de guerres impérialistes et de guerres civiles.

"Ils ont des dizaines de crimes sur la conscience", profèrent leurs bourreaux, experts dans l'assassinat de milliers d'hommes en un seul jour, en une seule bataille...

"Ils ont suivi l'école du crime", clament les professeurs qui enseignent l'"art" de la tuerie à des milliers de jeunes de 16 ans arrachés à leurs familles contre leur gré...

"Ils ne sont pas la France", affirment les tortionnaires du peuple français qui n'ont pas assez de leur milice, de leur police, de leur garde-mobile, des bandes fascistes et des troupes d'occupation spéciales pour venir à bout des dizaines de milliers de réfractaires à la déportation et au travail pour la guerre impérialiste, et qui se gardent bien de publier les listes des jeunes gens qu'ils abattent par dizaines tous les jours.

"Ce sont des bandits", écrivent les journaux à solde, en exposant certains cas particulièrement suspects. Mais si l'activité de véritables bandits, parmi lesquels il ne faut pas oublier des bandits de la milice, de Doriot et de Déat, se poursuit impunément, n'est-ce pas là le résultat de l'anarchie croissante dans laquelle le capitalisme et la guerre ont jeté la société ?

LA CLASSE OUVRIERE EST RESOLUMENT POUR CEUX QUI ONT PRIS LES ARMES CONTRE LES BOURREAUX FRANCAIS ET ALLEMANDS QUI MARTYRISENT LES PEUPLES ; ELLE ACCUEILLE AVEC MEPRIS LES MANŒUVRES DE DIVERSION DE LA BOURGEOISIE.

Mais la classe ouvrière est inquiète ; elle ne comprend pas pourquoi des militants qui autrefois combattaient sans compromis la bourgeoisie de tous les pays, mènent actuellement leur lutte sous le drapeau tricolore et au bénéfice des armées de Washington, de Londres et d'Alger. Les ouvriers savent qu'ils n'ont rien à attendre d'une victoire d'armées capitalistes qui ne feraient que relever les armées allemandes dans leur rôle de gardes-chiourme pour maintenir le capitalisme. Ils savent que Roosevelt en Amérique et Churchill en Angleterre prennent contre la classe ouvrière les mêmes mesures que Hitler en Allemagne.

LE PROLETARIAT CHERCHE DES MILITANTS ET UN PARTI QUI LUTTENT DIRECTEMENT POUR SES INTERETS, pour son relèvement économique et culturel, pour ses conquêtes de juin 1936, conquêtes qui sont également odieuses et qui rencontreraient la même résistance de la part de tout gouvernement capitaliste, totalitaire ou parlementaire.

Servir la classe ouvrière, c'est lutter pour les Etats-Unis socialistes d'Europe, pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile pour le socialisme. Lutter pour le triomphe de soi-disant démocraties sur le fascisme, c'est renouveler la trahison de 1914 quand les partis socialistes de l'Entente se mirent du côté de leur bourgeoisie sous prétexte de vaincre le militarisme.

De même que la grande majorité des ouvriers socialistes comprirent la trahison de leurs chefs et passèrent à la IIIème Internationale de Lénine et de Trotsky pour accomplir leur devoir de classe, de même la grande majorité des ouvriers communistes doit cesser de s'accrocher aux restes pourris de ce qui fut autrefois la IIIème Internationale pour lutter avec les militants de la IVème Internationale, PARTI MONDIAL DE LA REVOLUTION SOCIALISTE.

Les militants combattants du PC restés fidèles à leur classe doivent se convaincre que le réveil de la classe ouvrière, par l'activité croissante de ses éléments les plus avancés et l'assaut de celle-ci contre le régime capitaliste, n'ont rien de commun avec la lutte sous le commandement des officiers réactionnaires de De Gaulle.

La IVème Internationale appelle les meilleurs militants de la classe ouvrière à serrer leurs rangs autour du drapeau rouge communiste, qui triomphera envers et contre tous de la barbarie capitaliste et de la guerre !
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Message par Doctor No » 18 Juin 2014, 13:35

C'est très bien comme tract, mieux encore si à la fois on participait aussi à la lutte armée.

Autrement, il restera un tract général, car, comment se solidariser avec les Manoukian et autres MOI que par des déclarations? C'était notoirement insuffisant.
.
Et je profite pour revenir à la question du Front Uni.

Ce tract, objectivement, tout en participant à la lutte contre l'occupation nationale par les troupes nazis, aidait, en partie la coalition URSS-GB-US; et aussi, dans la même mesure, les révisionnistes français tout en les critiquant.

C'était un tract de Front Uni Anti impérialiste qui ne faisait aucune confiance politique à des alliés de circonstances (tant que ceux qui faisaient ce tract participaient réellement à la lutte contre l'envahisseur)

Et je me dis, pourquoi aller chercher des exemples si loin, quand aujourd'hui et depuis une décennie, la même situation (bien que pas en France) se produit presque tous les jours. Un impérialisme aussi agresseur et aussi réactionnaire, attaque différents pays, en mettant en avant, finançant et armant les pires hyper réactionnaires et fascistes, pour établir son hégémonie mondiale après la chute de l'URSS.

Et chaque fois, on se retrouve avec une politique ou de soutient presque ouvert des agressions impérialistes (sous toute sorte de prétextes) ou on se trouve avec une indifférente position du "ni-ni" (autant mauvaise) qui est bien loin d'un nécessaire Front uni Anti impérialiste critique des réactionnaires mais de soutient actif des petits pays agressés.

La situation actuelle est telle que l'on a assisté à la Fête à des gens qui sans honte ni pudeur ont présenté les dernières développements en Ukraine d'un point de vue complètement social-impérialiste. Heureusement ils se sont trouvés devant une levée des boucliers presque unanimes et mis à leur place. Une évolution nécessaire et réconfortante, mais cela fait tout même une décennie que l'on entends les pires renoncements et trahisons sur ces questions.

L'impérialisme US est l'ennemi principal des peuples et travailleurs du monde entier et la lutte anti impérialiste reste aujourd'hui un axe central de la lutte de la classe ouvrière pour son émancipation.

On l'oublie trop souvent, on a tendance, dans les pays "qui n'ont jamais été opprimés dans toute l'histoire" à le voir de manière trop coulante, par une sorte de solidarité culturelle, d'affinités, des sentiments (avec les meilleurs aspects du peuple américain en fait, mais aussi grâce à la propagande culturelle permanente qu'il pratique par tous les canaux) qui se transforme en une sympathie manifeste devant les agissement des impérialistes US.
Et c'est là qui surgit aussi ce qui surprends toujours les gens venus des pays pauvres, qu'eux si ont subi l'oppression nationale, de constater la complaisance envers les US et la méfiance envers les pays pauvres, "les dictateurs" etc. Bon, je m'exprime mal, je sais que je ne serais pas compris mais j'avais envie de le dire.
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Message par Doctor No » 18 Juin 2014, 15:23

Je ne peux pas me retenir de publier ce texte qui vient du CLQI pour la clarté avec laquelle il expose des question tactiques et sur le Front Uni. Il est de ce point de vue remarquable. Un document qui devrait être donné en étude aux camarades jeunes ...et aux vieux infectés par le dogmatisme.

Les citations de Lénine et de Trotski soulignées sont lumineuses par leur justesse tactique.

Déclaration du Comité de liaison pour la Quatrième Internationale. 02/08/2014

»La défense contre le fascisme n'est pas une chose isolée. Le fascisme est seulement une matraque dans les mains du capital financier. Le but de l'écrasement de la démocratie prolétarienne est d'augmenter le taux d'exploitation de la force de travail. Là se trouve un champ immense pour le front uni du prolétariat: la lutte pour le pain quotidien, amplifié et aiguisé, qui mène directement dans les conditions actuelles à la lutte pour le contrôle ouvrier de la production. »
Léon Trotsky, Le Front uni pour la défense, Lettre à un travailleur social-démocrate, (Février 1933), http://www.marxists.org/archive/trotsky ... 330223.htm

Un gouvernement dominé par les Nazis

Ne vous trompez pas; les récents événements en Ukraine signalent que le prolétariat international fait face à la plus grave menace à son existence organisée depuis les jours sombres de Février 1933, lorsque Trotsky a écrit ces mots. Regardez ce que Wikipedia révèle sur la nature du parti Svoboda:
En 2004, le chef du parti (Svoboda) Tyahnybok a été expulsé de la faction parlementaire Notre Ukraine pour un discours appelant à Ukrainiens à lutter contre une "mafia moscovite juive." Le conseiller de Svoboda Yuriy Mykhalchyshyn a créé un «Centre de recherche politique Joseph Goebbels" en 2005, en changeant plus tard »Joseph Goebbels» en «Ernst Jünger." Mykhalchyshyn a écrit un livre en 2010 citant les travaux des théoriciens nazis : Ernst Röhm, Gregor Strasser et Goebbels. Ailleurs, Mykhalchyshyn s’est référé à l'Holocauste comme une "période de Lumières dans l'histoire".

Il y a sept ministres de l'extrême droite dans le nouveau gouvernement ukrainien; le Vice-premier ministre Oleksandr Sych est de la partie Svoboda néo-fasciste. Le Congrès juif mondial a demandé à l'UE d'interdire ce parti, mais l'UE n'a pas de problème avec les fascistes en cas de besoin pour écraser la classe ouvrière. Immédiatement après la destitution du président Viktor Ianoukovitch du pouvoir le 22 février, le Parlement ukrainien a abrogé une loi controversée adoptée en 2012 qui permettait l'utilisation de "langues régionales" - dont le russe, le hongrois, le roumain et le Tatar - dans les tribunaux et certains fonctions gouvernementales dans les zones du pays où ces habitants (d’autres langues) constituent au moins 10 pour cent de la population.
L'impérialisme américain est le plus conséquent pour défendre les intérêts du capital financier et préfère donc le fascisme plutôt que juste une droite de remplacement qui soit pro-européenne.
Ce n'est pas un hasard que, depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis a assumé le rôle de gendarme de la planète et a supplanté le nazisme dans l'art de garder le contrôle de la planète pour le capital financier. L'apprentissage et l'application d'une méthode inverse et symétrique de la révolution permanente, nous constatons que seulement après la dictature du prolétariat peut-on écraser le fascisme, comme l'URSS a fait contre Hitler. Les «Démocraties» capitalistes sont incapable de mener une lutte conséquente contre le fascisme, parce que quand le capitalisme se sent suffisamment menacé il recourt au fascisme. Comme Trotsky l'a observé:
»En outre il est souvent impossible de faire marcher l'armée contre le peuple. Elle commence par se désintégrer et se termine par le passage d'une grande partie des soldats du côté du peuple. C'est pourquoi le capital financier est tenu de créer des bandes armées spéciales, formés pour lutter contre les travailleurs tout comme certaines races de chien sont formées pour chasser le gibier. La fonction historique du fascisme est d'écraser la classe ouvrière, de détruire ses organisations, et d'étouffer les libertés politiques quand les capitalistes se trouvent incapables de gouverner et dominer avec l'aide de mécanismes démocratiques. » L'effondrement de la démocratie bourgeoise, Leon Trotsky, ‘Où va la France?’ 1934

Le Front Uni Anti impérialiste et anti fasciste

Nous sommes pour un Front uni impérialiste et anti fasciste avec la Russie et les travailleurs ukrainiens et pour des escadrons des travailleurs pour la défense armée et la révolution permanente pour gagner la lutte. Cela signifie un front uni sans soutien politique à Poutine, avec les oligarques de l'Est et avec le diable et sa grand-mère pour écraser les «troupes d'assaut du capital financier".
Si la Russie envahit pour saisir l'est de l'Ukraine, brisant ainsi les fascistes, alors la classe ouvrière doit former un front uni avec eux, sachant que le lendemain ils auraient à se battre contre leurs anciens alliés et quel que soit le gouvernement que les Russes pourraient installer dans l'est en tant que représentants de l'oligarchie, qui formerait ensuite une nouvelle alliance avec l'impérialisme occidental.
. Ainsi Lénine forma une alliance temporaire de cessez-le feu avec Kerensky contre le danger principal, la tentative de putsch de Kornilov le 30 Août (12 Septembre) 1917 C'était un changement de tactique forcée par les événements et voici comment il l'a expliqué:
»Même maintenant, nous ne devons pas soutenir le gouvernement de Kerensky. Ce serait sans principes. Nous pouvons être questionnés: n'allons-nous pas lutter contre Kornilov? Bien sûr, nous le devons! Mais ce n'est pas la même chose; il y a une ligne de démarcation ici, qui a été transgressée par certains bolcheviks qui tombent dans le compromis et se laissent emporter par le cours des événements.
Nous nous battrons, nous nous battons contre Kornilov, tout comme les troupes de Kerenski le font, mais nous ne soutenons pas Kerensky. Au contraire, nous exposons sa faiblesse. Il y a ici une différence. Il s'agit plutôt d'une différence subtile, mais elle est très essentielle et ne doit pas être oubliée.
Qu'est-ce donc, qui constitue notre changement de tactique après la révolte de Kornilov?
Nous changeons la forme de notre lutte contre Kerensky. Sans la moindre relaxe de notre hostilité envers lui, sans reprendre un mot qu’on a dit contre lui, sans renoncer à la tâche de le renverser, nous disons que nous devons prendre en compte la situation actuelle. N’allons pas le renverser dès maintenant. Nous allons aborder la tâche de lutter contre lui d'une manière différente, à savoir, nous allons rappeler aux gens (qui luttent contre Kornilov) la faiblesse et les vacillations de Kerensky. Cela a été fait dans le passé ainsi. Maintenant, cependant, il est devenu la chose la plus haute importance et c'est ce qui constitue le changement ".
Https://www.marxists.org/archive/lenin/ ... aug/30.htm

»Alors que nous reconnaissons que toute invasion militaire russe serait principalement destinée à garantir les privilèges de la bourgeoisie russe, néanmoins il serait en opposition à l'ennemi principal, le capital financier impérialiste occidentale et leur gouvernement nazi. La classe ouvrière doit lutter côte à côte avec les troupes russes et leurs partisans à l'Est contre le gouvernement nazi dirigé afin de les vaincre et encore mieux pour préparer le renversement de leurs alliés temporaires, le lendemain, tout comme Lénine l'a fait en Septembre 1917. Et ce n'est pas une question de soutenir le «moindre mal», mais une orientation tactique pour faire face au danger principal ».
Ainsi Trotski l'a expliqué en Décembre 1931
»Nous, marxistes considèrent Brüning et Hitler, Braun inclus, parties comme composant d'un seul et même système. La question de savoir lequel d'entre eux est le «moindre mal» n'a pas de sens, car le système que nous combattons a besoin de tous ces éléments. Mais ces éléments se trouvent momentanément impliqués dans des conflits entre eux et le parti du prolétariat doit profiter de ces conflits dans l'intérêt de la révolution. Il y a sept touches dans l'échelle musicale. La question de savoir laquelle de ces touches est "mieulleure" - do, ré, sol ou - est une question absurde. Mais le musicien doit savoir quand frapper et quelles touches frapper. La question abstraite de savoir qui est le moindre mal - Brüning ou Hitler - est tout aussi absurde. Il est nécessaire de savoir lequel de ces touches frapper. Est-ce clair? Pour les faibles d'esprit citons un autre exemple. Quand un de mes ennemis pose devant moi des petites portions quotidiennes de poison et la seconde, en revanche, est sur le point de tirer tout droit contre moi, alors je vais d'abord frapper le revolver de la main de mon deuxième ennemi, pour cela me donne l'occasion de me débarrasser de mon premier ennemi. Mais cela ne signifie pas du tout que le poison est un «moindre mal» en comparaison avec le revolver. »
Léon Trotsky, Pour des Travailleurs Front uni contre le fascisme (Décembre 1931) http://www.marxists.org/archive/trotsky ... 311208.htm
Si la Russie envahit et leur armée n’ attaque pas les travailleurs et les révolutionnaires nous exhorterons les troupes ukrainiennes et les organisations de travailleurs à fraterniser avec les troupes russes. Nous nous battons pour la solidarité de la classe ouvrière russe avec la classe ouvrière ukrainienne contre le gouvernement ukrainien pro-impérialiste dominée par les Nazis.
Par conséquent, nos tactiques doivent être basées non seulement sur le Front uni des travailleurs, mais aussi sur le Front uni anti-impérialiste comme indiqué par le Komintern révolutionnaire au Quatrième Congrès en 1922:
»Le Front Uni des travailleurs est le slogan avancé en Occident au cours de la période de transition, caractérisée par l’accumulation des forces. De même, dans l'Est coloniale à l'heure actuelle le slogan majeur pour progresser est le front uni anti-impérialiste. Son opportunité résulte de la perspective d'une lutte de longue haleine avec l'impérialisme mondial qui demande la mobilisation de tous les éléments révolutionnaires. Cette mobilisation est d'autant plus nécessaire par la tendance des classes dirigeantes autochtones à faire des compromis avec le capital étranger dirigé contre les intérêts fondamentaux de la masse du peuple. Tout comme à l'Ouest le slogan de front des travailleurs a aidé et continue d'aider à exposer les sociaux-démocrates qui vendent les intérêts prolétariens, de même le slogan d'un front uni anti-impérialiste aidera à exposer les hésitations des divers groupes bourgeois-nationalistes. Ce slogan sera également aider les masses laborieuses à développer leur volonté révolutionnaire et à accroître leur conscience de classe; il les placera dans les rangs de ceux qui luttent non seulement l'impérialisme, mais les vestiges de la féodalité. »
Quatrième Congrès de l'Internationale communiste, le 5 Décembre 1922, VI. L'anti-impérialiste United Front, https://www.marxists.org/history/intern ... estion.htm
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Re: Nationalisme, patriotisme, question nationale, tout ça

Message par com_71 » 18 Juin 2014, 16:55

Le chapitre cité du IVème congrès de l'IC, dans sa traduction française :
VI. Le front anti-impérialiste unique

Dans les pays occidentaux qui traversent une période transitoire caractérisée par une accumulation organisée des forces, a été lancé le mot d'ordre du front prolétarien unique ; dans les colonies orientales, il est indispensable, à l'heure présente, de lancer le mot d'ordre du front anti-impérialiste unique. L'opportunité de ce mot d'ordre est conditionnée par la perspective d'une lutte à longue échéance contre l'impérialisme mondial, lutte exigeant la mobilisation de toutes les forces révolutionnaires. Cette lutte est d'autant plus nécessaire que les classes dirigeantes indigènes sont enclines à des compromis avec le capital étranger et que ces compromis portent atteinte aux intérêts primordiaux des masses populaires. De même que le mot d'ordre du front prolétarien unique a contribué et contribue encore en Occident à démasquer la trahison, par les social-démocrates, des intérêts du prolétariat, de même le mot d'ordre du front anti-impérialiste unique contribuera à démasquer les hésitations et les incertitudes des divers groupes du nationalisme bourgeois. D'autre part, ce mot d'ordre aidera au développement de la volonté révolutionnaire et à la clarification de la conscience de classe des travailleurs en les incitant à lutter au premier rang. non seulement contre l'impérialisme, mais encore contre toute espèce de survivance du féodalisme.

Le mouvement ouvrier des pays coloniaux et semi-coloniaux doit, avant tout, conquérir une position de facteur révolutionnaire autonome dans le front anti-impérialiste commun. Ce n'est que si on lui reconnaît cette importance autonome et s'il conserve sa pleine indépendance politique que des accords temporaires avec la démocratie bourgeoise sont admissibles et même indispensables. Le prolétariat soutient et arbore des revendications partielles, comme par exemple la république démocratique indépendante, l'octroi aux femmes des droits dont elles sont frustrées, etc., tant que la corrélation des forces qui existe à présent ne lui permet pas de mettre à l'ordre du jour la réalisation de son programme soviétique. En même temps, il essaye de lancer des mots d'ordre susceptibles de contribuer à la fusion politique des masses paysannes et semi-prolétariennes avec le mouvement ouvrier. Le front anti-impérialiste unique est lié indissolublement à l'orientation vers la Russie des Soviets.

Expliquer aux multitudes travailleuses la nécessité de leur alliance avec le prolétariat international et avec les républiques soviétiques, voilà l'un des principaux points de la tactique anti-impérialiste unique. La révolution coloniale ne peut triompher qu'avec la révolution prolétarienne dans les pays occidentaux.

Le danger d'une entente entre le nationalisme bourgeois et une ou plusieurs puissances impérialistes hostiles, aux dépens des masses du peuple, est beaucoup moins grand dans les pays coloniaux que dans les pays semi-coloniaux (Chine, Perse) ou bien dans les pays qui luttent pour l'autonomie politique en exploitant à cet effet les rivalités impérialistes (Turquie).

Reconnaissant que des compromis partiels et provisoires peuvent être admissibles et indispensables quand il s'agit de prendre un répit dans la lutte d'émancipation révolutionnaire menée contre l'impérialisme, la classe ouvrière doit s'opposer avec intransigeance à toute tentative d'un partage de pouvoir entre l'impérialisme et les classes dirigeantes indigènes, que ce partage soit fait ouvertement ou sous une forme déguisée, car il a pour but de conserver leurs privilèges aux dirigeants. La revendication d'une alliance étroite avec la République prolétarienne des Soviets est la bannière du front anti-impérialiste unique. Après l'avoir élaborée, il faut mener une lutte décisive pour la démocratisation maximum du régime politique, afin de priver de tout soutien les éléments socialement et politiquement les plus réactionnaires et afin d'assurer aux travailleurs la liberté d'organisation leur permettant de lutter pour leurs intérêts de classe (revendications de la république démocratique, réforme agraire, réforme des impositions foncières, organisation d'un appareil administratif basé sur le principe d'un large self-government, législation ouvrière, protection du travail, des enfants, protection de la maternité, de l'enfance, etc.). Même sur le territoire de la Turquie indépendante la classe ouvrière ne jouit pas de la liberté de coalition, ce qui peut servir d'indice caractéristique de l'attitude adoptée par les nationalistes bourgeois à l'égard du prolétariat.


Laissons de côté l'incertitude de traduction entre "front uni" et "front unique" et soulignons le passage suivant :
Le mouvement ouvrier des pays coloniaux et semi-coloniaux doit, avant tout, conquérir une position de facteur révolutionnaire autonome dans le front anti-impérialiste commun. Ce n'est que si on lui reconnaît cette importance autonome et s'il conserve sa pleine indépendance politique que des accords temporaires avec la démocratie bourgeoise sont admissibles et même indispensables. Le prolétariat soutient et arbore des revendications partielles, comme par exemple la république démocratique indépendante, l'octroi aux femmes des droits dont elles sont frustrées, etc., tant que la corrélation des forces qui existe à présent ne lui permet pas de mettre à l'ordre du jour la réalisation de son programme soviétique. En même temps, il essaye de lancer des mots d'ordre susceptibles de contribuer à la fusion politique des masses paysannes et semi-prolétariennes avec le mouvement ouvrier. Le front anti-impérialiste unique est lié indissolublement à l'orientation vers la Russie des Soviets.


Vouloir plaquer de tels mots-d'ordres sur la réalité actuelle dans l'est de l'Ukraine est vraiment absurde.
Où est le mouvement ouvrier susceptible de conquérir une position de facteur révolutionnaire autonome ?
Où sont les forces de la démocratie bourgeoise révolutionnaire ?
Où est enfin la Russie des Soviets (dictature du prolétariat) vers laquelle il faudrait s'orienter ?

Doctor No veut faire battre les tambours mais la réalité ne fournit que des brins d'herbe en guise de bâtons.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Nationalisme, patriotisme, question nationale, tout ça

Message par yannalan » 18 Juin 2014, 18:03

mieux encore si à la fois on participait aussi à la lutte armée


Il y a des militants qui l'ont fait, ça faisait débat à l'époque. Certains ont été liquidés par ls staliniens, d'autres fusillés par les nazis ou déportés. A Buchenwald, il leur fallait cacher leur appartenance politique tant aux nazis qu'à la direction clandestine KPD. Je crois que le courant VO a choisi à l'époque de ne pas y prendre part et de mener une lutte politique ouvrière clandestine, vous me direz si je me trompe.Vu l'ambiance de l'époque, ça semble aussi valable.
yannalan
 
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